Pourquoi ce billet, alors qu’en regardant autour de moi, je constate chaque jour combien nous entretenons déjà et sans beaucoup d’efforts, des relations boiteuses, lourdingues, insatisfaisantes? Parce que je trouve que tout cela manque de grandeur. Nos conflits, tensions et agacements restent en demi-teinte et nous parvenons encore à sauver les apparences d’une meute qui se supporte, bon an mal an, vaille que vaille.
Du coup, je vous livre les 4 secrets des relations tellement pourries qu’elles justifieront totalement cette envie que vous refoulez depuis trop longtemps de devenir Carmélite, de pouvoir enfin vous retirer du monde et vivre à l’abri des abrutis, des casse-pieds, des pisse-vinaigre, des envahisseurs, des profiteurs, de votre belle-mère et de Mémé Huguette.
Arrêtons le massacre des relations pourries
A propos d’abrutis, un préambule sous forme d’avertissement: quoi que vous fassiez, ne cédez jamais à la tentation du bocal à con qui permet de neutraliser les effets de vos emmerdeurs personnels, le temps d’acquérir les compétences relationnelles pour les gérer. Arrêtons le massacre des relations pourries, alors qu’elles s’épanouissent si librement et facilement, pour peu qu’on les arrose de temps en temps… Il ne faudrait quand même pas qu’au détour d’une expérimentation relationnelle, la sérendipité vous les transforme en source de vitamines mentales!
Heureusement pour les défenseurs de la mysanthropie, les adeptes de l’isolement social, les titillés de l’ermitage, rien de plus simple que d’avoir des relations merdiques, il suffit d’en respecter les 4 piliers. Mode d’emploi.
1- Croire à la Méchanceté des Méchants
J’ai bien entendu mis une majuscule à Méchants, car c’est bien connu, l’enfer c’est les autres dont la Méchanceté abyssale et incompréhensible à l’encontre de notre si gentille petite personne est absolument odieuse, inique, puisque nous ne faisons jamais au grand jamais partie des autres (et donc de leur enfer, pour les ceusses qu’on du mal avec mes circonvolutions). Comprenez bien comment nous entretenons nos convictions pour être certain(e)s de renforcer celle-ci à la moindre occasion.
Les pièges à éviter: trop vous observer interagir pourrait mettre un terme à l’aveuglement qui constitue ce petit arrangement avec votre égo. Vous pourriez alors vous rendre compte que vous êtes co-responsable de vos relations, que les autres sont rarement plus méchants que vous, et du coup être tenté – horreur, malheur – de remettre en question votre propre manière d’être en relation et même pire: d’agir. Il est bien plus sûr de continuer à penser que c’est aux autres de changer: conviction qui est le soutènement de la base des fondations d’un pourrissement efficace de vos relations.
2- Jouer tous les jeux de pouvoir
Tous les petits jeux de l’égo autour du triangle victime, sauveur, persécuteur qui sont autant de jeux de pouvoir sont, disons-le sans crainte, un moyen quasi magique de générer des tensions, de la méfiance, de l’emprise, de la domination et de la soumission, bref de construire des relations déséquilibrées et infantilisantes
- Vouloir avoir le dernier mot
- Chercher à convaincre à tout prix
- Manipuler
- Imposer ses points de vue ou ses conseils
- Quémander de l’attention
- Gémir sur votre sort
- Faire semblant d’écouter
- Vouloir faire à la place de l’autre,
Les pièges à éviter: chercher à se débarrasser de vos tentations de prendre le pouvoir, qui s’expriment si bien dans le triangle de Karpman. Sortir du triangle va ruiner tous ces efforts qui vous permettent, au quotidien, de pouvoir médire, maudire et maugréer sur, en vrac: l’ingratitude, la bêtise, le je-m’en-foutisme et autres M&Ms (méfaits et manquements) de vos contemporains. Vous y perdriez un argument de poids dans votre désir de vivre reclus à l’écart de l’insondable connerie humaine et à l’inverse vous risqueriez de développer des relations d’adulte à adulte, dans le respect et la confiance mutuelle. Et rien que l’idée de tout cet équilibre relationnel, ça donne la nausée…
3- Maîtriser les ratés de la communication
Ce truc-là est d’autant plus magistral qu’il demande un minimum d’effort, ce sont des habitudes souvent très ancrées, qu’il suffit d’exploiter volontairement le plus souvent possible: c’est le meilleur rapport qualité prix du pourrissement systématique des relations.
