Un principe et trois questions pour réussir sa reconversion

Reconversion 1 principes et 3 questions pour réussir

J’ai été invitée dans l’émission Petit matin, consacrée au changement de vie début janvier, sur RTL. L’occasion de revenir sur la question des questions à se poser dans le cadre d’une reconversion. Alors plutôt que d’espérer les bonnes questions à se poser pour peaufiner son projet (et qui n’existent pas) je vous propose, à la place de poser un principe et de peaufiner un projet qui répond à trois questions !

Reconversion 1 principes et 3 questions pour réussir

 

Changer de vie : mieux qu’une bonne résolution !

J’ai donc été l’invitée d’Amandine Begot et Cyprien Cini pour évoquer une bonne résolution apparemment très en vogue, puisque, selon les chiffres de RTL, 70% des Français veulent changer de vie. Ce qui peut signifier bien entendu aussi bien changer de région que de conjoint… ou encore de métier! En podcast:

 

Vous le savez, je ne suis guère adepte des bonnes résolutions qui viennent nous plomber le carafon – et l’humeur – dès le début de l’année, en revanche j’aime les aspirations grandeur nature qui viennent trouver corps dans un projet digne de ce nom. Et changer de vie en est un ! Et quand changer de vie rime avec reconversion, ça mérite évidemment de se poser quelques questions.

Mais voilà, vous la savez aussi, la grande question, la sempiternelle question des questions à se poser dans le cadre d’une reconversion, ce n’est pas ma tasse de thé, parce qu’il y a justement de quoi y boire la tasse, vu que les questions en question, c’est davantage un bouillon que du nectar à réflexion.

Alors je vous propose une alternative :

– Ne posons pas des questions mains un principe
 – Assurons-nous qu’au final, le projet terminé répondra à trois questions que nous ne poserons pas en amont.

Et comme j’aime bien l’idée de parler de changement de métier en mode décontracté, de ne pas théâtraliser le sujet en mode Rolex de la décennie, d’avoir des ambitions sans se prendre trop au sérieux, je vous l’ai résumé en cartoon, un peu comme une BD qui s’écrirait un tome après l’autre:

 

Un principe et trois questions pour réussir sa reconversion

 

 

Un principe : toutes les questions sont bonnes

Je le répète volontiers, le l’affirme, je le martèle : la question des bonnes questions à se poser n’est probablement pas la question !

Car il n’y a ni bonne ni mauvaise question. Pour en finir avec l’illusion qu’en trois coups de cuiller à questions vous allez trouver le métier de vos rêves et concrétiser la bifurcation idéale qui va vous rendre heureux toute votre vie en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire : il n’y a pas de « bonnes questions » à se poser. La plupart des « bonnes questions » qui vous sont proposées sont bien trop vagues et bien trop à côté de la plaque pour vous apporter quoi que ce soit de tangible, de solide.

A l’inverse toutes les questions qui vous viennent méritent d’être posées, parce que dès lors qu’elles pointent leur nez dans votre cafetière elles indiquent des points qui ont besoin d’être traités et qui, s’ils sont négligés, vont rapidement se transformer en émotions désagréables : inquiétude, angoisse, confusion, contrariété, agacement, frustration, découragement, lassitude.

Le seul point à prendre en compte pour que ces questions ne deviennent pas rapidement des impasses et dansent perpétuellement dans votre tête en déclinaison de ruminations, c’est de s’assurer que chacune est formulée de façon à explorer des réponses:

 – Question ouverte
 – Question précise

Et dès qu’elle est posée, vous pouvez explorer comment y répondre: anticiper des conséquences et les intégrer dans le projet, vous informer, transformer un élément en critère, trouver des solutions pour dépasser ou contourner le problème etc. Posez toutes les questions, même celles qui paraissent farfelues, bêtes ou évidentes! Ainsi mon client Bertrand, informaticien qui s’intéresse à l’agriculture, m’exprimait l’autre jour une crainte : et s’il se retrouvait en zone blanche? Il l’a posé en point à traiter: c’est aujourd’hui son premier critère de sélection de son terrain.

 

Les trois réponses d’un projet de reconversion

En revanche, pour construire un itinéraire de reconversion solide, il est important que votre projet réponde, au final, à trois questions fondamentales faute de quoi il donne dans le bancal :

 

1- Quoi ?

Qui décrit ce que vous allez faire, précisément. Le « quoi ? » vous donne le direction.

Ce quoi n’a rien à voir avec la demi-phrase qui résume votre « raison d’être », votre « mission de vie », aussi appelée « ikigai » ou « vocation » et qui sont bien trop vagues pour être une définition d’un projet.

La direction c’est concrètement ce que que vous ferez quand vous serez en haut de la montagne de votre projet. Ce que vous ferez professionnellement qui, bien entendu intègre les hybridations et le job crafting que vous aurez identifiés comme indispensables à votre plaisir de travailler. Car vous le savez, aucun métier ne vous rendra heureux par nature, c’est la façon dont vous allez l’exercer qui va déterminer votre satisfaction professionnelle.

La réponse au « quoi » n’est donc ni la simple dénomination d’un métier, ni la demi-phrase vague de votre « mission de vie ».

