Actes manqués, opportunités ratées, actions non menées, paroles ou gestes maladroits… les occasions d’avoir des regrets ne manquent pas. Pourtant nous aimerions ne pas en avoir. Ce qui est d’une part difficile, car nous ne contrôlons pas tout ce qui nous arrive, et pas forcément une bonne idée d’autre part, puisque, comme toute réaction émotive, ils ont leur utilité, les bougres.
Relents de sanglots longs
Les regrets, ça a un goût de sanglots longs des violons de l’automne, le parfum aigre des erreurs, des relents de si-j’avais-su, des nostalgies de la Tamise et des persiennes chères à Souchon… que nous nous traînons comme un poète maudit son vague à l’âme: en écharpe de préférence, histoire de montrer tout ce qu’on veut cacher. A savoir que nous avons la gorge irritée de ce que nous n’arrivons pas à avaler, d’où l’écharpe nécessaire.
Et en vertu du fait que la raison à toujours tort, les beaux discours plein de bonnes intentions et de sagesse sur “ce qui est fait est fait”, censés nous faire avaler l’amère pilule, n’ont évidemment aucun effet sur l’état interne de celui qui regrette. Rappelons d’ailleurs que lorsque Lady Macbeth expliquait à son mari que “ce qui est fait est fait”, elle ne tentait pas de réconforter son cher et pas tout à fait tendre, elle lui reprochait d’être une fillette perclue de remords au point d’en générer des hallucinations coupables.
Le regret: une expérience émotionnelle
Selon le psychiatre Christophe André: “le regret n’est pas seulement une douleur du passé, mais aussi une souffrance du présent”.
Selon l’excellent site redpsy, le regret est “une évaluation négative d’une action passée engendrant mécontentement et chagrin.” C’est à dire qui déclenche une émotion: la colère ou la tristesse, dans toutes leurs nuances possibles, mais aussi potentiellement l’inquiétude.
Il s’agit donc d’une expérience émotionnelle dans le présent et, en tant que telle, elle est porteuse d’enseignements précieux. Voir:
Le regret est utile en ce sens “qu’il indique le décalage entre l’évaluation que nous avons fait d’une situation dans le passé et celle que nous en faisons aujourd’hui.” (Redpsy) Il a donc l’avantage de nous envoyer des indications précieuses sur ces différences d’évaluation, directement liées à une évolution ou une méconnaissance de nos besoins et sur ce qui est réellement important pour nous maintenant, et par conséquent, sur comment agir mieux. C’est l’émotion qui accompagne le regret qui va indiquer avec précision les besoins insuffisamment satisfaits qui s’expriment à travers lui.
Ainsi ce cadre supérieur qui regrette d’avoir quitté ce job dans lequel il était moins bien payé, mais qui nécessitait moins de transports et était moins stressant, peut sans doute en tirer la conclusion qu’il lui est indispensable d’accorder à certaines catégories de besoins professionnels comme les besoins environnementaux au moins autant d’importance que ses besoins financiers. La colère, l’inquiétude ou la tristesse qui accompagnent ses regrets lui permettront de savoir quel besoin fondamental est prioritaire et comment y répondre.
Le but n’est donc pas de s’efforcer de ne pas ressentir le regret, mais, comme toujours face à nos réactions émotionnelles, d’en faire quelque chose pour aller vers davantage de bien-être personnel ou professionnel.
Regret, rumination et plombage
Ce plombage-là n’a rien de dentaire. C’est celui de l’humeur par ces vilains et pénibles regrets qui nous poussent à ruminer des erreurs réelles (du moins leur perception en tant qu’erreur), les paradis perdus ou virtuels, qui se mettent à prendre de la place dans nos pensées, favorisant au passage l’amertume, la frustration, la baisse de moral et/ou la dévalorisation. Et ces deux-là ont une forte propension à être directement proportionnelles à notre absence d’écoute des messages transmis par l’expérience émotionnelle.
Alors puisqu’ils sont porteurs d’enseignements précieux, autant faire quelque chose de nos regrets plutôt que les pousser à la reconversion subie comme gardiens de nos cimetières à rêves. En commençant par distinguer les trois types de regrets, car ils ne se traitent pas de la même manière.
Le remords :
Regretter un geste, un choix, une parole malheureux, qui a eu une conséquence négative pour un tiers. Ce regret-là est de l’ordre du remords, une reconnaissance saine de culpabilité. Comme cette jeune femme manager qui comprend son comportement Persécuteur et s’en veut d’avoir agi de la sorte.
Le regret:
Regretter un geste, un choix ou une parole qui ne se sont pas produits, et dont l’absence a généré des conséquences qu’on aurait bien voulu éviter. Comme ce chef de projet qui estime ne pas avoir défendu son point de vue stratégique face à son N+1, se retrouve à gérer sa mission d’une façon qui ne lui convient pas et qui se reproche de manquer de cran.
La nostalgie:
Regretter une situation enfuie dont on aurait bien voulu conserver les bénéfices. Ce regret-là est du domaine de la nostalgie. Comme cet ingénieur technique qui adorait son job et suite à une vague de licenciements économiques, se retrouve au chômage, persuadé qu’il ne retrouvera jamais “la même chose”.
Mini coaching: évaluer ses regrets
Qu’est-ce que vous regrettez?
De quel type s’agit-il? Regret? Remord? Nostalgie?
Quelles émotions sont associées à chacun de vos regrets? Colère? Tristesse? Inquiétude?
Qu’est-ce que ça vous dit sur vous-même?
Sur vos besoins? Vos valeurs? Vos talents à développer?
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Aller plus loin
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Merci Sylvaine pour cet article explicatif sur les regrets.
Personnellement, j’ai appris à ne plus regretter mes actes passés. Car au moment où j’ai agi, il y avait forcément une raison qui m’a poussé à le faire, consciente ou inconsciente. Et je me suis aperçu que regretter (et donc repenser sans cesse à comment j’aurai dû m’y prendre) est de l’énergie perdue, car je n’ai pas le pouvoir de changer le passé !!
Bon parfois, j’avoue que ce n’est pas facile, surtout quand on a fait une GROSSE connerie. Mais bon, cela arrive… Alors je laisse exprimer l’émotion et j’essaie d’assumer les conséquences. Ensuite je pense à l’avenir, et à comment je ferai différement la prochaine fois.
C’est tout un apprentissage 🙂
Belle journée à toi,
Rémi
Notre société de jugement et de dévalorisation (en lieu et place de la modestie) nous poussent à ruminer nos erreurs comme si elles nous définissaient. Du coup en effet, cet état d’esprit que tu décris et que je partage est tout un apprentissage parfois long et difficile!
La lecture émotionnelle est souvent un bon moyen d’identifier les besooins que nous avons heurtés tous seuls^^