- La généralisation abusive
- Les messages codés
- L’interprétation
- Le verbiage et les jacasseries
- La lecture de pensée
- Les quand-mêmisations
- Les non demandes
- Le manque de clarté
- Les moyens infaillibles de ne pas obtenir ce qu’on demande
et j’en passe sont des outils tellement simples à mettre en oeuvre! Malentendus et incompréhensions s’en suivent, avec leurs cohortes de tensions pénibles et de conflits ouverts.
Les pièges à éviter: ne vous laissezsurtout pas tenter par des compétences en communication qui vous garantiraient un aller simple vers une vie sociale riche et active. Gardez toujours en tête que l’objectif est de finir seul et désespéré. Aussi tenez-vous à l’écart de la demande assertive, de la critique élégante, évitez de faire des compliments, de dire de jolies choses aux gens que vous aimez, d’écouter sans juger etc…vous risqueriez, au travers d’une communication équilibrée, de construire des relations saines et réjouissantes, basées sur la confiance et la reconnaissance mutuelles. Et tant de chaleur humaine, c’est insupportable.
4- Chercher à plaire/faire plaisir à tout le monde
- Négliger ses propres besoins au profit de ceux des autres
- Chercher uniquement à faire plaisir, être le plus conciliant possible, y compris au détriment de soi-même, être flexible jusqu’à devenir corvéable, accepter jusqu’à l’inacceptable, le dévouement servile, l’aide systématique, pousser le sens du sacrifice à l’extrême.
- Toujours rester en retrait, accepter jusqu’à l’inacceptable, entretenir la peur d’exprimer ses opinions et ses envies, la crainte du rejet si vous vous affirmez
En espérant bien entendu “qu’on” se rendra compte de votre épatante abnégation… Tous ces comportements qui portent aux nues le déni de soi et vous attirent… le déni de vous. On ignore vos besoins, puisque vous les ingorez aussi. Le ressentiment que vous nourrissez envers l’ingratitude humaine est une excellente motivation à finir anachorète Tibétain.
Les pièges à éviter: fixer des limites, apprendre à dire non, être assertif, s’affirmer. Vous prendriez alors le risque inconsidéré d’être vous-même, d’accepter de ne pas être le meilleur ami de toute la planète, de transformer une gentillesse serpillère qui permet à tout le monde de s’essuyer les godasses sur vous en gentillesse tout court. Une gentillesse construite autour de l’affirmation de soi qui, elle, vous attirerait le respect, vous rendrait aimable et par extension, attirerait toute une catégorie de gens équilibrés qui pourraient devenir de vrais amis, des partenaires professionnels dignes de ce nom, des connaissances agréables. Et voilà votre rêve d’une vie de moine brouteux de Karoulie qui s’écroule.
A vous de jouer
Il y a encore bien d’autres moyens de se pourrir les relations, nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir…
Et vous, comment vous y prenez-vous pour vous pourrir les relations?
Quelle part de responsabilité avez-vous dans vos relations fatigantes, angoissantes, agaçantes?
Comment pouvez-vous les pourrir encore davantage?
Quels pièges devez-vous absolument éviter, qui risqueraient de les améliorer?
Et quoi que vous fassiez, n’aller pas jeter un coup d’oeil aux billets répertoriés ci-dessous, et encore moins contacter Sylvaine Pascual. Travailler l’élégance relationnelle, se serait prendre le risque inconsidéré de vous empêcher de continuer à nourrir et entretenir des relations bien en deçà de ce dont vous êtes capables…
Voir aussi
L’identité: acteur ou spectateur de sa propre vie?
La lecture émotionnelle au service des relations
Relations: hérisson ou paillasson?
Elégance relationnelle: mots gentils et reconnaissance durable
Formuler une critique avec élégance et délicatesse
Leadership, élégance relationnelle: la constance crée la confiance
Morale primate et relations humaines: faisons les singes!
L’égo, frein majeur à l’intelligence collaborative
Répondre à son besoin d’appartenance sociale
Vie professionnelle: des attitudes à réhabiliter
Relations: le grand ménage de printemps
Guide de survie aux abrutis: sortir de la relation
Répondre au besoin de reconnaissance
Relations: on récolte ce qu’on sème
Guide de survie aux abrutis (1)
Crédit photo: Christian Baillet avec son aimable autorisation.
j’adore vos circonvolutions que je pratique également et votre style inversé dans la distance à l’autre. Cela joue sur la respiration du language mais détend.
l’allusif mieux que le discursif, l’intercritique permanente me servant de fil rouge
Je résumerais votre billet en 2 mots: RESTER AUTHENTIQUE
votre texte m’a éclairé sur ce sujet. Je n’avais pas du tout cette façon d’appréhender ce genre de problématique, j’ai la sensation que je vais pouvoir avancer sur mon projet perso. J’ai adoré!
