Sylvaine Pascual – Publié dans Brèves du stress
Un an après le lancement du plan d’urgence de lutte contre le stress, le constat est affligeant, à la limite de l’absurde, comme en témoigne cet article du Monde. |
Un scénario digne de Catch-22
Selon cet article du Monde, suite au plan d’urgence de lutte contre le stress lancé en 2009, les experts en risques psychosociaux et en prévention du stress de tout poil se sont multipliés. De l’ergonomie à l’art-thérapie en passant par le coaching et la psy, l’offre est une vaste nébuleuse proposant “des services parfois très éloignés d’une véritable prévention”.
Pour toute réponse, le Direction Générale du Travail a réuni 70 cabinets qui ont planché à l’élaboration d’une charte, qui verra le jour en 2011. Une charte? En 2011?
Entendons-nous: comme le souligne Bernard Salengro, président des médecins du travail CGC, une charte n’engage à rien. Et puis 2011, c’est loin.
La passivité ambiante est telle qu’en juillet, un rapport du Sénat suggérait qu’il était temps de passer du diagnostic à l’action !
J’avoue que ce type de nouvelle, avec son côté absurde qui rappelle le chef d’oeuvre de Joseph Heller, me laisse sans voix. Pas de règle, pas d’agrément, pas d’évaluation. Chacun fait ce qu’il veut, ce qu’il peut, navigant à vue entre absence et abondance de solutions, certaines efficaces et d’autres non.
Combien de temps faudra-t-il pour que les problèmes de stress soient pris au sérieux autrement qu’à travers de beaux discours?
Pour que de réelles mesures soient prises (au delà du diagnostic, qui, à l’évidence, n’est que ce qu’il est)?
Pour que tous les acteurs concernés mettent en oeuvre des actions concrètes d’amélioration des conditions de vie au travail?
Il s’agit sans doute de la suite logique d’actions médiatiques sans suite, comme la fameuse liste rouge des entreprises n’ayant pas signé d’accord sur la prévention du stress, disparue du site du ministère du travail, à coups de bonnes excuses.
Tout cela constitue sans doute la raison pour laquelle les brèves du stress se font beaucoup plus rares sur le blog d’Ithaque: la lassitude devant les bonnes intentions restées lettre morte, les idées sans suite, le brassage de vent et l’absence d’avancée notable. Il semblerait, au final, que l’omniprésence du stress soit bien pratique:plus on en blablate, moins on agit.
Et pendant ce temps-là les conditions de vie au travail ne semblent pas tellement s’améliorer…
Et vous, dans quelle mesure avez-vous le sentiment que vos conditions de vie au travail se sont améliorées? Déteriorées?
Quelles mesures votre entreprise a-t-elle mis en place pour prévenir le stress (plutôt que pour le gérer).
Que pensez-vous de ces mesures?
Quelle est leur efficacité?
Voir aussi
Les dossiers d’Ithaque: Stress, la coexistence pacifique