Il a suffit de quelques jours de températures négatives pour qu’Internet s’affole. Mais en marge du très festif #MoscouParis, il y a une vague qui fait froid dans le dos. C’est la déferlante de conseils confondant d’idiotie, doctement distillés sur des médias qui, décidément, nous prennent pour des demeurés. L’occasion de nous rappeler que nous avons beaucoup plus de ressources que ce que nous croyons. Ou ce qu’on nous faire croire! Debout les perce-neiges!
Vague de froid (dans le dos)
Vous, je ne sais pas, mais pour ma part, j’ai du mal à en croire mes lampions, à en croire mes esgourdes. Un pichounette vague de froid et hop ! Nous voilà les méninges collectives en manque de dégivrage.
Ca avait pourtant bien commencé, on a tweeté en cœur du #MoscouParis comme on avale un dessert breton le dimanche chez Mémé, avec en-veux-tu-en-voilà de l’humour aux parfums de vodka et de séries télé. Mais assez rapidement, c’est devenu une déferlante de conseils pour « se préparer » à l’arrivée d’un froid qualifié sans mollir de « sibérien » et savoir comment « lutter contre ». Et cette vague-là fait froid dans le dos.
Parce que quand même, entre – 2 et -10 pendant quelques jours en plaine, c’est pas non plus un hiver à Tunguska ! Ou même dans le Jura !
Florilège des exemples les plus tartes à la crème (glacée, forcément):
– « Eviter les expositions prolongées au froid et au vent, éviter les sorties le soir et la nuit » nous dit Femme actuelle. Aaaah ben oui, hors de l’igloo, dans nos contrées arctiques, point de salut ! ❄❄
– Le Ministère de l’intérieur s’est fendu d’une infographie pour neu-neu qui recommande de mettre « plusieurs couches de vêtements » Je vous jure que c’est vrai, allez voir là😉 ❄
– Franceinfo, histoire que nos osselets jouent les grelots, nous a gratifié d’une infographie sur « les effets pervers du froid », qui nous explique ce que c’est que la « chair de poule ». Si, si, je vous le jure, regardez là! Tremblez, humains, ce froid sibérien vous menace d’amputation ! En même temps, on n’est pas en train d’escalader la face nord du K2 pieds nus, hein ? ♀️
Mais le flocon d’or de la bêtise surgelée revient à l’inénarrable BFMTV qui a même réussi à publier un « comment s’habiller pour affronter le grand froid », des fois que vous ayez le neurone tellement congelé qu’il vous viendrait à l’idée de sortir en t-shirt. « il faudra bien se couvrir. Un réflexe pas encore totalement acquis par les Français. » nous explique-t-on. Mais heureusement, BFMTV est là qu’on peut remercier chaleureusement, grâce à elle, les cons gèrent!
A force de nous prendre pour des cons, sommes-nous en passe de le devenir ?
« Il faudra bien se couvrir »… de ridicule?
La question se pose car du coup, tout Internet gémit, ployant sous le poids de l’épreuve. Pourtant les seuls qui vont réellement souffrir de cette vague de froid sont ceux qui vivent dehors et les mal-logés. Et ceux-là ont besoin de tout autre chose qu’un conseil de père Noël « il faudra bien se couvrir ». Et le déferlement de bêtise qui pourrait être drôle devient indécent. Car pour le reste d’entre nous, il s’agit simplement de sortir gants et bonnets. Et de profiter du fait que ça devient un sujet de conversation entre parfaits inconnus. ❄
Sommes-nous devenus tellement mous du genou et flétris de la cafetière que nous ne pouvons plus affronter le moindre écart avec les « températures normales de saison » ? Et plus généralement le moindre imprévu?
Ou bien est-ce ce qu’on nous fait croire, à coups de publications alarmistes ou carrément stupides ?
Parce que l’air de rien, on nous empapaoute volontiers dans l’histoire, en nous bassinant avec les « températures ressenties », vachement plus spectaculaires que les températures réelles (à l’heure où je vous écris, il fait -2, ça manque de gueule cette affaire) et en parlant de froid sibérien. Heureusement il reste Ouest-France qui garde les pieds sur terre et ne la confond pas avec la toundra!
