Autant il est facile de mener notre bi-moteur professionnel lorsque tout va bien, autant lorsque la vie au travail se complique, l’esprit qui est à la fois au four et au moulin peut se mettre dans tous ses états, sauf celui qui génère la performance et l’efficacité. Pour éviter le crash en bout de piste, rien de tel que de revenir en mode coach de soi, véritable état de grâce… Mode d’emploi.
Lors de la journée organisée par l’ICF France sur le leadership, animée par Robert Dilts, à laquelle j’ai eu le grand plaisir d’être invitée, celui-ci a abordé la question du management de soi en période difficile, au travers d’une technique destinée à retrouver un état interne serein et sûr de soi, l’état COACH, plutôt que de s’enfermer dans a spirale des émotions négatives, l’état CRASH.
Chronique d’un C.R.A.S.H. annoncé
Les aléas de la vie professionnelle nous mettent parfois, littéralement, dans tous nos états. Situations inhabituelles, transitions de carrières, challenges, obstacles, conflits ou confrontations, génèrent des réactions émotionnelles qui sont autant de mécanismes de défense face à tout ce qui nous renvoie nos manques, nos incertitudes, nos failles, nos peurs.
Nous sortons alors de notre zone d’excellence et d’efficacité pour plonger pieds et poings liés en mode survie. Et comme nous sommes souvent aussi déconnectés de nos émotions qu’un smartphone sans 4G, nous peinons à les comprendre et à sortir de cet état second. Nous pouvons alors nous enfermer dans ces mécanismes et céder à leur mode d’expression: l’énervement et l’agressivité, l’inquiétude et la confusion, la fatigue et l’inertie. Et les laisser gouverner nos interactions avec les personnes concernées, quitte à amplifier les conflits ou nos décisions, quitte à ce qu’elles soient aux antipodes de nos besoins.
Et nous voilà en perte de leadership, car c’est toute l’image que nous renvoyons qui est impactée et inhibe notre capacité à emporter l’adhésion; ainsi qu’en perte d’efficacité (de leadership de soi), car nous nous retrouvons englués dans des comportements inappropriés:
– Qui a envie de suivre un chef qui n’a aucune maîtrise de lui et s’emporte à la moindre contrariété, si ce n’est parce qu’on le craint?
– Qui a envie de suivre un N+1 stressé par l’angoisse, qui s’agite et se perd, si ce n’est parce qu’on n’a pas le choix?
– Qui a envie de suivre un chef abattu, découragé, qui ne sait plus quel chemin suivre, si ce n’est parce qu’on est mal pour lui?
Le CRASH n’est pas loin! Concept développé par Robert Dilts, le CRASH est un acronyme pour cet état interne généré par les émotions négatives qui nous fige dans des attitudes bien éloignées de l’image que nous nous faisons d’un leader et bien peu propices à la sortie par le haut de la situation qui l’a généré:
– Contraction : nous sommes tendus, stressés.
– Réaction : nous réagissons par des automatismes inadaptés à la situation.
– Analyse paralysante : nous ruminons, nous tournons en rond dans des analyses sans fin et sans solution.
– Séparation : nous nous sentons isolés, déconnectés de ce qui se passe et de ce qui nous arrive.
– Heurt, hargne : le sentiment d’être blessé, vulnérable peut générer un sentiment de hargne,d’agressivité.
C.O.A.C.H de soi pour retrouver son leadership
Quand le moteur a des ratés, mieux vaut que le pilote ait un sang-froid sans faille pour éviter de s’écraser dans un champ de blé. “Pour avancer dans le changement, précise Robert Dilts, il est important de cultiver des qualités telles que la flexibilité et la stabilité, l’équilibre, la connexion et la capacité à lâcher prise”. Et pour être en capacité de reconnecter avec ces aptitudes, dont nous sommes tous capables, il propose de cultiver un autre état interne: l’état COACH, qui permettra au pilote et à son personnel navigant interne (besoins, valeurs, craintes, envies, croyances etc.) de se remettre à œuvrer ensemble et d’exprimer tous ses talents:
– Centré : sur soi, sur ce qui se passe, dans la situation problématique comme à l’intérieur de nous.
