Je suis tombée sur une infographie très intéressante sur la façon dont nous apprenons. L’occasion pour nous de nous pencher sur une question fondamentale en reconversion: la phase de formation et la crainte d’avoir du mal à apprendre. C’est sans compter sur notre mémoire qui ne demande qu’à devenir d’éléphant pour briser les barrières de nos croyances sur l’apprentissage;)
Apprendre: bêtisier ou bestiaire de la matière grise
La mémoire fait l’objet de bien des questionnements dans un processus de reconversion: sommes-nous, après 5, 10 ou 20 ans de vie professionnelle, capables de nous remettre à étudier et notre mémoire va-t-elle nous faire défaut? Car plus nous avons passé de temps dans le vie professionnelle, plus nous nous considérons canards boiteux de la mémoire, moineau de la cervelle et bourdon de l’attention. Les freins liés à la faculté à reprendre des études ou à acquérir de nouvelles compétences et connaissances peuvent être paralysant et pousser à renoncer à une bifurcation professionnelle, et c’est bien dommage. Parce que c’est oublier que le cerveau est davantage malin comme un singe – et certainement aussi souple – que tête de linotte et qu’il suffit pour cela de réveiller l’éléphant qui sommeille en nous.
Le site Soleri s’est penché sur l’affaire afin de dégager des éléments clés pour ancrer durablement les compétences nouvelles. Il en est ressorti cette infographie passionnante qui vise à mieux cerner les mécanismes biologiques régissant l’apprentissage de façon à l’optimiser. Voici donc quelques pistes pour nager comme un poisson dans l’eau de la formation continue et reprendre confiance en nos capacités d’apprentissage à tous les âges:
Trois pistes pour apprendre à mieux apprendre
1- Entretenir ses capacités cognitives et cérébrales
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe bien des manières de le faire qui ont aussi comme bénéfice collatéral de nous rendre plus heureux:
– Des interactions sociales de qualité: le bonheur c’est les autres et le bon fonctionnement du cerveau aussi! “Une grande partie des fonctions cérébrales dites “cognitives“ sont dévolues aux interactions que chacun d’entre nous entretient en permanence avec sa famille, ses proches, ses collègues de travail et tout ceux que nous rencontrons, même brièvement” explique Philippe Vernier Directeur de l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay dans cette interview. Travailler ses compétences relationnelles participe donc de l’amélioration des fonctions cognitives.
– L’activité physique améliore de façon notable les performances cérébrales, comme l’explique cet article de Sciences et avenir.
– L’alimentation et de préférence une alimentation variée qui correspond à nos besoins individuels plutôt qu’une alimentation normée et culpabilisante. Sur le sujet, je vous recommande l’excellent blog d’Ariane Grumbach, diététicienne gourmande qui porte une regard merveilleusement intelligent sur nos façons de nous nourrir: L’art de manger
– Le sommeil “prépare le cerveau à apprendre, à encoder de nouvelles informations. Ultérieurement, il va consolider la mémoire de ces apprentissages pour en faire une mémoire stable et durable” explique le Professeur Robert Jaffar dans cette vidéo. Ne sacrifiez donc pas votre sommeil à une formation qui viendrait par exemple s’ajouter à un emploi à temps plein, expérimentez des organisations (y compris farfelues si elles vous plaisent) qui vous permettent de dormir comme une marmotte;)
– La curiosité : modifie le cerveau d’une part et d’autre part elle favorise l’apprentissage des sujets dont nous sommes curieux, comme le montre les recherches de Matthias Gruber. Ce qui nous encourage cultiver la curiosité, l’émerveillement parce que c’est un formidable moyen d’entretenir nos capacités cérébrales et qui penche également en faveur de l’acquisition d’appétences (les compétences qui nous intéressent) et donc de projets de reconversion qui parlent davantage aux tripes et pas uniquement à la raison.
2- Favoriser la concentration
L’encodage des connaissance dans la mémoire est efficace lorsque l’attention accordée à ce que l’on fait est optimale. Ce qui signifie planifier des plages de travail concentré, sans interruption, qui alterneront avec des plages ressourçantes (rêverie, glandouille, marche etc.). Ces plages gageront à être déterminées, expérimentées et évaluées grâce à vos émotions et à la motivation qu’elles génèrent. Mettre en place les itérations nécessaires pour construire une capacité d’apprentissage de course!
3- Réactiver l’information
La courbe de l’oubli indique qu’en 24 heure, 80% des connaissance sont remisées dans notre insondable arrière boutique mentale et que la réactivation régulière est nécessaire pour créer un libre accès au stockage des données de notre disque dur interne. On peut ainsi recommander:
– Pour les connaissances théoriques et intellectuelles: diversifier les supports de référence où cette information est disponible (supports écrits, visuels, enregistrements, vidéo etc.) et de créer ses propres supports via les cartes heuristiques ou le sketchnoting – croquinote en français, c’est plus joli;) -par exemple et de revenir régulièrement consulter ces supports
– Pour les connaissances techniques: pratiquer. Le geste participe d’une appropriation forte du savoir: pratiquez, pratiquez, pratiquez;)
Age et neurogénèse: de la capacité d’apprentissage de nos cerveaux
Bonne nouvelle: on a longtemps cru qu’après 25 ans, nous étions condamnés à la lente disparition de nos neurones. Mais c’est faux, il n’y a pas de demeuressence* programmée! La neurogénèse, en particulier dans l’hippocampe, région clé dans les processus de mémoire et d’apprentissage, se fait tout au long de la vie et la plasticité cognitive resterait même intacte. Il semble simplement que le cerveau change selon les âges: la capacité à s’appuyer sur son expérience, ses compétences et ses connaissances serait à son apogée vers 45 ans, ce qui pourrait contrebalancer la diminution progressive de la mémoire à court terme.
Il apparaît que nous ne perdons pas la capacité d’apprendre, mais que nous la sollicitons moins, ce qui nous donne le sentiment que nous en sommes moins capables. Pourtant, comme l’indique Matthias Kliegel, responsable du Laboratoire du vieillissement cognitif de l’Université de Genève dans cette interview:
“il faut savoir que le cerveau sain est comme un muscle qui se nourrit du changement, mais s’atrophie si l’on ne s’en sert pas. L’entraînement va ainsi stimuler les jeunes neurones à s’intégrer dans les circuits cérébraux pour établir de nouvelles connexions.”
*celui-là, il était temps de l’inventer;)
Aller plus loin
Vous voulez explorer un désir de reconversion, parce que vous voulez construire une vie professionnelle en harmonie avec vos désirs, vos appétences et vos aspirations. Ithaque vous accompagne. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual