Ce qui est bien avec les questions à se poser pour identifier une voie de reconversion, c’est que lorsqu’elles vous hérissent le poil, elles stimulent l’imagination et donnent de l’inspiration! Du moins c’est le cas lorsqu’elles hérissent mon poil;) Par exemple l’omniprésente injonction de “passion” très en vogue: préférons-lui l’idée de contribution;)
En lecture ou en podcast! (Les liens mentionnés dans le podcasts sont ci-dessous;)
Job idéal: en finir avec la passion obligatoire!
Vous, je ne sais pas, mais moi, j’aime bien ma vie professionnelle. Je l’ai craftée, hybridée, façonnée jusqu’à satisfaction et chaque fois qu’une émotion pesante ou fatigante vient m’expliquer qu’elle n’est pas ou plus tout à fait optimisée, je m’attache à chercher les moyens de l’améliorer. Ça me donne une double stimulation en forme de mise en abyme: trouver des solutions pour assurer mon plaisir au travail s’ajoute à ma fonction qui consiste à aider les gens à trouver du plaisir au travail. Tout cela est assez réjouissant et nourrissant.
Et justement, un job de rêve, le job de vos rêves, le job idéal, c’est une question qui me fait réfléchir tous les jours et il m’arrive même, de temps à autres – heureusement pas trop souvent – d’aller lire sur le sujet. Et je suis surprise de voir à quel point la question de la passion est centrale dans la reconversion, comme si, hors enthousiasme dévorant, hors ardeur exaltée, hors ivresse débordante, point de salut.
La passion devenue obligatoire, il n’y aurait pas d’autre solution que de s’en trouver une pour trouver SA voie professionnelle réjouissante… hmmm personnellement, je suis une enthousiaste, une émerveillée, mais je ne crois pas avoir de passion. Énormément de choses m’intéressent, mais rien Le terme de passion m’effraie, tant il a de connotations dérangeantes: “état intense et irraisonné qui domine”, “inclination irrésistible et violente”, épreuve des martyrs”, “souffrance, supplice, état de celui qui subit”. La passion est un mot fort, sans doute très adaptés à ces temps de multi-frigidité qui mettent des absolus et du #porn partout. Mais je préfère le plaisir dans ces cinquante nuances toutes colorées (joie, jouissance, contentement, satisfaction, délectation, félicité etc.)
The question miracle m’a tuer;)
Donc, l’autre jour que je lisais une Nième publication sur comment trouver le job de nos rêves, je tombe sur LA question à se poser. Ce serait donc:
Qu’est-ce qui vous ferait vous lever à 6h du matin un dimanche?
Sérieusement ?
Rien !
RIEN !
RIEN, RIEN, RIEN !
En tout cas rien qui pourrait avoir à voir avec la vie professionnelle ! Même métaphoriquement!
Voilà, face à la question, j’ai freiné des quatre fers, j’ai rétivé comme une vieille carne –ou un électron libre, dirait mon Bourrin Basque- je me suis mis en mode fermé-pour-cause-d’inventaire et je suis partie faire ma péripatéticienne dans ma jolie forêt de Rambouillet (vous qui me lisez depuis longtemps, vous avez compris qu’elle m’appartient en propre, un peu comme j’appartiens au territoire précisément délimité de mes deux greffiers), pour y glaner non pas des Pokemon mais quelques idées plus réjouissantes. Parce franchement, cette question m’enquiquine aux entournures.
Vous, je ne sais pas, mais moi, le dimanche, j’ai envie de me réveiller tranquille, de prendre le temps de sentir l’air par la fenêtre ouverte, de me coller contre mon conjoint, on papote, on sirote peinards le café à la cannelle qu’il m’a préparé avec amour, on paresse, on regarde les news rugby ou une série télé avant d’aller au marché… et je vous le répète, je vous l’assène, je vous le martelle, il n’y a RIEN de lié à la vie professionnelle qui pourrait me donner envie de me lever le dimanche !
Donc ne me posez pas la question, bande de harceleurs patentés!;))
Il ne s’agit évidemment pas tant de dimanche en soi que de jour de repos, de jour non travaillé. Est-ce que mon boulot que j’aime tant me donnerait envie de me lever à 6h un jour où je ne suis pas censée travailler ? Sûrement pas ! Il y a une vie en dehors du travail et aucun boulot ne mérite d’y laisser même ses jours de congés !
Bon, je veux bien me lever vers 7h pour aller voir les trotteurs sur la plage de Jullouville.
Je veux bien me lever même plus tôt pour aller monter une montagne.
Ou assister à un concours complet.
