Aaaah, les obstacles à franchir quand on est déjà flapis et découragés… les matins moroses où l’on peine à se lever… Les journées sinistres où l’on voit tout dans la grisaille… Voici un exercice simple pour améliorer l’humeur et retrouver du dynamisme sans manger 5 fruits et légumes par jour, issu des travaux sur la psychologie positive de Martin Seligman.
Psychologie positive
Une précision en préambule: la psychologie positive n’a rien à voir avec la navrante pensée positive, étendard du développement personnel version recettes faciles et injonctions de lunettes roses et qui s’appuie sur les best-sellers de gourous plutôt que sur la recherche. La psychologie positive est un champ de la psychologie qui vise à étudier les fonctionnements et les éléments déterminants du bien-être psychologique et de la santé mentale. Ce courant, lancé par Martin Seligman en 1998 qui était à l’époque président de l’American Psychological Association et estimait que la psychologie s’intéressait trop exclusivement à la maladie mentale et qu’il était temps de se consacrer aussi à étudier et promouvoir les tenants de l’épanouissement.
Selon cette définition*, la psychologie positive est « l’étude des conditions et processus qui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des gens, des groupes et des institutions ». Ce qui signifie qu’elle ne s’inscrit pas non plus dans la recherche individualiste d’un bien-être uniquement tourné vers soi, qui est l’autre défaut du développement personnel. La psychologie positive s’intéresse à trois niveaux:
– Niveau personnel: la personne en tant qu’individu, ses émotions positives, l’optimisme, la motivation, le sens de l’existences etc.
– Niveau interpersonnel: ses relations interpersonnelles, coopération et réciprocité, communication etc.
– Niveau social et institutionnel: dynamique de groupe, insertion dans les groupes y compris de travail, appartenance, justice, conflits etc.
Pourquoi nous focalisons sur les moments négatifs
Le cerveau, cette belle machine à prendre soin de nous-mêmes, concentre davantage son attention sur ce qui suscite des sentiments négatifs pour une excellente raison: ce sont des menaces à notre bien-être. Donc des dossiers à traiter histoire de se sortir des situations qui déclenchent colère, inquiétude ou abattement dans nos âmes sensibles.
Inversement, il fait de la recherche du plaisir une constante chez nous, puisqu’il est à l’opposé du mal-être et signifie que nous sommes satisfaits. Cependant, une fois le plaisir ressenti, pour peu que nous soyons, comme c’est souvent le cas, soumis à tout un tas d’abrutis de boulot ou de situations professionnelles difficiles, voire délétères, il a tendance à l’oublier assez rapidement pour ramener notre attention sur ce qui le préoccupe à présent. Et comme nous écoutons assez peu nos émotions, nous finissons par avoir bien peu de place dans notre espace mental pour savourer la joie, le plaisir et les instants plaisants de nos vies. Parfois même jusqu’à les oblitérer complètement.
Et le cercle vicieux s’enclenche: nous ne traitons pas les émotions négatives, le cerveau attire de plus en plus notre attention dessus, et il y a encore moins de place pour les moments savoureux. Christophe André estime que notre société est psychotoxique, qui nous fournit par plâtrées des occasions d’être confrontés à des situations pénibles et de façon générale, les ennuis, les sources de stress et le bruit et la fureur du monde nous éloignent d’une intériorité apaisante. Il est alors important de trouver les moyens de favoriser un ré-équilibrage émotionnel. C’est l’un des objectifs de l’exercice que je vous propose.
Remarquer les moments positifs
S’habituer à remarquer les moments positifs et agréables de nos journées n’est pas une recette miracle pour nager dans un bonheur béat version bisounours sous LSD. C’est simplement un moyen de restaurer un minimum d’équilibre entre moments pénibles et moments agréables dans notre perception de notre vie et donc de ne pas se concentrer uniquement sur les événements lourdingues qui peuvent se croire les bienvenus dans notre quotidien. C’est un moyen de reprendre conscience des micro plaisirs, des bonheurs minuscules qui peuvent éclairer un peu même les journées difficiles.
C’est un moyen d’améliorer l’humeur et de devenir plus optimistes, plus ouverts à la possibilité de passer des instants chouettes, enthousiasmants ou tout simplement cléments, de s’en émerveiller et de leur accorder autant d’importance que les événements désagréables, bref, d’en faire des vitamines mentales, sources d’énergie.
