Le brouhaha incessant de notre monde moderne nous fait perdre notre capacité à écouter. Selon Julian Treasure, cela a des effets pervers sur notre compréhension du monde et de ses occupants, générant au passage au mieux des relations pourries, au pire des conflits majeurs. Nous perdons littéralement notre capacité à nous entendre. Seconde partie de notre exploration du bruit et de la fureur: écouter davantage, écouter mieux.
Mieux écouter pour améliorer le bien-être et les relations
Dans cette seconde conférence au TED, Julian Treasure explique comment nous perdons notre capacité à écouter. De la création de l’écriture jusqu’à l’avènement de technologies qui demandent une forte concentration visuelle, nous sommes de plus en plus déconnectés du monde sonore qui nous entoure et nous ne retenons que 25% de ce que nous entendons.
Il explique aussi que le son participe autant de notre compréhension du monde que de notre appréhension du temps et de l’espace. Par exemple, nous pouvons ainsi avoir conscience de la taille d’une pièce aux vibrations qu’elle renvoie.
D’autre part, notre monde est devenu extrêmement bruyant, et cette cacophonie, autant sur le plan visuel qu’auditif, rend l’écoute particulièrement fatigante. Au milieu des constantes sollicitations, les médias rivalisent de unes de plus en plus bruyantes, au sens racoleuses, pour attirer notre attention. Il devient difficile d’entendre la discrétion, la subtilité, la nuance, et l’éloquence, l’art de la conversation se perdent au profit de messages courts.
De même que les technologies. C’est un problème car l’écoute consciente facilite la compréhension. Les conflits sont générés par l’absence d’écoute. Toujours d’après Julian Treasure, écouter mieux présente de nombreux bénéfices. Il participe de la possibilité de vivre plus pleinement, d’être plus ancré dans le temps et l’espace, favorise la compréhension mutuelle et donc minimise les conflits. Il se fait même l’avocat de l’enseignement de l’écoute, comme une véritable compétence.
5 exercices pour apprendre à écouter
1- Trois minutes de silence par jour
Un excellent moyen de recalibrer ses oreilles et de percevoir le silence.
2- Le mixer
Pour améliorer la qualité de l’écoute: Dans une situation donnée, identifier toutes les sources de bruits combinées: combien y en a-t-il? D’où vient chacune?
3- Savourer
S’intéresser aux bruits du quotidien, et en savourer les caractéristiques, y compris des sons d’une banalité désarmante comme le moulin à café ou la machine à sécher le linge. Julian Treasure appelle cela la chorale cachée, car ces bruits sont partout autour de nous. Prendre le temps de les observer mentalement, c’est de la vitamine mentale! Voir aussi:
- Vitamines mentales: les instants contemplatifs
4- Filtres d’écoute
Nous pouvons passer d’un filtre d’écoute à un autre: écouta passive ou active, critique ou empathique etc. Le faire consciemment permet de nous rendre compte des changements dans la perception du message selon le filtre que nous Utilisons. Pratiquer l’écoute via différents filtres aide à élargir son champ d’écoute au delà de ses filtres habituels.
5- RASA
L’acronyme RASA (essence en sanskrit)
– Recevoir
– Apprécier
– Résumer (summarize en anglais, d’où le s)
– Demander (ask, d’où le a)
Ce qui correspond, en gros, aux principes de l’écoute active, technique très efficace pour améliorer la communication et renforcer les liens socio-affectifs.
Mini coaching: écouter davantage, écouter mieux
Pour nous entendre, nous avons besoin de nous écouter! Savoir écouter est non seulement une compétence relationnelle, mais aussi une compétence tout court, une forme d’observation auditive qui renforce notre capacité à identifier les opportunités et les occasions d’engranger les vitamines mentales si nécessaires à la bonne humeur et à l’énergie.
Nous avons vu dans une première partie comment mettre des sons agréables dans notre quotidien, voyons aujourd’hui comment mieux écouter. Lorsque nous écoutons les autres, nous avons surtout tendance à construire tout un tas de parallèles avec notre propre expérience, à juger un peu vite, à trouver des solutions en fonction de nos propres filtres. Voici quelques ressources pour ré-apprendre à écouter, c’est à dire à entendre les messages qui nous sont transmis, dans ces deux acceptions: recevoir et comprendre. Associées aux exercices proposés par Julian Treasure, voilà de quoi construire de meilleures relations au travers d’un usage pertinent des bruits que nous faisons et recevons!
Sur une échelle de 1 à 10, à combien évaluez-vous votre écoute des autres, du monde?
Qu’avez-vous besoin de développer pour passer au niveau supérieur?
Dans quelle mesure vos relations sont-elles gênées par de petits défauts d’écoute?
Comment allez-vous y remédier?
Parmi les techniques proposées ci-dessus, quelles sont celles que vous avez envie d’expérimenter?
Voir aussi
Etonnantes motivations
Compétences relationnelles: l’écoute simplement attentive
Compétences relationnelles (1): écouter sans juger
Compétences relationnelles (2): l’écoute active
Ratés de la communication: les interprétations abusives
Ratés de la communication: les généralisations abusives
Les pièges de la lecture de pensée
Autopsie d’une incompréhension sémantique
Aller plus loin
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