Le recrutement s’intéresse de plus en plus à la personnalité des candidats, à leurs compétences informelles et relationnelles. C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de mettre à jour cette série de billets sur le Triangle de Karpman (les rôles de Sauveur, Victime et Persécuteur) véritable entrave à la recherche d’emploi et comment en sortir pour mettre toutes les chances de votre côté.
Les rôles relationnels, freins à la recherche d’emploi
Transition de carrière, chômage ou reconversion, votre recherche d’emploi patine et s’embourbe? Ou bien vous vous questionnez pour lui éviter marasmes et marais, lorsqu’il sera temps de changer de job ou de retrouver un emploi après votre formation? Les rôles relationnels font partie de ces éléments comportementaux largement sous-estimés en recherche d’emploi, et qui ont pourtant un impact majeur.
A la fois causes et conséquences de nos convictions, les rôles relationnels de Sauveur, Victime et Persécuteur ont des répercussions directes non seulement sur nos relations, mais aussi sur nos choix, nos stratégies, nos comportements dans tout ce que nous entreprenons. Et dans la recherche d’emploi comme dans n’importe quelle autre entreprise, leur impact n’est pas joli joli…
Nous sommes tous plus ou moins inscrits dans les rôles relationnels du triangle de Karpman, qui sont trois manières différentes d’obtenir les formes de reconnaissance dont nous avons besoin (et qui prennent des majuscules pour ne pas être confondus avec le simple adjectif) De façon schématique et ultra raccourcie:
– Le Sauveur, en aidant les autres, cherche à entretenir une image acceptable de lui-même
– La Victime, en se plaignant de ses difficultés, cherche à attirer l’attention
– Le Persécuteur, en jouant les autoritaires, cherche à se rassurer lui-même sur sa propre valeur
Le hic, c’est que ces stratégies sont largement illusoires et pourrissent davantage nos relations qu’elles ne nous apportent la considération. Et pas que nos relations: ces rôles ont une influence forte sur nos décisions, nos comportements et ils pourrissent gentiment toutes nos entreprises, personnelles ou professionnelles, de stratégies d’échec directement liées à ce besoin de reconnaissance qui reste insatisfait.
Et dans le cas de la recherche d’emploi, l’affaire peut être largement compliquée par une estime de soi malmenée par la perte de l’emploi précédent, ou par une situation professionnelle insupportable à laquelle on cherche à échapper. De même, lorsque la recherche d’emploi suit une reconversion, les craintes et croyances limitantes liées à la posture de débutant dans le nouveau métier, aux profils atypiques qui ont du mal à séduire les recruteurs peuvent laisser le champ libre à ces rôles qui ne vont pas arranger les choses.
Car leur influence pénible ne va pas se limiter à l’attitude lors des entretiens d’embauche. Elle va s’étendre à tous les aspects, y compris opérationnels, de la recherche d’emploi. La relation à la tâche à accomplir peut se retrouver fortement teintée de comportements et de convictions qui freinent l’efficacité et qui sont directement liés au rôle relationnel le plus fréquemment joué. Ainsi, la rédaction de CV, de lettre de motivation, le choix des candidatures à faire, la façon de mener et de gérer les candidatures et leur suivi et bien sûr les entretiens d’embauche peuvent être considérablement entravés par nos rôles dominants: une Victime, par exemple, peut avoir tendance à candidater en deçà de sa valeur, alors qu’un Sauveur ou un Persécuteur peuvent postuler pour des jobs au delà de leurs compétences.
L’influence néfaste des rôles relationnels est une explication très fréquente aux recherches d’emploi qui tournent en rond. C’est donc un excellent moment pour se pencher dessus et commencer à s’en détacher pour construire une posture plus affirmée. De même, si vous n’êtes pas en recherche d’emploi, ce peut être l’occasion de réfléchir sur vous-même pour construire un mode de fonctionnement qui favorisera votre réussite. Du coup, je vous propose une série de trois billets sur la façon dont les comportements Victime, Sauveur et Persécuteur sabotent la recherche d’emploi, l’ampleur insoupçonnée de ce sabotage, et comment en sortir.
Investissement à long terme et candidatures efficaces
Dans un premier temps, le travail va évidemment consister à évaluer vos comportements Sauveur, Victime et/ou Persécuteur. Évaluer ses propres rôles relationnels est un art difficile qui demande de porter sur soi-même un regard à la fois objectif et bienveillant. C’est à dire un regard qui va préférer l’observation neutre de soi à l’aveuglement complaisant, tout en acceptant que la remise en question de son mode de fonctionnement ne change en rien la valeur que nous avons en tant que personne, pour éviter de sombrer dans une dévalorisation contre-productive. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, comme dirait l’Oncle Alfred, aussi n’en profitons pas pour nous auto-flageller de ne pas être plus comme si ou moins comme ça.