En pleine rupture amoureuse ou l humour et le réconfort ne sont pas le lot quotidien de mes émotions, je vous avoue que ce blog m a littéralement fait rire de moi même, des autres, des relations et surtout de l importance que l on donne a l ego plutôt qu a la légèreté de l être.j ai réussi à décrypter sans drame sans souffrances a outrance sans faux semblant qu on n était que des humains faibles et faillibles et que se reconnaitre ainsi était un poids en moins.
Cette réponse est très spontanée et elle m a fait du bien. Je voulais le dire…
Merci infiniment Christelle pour ce très joli retour/témoignage.
Notre humanité est aussi pleine de vulnérabilité, et les émotions d’une rupture sont à accueillir avec bienveillance, ce qui n’empêche pas de se pencher sur notre part de responsabilité sur le pourrissement de nos relations, histoire d’éviter de reproduire la prochaine fois, et de “vivre meilleur”, comme le dit si bien Alexandre Jollien.
tres interessant !
Merci!
j’adore votre façon d’écrire.
je souris tout au long de la lecture,et rit de me retrouver dans tellement de ces comportements.
tout vos ptits trucs pour être vigilants à soi et aux autres sont tellement justes et bienveillants.merci beaucoup.
sophie, hyperactive du neurone miroir
Merci Sophie, ça me fait très plaisir! et vivent les neurones miroirs;))
Merci infiniment dans cette introspection de l’être humain que nous connaissons tous un peu mais en continuant a se voiler la face sous prétexte de ne pas avoir décrit cela de manière scientifique ou textuelle. merci encore
Et merci pour ce retour qui me touche:)
J’ai vraiment adoré cet article ! J’ai ri à tous les points. Je trouve, en tout cas pour moi qui adore rire et ris sans arrêt, que les informations passent mieux avec l’humour (et s’ancrent aussi plus facilement dans la tête).
En tout cas je me reconnais dans certains points, mais je sais que j’ai accumulé de gros soucis relationnels (surtout avec les hommes). Soucis que je tente de régler depuis peu (ma vie, depuis un an, est une éternelle remise en question, à cibler les problèmes que j’ai accumulés pendant 4 années un peu tristes de ma vie, et surtout à trouver et travailleur leurs solutions). J’espère que ça ira !
Merci pour ce blog (que je consulte depuis quelques heures maintenant, et là j’ai encore ouvert 65268696 autres onglets que je veux lire) ! J’ai consulté énormément de blogs sur le développement personnel et j’avoue que je tourne un peu en rond depuis quelques temps (niveau bouquins aussi). Les mêmes sujets qui reviennent, ou les phrases qu’on lit et relit… j’étais un peu en manque d’informations supplémentaires, d’autres points de vue, en manque de ces frissons qui parcourent tout mon petit corps quand j’ai pu voir un élément sous un angle que je n’avais pas encore essayé (j’adore ces frissons de la découverte, de ce déclic), frissons que je retrouve agréablement par-ici ! Bonne continuation. 🙂 J’adore!
J’aime bien l’humour justement parce qu’il permet de dédramatiser des difficultés que l’on rencontre et de prendre conscience qu’on est pas tout(e) seul(e) à parfois s’y prendre d’une manière qui n’aide pas!
Et mille mercis Amélie pour ce retour qui me ravit!
J’aime votre article parce qu’il me parle en termes de contenu, mais peut-être plus encore parce qu’il m’interpelle dans la manière dont il est rédigé, à savoir d’une manière volontairement paradoxale, à “contretemps” : je suis convaincu qu’une utilisation juste du contretemps est extrêmement féconde, et pas seulement en musique. J’utilise fréquemment le contretemps dans d’autres domaines que la musique, c’est une grande source de création. J’adhère par conséquent à votre façon à la fois ludique, humoristique et décalée de présenter ce sujet.
Merci Alexandre pour ce retour, qui me fait plaisir d’une part et pour le complément sur le contretemps comme source de créativité. A propos de contretemps (je disais jusqu’ici contrepied, mais j’aime bien l’idée) Il se trouve que je suis tombée sur votre billet “temps et contretemps” la semaine dernière, j’ai beaucoup aimé l’image et la question finale alors pour tous les lecteurs, une lecture que je recommande: temps et contretemps