Parmi les fracassantes nouvelles intergalactiques qui pourraient révolutionner le monde, il y en a une qui mérite qu’on s’y arrête deux minutes : l’enfer, ce n’est pas que les autres, c’est aussi les choses. Et en particulier celles qui ne marchent pas comme on le voudrait. Florilège des trucs qui agacent au boulot.
Quand ça coince, ça coince
Les trucs et machins dont nous avons besoin au quotidien sont parfaitement anodins tant qu’ils fonctionnent comme ils sont censées le faire : bien. Dès lors que leur performance descendent en dessous de leur cote de référence, c’est-à-dire en dessous du niveau de l’amer, elle peuvent avoir le don de nous torpiller cette humeur pourtant habituellement si guillerette qui fait de vous et moi des gens, des collègues, des chefs et collaborateurs parfaitement amènes et charmants.
Car quand ça coince, ça coince. Et c’est bien connu, quand le niveau penche du mauvais côté, la bulle qui fait déborder le vase. En même temps, et contrairement à son homologue du bâtiment, le niveau en question n’a rien d’universel. Car votre top 10 n’est pas le mien et inversement. Et puis un élément qui n’est pas en tête des sources de plaisir peut être très bien placé dans les sources de déplaisir s’il vient à dysfonctionner.
C’est la raison pour laquelle je vous propose 10 trucs exaspérants lorsqu’ils ne roulent pas sur du velours, lorsqu’ils tombent en carafe, et qui sont d’autant plus agaçants qu’ils ne sont pas de notre ressort. Le but est simplement d’en rigoler pour nous caresser mutuellement dans le bon sens le poil qu’ils ont hérissé.
Et pour cette fois-ci, nous nous concentrons donc sur les désagréments matériels: notre légendaire élégance relationnelle nous invite à ne pas médire (en tout cas aujourd’hui) sur les comportements malencontreux de nos contemporains.
Grognonitude rigolarde
Mais de là à se concentrer sur le négatif, quelle drôle d’idée, entendé-je au fond de la salle, il faut po-si-ti-ver ! Ronchonner, râler, gémir, mettre son usine à bile en trois-huit, c’est bon pour les cerveaux trop chamallow pour trouver des solutions à leurs frustrations, pour les victimes, les losers incapables de se prendre en main !
C’est vrai quand la râlerie est résolument atrabilaire. Mais souvenons-nous aussi que la grognonitude a parfois du bon, surtout quand elle sert de soupape à la cocotte minute interne, lorsqu’elle frôle l’hypertension. A plusieurs, elle peut aussi permettre de se poiler un bon coup et au passage libérer de la frustration, avant de passer aux solutions.
Et puis nous savons qu’après avoir déversé notre trop plein de frustration nous avons de quoi vous remplir la calcombe de vitamines mentales, parce qu’il y a aussi plein de trucs (souvent relationnels d’ailleurs) au travail qui nous tapissent la cafetière, le buffet et le palpitant de baume à bobos de boulot qui viennent rééquilibrer notre PH émotionnel :
La clim en rideau (ou en grève du zèle)
Le bureau glacial en hiver, étouffant en été, ou l’inverse : les bureaux où on se caille à 19° alors qu’il en fait 35 dehors, ce qui se finit en rhume carabiné en plein mois d’août, le comble de l’absurdité. L’éternel problème de la température idéale qui ne met personne d’accord et qui donne l’impression au réchauffés de l’épiderme de vivre dans un cuit-vapeur et aux frileux le sentiment d’avoir acheté une concession au nord-ouest du Groenland.
Les sièges de bureau inconfortables
Depuis que votre entreprise a opté, pour un design home office indus-vintage, vous regrettez amèrement vos vieux fauteuils à roulettes en skaï, sur lesquels, en cas de crise de nerf, vous pouviez faire 18 tours de toupie. Car maintenant, vos lombaires en lambeaux de désolent sur chaises en bois dépareillées, récup du collège du quartier et de la brasserie en bas de la rue qui a opté pour une ambiance lounge feutrée. Développement durable oblige.
Le matériel mou
Non, je ne vous ai pas pondu une traduction incongrue, très franco-globish, de software. Je vous parle de ce matériel qui marche mollement, quand il a le temps, qui cahote parfois, de bug de sauvegarde en coupure de connexion. C’est aussi la conf-call où l’on entend un mot sur deux, la lenteur de l’imprimante directement suivie de celle de la photocopieuse (quand elle marche, s’entend), les 8 secondes de chargement d’un email, l’ordinateur qui plante dès qu’on ouvre l’intranet. Tout ce qui vous fait perdre un temps précieux que vous auriez pu passer sur Linkedin à chercher un job de rêve dans la technologie de pointe, parce que vous êtes convaincu(e) que, cœur de métier oblige, ils doivent bien avoir du matériel à la pointe de la technologie.