Mais il n’y a rien là-dedans, ni de près ni de loin, qui donne le moindre indice sur ce que je pourrais faire comme métier, si d’aventure je me relançais dans une reconversion professionnelle. Je n’ai pas l’intention d’élever ou de driver des trotteurs, je n’ai pas l’intention de faire quoi que ce soit dans le monde de l’équitation et je n’ai, vu ma patte folle, aucune chance de devenir un ersatz de Catherine Destivelle!
J’ai juste envie qu’on laisse mes dimanches tranquilles!
Et puis rappelons :
1- la passion n’est pas obligatoire ou indispensable dans une reconversion!
Nul besoin de passion débordante pour se faire plaisir au travail ! Personnellement je n’ai pas de passion pour le métier de coach, j’aime ce qu’il me permet de faire ! Et si pour le faire il fallait que j’aille siffler la-haut-sur-la-colline tous les matins au lieu de jouer à l’art du questionnement, j’irai siffler ! Ce dont nous avons besoin, c’est de participer, au travers de notre activité professionnelle, à quelque chose qui a du sens, de la valeur à nos yeux. Si c’est une passion, soit, mais ça n’est pas une obligation.
Aimer ce qu’on fait, les raisons pour lesquelles on le fait et les conditions dans lesquelles ont le fait, c’est une alternative roborative à la passion ! Et non, quoi qu’il arrive et en vertu du principe qu’il y a une vie après le boulot, NON NON et NON, je ne me relèverai pas la nuit ou le dimanche à 6h pour travailler !
2- Aucun job ne rend heureux tel quel
D’ailleurs, à force ce petites publications tronquées, interprétées et simplifiées, nous finissons pas croire n’importe quoi. Ainsi cette liste ci-dessous qui donne une vision erronée: ce n’est pas parce que 85% des enseignants se disent heureux au travail qu’enseigner rend heureux!
Aucun métier, fusse-t-il une passion, ne rend heureux par lui-même, seule la façon de l’exercer détermine s’il nous convient ou non et donc le job crafting (issu des éléments de la liste de droite Ce qui rend heureux au travail) qu’on va y appliquer peut nous permettre d’y arriver. Le job idéal est à inventer, il n’existe pas tel quel! Rappelons-nous combien Daniel était un boulanger malheureux, avant de complètement ré-inventer son métier.
De plus, la passion peut être une sacrée illusion lorsqu’elle se révèle soluble dans le quotidien professionnel. Bref, arrêtons de croire à l’obligation de passion et au passage, affranchissons-nous de toutes les injonctions à penser en mode formaté!
La contribution à la place de la passion
Evidemment, derrière la question il y a l’intention louable de vous aider à reconnecter avec vos valeurs. Et évidemment, certains d’entre vous réagiront de façon bien moins épidermique que moi à cette piste de réflexion.
D’ailleurs, certains ont des passions qu’ils transformeraient volontiers en métier et c’est tant mieux: il leur reste à explorer comment éviter la dilution dans la professionnalisation et construire une vie professionnelle qui va leur apporter un plaisir durable et renouvelable:
Mais pour tous ceux qui ont le poil qui se dresse à l’idée de l’obligation de passion, soit parce qu’il n’en ont pas, soit parce qu’ils n’ont aucun désir de transformer des loisirs passionnants en métier, j’ai envie de proposer une alternative pour foutre la paix à vos dimanches matins. Exit la passion dévorante, place au sentiment de contribution:
A quoi avez-vous envie de contribuer, qui rendrait vos semaines tellement intéressantes que le dimanche matin, entre le café et le marché, vous pourriez vous dire, un sourire collé à la figure « elle est chouette, ma vie professionnelle » ?
La réponse n’est pas bien entendu pas un poste, une fonction ou un métier précis, mais c’est une direction à creuser pour voir comment elle peut se décliner professionnellement. Cette contribution n’est souvent même pas un secteur professionnel aussi ne vous attendez pas à une solution miracle pour identifier une voie de reconversion.
Trouver ce à quoi nous avons envie de contribuer donne du sens et une direction, c’est donc simplement une option, une façon de réfléchir qui a le mérite de nous débarrasser de l’encombrante passion, un vrai problème pour les multipotentiels qui n’ont pas le sentiment d’en avoir et qui se trouvent empêtrés dans des façons de penser qui les entravent plus qu’elles ne les aident.
Une fois que vous avez exprimé cette contribution sous forme d’une courte phrase, vous pourrez commencer à réfléchir à la façon dont vous pourriez la concrétiser au travers d’un métier. Ainsi, en bonne abeille, je gagne peut-être à aimer perpétrer la vie (contribution) en pollinisant les jolies fleurs de nos jardins et prairies (fonction) plutôt qu’à m’acharner à chercher un fruit de la passion;)
Je vous souhaite une belle reconversion!
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