Sans peur et sans reproche, épisode 2. Tout le monde se fout-il des comportements empreints de noblesse d’âme? Bonne nouvelle: il y a parmi nous plein de braves gens courageux prêts à faire preuve d’empathie, de gentillesse, d’amabilité, de bienveillance. Et les voix de ceux qui s’en font les champions commencent à s’élever et à se multiplier. Avez-vous choisi votre camp? 😉
Les voix de la bienveillance
La bienveillance se fait régulièrement torpiller dans les publications sur la management, parfois de façon surprenante, car ce qui est décrit est souvent aussi éloigné d’une attitude bienveillante qu’un goulag l’est d’une villégiature de rêve, soit un comportement serpillière qui confond gentillesse et soumission. Et à peu près à chaque fois, on a droit aux sempiternels discours sur le monde des Bisounours et que le monde du travail est une jungle où les costauds du boulot doivent avant tout savoir se battre.
Ah bon.
Pour tout vous dire, l’absence de noblesse d’âme, je trouve ça parfaitement petit.
Heureusement au milieu de ces usages sinistres de belles qualités, des voix s’élèvent pour défendre comme celle de Patrick Viveret qui, en contre-pied malin, explique que “bisounours, c’est mieux que brutaclaques” et affirmait dans un entretien à l’université des colibris que:
“L’entraide, la coopération autour du mieux vivre, une transition vers une société du bien vivre, est un enjeu pas seulement individuel mais sociétal.”
Comme celle aussi d’Emmanuel Jaffelin, qui prône l’émergence d’une nouvelle éthique de « gentilhomme » enracinée dans cette « vertu mineure » qu’est la gentillesse
Comme celle encore de Michel Serres dans cet entretien au Temps:
“je pense que 90% de l’espèce humaine est constituée de braves gens qui sont prêts à rendre service si l’on se casse la gueule, et qu’il n’y a que 10% de gens abominables. Hélas, ce sont ces 10% qui prennent le pouvoir.
Bienveillance et sécurité psychologique
Qui a donc dit que la concurrence et la compétition sont plus avantageuses que la bienveillance et la coopération?
Le Darwinisme social a oublié la coopération au profit de la compétition et hop! Nous voilà jouant sur tous les tons la grande valse à trois temps (Sauveur/Victime/Persécuteur) des relations de pouvoir dans un mode ultra binaire: gagnant-perdant, la médaille ou la place du con. Pas folichon.
Du coup, ça arrange bien les corniauds de tout poil, parce qu’au fond, c’est bien plus facile de montrer les crocs que de sourire à pleines dents.
Pourtant bienveillance et entraide sont un facteur d’évolution et confèrent un sentiment de sécurité psychologique favorable à l’écoute et au soutien mutuel, à leur tour condition sine qua non de la prise de risque. Comme par exemple quelque chose d’aussi simple en apparence que prendre le risque d’exprimer une opinion en réunion, qui peut devenir un vraie menace à l’estime de soi et à sa place dans le groupe dans un environnement hostile, compétitif et/ou individualiste. Par ricochet, la bienveillance est un joli biais d’acceptation et de compréhension mutuelles, y compris dans toute l’étendue de nos différences et de nos étrangetés.
Tout le monde s’en fout nous l’explique dans cette vidéo sympa comme tout, qui fait au passage une distinction très juste entre ce qui est de l’empathie et ce qui n’en est pas:
Bienveillance et droit d’être soi
Alors la bienveillance, c’est cet espace dans lequel on a le droit d’être triste, d’avoir peur, d’être soi, d’être dépassé(e), d’être heureux(se) aussi, de ne pas comprendre, de ne pas savoir ou au contraire de savoir, de ne pas être d’accord, d’avoir des opinions, des idées, dans lequel on n’est pas obligés d’être parfaits, d’être des héros, et où l’on cherche à se comprendre, où l’on peut demander de l’aide, bref, un espace dans lequel on peut s’exprimer sans crainte et sans censure. Et qui, parce qu’elle apaise la relation, va favoriser le développement de l’élégance relationnelle et le désir d’entraide.
Et comme Pablo Servigne et Gauthier Chappelle l’ont montré dans un ouvrage qui a fait beaucoup parler de lui, intitulé L’entraide, l’autre loi de la jungle, la loi du plus fort est une mythologie qui rend nos sociétés toxiques, là où
“de tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro-organismes – et même les économistes ! – ont pratiqué l’entraide. Qui plus est, ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus.”
Alors il est sans doute temps de dépasser les quêtes craintives de nos égos, celles qui entravent nos collaborations, et de nous essayer à la bienveillance.
Quelques pistes pour développer la bienveillance
Entraide et coopération
Compétences relationnelles: faire preuve d’empathie
Elégance relationnelle: mots gentils et reconnaissance durable
Relations: regarder les humains avec tendresse
Compétences relationnelles: l’écoute simplement attentive
Emotions: le droit à la tristesse
5 grammes de panache dans nos relations
Et comme bienveillance bien ordonnée commence par soi-même
Acceptation de soi: Etes-vous un être humain?
Estime de soi: renouer avec notre merveilleuse singularité (1)
Estime de soi: rompre avec son encombrant héros intérieur
La lecture émotionnelle au service du bien-être
Se parler à soi-même comme on voudrait qu’on nous parle
Image de soi: de la dévalorisation au regard bienveillant
Du triangle de Karpman à l’équilibre relationnel: la triplette prosociale
Aller plus loin
Vous voulez construire et entretenir un état d’esprit empreint de noblesse d’âme, affirmé, serein et soucieux de l’autre? Le programme exclusif d’Ithaque intitulé Sans peur et sans reproche est fait pour vous! Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.