Le matériel mort
Stade supérieur du point précédent, l’ordinateur qui expire juste avant votre présentation chez un client, la photocopieuse en rade alors que vous avez besoin d’imprimer la version finale des 18 axes du plan d’amélioration stratégique en 12 exemplaires et que la réunion est dans une heure. La panne sèche échauffe les oreilles et donne des sueurs froides !
Le syndrome de la chaussette orpheline au bureau
Vous connaissez le syndrome de la chaussette orpheline, celle à qui il manque un binôme mystérieusement disparu lors de la dernière lessive ? Au bureau, c’est vous l’orphelin(e). Orphelin(e) de stylo, probablement fraîchement muté aux études, orphelin(e) de trombones, d’agrafeuse, de ciseaux, de taille-crayon, doctement déménagés, délocalisés, relocalisés, disparus à jamais.
La déco pourrie
largement sous-estimée dans son potentiel de nuisance, la décoration moche, sinistre, synthétique, grise ou beige, sortie tout droit de Office vallée, c’est accablant. Ajouté à cela l’éclairage au néon qui clignote et vacille et les fenêtres en PCV et on a l’impression de bosser dans une baraque de chantier. Et la sinistre vérité, c’est que la plupart des entreprises ressemblent plus à un catalogue Bureau vallée qu’au lauréat du top 10 des start-up à l’ambiance la plus cool.
Le bazar
Bien entendu, notre propre bazar à nous a une logique interne implacable, une logique intelligente. Le bazar des autres, quant à lui, est du bazar à la con, du pur bazar. Et puis il y a un autre genre de bazar : celui du au manque de rangement ou au rangement inadéquat. Les vieilles armoires métalliques dont les portes grincent, qu’on ose plus ouvrir de peur de choper le tétanos en s’écorchant sur ses arêtes rouillées. le meuble en plastique dont le rideau coulissant s’est coincé en 2014. Et lorsque le bazar des seconde et troisième catégories s’étend sournoisement, déborde et se répand, il vient soigneusement nous pourrir l’humeur.
Les toilettes pourries
Il est absolument effarant de voir comment nous pouvons avoir des vies en apparence parfaitement normales mais vivre dans l’incapacité chronique de se comporter correctement aux toilettes. Mais bien entendu, vous et moi sommes des gens bien élevés, sachant viser, mettre à la poubelle ce qui a besoin d’y être mis et passer la brosse dans la cuvette. Le problème, c’est évidemment les autres, ces mal élevés malpropres, goujats des cagoinces, malotrus des latrines. Et les ostrogogh des goguenots se conjuguent à tous les genres !
Ce point-là, bien qu’il traite de nos collègues, n’est pas un point relationnel : difficile de repérer les malappris du petit coin et d’aller leur faire la leçon. D’autant qu’il y a d’autres éléments qui mettent mal à l’aise dans les lieux d’aisances : les lunettes cassées ou dégondées, on manque de se retrouver le postère par terre quand on s’assoit dessus, les chasses qui fuient, les brosses inexistantes, le manque de PQ et bien entendu… les odeurs.
Un bureau pourri
Le bureau étriqué, vieux, moche, ça ne participe pas vraiment d’un environnement de travail agréable et motivant. Ouais, ben hardis petits salariés, car la mode du flexoffice et du desksharing va bientôt arriver chez vous, avec des cohortes d’arguments collaboratifs et vous rendrez alors compte que vous aurez mangé votre pain blanc : vous n’aurez plus de bureau du tout. Et ce sera comme la chaise en skaï dont on a parlé plus haut : après l’avoir tant haï, il va carrément vous manquer.
La machine à café pourrie
La machine à café en panne c’est pénible, mais disons-le tout net, la machine qui fait un caoua infâme ou l’un de ces thés au citron qui vous entaillent le gosiera le don de nous faire gagner quelques points de grognonitude en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. D’autant qu’il est plus ou moins diligemment servi dans un gobelet en plastique de l’épaisseur d’un papier à cigarette immédiatement responsable, si l’on y prend pas garde, des brûlures qui sont à l’origine de la pénurie de biafine à la pharmacie du coin de la rue autant que de la mort annoncée de la planète.
Et vous, qu’est-ce qui gâche le plus votre joie sans limite ou votre bonheur équanime de travailler?
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