Malgré les désirs d’autre chose, l’usure, le stress, voire l’épuisement professionnel, certains procrastinent la réflexion sur une transition de carrière, avec le sentiment d’éviter ainsi la prise de risque…
Procrastiner la réflexion
L’envie d’évoluer ou carrément de changer de métier vous titille, mais vous remettez la réflexion sur le sujet aux calendes grecques à coup de grandes vérités vraies du type “un tien vaut mieux que deux tu l’auras” et “il ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre” assorties de belles rationalisations sur les mondes de bisounours dans lesquels on réalise ses rêves et qui n’a rien à voir avec le monde de brutes de la vraie vie?
La procrastination, nous le savons, protège de ce que nous percevons comme pénible ou, dans le cas présent, anxiogène. Toujours remettre à plus tard la réflexion sur nos aspirations ou un projet professionnel est souvent un moyen de se débarrasser des inquiétudes face aux risques inhérents à une transition de carrière.
Cependant, lorsque le désir de changement professionnel se fait sentir, c’est que la situation actuelle a terminé un cycle et qu’il est temps de se pencher sur la structure du suivant, de façon à ce qu’il soit réjouissant plutôt qu’un aller simple vers le burnout. Ce désir peut signifier que:
– Le ras-le-bol s’est installé
– La routine génère du mal-être
– Le stress rend le quotidien professionnel pénible
– Les valeurs ne sont plus en adéquation avec le poste/la fonction
– Le métier exercé n’est plus suffisamment excitant, qu’on en a fait le tour
Les désirs d’ailleurs et d’autrement suscités peuvent alors s’exprimer autant au travers d’envies radicalement différentes de ce qu’on a connu, comme une reconversion professionnelle ou une création d’entreprise, que par un simple changement de job, pour aller vers un quotidien professionnel plus en accord avec ses valeurs et ses besoins.
Remiser ses envies, une fausse bonne idée
Parce que ces projets s’inscrivent dans la durée, le côté long comme un jour sans pain, potentiellement chaotique et incertain, fait peur et nous avons tendance à préférer le remiser dans la carton à idées-pas-raisonnables-même-si-elles-font-rêver. De préférence en les enrobant dans des arguments en forme de croyances limitantes mâtinées de bonnes excuses. Pas le temps, pas réaliste, pas les moyens, trop compliqué.
Réaction qui me rappelle l’époque où j’étais prof en prépa: les élèves qui se mettaient à bavarder quand j’écrivais au tableau. “Mes chéris, leur disais-je alors d’un ton définitif, ce n’est pas parce que le prof a le dos tourné qu’il devient sourd“. De la même manière, ce n’est pas parce qu’une idée a été mise à croupir dans une oubliette de la comprenette qu’elle est morte et enterrée. Elle va plutôt se mettre à gémir des litanies lancinantes sur les herbes plus vertes d’autres voies professionnelles qui, si elles sont inaudibles en apparence, vont augmenter le mal-être général.
Car le mal-être, depuis: la simple insatisfaction jusqu’au stress chronique, est l’expression émotionnelle des besoins mal comblés. Du coup, mieux vaut essayer ces certitudes avant de les acheter, et s’éviter l’encombrement de son placard à idées de convictions aussi erronées qu’invalidantes. Voir
Tomber sur un projet faisable: quelle horreur!
D’autre part, en évitant la réflexion, nous évitons aussi de nous retrouver face à un projet finalement pas si improbable, pas si irréaliste, pas si farfelu que ça. Et alors, il nous sera encore beaucoup plus difficile de trouver de bonnes raisons de ne pas retrousser nos manches et aller au charbon. En d’autres termes, tant que l’inconfort du quotidien n’est pas suffisamment douloureux, éviter la réflexion nous évite simplement d’avoir à passer à l’action.
Le droit au renoncement
La réflexion n’est pas une prise de risque en ce qu’elle n’engage à rien d’autre que d’aller au bout de son désir exploratoire. A l’idiotie nul n’est tenu, comme par exemple un changement de métier qui s’avérerait être une fausse bonne idée. Il est important de s’autoriser à abandonner un projet, à n’importe quelle étape de la réflexion et pour n’importe quelle raison que l’on estimera valable.
Dans le travail que mes clients et moi faisons ensemble, plusieurs étapes peuvent générer des renoncements ou des changements d’avis sur la pertinence ou la nature du projet. Par exemple:
- L’exploration des besoins/appétences/désirs professionnels peuvent montrer une incompatibilité avec la réalité d’un métier, d’une fonction pou d’une posture (chef d’entreprise par exemple) à laquelle ils croyaient aspirer. Parmi eux l’incontournable syndrome de la chambre d’hôtes est un exemple classique.
- L’expérimentation sur les besoins professionnels porte nécessairement sur la situation actuelle. Ce qui amène certains d’entre eux à reconnecter avec le plaisir et la motivation dans leur métier. Ils en tirent parfois la conclusion que leur projet n’était pas le bon et qu’ils avaient simplement besoin de faire un peu de ménage dans leur environnement professionnel, aussi bien en termes de conditions de travail que de comportements, de relation aux autres, de valeurs etc.
- L’exploration des démarches nécessaires (formation, financement etc.) peut donner à certains le sentiment d’un projet bien trop lourd pour eux.
Environ 35% des clients qui viennent me voir avec un désir de reconversion décident en cours de route que l’option la plus cohérente pour eux réside dans la construction d’un environnement professionnel plus apaisé, en particulier au travers du job crafting et en particulier du développement de l’affirmation de soi et des compétences relationnelles.
Explorer un désir de transition n’est pas une prise de risque
A l’inverse, explorer un désir de transition, de reconversion, de création d’entreprise n’est pas une prise de risque, car il ne signifie pas que vous allez vous jeter tête baissée dans la réalisation du projet, mais bien que vous aller en vérifier la pertinence, la cohérence et la faisabilité en fonction de votre histoire personnelle, de vos aspirations et de vos besoins.
Et même en cas de renoncement, ce qui aura été appris en termes de construction du plaisir au travail garantit à la personne qui est allée au bout de sa réflexion de passer son boulot à la machine pour voir si les couleurs d’origine peuvent revenir. Et si l’ensemble est définitivement terni et qu’il est temps de changer de job, l’autre garantie est celle d’une capacité à construire un projet motivant d’une part, et d’avoir à disposition un état d’esprit qui va favoriser sa réussite d’autre part.
En bref, la réflexion, ça n’a que du bon!
Aller plus loinVous voulez entamer une réflexion sereine sur votre désir de reconversion professionnelle ou de transition de carrière? Construire un état d’esprit qui va vous permettre de la mener à bien avec dynamisme et confiance? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual |
Bonjour, votre article est juste et bon !
Cela fait des années que je repousse mes envies, jusqu’à s’aborder inconsciemment mon précédent travail… Mon cycle était terminé, je ne voulais pas le voir … Ma reconversion est difficile vers un métier artistique ( la photo ) mais je suis enfin et presque moi même ! La seule chose difficile est l’âge de la reconversion aux yeux de son environnement familiale comme professionne et bien évidemment les ressources personnelles (materielles, financieres, soutiens) liées dont on a besoin pour effectuer ce changement je vis en France !! Pays très conservateur pour cela !
Bravo pour votre article
Merci Franck pour votre retour et pour ce partage!
Et félicitations pour cette reconversion qui vous rapproche de vous-même. Si la transition est difficile, je suis certaine que vous allez développer des trésors d’imagination pour trouver les solutions adéquates:)