C’est donc aussi un moyen d’engranger des vitamines mentales en goûtant, même a posteriori mais en conscience, au travers du plaisir ressenti à différents moments de la journée, les plaisirs grands et petits qui jalonnent nos journées parfois à notre insu, pour peu de les difficultés, conjuguées à la tête dans le guidon, détournent consciencieusement notre attention des jolies choses de la vie. Et ces vitamines mentales, nous en avons bien besoin pour constituer des ressources d’énergie utiles…. pour faire face aux aléas de la vie. Il y a donc un double bénéfice dans la capacité à reconnaître, savourer et engranger les petits bonheurs,
– Se sentir globalement plus heureux, y compris en dépit des difficultés de la vie
– Nous donner le dynamisme nécessaire pour affronter les difficultés de la vie
Mini coaching: le bilan positif de la journée
En même temps que nous appliquons la lecture émotionnelle pour comprendre les besoins mal comblés qui génèrent nos émotions négatives et construire des stratégies pour les satisfaire, appliquons-nous donc à remettre un peu de conscience de nos plaisirs quotidien dans un coin de notre tête, histoire que notre déco interne soit un peu plus gaie et chaleureuse…
Juste avant de vous endormir, faites la liste de tous les moments de votre journée qui ont eu une caractéristique agréable à vous yeux: ce qui vous a plu, ce qui vous a fait rire, ce que vous avez trouvé beau, agréable, positif, enthousiasmant, intelligent, intéressant, plein d’enseignements, curieux, remarquable, réjouissant, bref, tout ce qui vous a fait plaisir, vous a apporté joie et satisfaction ou tout autre nuance du plaisir. Il se pourrait que des détails ou événements négatifs qui pourraient tenter de s’immiscer subrepticement dans votre bilan, les fourbes… accueillez-les, mettez-les à côté et revenez dans votre bilan positif de la journée.
Parmi les bénéfices, on peut avoir l’amélioration de l’humeur, de la capacité à repérer et savourer les instants agréables, la prise de conscience qu’ils sont plus nombreux qu’on ne l’aurait imaginé, un meilleur sommeil, plus d’énergie etc.
A bout d’une semaine, que remarquez-vous?
Au bout d’un mois?
*What (and why) is positive psychology ? Review of General Psychology – Gable, S. L. & Haidt, J. (2005)
Cet article est une mise à jour d’un billet datant de 2011.
Voir aussi
S’émerveiller
Cultiver le sens de l’émerveillement au travail (1)
12 mois de vitamines mentales!
Bien-être: la vie est belle!
Petite leçon de vie d’un mois de juillet pourri!
Bien-être: prendre un moment pour soi
Rôle des émotions: la joie
Le rire, remède universel
Emotions: éloge du plaisir
A la rencontre de la beauté
Aller plus loin
Pour construire, entretenir et développer un état d’esprit à la fois dynamique et serein, propice à la réussite de vos objectifs professionnels, pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
Très bon billet! Je suis completement d’accord avec cette méthode, d’ailleurs j’ai toujours été du coté ” moitié plein” du verre que du coté “moitié vide”, il faut apprendre à positiver, pas dans sa globalité bien sur mais par petits morceaux.
Bonjour Sylvaine,
J’aime beaucoup cette technique que je pratique non stop depuis mon coaching il y a quelques mois, et elle a un autre effet qui n’est pas mentionné dans ton article mais qui est très important pour moi, c’est l’amélioration de mon sommeil. Je m’endors plus facilement, mon sommeil est meilleur et je me réveille de meilleure humeur.
Pourtant jeme souviens que quand tu m’as proposé cet exercice, j’avais un peu ri et je m’étais demandé qu’est-ce que c’était que ce truc bizarre (peut-être que tu t’en souviens aussi), mais je n’ai pas arrêté depuis. Merci!
Bonjour,
Pour ma part c’est le matin peu après le lever, histoire de bien commencer la journée !
C’est une autre façon de faire;))
Quand j’étais petite, je remerciais Dieu pour ma journée et donc je faisais le récap des bonnes choses que j’avais vécu dans la journée… Faudrait peut être que je me remette à prier!
Salut Sylvaine,
Simple et efficace cet article. (La simplicité est difficile)
Tu as surement dû avoir connaissance de cette conférencière qui a donné l’exemple du verre d’eau (pas le classique, à moitié vide/plein), je le Ctrl C/V au cas où, je trouve cet exemple chargé de sens :
“Une psychologue marchait vers le podium tout en enseignant la gestion du stress à une audience avertie. Comme elle a soulevé un verre d ’eau, tout le monde s ’attendait à question du « verre à moitié vide ou à moitié plein ». Au lieu de cela, avec un sourire sur son visage, elle demanda: «Combien pèse ce verre d ’eau?”
Les réponses entendues variaient de 8 onces à 20 onces
Elle a répondu: «Le poids absolu n ’a pas d ’importance. Cela dépend de combien de temps je le tiens. Si je le tiens pendant une minute, ce n ’est pas un problème. Si je le tiens pendant une heure, j ’aurai une douleur dans mon bras. Si je le tiens pendant une journée entière, mon bras se sentira engourdi et paralysé. Dans chaque cas, le poids du verre ne change pas, mais plus longtemps je le tiens, le plus lourd, il devient.”
Au plaisir,
Jordane
Excellent! Je ne connaissais pas cet exemple, j’aime bien l’idée de la surprise par rapport au lieu commun et d’en faire tout autre chose! Si tu retrouves le lien, je suis preneur;)
Merci Sylvaine pour cet article, qui nous donne de vraies pistes pour s’ouvrir au bonheur de l’instant, plus réalistes que ces injonctions au positivisme, dont la fameuse parabole du verre moitié vide/moitié plein qu’on me rabâche tout le temps et qui personnellement me donne envie de le casser, ce verre, et de boire au robinet ! Du coup merci aussi à Jordane pour la transmission de sa “version 2.0”, bien plus parlante.