La libellule est épatante, qui puise dans ses ailes fragiles mais indépendantes des opportunités de prouesses aéroportées, plutôt que d’envier au criquet pèlerin sa capacité à voler avec des ailes déchirées. Prenons-en de la graine: c’est au cœur de nos caractéristiques personnelles que se trouve le secret de notre réussite, aussi apprenons à les accepter et à les exploiter, au lieu de nous rêver autre que ce que nous sommes.
Auto-antipathie et goulag de nous-mêmes
Nos auto-critiques font de nous les Staline impitoyables de notre petite équipe interne. On se déporterait facilement un ou deux traits de personnalité en Sibérie, pour peu que ça nous rapproche de l’archétype du héros moderne. A défaut de quoi, point de salut, goulag direct! La bienveillance, la gentillesse, c’est déjà pas simple avec les autres, alors on va pas en plus se l’appliquer à soi-même!
Et hop! Nous voilà en guerre picrocholine contre nous-mêmes, cherchant à lutter contre, à vaincre une timidité, un brin de procrastination, une grande sensibilité, un côté ermite, rêveur ou je ne sais quoi d’autre, car la liste est interminable: dès lors qu’une caractéristique se manifeste un peu trop volontiers, ou qu’elle est mal vue par un commun des mortels prompt à cataloguer, elle a tendance à nous apparaître comme un défaut. Et c’est le début des hostilités intérieures, sous forme de pensées auto-invalidantes, de jugements sans appel, bref, de dévalorisation à laquelle on trouve toujours des justifications (bidons of course)
Le développement personnel et professionnel devrait être un moyen de se réconcilier avec soi-même, de porter un regard bienveillant sur les êtres humains imparfaits que nous sommes, de savoir sur quels ressorts et ressources internes nous appuyer, d’aimer nos talents et nos caractéristiques, pas de nous transformer en parfaits petits clones prêt à l’emploi et à la réussite, au prix d’un combat sans merci et forcément douteux contre nous-mêmes. Au même titre que nous ne pouvons pas tous être un homme de 35 ans, bien portant, européen, beau et gentiment diplômé, nous ne pouvons pas tous être curieux, dynamiques, motivés, hyper bons dans la gestion du stress, plein de confiance en soi et managers accomplis. Et ça n’est au fond pas très grave puisqu’en réalité, notre façon de réussir et d’atteindre nos objectifs est unique, elle s’appuie sur nos talents et la combinaison unique de nos traits de personnalité, pas sur des modèles pré-formatés.
Un peu de douceur dans un discours intérieur de brutes
Pour mettre un peu de douceur dans notre intérieur de brutes, et nous appuyer sur ce que nous sommes au lieu, autant commencer par apprécier ce que nous sommes, en rendant à ceux qui les passent leurs injonctions sur ce que nous devrions être et en nous parlant à nous-même comme on aimerait qu’on nous parle. Cessons de vouloir être aux antipodes de ce que nous sommes et allons voir en nous les merveilleuses facettes de notre unicité. Explorons ce que nos étrangetés disent de nous, ce que nos talents nous permettent de faire, ce à quoi nous contribuons, plutôt que l’écart entre nous et les canons de l’employabilité professionnelle relationnelle ou sentimentale.
D’autant qu’il est rare que deux personnes parviennent aux mêmes résultats en s’y prenant exactement de la même manière. Un même rapport peut être efficace de bien des façons: l’un mettra de la rigueur là où l’autre exprimera sa créativité, l’un sa capacité à prendre du recul, l’autre son goût pour la recherche de solutions, l’un la cohérence, l’autre son esprit d’analyse, l’un son “aller vers”, l’autre son “éviter de”, etc. Inutile donc de vouloir toujours être plus ceci et moins cela, il s’agit d’abord de faire émerger ces mécanismes de réussite sur lesquels nous appuyer et entamer une grande réconciliation avec nous-mêmes. Et d’accepter qu’une caractéristique n’en exclue pas une autre: on peut être solitaire introverti ET avoir l’esprit d’équipe.
