Ce billet ouvre une série sur le sommeil, parce qu’en écraser, c’est préserver sa santé, sa bonne humeur et sa créativité, les trois mamelles du plaisir d’exister, de vivre et accessoirement, de travailler. Au plumard, citoyens, piquez vos roupillons, ça évitera qu’un sang impur vienne vous boucher la circulation !
Dormir ou mourir
Il sera bien temps de dormir quand on sera morts entend-on parfois. Hé bien méfiance, la grande Faucheuse pourrait ramener sa fraise défraîchie dare-dare si vous vous entêtez à ne pas passer suffisamment de temps au plumard et dans les bras de Morphée.
Car si vous ne dormez pas (assez), vous augmentez considérablement le risque de mourir plus vite. Avis à tous ceux qui pensent que les vrais durs ne dorment pas et que les super héros de boulot se lèvent tôt : dormir moins de 6h par nuit augmente les chances de maladies cardio-vasculaires de… 200%.
Voilà ce que nous explique Matthew Walker, professeur de neurosciences et de psychologie et directeur du laboratoire Sommeil et neuro-imagerie de l’université de Berkeley, dans cette animation RSA : nul besoin d’être Madame Irma pour vous prédire votre avenir de travailleur en manque de sommeil : vous avez trouvé là de quoi réduire votre espérance de vie.
En d’autres termes, des gens affairés, occupés, surbookés qui se croyaient importants au point d’en oublier de ronquer, il y en a plein les cimetières, que la terre a avalés et dont (quasiment) personne ne se souvient.
Le sommeil, besoin fondamental et système de maintenance
Le sommeil n’est pas un luxe optionnel ou un choix de vie. C’est une nécessité biologique non négociable, un système de maintenance vital, que Dame Nature a trouvé pour garantir un certain nombre de nos facultés psychiques, physiques et physiologiques :
– L’apprentissage, la mémorisation
– La prise de décision
– La régulation et la création de connexions émotionnelles
– Les rêves sont un bain neurochimique réconfortant qui régulent les événements traumatiques et les expériences désagréables.
– La reconstitution de nos réserves immunitaires
– La maintenance et l’entretien du métabolisme et du microbiome
– La circulation du glucose et la régulation de l’insuline
– La bonne santé cardiaque
Dormir est donc un besoin fondamental au même titre que manger et respirer, et pourtant nous le négligeons de plus en plus.
La diminution du temps de sommeil dans les sociétés industrielles est une catastrophe pour la santé et le bien-être avec des répercussions individuelles et sociétales.
– Développer des troubles anxieux, risque de dépression, de pertes de mémoire
– Risques de cancer, de diabète, d’AVC, de surpoids, de maladies cardiovasculaires, de détérioration du système immunitaire
Cette épidémie silencieuse qu’est le manque de sommeil risque d’avoir notre peau bien plus sûrement que la grippe aviaire qui n’est jamais venue. Ou a minima de nous mettre en voie de zombification, ce qui n’est pas une perspective enchanteresse, même pour ceux qui se voient bien Rick Grimes à la place de Rick Grimes. Bref: laissez nous pioncer!
Revendiquer le droit au sommeil
Nous avons déjà évoqué que travailler moins était un acte de résistance à un monde dont les convictions ne sont pas toujours à l’avantage des simples êtres humains que nous sommes. Il en est de même pour le temps de sommeil que, d’ailleurs, travailler moins permet.
Matthew Walter considère même qu’il s’agit là d’un des grands défis de santé publique du XXIe siècle. Nous sommes poussés de tous côtés à rogner sur le temps passer la viande dans le torchon d’une part et d’autre pas, nous l’avons déjà évoqué, l’époque a remplacé le statut par la surcharge de travail directement responsable d’un sommeil moindre et de moindre qualité. Dans le même ordre d’idée estime qu’il est grand temps pour chacun d’entre nous de revendiquer notre droit au sommeil et de le faire sans honte et sans vergogne, en se foutant bien de l’étiquette de paresse qu’on accroche facilement à ceux qui dorment leurs 8h par nuit (mais pas seulement la paresse d’ailleurs, ils sont fréquemment considérés comme des mous du genou, des petits braquets car c’est bien connu, les Elon Musk de ce monde ne dorment pas et le manque de sommeil est bizarrement valorisé comme le lot de ceux qui ont des vraies responsabilités).
Renouer avec de vraies nuits de sommeil, c’est aussi redécouvrir ce que ça signifie d’être éveillé dans la journée ! D’avoir de l’énergie et de l’allant directement liés au fait que nos besoins en sommeil sont satisfaits.
Car ce qu’il ne dit pas dans ce résumé mais qu’il aborde par ailleurs, c’est que, bien entendu, chacun a son rythme et ses propres besoins, même si, de façon générale on peut affirmer qu’en deçà de 6h de sommeil, on est en déficit.
Mon royaume pour un pageot ?
Personnellement, moi qui ait eu des époques d’insomnie tenace, je suis aujourd’hui une dormeuse zélée, un inconditionnelle de la pionce, une pratiquante empressée du paddock, une adepte de l’horizontalité, mon pageot, c’est un coin de paradis! Et vous ?
Combien de temps dormez-vous par nuit ?
Avez-vous le sentiment de dormir assez ?
Etes-vous plutôt lève-tôt ou plutôt couche-tard ? (sachant qu’il s’agit là largement de génétique et qu’il ny’ a pas de bonne ou de mauvais façon de fonctionner)
Quelle flexibilité d’horaires de travail vous permettrait de fonctionner mieux ?
Nous aurons l’occasion de revenir sur le sujet, en particulier sous l’angle de la perte d’efficacité liée au manque de sommeil. Et en attendant, si vous voulez travailler mieux pour travailler moins et retrouver du temps pour vous, pour votre sommeil comme pour vos proches ou vos centres d’intérêts, c’est par là 👇
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Aller plus loin
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Article intéressant et informatif. L’utilité du sommeil est bien expliquée. que ce soit pour la santé mentale ou physique. Si on regarde la pyramide de Maslow, le sommeil se trouve à la base parmi les besoins physiologiques. Dormir est une chose, avoir un sommeil réparateur en est une autre.
Ca oui, c’est vrai qu’on peut dormir sans avoir un sommeil réparateur
Bonjour Sylvaine,
Décidément, nous sommes sur même longueur d’ondes !
Je suis toujours perplexe face à ceux qui découvrent, en atelier ou en formation, qu’une mauvaise nuit de sommeil a des répercutions sur la concentration ou l’humeur/l’émotivité …Et en même temps, certains ne font rien pour préserver cette qualité de sommeil.
De mon côté, je suis devenue une “intégriste ” du sommeil en étant mère. Ayant toujours bien dormi, j’ai découvert les dégâts d’un manque de sommeil avec l’arrivée d’un bébé. Le choc !
Depuis, une partie de mes journées est organisée de façon à préserver une qualité et quantité de sommeil ! Et pourtant, bébé est devenu grand 😉
L’apprentissage par l’expérience!
Il y a de quoi être perplexe face aux discours “on dormira quand on sera morts” et à tous les arrangements avec soi-même qui poussent à dormir moins, ou à accepter de dormir mal, en particulier à cause du stress au travail, parce que tout ça paraît “normal”. Et je suis atterrée par la multiplication des discours sur la méditation-solution-universelle, sans jamais de questionnements sur les modifications à apporter à la vie professionnelle, qui ne devrait pas empêcher de dormir, sauf peut-être très ponctuellement