C’est comme le Blue Monday, le stress des fêtes, le stress des vacances, le stress de la rentrée, le blues de janvier, on arrête pas de nous inventer de l’horreur et de la difficulté, du drame en abondance, histoire simplement de générer de quoi parler, avec deux effets pervers:
– Lorsque les vraies épreuves arrivent, le sentiment d’impuissance et d’être submergé(e) est largement amplifié (si une chute de neige est associée à une catastrophe dans notre esprit, quid d’une tempête qui arrache la moitié de votre toit ?) Ce qui minimise notre aptitude à y faire face et nous laisse émotionnellement de plus en plus démunis. Bref, ça nous congèle aussi la si fragile estime de soi
– Le drame ainsi auto-suggéré nous poussera… à sur-consommer pour compenser. Moins on est apte à faire face, plus on a besoin de produits divers et variés pour nous assister. Et on comprend pourquoi ça arrange plein de monde, de faire un drame d’une vague de froid;)
Nous ne sommes pas les mous du genou qu’on veut nous faire croire!
Les imprévus font partie de la vie et l’adaptabilité est une faculté humaine bien plus répandue et bien plus développée qu’on ne l’imagine. Et si on fait une situation extrême d’un événement banal, que nous restera-t-il ?
Râler contre la neige ne l’empêchera pas de tomber et la grognonitude n’est utile que lorsqu’elle porte sur des choses que nous pouvons contrôler. Pour le reste, l’acceptation est le point de départ de l’adaptabilité. Et d’ailleurs, tout le monde n’a pas fait que râler.
Parce que moi, il m’a semblé que lors de l’épisode de neige qui a apparemment paralysé une France engluée dans ses incapacités, j’ai surtout vu un truc inattendu. Dans mon quartier, pas une parcelle, pas un centimètre carré de neige qui n’ait été piétiné, arpenté, sur lequel aucun enfant n’ait joué, personne ne se soit amusé à faire des batailles de boules de neige, des bonhommes de toutes les tailles et de toutes les formes, des glissades, et même de la luge. Il y avait des gens partout dehors qui s’amusaient, c’était festif, joyeux, merveilleux !
Et on voudrait nous faire passer pour des mous de genou, incapables de mettre leur nez dehors pas températures négatives, au cas où il gèle et ça se finisse au urgences ? Chers médias, plutôt que de transformer une météo parfaitement naturellement hivernale en usine à mode d’emploi, n’aurait’il pas été plus utile de parler de ceux qui ont réellement des chances de mourir de froid?
D’autre part, pendant ce qu’il est désormais de bon ton d’appeler « l’épisode neigeux » de février 2018, certains en ont profité pour réussir à obtenir une part de télétravail de la part d’entreprise qui, du coup, se sont ouvertes à cette possibilité. D’autres ont réussi, vaille que vaille, à se rendre au boulot malgré les routes enneigées et les transports compliqués. Et quand le « froid sibérien » s’est abattu sur nos pauvres têtes, nous avons tout simplement attendu que ça se passe. IL est même probable que nous nous soyons souvenus que le printemps finit toujours par venir après l’hiver que la neige finit toujours pas fondre et que les circonstances difficiles ne sont pas forcément immuables.
Ce qui signifierait que les imprévus peuvent aussi être source d’améliorations, d’opportunités, expérimentations et d’innovation? Mince, nous voilà donc vraiment moins cons-gelés que ce qu’on imagine? Il resterait donc encore chez nous quelques traces du génie de ce peuple râleur et truculent qui ne se seraient pas figées dans des langueurs de mauviettes pusillanimes petit braquet? Et si nous avions en nous, sans le savoir, un perce-neige qui ne demande qu’à pointer son nez?
Surfons sur la vague pour renouer avec nos ressources
Nous sommes plus forts qu’on veut bien nous le faire croire, plus pleins de ressources pour rebondir, de qualités sur lesquelles nous appuyer pour traverser petits vents et mini-marées… parce que disons-le tout net, ce froid-là, pour vous et moi, c’est tout de même un événement mineur ! Et ce sont ces mêmes traits de caractère qui nous soutiennent sont disponibles aussi pour les grandes épreuves.
Chaque difficulté que nous avons rencontrées dans la vie, depuis la simple jambe cassée (j’ai dit simple, hein, pas une fracture comminutive ouverte avec arrachement des ligaments ) jusqu’aux épreuves terribles de la vie, chacun des événements que nous avons traversé est révélateur de ce que nous avons mis en œuvre pour, justement, le traverser.
Il ne s’agit pas là de l’adage pressurisant « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » ni de se nourrir la boîte à stress en se persuadant que les grandes épreuves sont des « cadeaux de la vie ». Il s’agit de voir, à chacune des grandes étapes de notre vie, comment nous les avons traversées, comment nous avons rebondi. Et c’est le plus souvent en nous appuyant sur un ensemble plus ou moins conscient de qualités, de talents naturels, de traits de personnalité qui forment la mosaïque unique de notre singularité. Et si l’on peut la cartographier en observant nos réussites et nos accomplissements, on peut tout aussi bien l’observer dans les épreuves que nous avons traversées. Chacun réussit, entreprend, se débrouille, surmonte les obstacles à sa manière et trouve des solutions dans sa vie personnelle comme professionnelle, complètement à sa manière. Et c’est celle-ci qui nous intéresse. A l’instar du perce-neige qui parvient chaque année à pointer le nez malgré la terre gelée, quelles sont les aptitudes et ressources qui nous aident à traverser nos hivers?
Si vous regardez de près votre propre chemin parcouru, les difficultés qui l’ont jalonné:
Quelles qualités, quelles facettes de votre personnalité vous ont aidé à les traverser?
Quels traits de caractères?
De quelles ressources avez-vous fait preuve?
Comment ses ressources peuvent vous aider, vous soutenir ans vos projets comme dans d’autres éventuelles difficultés?
Ne laissons personne nous faire croire que nous sommes des petites choses fragiles qui peinent à « oser », qui n’ont jamais les bonnes qualités, les « profils » parfaits pour affronter la vie. La vie est, par nature une longue série de hauts et de bas, parfois très hauts, parfois très bas et puis nous cassons nos pipes. Nous avons tous traversé toutes sortes de difficultés et si nous avons survécu, ce n’est pas parce qu’elles nous ont rendu plus fort, c’est parce que nous avions déjà toute une série d’aptitudes, de capacités, de traits de personnalité qui nous ont permis de les traverser. Nos vies sont suffisamment constellées d’événements largement désagréables, ne laissons pas les médias nous faire croire que nous sommes des pauvres choses incapacitées.
Et pour le reste, heureux ceux que les petits imprévus sont venus bousculer dans le ronron de leurs vies, ils auront des histoires à raconter !
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Vous voulez renouer avec vous-mêmes, vos aptitudes et vos qualités et vous accepter dans tous vos traits de personnalité? Vous voulez mettre cette merveilleuse complexité au service de vos aspirations professionnelles? Ithaque vous propose ses accompagnements uniques et exclusifs. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.
Je découvre avec stupeur comment la météo a été traitée par les médias, moi qui sais à peine quelle température il fait puisque je ne consulte aucune information extérieure. Alors je continue à ne pas les consulter, à juste mettre des gants si j’ai froid aux mains. Je n’en reviens toujours pas d’autant de bêtises ! Mais oui, c’est symptomatique d’une infantilisation généralisée de la population… C’est à chacun aussi de rependre sa responsabilité et de ne pas se laisser traiter de la sorte !
L’infantilisation généralisée, c’est exactement ça et c’est pénible:))
Bonjour et grand merci pour cet article ! Ça réchauffe le neurone du genou pas mou … même si on du consommer deux pelles et deux bonnets histoire d’accéder à notre humble demeure ! C’est magnifique,, tout blanc…merci pour ces articles en général qui m’aident beaucoup au quotidien !
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Merci Morgan pour cet enthousiasme qui me ravit! Vous voilà donc avec une expertise de l’utilisation de la pelle et des muscles en plus:))
Ça fait du bien à la confiance en soi, ton article vient de remettre du bois dans ma cheminée
Oh comme j’aime cette jolie façon chaleureuse de le dire, merci:)
Merci pour cet article qui remet les choses à leur place. Pour ma part, j’ai dû couper le chauffage dans mon logement pour des raisons budgétaires. Et avec plusieurs épaisseurs de vêtements, je survis sans problème !
Bonjour Jean et vous avez toute ma sympathie, car vivre sans chauffage, ce n’est pas facile:)