Jouer les Victimes, les Sauveurs ou les Persécuteurs ne fait pas de nous des demeurés relationnels ou comportementaux: c’est un rôle que nous avons acquis et développé au fur et à mesure de nos expériences parce que nous ne savions pas par quel autre moyen nous y prendre pour obtenir rapidement la reconnaissance dont nous avions besoin. Nous l’avons souvent développé à partir des rôles qui se jouaient dans nos familles et les croyances qu’elles véhiculaient.
Sortir des rôles et développer des comportements plus assertifs est un investissement à long terme: cela nous permet d’obtenir enfin la reconnaissance et la considération indispensables à notre équilibre et de manière beaucoup plus tangible, solide et durable. Mais les bénéfices ne s’arrêtent pas là: des comportements plus affirmés, des décisions plus en accord avec nous-mêmes, mais surtout, des relations plus apaisées, débarrassées des jeux de pouvoir, des collaborations plus fluides, plus agréables, pour un quotidien professionnel à venir plus réjouissant, au regard de l’importance des relations pour gagner en plaisir au travail.
Dans le cadre de la recherche d’emploi, elle permet des candidatures débarrassées de la peur et plus ancrées dans le dynamisme et l’assurance, ce qui à l’évidence peut potentiellement donner plus envie à un recruteur que des comportements inscrits dans le triangle de Karpman. Rappelons au passage que ces comportements sont rapidement perçus de façon inconsciente et que l’interlocuteur y répond en fonction de ses propres rôles. Si le recruteur, par sa formation, est capable de les déceler, ils vont encore moins jouer en votre faveur.
Attention, tout cela ne signifie pas que seuls ceux qui sont sortis des rôles relationnels vont trouver un emploi, sinon PERSONNE, mis à part une poignée de gens qui travaillent sur eux-mêmes depuis longtemps et ont acquis une sagesse relationnelle bien au delà de la moyenne pourraient prétendre avoir une vie professionnelle. Cela signifie simplement que le triangle de Karpman fait partie des freins qui peuvent entraver le retour à l’emploi, et en identifier les modes d’expression pour les modifier est un atout supplémentaire.
Mini coaching: évaluer les rôles relationnels que nous jouons
En guise de première étape, je vous propose de retourner plonger votre joli nez dans l’ebook gratuit que je vous propose ci-dessous, de façon à identifier ce qui ressemble à vos comportements, et en particulier vos comportements face à la recherche d’emploi. Vous pouvez demander à votre entourage comment il vous perçoit. Attention cependant, car ceux qui donnent dans l’aveuglement et les bonnes excuses le font pour se protéger d’une image d’eux-mêmes qui leur déplairait, et la prise de conscience peut être un moment difficile.
Rappelons aussi que nous jouons les trois rôles, mais que nous avons la plupart du temps une combinaison rôle principal/rôle secondaire/rôle plus anecdotique qui est complètement unique dans son mode d’expression. Rappelons aussi qu’aucun rôle n’est bon, ni meilleur ou pire qu’un autre. Il se peut que nos valeurs et nos principes moraux rendent difficile d’accepter que l’on a tel ou tel rôle.
Et vous, comment s’expriment vos rôles relationnels face à la recherche d’emploi?
Dans quelle mesure êtes-vous Victime? Sauveur? Persécuteur?
Et en fonction de vos réponses, penchez-vous sur l’affaire approprié en détails dans les billets:
- Comportement victime et recherche d’emploi
- Comportement sauveur et recherche d’emploi
- Comportement persécuteur et recherche d’emploi
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Aller plus loin
Suite à une perte d’emploi, une reconversion professionnelle ou dans le cadre d’une évolution de carrière, vous cherchez un travail et voulez mettre toutes les chances de votre côté? Vous voulez construire une posture sereine, élégante et pleine d’assurance qui favorisera votre recherche et plaira aux recruteurs? Ithaque peut vous aider. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
Point de vue très intéressant sur nos relations/recherches professionnelles, cela me rappelle immédiatement un entretien que j’ai passé il y a plusieurs années où le recruteur était un pur persécuteur et dans lequel je suis “tombé” dans le piège en étant sa victime ! Très autoritaire, il me faisait penser à un entraîneur de foot, le genre qui gueule au bord du terrain. Je me suis laissé impressionner, je n’ai rien vendu, je n’ai fait que des réponses ultra courtes aux questions ouvertes ou de simples oui/non aux questions fermées. En sortant, je n’arrêtais pas de me dire que j’avais été super nul.
A l’avenir je garderai dans un coin de ma tête le triangle de Karpman lors de mes recherches professionnelles, ça me permettra de voir tout de suite des rôles sont joués pour ne pas me laisser emmener dedans.
Merci pour le partage d’expérience! (et bonnes recherches professionnelles;)