Connaissance de soi, talents naturels et motivations
Et pour nous réconcilier à nous-mêmes, tous les chemins de la connaissance de soi qui permettent de mettre un peu de cohérence dans notre mosaïque identitaire de goûts, d’aspirations, de valeurs, de besoins, de traits de personnalité, de ressources et capacités naturelles mènent à des jolies opportunités de traité de paix. Voici trois ingrédients en forme de vases communicants qui facilitent le dialogue (plutôt que le débat) et la réconciliation internes:
1- Connaissance de soi
La connaissance de soi permet d’aller chercher différentes facettes de notre personnalité, de faire sens de caractéristiques parfois contradictoires en apparence, d’identifier les ressorts de nos comportements, de nos besoins, de nos aspirations et d’agir en harmonie avec eux. Quelques pistes:
- Connaissance de soi et traditions
- Nous sommes ce(ux) que nous honorons
- Connaissance de soi et cinéma
- Ce que nos lectures disent de nous
- Belles contradictions
2- Talents naturels et accomplissements
Identifier nos talents naturels et ce qu’ils nous ont permis d’accomplir permet de mettre dans sa musette ces aptitudes transférables à bien d’autres situations et dont la conscience nous rendra plus sûrs de nous face aux hauts et bas de nos vies professionnelles et aux objectifs que nous cherchons à atteindre. C’est aussi un moyen d’identifier nos états de grâce, d’oser être soi-même en entretien d’embauche, en réunion, en négociation ou dans tout autre situation professionnelle à enjeu. C’est enfin un levier sûr de plaisir au travail.
- Redécouvrir nos talents
- Talents et accomplissements
- Les talents naturels: passeport pour le plaisir au travail
- Leadership de soi: les états de grâce
3- Valeurs et motivation
Les valeurs qui nous animent et qui sont nos sources de motivation trouvent leur expression dans nos choix, dans ce à quoi nous contribuons, dans tout ce qui a du sens à nos yeux. Etant totalement personnelles et subjectives, elles ne souffrent aucun jugement, il n’y a pas les valeurs qu’il “faut” ou “ne faut pas” avoir, il n’y a que la combinaison unique des vôtres, moteur unique qui ne se compare pas et ne s’évalue pas: il révèle ce qui vous permet de mettre les gaz ou pas. Et donc de créer les conditions de la fluidité et du plaisir dans l’action:
- Les valeurs, énergie renouvelable de la motivation
- Etranges motivations
- Contribuer
- (Re)trouver du sens à nos métiers
Changer les comportements plutôt que les traits de caractère
Le propos de ce billet concerne bien entendu ces caractéristiques un peu trop vite estampillées défauts et sans dommages collatéraux et non pas les comportements relationnels pénibles comme l’agressivité, l’hypocrisie ou l’intolérance qui, quant à eux, méritent qu’on se penche sur leur berceau pour les adoucir ou les ramollir, car une vie personnelle et professionnelle heureuse inclue nos contemporains (même le reclus ou le stylite se nourrissent de ce qu’on veut bien leur apporter^^)
D’autre part, nous avons le droit de changer tout ce que nous voulons, nous avons le droit de devenir un meilleur nous-mêmes, mais cherchons surtout à modifier les comportements qui pourrissent nos relations ou nos actions plutôt que de s’acharner à refondre une identité ou une personnalité. Souvenons-nous aussi que tout changement de comportement passe d’abord par l’acceptation de soi et la reconnaissance de son unicité, des qualités, ressources et aptitudes qui la caractérisent, ne serait-ce que parce que nous y trouvons parfois les moyens de contourner ou de compenser ce que nous considérons comme des défauts. Et aussi parce que le changement peut alors s’opérer dans la douceur plutôt que sous la contrainte auto-imposée et le conflit avec soi-même. Nous y reviendrons;)
Au final, il s’agit avant tout de s’appuyer sur ce que l’on est plutôt que sur ce qu’on devrait être et d’apaiser les rives de nous-mêmes pour y voir fleurir ce que nous voulons😉
Aller plus loinVous voulez construire et entretenir l’estime de vous, les relations et l’état d’esprit qui vous permettront de mener à bien vos projets professionnels? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual |