J’ai été contactée par France 2 pour une interview sur le thème de la procrastination, ce qui m’a donné envie d’aborder à nouveau ce sujet délicat. Trop souvent désignée comme une “mauvaise habitude à vaincre”, un vilain comportement à éliminer, alors qu’elle n’est qu’un symptôme, l’arbre qui cache la forêt. Rendons son rôle d’indicateur à la procrastination, et nous aurons bien plus de chances de vivre en bonne intelligence avec elle.
La procrastination est un symptôme
Le problème majeur avec la procrastination, c’est qu’elle est un comportement particulièrement complexe: il y a autant de façons et de raisons de procrastiner qu’il y a de procrastinateurs. Et entre idées reçues et sur-simplifications, elle reste un sujet tabou perclu de généralisations abusives, d’explications téléphonées et de recettes toutes faites inefficaces.
Parmi celles-ci, les ressources expliquant comment “vaincre” la procrastination sont innombrables. Une fois de plus, on plaque le vocabulaire du parfait petit soldat sur une réaction de protection et on s’en va-t-en guerre, fleur au fusil, contre l’arbre qui cache la forêt. Car la procrastination, si elle est un coupable idéal dans une société friande de solutions faciles, n’est pas le vrai problème: elle en est l’indicateur. Comme avec le stress, les émotions ou encore la rumination, vouloir l’éliminer sans se préoccuper des causes est illusoire.
A l’évidence, lorsqu’on se casse une jambe, on va chercher à calmer la douleur. On n’en oublie pas pour autant de réduire la fracture. Alors comment se fait-il que dès qu’une réaction émotionnelle rentre en jeu, on ne s’attaque qu’au symptôme et pas à la cause? Probablement parce que traiter la cause nécessite d’aller mettre les mains dans le cambouis et d’agir?
La procrastination est le symptôme d’une relation compliquée, voire douloureuse à la tâche à accomplir. Souvent, cette relation à quelque chose à voir avec une estime de soi suffisamment fragile pour justifier un comportement aussi auto-invalidant. Ni plus, ni moins. Et l’ampleur de nos procrastinations est directement proportionnelle à la perception négative de la tâche.
Eviter de se tromper d’objectif
Si la procrastination est un symptôme, est-il donc vraiment utile de chercher à s’en débarrasser? Probablement pas: lutter contre, c’est se tromper d’objectif. Elle est en réalité un allié du bien-être et de l’estime de soi en indiquant les failles et les manques qui les menacent. Tout l’intérêt, et l’objectif réel, réside dans le fait d’exploiter cet indicateur précieux pour les traiter. La diminution de la procrastination devient alors une conséquence naturelle, pas l’objectif en soi.
Alors plutôt que de faire une maladie d’un symptôme, prenons plutôt le temps de l’accueillir et de l’observer avec curiosité, de l’apprivoiser pour mieux la mettre à son service qui sera l’objet du prochain billet sur le sujet, la semaine prochaine.
Voir aussi
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Les dossiers d’Ithaque: Apprivoiser la procrastination
Pour moi la procrastination est bien le symptôme d’un blocage sur des plans plus élevés des niveaux logiques donc comme vous le dites essayer de régler le symptômes, ne resoud pas le problème 🙂
J’attends la suite;) avec les solutions..Je me surprends parfois à procrastiner..Je me suis demandé pourquoi attendais-je de “faire” ? qu’est ce que cela m’empêchait de réaliser, vivre? ou au contraire, qu’est ce que cette procrastination m’obligeait à vivre? tout un travail. Merci de l’évoquer. PLK
Tout un travail, oui… la procrastination a beaucoup de choses à nous dire^^
Bon travail alors!