– Ouvert : aux personnes concernées, aux solutions, aux possibilités, plutôt qu’enfermés dans le problème.
– Accompagnant en conscience : nous sommes attentifs aux autres, à notre environnement.
– Connecté : nous sommes attentifs à ce qui se passe.
– Hospitalier : c’est à dire accueillant et embrassant la situation.
Etat de grâce: leadership et charisme
Il est évident qu’il ne s’agit par de voler éternellement en toute sérénité dans un ciel sans nuages: les vies sans aléas n’existent pas. Il s’agit de cultiver cet état de grâce avec soin, pour pouvoir s’y reconnecter quand les difficultés professionnelles s’amoncellent jusqu’à nous faire perdre nos moyens.
Nous avons tous connu ces états de grâces, ces moments où nous étions en pleine possessions de nos moyens, efficaces, affirmés, sûrs de nous, créatifs, sereins dans nos décisions comme dans nos façons de faire ou dans le sens que nous accordions à ces actions. Nous remémorer ces situations nous permet de reconnaître cet état lorsqu’il se manifeste d’une part et de l’ancrer en nous de façon à pouvoir le reproduire d’autre part, avec un double bénéfice: retrouver ce leadership de soi, garant du leadership et de l’efficacité, et gagner en charisme, ce charisme inhérent à la cohérence entre la posture et l’action. Souvenez-vous de plusieurs situations dans lesquelles vous vous êtes senti(e) en état COACH:
Que s’est-il passé? Où, quand, comment, avec qui?
Qu’avez-vous ressenti, physiquement, moralement?
Que vous disiez-vous?
Comment agissiez-vous?
Prenez le temps de ressentir pleinement cet état, de façon à ancrer ce qui se passait dans votre corps et dans votre tête.
Et lorsque vous vous retrouvez proche du CRASH:
Sur une échelle de 1 à 10, comment ressentez-vous cet état COACH?
Que pouvez-vous faire pour l’accroître? Physiquement, verbalement, en faisant référence à quel modèle?
A quel niveau est-il maintenant?
Quelle différence cela fait-il?
Qu’est-ce qui devient possible à présent?
Etat de grâce, leadership de soi et lecture émotionnelle
Puisque les risques de s’écraser au sol sont intimement liés à nos réactions émotionnelles qui se figent face à une situation donnée, compléter la connexion à l’état COACH par un peu de lecture émotionnelle est un bon moyen de traiter à la fois la cause et les conséquences. Rappelons que les états de défense aux émotions nous renvoient à des besoins insatisfaits qui rendent la situation menaçante:
– La réaction de lutte (colère, énervement) renvoie à un besoin de se faire entendre (reconnaissance, affirmation de soi)
– La réaction de fuite (anxiété, confusion) renvoie à un double besoin de sécurité et de liberté
– La réaction de repli (fatigue, abattement) renvoie à un besoin de sens (direction, utilité, cohérence)
Retrouver l’état COACH permet de satisfaire ces besoins plus sereinement et inversement, savoir reconnaître et combler ces besoins favorise le retour à l’état COACH. Des vases communicants qui sont les bienvenus pour entretenir sa capacité à rebondir en situation de crise tout en conservant son leadership et son charisme. Pour en savoir plus:
- La lecture émotionnelle au service du bien-être
- La lecture émotionnelle au service des relations
- Remparts, coursives et échauguettes: les états de défense aux émotions
- Les besoins à combler
Aller plus loin
Vous voulez construire et entretenir une posture, un état d’esprit et un relationnel sereins et dynamiques à la fois, propices à la concrétisation de vos aspirations professionnelles? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
Merci Sylvaine pour cet article qui retranscrit parfaitement l’esprit et le contenu de la conférence de Robert Dilts. J’ai également trouvé sa présence et son message très inspirant. Un beau moment qui vient nourrir ma pratique de coach.
Merci Caroline pour ce retour!
Je ne connaissais pas ce prolongement de son travail et je l’ai trouvé très inspirant aussi: des ressources passionnantes pour enrichir nos pratiques!
J’ai été ravie de t’y croiser, au passage;)