Notre relation à nous-mêmes gagnerait largement en légèreté et en agréabilité si les jugements que nous passons sur notre propre valeur étaient plus teintés de mansuétude que de dureté. Et pour nous accorder de la valeur, il n’est pas nécessaire de commencer par des actes inédits pour nous et donc spectaculaires. Voici trois moyens simples de renforcer l’estime de soi sans se mettre la rate au court-bouillon et sans pression dans le carafon^^
L’estime de soi: mélodie de nous-mêmes
L’estime de soi nous rend beaux et sympathiques, parce qu’elle apaise nos égos, calme l’arrogance ou la dévalorisation et favorise l’acceptation de soi, un regard bienveillant sur soi-même et sur les autres. Parce qu’elle confère aussi une assurance sereine et participe de l’ouverture au monde, de la capacité à collaborer, à prendre des décisions, à être sensible aux besoins des autres tout en étant en mesure de penser par soi-même, d’agir en conséquence et d’exprimer ses propres besoins et opinions.
C’est une musique de l’âme qui ne barytonne pas nos louanges dans les esgourdes du voisin en mode opéra-fleuve, mais qui, à l’inverse, décline à l’intérieur de nous les mélodies de nos valeurs et de nos actes, de la capacité à penser et à agir en harmonie avec nous-même et le monde qui nous entoure.
Il y a bien des façons de renforcer l’estime de soi et de développer un regard bienveillant envers soi-même. Seulement voilà, lorsque cela passe par s’affirmer, oser dire non, agir en fonction de ses valeurs, se moquer du regard des autres etc. même s’il s’agit là de pistes efficaces, elles sont parfois un peu compliquées à mettre en place par soi-même. Les explications semblent limpides, la mise en oeuvre peut laisser perplexe et paraître délicate. Ainsi celui qui a toujours pris tout ce qu’on lui donnait en bon soldat, qui a un périmètre bien supérieur à celui de ses collègues et qui n’en peut plus, qui a bien compris qu’il a intérêt à dire non à ce boss un brin intransigeant: comment choisir ce qu’il va refuser sans risquer de se faire mal voir? comment s’y prendre pour éviter les ratés de la communication qui pourraient ruiner la relation? Comment oser faire ce qu’il n’a jamais fait, tout simplement?
En vertu du principe qu’il n’est pas toujours utile de se jeter dans le grand bain quand on ne sait pas nager, peut-être que commencer à pas tranquilles, comme partir en balade à la rencontre de l’estime de soi, est une alternative sereine aux grands chambardements. Voilà trois petites pistes toutes simples, comme trois petites notes de musique, pour orchestrer un début de réconciliation à soi-même légère, affectueuse, émouvante.
1- Récolter et engranger les vitamines mentales
Les complications de nos vies personnelles et professionnelles génèrent des sentiments pénibles (énervement/agacement, inquiétude/angoisse, tristesse/abattement) et à force d’avoir la calebasse qui les accumule, nous en venons à manquer d’espace mental pour accorder de l’attention à ce qui nous fait plaisir. Nous voilà à ressasser, à ruminer, pendant qu’à la table des petits et grands emmerdements, c’est l’estime de soi qui trinque parce que négliger nos sources de plaisir, c’est négliger notre bien-être, ce qui revient à ne pas nous accorder la valeur que nous méritons.
Savourer voluptueusement tout ce qui nourrit notre âme de plaisir, de joie, d’allégresse, d’intérêt, de jubilation, de réjouissance, d’hilarité, d’exaltation, d’entrain, s’émerveiller et s’enthousiasmer de tout ce qui nous plaît, c’est déjà s’autoriser à penser par soi-même, accorder de l’attention à ce qui a de la valeur pour nous et donc reconnaître notre propre valeur au passage.
Les vitamines mentales contribuent à la bonne humeur, à un état d’esprit positif, un optimisme actif et débrouillard, un dynamisme entreprenant, bref, à tout ce qui nous pousse à agir dans le sens de vos valeurs. En d’autres termes, engranger les vitamines mentales, c’est avoir conscience de l’immense besoin d’émotions positives et réjouissantes et œuvrer pour sa satisfaction. C’est donc prendre soin de soi, veiller bien sur soi, ce qui alimente directement l’estime de soi.
Elles se trouvent partout autour de nous, elles peuvent être liées au sens, elles peuvent être relationnelles ou autres et ce n’est pas tant leur ampleur ou leur nature qui compte, que de prendre le temps de les déguster.
- Le plein de vitamines mentales
- 100 bonheurs minuscules à collectionner
- Cultiver le sens de l’émerveillement au travail (1)
- Dossier Vitamines mentales
2- Remplir sa besace à qualités
L’estime de soi est liée à la valeur que nous nous accordons et celle-ci peut être aussi fluctuante que la météo en bord de mer, même si l’on peu facilement reconnaître deux catégories de bipèdes à estime de soi fragile:
- Les effacés, les pudiques, les furtifs. A force de modestie, ils ont tellement remisé leurs qualités et leur valeur dans des armoires si soigneusement cadenassées qu’on finit par croire sur parole à leurs dévalorisations.
- Les coqs de basse-cour, les héros de bac à sable qui vous racontent comment ils ont fermé le bec de cet abruti de Bichtouille, remporté des succès spectaculaires, et se situent généralement au dessus du lot moyen de leurs contemporains. Ces oiseaux-là n’ont pas plus d’estime d’eux-mêmes que les discrets.
Les uns planquent soigneusement la valeur qu’ils ne pensent pas avoir ou qu’ils espèrent que les autres décèleront tous seuls, les autres étalent une valeur exagérée au cas où, sur un malentendu, on les croyait ne serait-ce qu’à moitié. Bref, même combat dans les deux camps: il s’agit surtout de reconnaître sa valeur tout seul et une fois qu’on y parvient le comportement change de lui-même, humilité excessive ou arrogance encombrante s’évaporent. Plus besoin de se cacher ou de prendre le devant de la scène, les égos se détendent et l’on devient capable de parler de ses réussite, de ses opinions, de ses goûts, de ses expériences avec une assurance sereine et décontractée, mais aussi de s’intéresser à l’autre, à ses opinions, expériences etc. Une posture charmante qui rend affirmé, intéressant et agréable. De l’élégance relationnelle et comportementale qui fait du bien à tout le monde!
Et pour avancer dans cette direction, il est utile de reconnaître sa propre valeur au travers de ses qualités, de ses talents naturels, de ses compétences, de toutes ses ressources internes qui sont au cœur de nos réussites, mais aussi de nos petites actions, de notre façon d’être au quotidien et sur lesquelles nous pouvons nous appuyer en toutes circonstances et pour relever les défis que la vie nous met sur la route. Ranger soigneusement ces ressources internes dans sa besaces à qualités est une façon simple d’alimenter l’estime de soi et la confiance en soi: lorsque nous avons conscience de leur existence, nous pouvons puiser dedans pour affronter des situations nouvelles.
Et pour les reconnaître, les accepter, les admettre, les faire nôtres, rien de tel que de mettre des mots et de preuves dessus. Voici par exemple cette liste de caractéristiques concoctées par Gilles Payet. Relevez dedans celles que vous vous reconnaissez et pour chacune d’entre elle, cherchez des exemples de situations dans lesquelles elles se sont manifestées. Quelles autres ressources:
- Redécouvrir ses talents
- Les talents naturels au cœur de nos émotions
- Accomplissements et talents naturels
- Humilité, arrogance et valorisation
3- se parler à nous-mêmes comme on voudrait qu’on nous parle
Ou comme on parlerait à son meilleur ami. C’est l’été et à l’épicerie où je fais mes courses, il y a plusieurs jeunes saisonniers. L’autre jour, la jeune fille toute débutante à la caisse se trompe et tape 32€ au lieu des 22€ que je lui ai donnés. La voilà qui s’excuse trois fois et me dit d’un ton désespéré “qu’est-ce que je peux être conne”. Alors qu’au fond, ça n’a aucune importance. Je lui ai dit qu’il était surtout grand temps de se parler gentiment.
Nos discours intérieurs sont parfois surprenants d’une violence, voire d’une méchanceté qui ne nous viendrait même pas à l’idée lorsque nous nous adressons aux autres – et heureusement. Nous nous tenons à nous-mêmes des discours de harceleurs et de persécuteurs patentés qui bousillent l’estime de soi à coups de butoir. Remplacer cette part de nous qui nous juge, nous critique, nous engueule et nous dévalorise, c’est désarmer cet ennemi intérieur que nous avons mis sur le trône de notre identité. Jetons le trône – personne n’a besoin d’un autocrate – et remplaçons le dictateur par un allié bienfaisant, aimable, qui encourage, qui soutient, qui écoute sans juger, qui nous parle avec gentillesse et humanité, qui reconnaît nos efforts et nos qualités au lieu de ne pointer que les manquements, et qui regarde ces derniers avec bienveillance et générosité.
Sans auto-complaisance évidemment. Il ne s’agit pas de se forcer à ingurgiter du verre à moitié plein ou à rejeter la faute sur autrui et nous déresponsabiliser. Il s’agit simplement d’entretenir avec nous-même une jolie relation, celle que nous aimerions avoir avec les autres.
- Mécanismes de valorisation et dévalorisation
- Se parler à nous-mêmes comme on voudrait qu’on nous parle
- De la dévalorisation au regard bienveillant
- Modifier un discours intérieur
Voir aussi
Acceptation de soi: Etes-vous un être humain?
Les talents naturels, passeport pour le plaisir au travail
Bien-être: 10 trucs pour construire son petit monde d’abondance
Libérer l’efficacité professionnelle et la créativité en 7 points
Aller plus loin
Vous voulez construire et entretenir un état d’esprit dynamique et serein à la fois, une posture favorable à la réalisation de vos aspirations professionnelles? Pensez au coaching.
Bonjour Sylvaine
Chaque jour je lis un de vos articles, lors d’une pause que je m’octroie royalement (étant mon propre chef, c’est le genre de chose que je fais sans discuter;). Et aujourd’hui je suis tombée sur ce texte, qui m’a fait tant de bien! Je me suis rendue compte que je me parle souvent comme la demoiselle de votre exemple (je m’octroie certes des pauses mais n’ai pas beaucoup d’auto-indulgence pour tout le reste, ai-je remarqué). Je le fait machinalement, sans penser à mal si je puis dire, mais ce sont des propos que je n’oserais en effet pas asséner à d’autres.
Alors je me suis écris une petite lettre, carrément, où je me dis qu’en fait je suis plutôt une femme sympa et capable. J’ai ri toute seule en relisant, j’ai beaucoup aimé… Encore merci pour votre bons sens, c’est le mot qui me vient quand je pense à ce que vous transmettez. Vous mettez du bon dans le sens… J’espère qu’un jour vous viendrez faire un séminaire en Suisse, j’aurais grand plaisir à y participer en tout cas!!!
Bonjour Florence,
Quelle jolie idée que la lettre bienveillante à soi-même! Merci de l’avoir partagée, elle peut être utile à d’autres;)
Je viendrais volontiers en Suisse, lorsque l’occasion se présentera!
Supers articles fournis mais concis, j’adore ! Merci pour le partage, c’est du super travail 🙂
merci:))