Définir soigneusement ce « quoi » implique d’écouter ses besoins et désirs professionnels, d’en accepter la légitimité singulière (ils n’appartiennent qu’à vous) et de les intégrer concrètement dans votre projet. Ce qui se traduit par un sentiment d’auto-reconnaissance, d’affirmation de soi vis-à-vis de soi-même, y compris au nez et à la barbe d’un monde professionnel qui nous préfère conformes et dociles. Frustration et contrariété disparaissent, laissant la place à l’assurance tranquille de celui/celle qui sait où il/elle va.

 

2- Pourquoi ?

Ce sont les raisons qui nous motivent à mener cette bifurcation. Donc pas tant le sommet de la montagne que ce qu’il y a derrière, les bénéfices que nous allons retirer des efforts fournis pour la gravir. Parce que, soyons honnêtes, un itinéraire de reconversion nécessite un peu de motivation d’une part, et quitte à changer de vie, autant qu’elle vous apporte du plaisir d’autre part.

Un « pourquoi » un peu mou du genou et c’est toute votre motivation qui est en question. Son insuffisance est sans doute le signe que vous êtes passé à côté du sujet et que vos choix ne sont pas les vôtres, mais peut-être teintés d’influences diverses (l’héritage familial, les résultats d’un « outil » standardisé, par exemple)

Ce « pourquoi » correspond, de façon un peu schématique et un peu tarte à la crème, aux valeurs que vous honorez au travers de cette activité professionnelle, à l’enthousiasme qu’elle suscite chez vous et au sens qu’elle a à vos yeux. Concrètement, il s’agit du sentiment de contribuer, de participer à quelque chose d’important à vos yeux et d’une manière qui nous satisfait profondément. De là naissent l’énergie et le dynamisme nécessaires à la réalisation du projet!

 

3- Comment

Le « comment », c’est le plan de route, qui gagne à être soigneusement détaillé. Ce qui ne signifie pas gravé dans le marbre! Parfois, s’entêter dans une voie ou une façon de faire est une erreur et la souplesse facilite l’adaptation aux imprévus.

Ce plan de route comprend les étapes à franchir, les actions à mener, les solutions à mettre en place, les ressources nécessaires (finances, temps, personnalité et traits de caractère, personnes etc.) et les points de repères à partir desquels s’orienter au fur et à mesure et en fonction des impondérables. Ce « comment » vous donne  le cadre à la fois sécurisant et flexible qui permet d’évoluer avec le projet ou de le faire évoluer selon les circonstances, y compris les hybridations qui s’avèrent importantes. Un itinéraire bien planifié est source de confiance, d’aptitude à entreprendre un projet avec calme et courage.

 

Vous l’avez compris dès lors qu’un projet de bifurcation professionnelle répond à ses trois questions, le candidat à la reconversion a construit un état d’esprit qui lui permet de se lancer… sans se poser de questions. Avec sérénité et confiance, avec dynamisme et détermination.

Il y a une logique à cela: le projet devient alors une réponse judicieuse à l’intégralité des besoins qui, s’ils étaient négligés, déclencheraient des tombereaux de doutes et d’émotions négatives qui à leur tour vous pousseraient à procrastiner, histoire de vous protéger d’une décision absurde. Pour plus d’explications:

  • La lecture émotionnelle au service de la reconversion professionnelle

Inversement, une fois tous les besoins satisfaits, il n’y a plus de barrière à se lancer. Et probablement pas beaucoup de risques, en tout cas pas de ceux vous n’êtes pas en mesure d’assumer. Vous voilà donc en possession d’une feuille de route précieuse qui va vous permettre d’écrire le tome suivant, celui de la réalisation de votre projet.

Bonne route!

 

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Aller plus loin

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3 Comments

  • Je rajouterais bien une 4ᵉ question qui me semble faire partie des indispensables, qui ne fera pas l’unanimité, mais qui me semble centrale dans les projets avortés de reconversion dont j’ai pu être témoin. Cette question, c’est très prosaïquement combien ? Mais attention, pas tellement combien je vais gagner d’argent, mais plutôt “de combien d’€ mensuels ai-je réellement besoin pour bien vivre mon projet ?”. Je suis assez surpris par les récits de reconversion que j’entends de voir à quel point on mesure tout à l’aulne de son existant. Or par exemple, quitter la région parisienne pour aller en zone rurale peut impliquer un tas d’économies substantielles, si votre référentiel est bloqué sur ce que vous gagnez et dépensez aujourd’hui, votre reconversion se déroulera vraisemblablement dans de mauvaises conditions. Considérez donc cette reconversion comme un projet entrepreneurial , de combien avez-vous besoin pour vivre et ensuite comment se débrouiller pour qu’il soit viable, l’inverse est souvent un peu casse-gueule , mais ce n’est que mon avis…

    • Bonjour Vincent, je suis tout à fait d’accord avec ton point de vue, et je suis moi aussi souvent surprise de voir combien la question financière est souvent éludée, alors qu’elle est un point essentiel au projet professionnel. J’aurais pu ajouter dans ce billet que le revenu nécessaire est inclus dans le “comment” de la reconversion, car outre ce que l’on peut gagner, en particulier quand on se met à son compte, il y a aussi le comment je m’y prends pour générer ce revenu. C’est d’ailleurs là où la possibilité de délocaliser le projet peut effectivement être une option très intéressante.
      j’avais abordé la question financière dans un angle similaire à ce que tu dis dans ce billet Intégrer la question du revenu dans un projet de reconversion (partie 1)

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