Où une go-go danseuse déprimée en pleine apocalypse zombie nous apprend à ne pas négliger nos talent inutiles : ils peuvent être vecteurs de réussite, d’efficacité et de plaisir de travailler ! Voici comment faire boutique de ce que vous êtes !
Spoil: de l’utilité des talents inutiles
Il y a deux catégories de talents inutiles et aucune n’est réellement sans utilité :
- Ceux qui nous coincent dans ce que nous n’avons pas envie de faire, sous prétexte que vous savons le faire, et qui nous font prendre le risque d’y laisser joie de vivre, plaisir de travailler et motivation, et de finir en burnout.
- Ceux qui nous paraissent inutiles parce qu’ils ne semblent pas trouver d’application possible dans nos vies professionnelles, alors même que nous prenons du plaisir à les exprimer.
Vous vous souvenez de Cherry Darling dans Planet Terror ? Nous avions parlé de la façon dont ses talents inutiles l’avaient piégée dans une vie professionnelle morose et sans intérêt, version bullshit job dans un bouge et de l’impact particulièrement délétère sur sa motivation et son plaisir de travailler. Rien de tel pour se retrouver à bosser décérébré(e), en voie de zombification:
Et bien coup de bol : en plein spleen de la go-go danseuse, voilà qu’une bonne petite apocalypse meu-meu va lui servir sur un plateau l’occasion de donner du sens à sa vie et de contribuer, en s’appuyant pile poile sur les talents inutiles en question. Et d’un coup, elle va y mettre une sacrée détermination.
Rappelons que parmi ses talents inutile se trouve le numéro 66, sa souplesse qui lui permet faire le pont, et pas uniquement le week-end. Le monde qui change va trouver une utilité à son talent inutile : elle va pouvoir sulfater du zombie à l’envi dans des positions parfaitement inconfortables pour le commun des mortels, avec la kalachnikov qu’elle a en guise de prothèse et faire des trucs super classes:
Et en l’hybridant avec son talent inutile N°32, savoir faire de la moto, elle pourra arroser du mort-vivant le baigneur solidement carré à l’arrière d’une bécane. Et pour ça, clairement, des talents inutiles de cette nature, ça aide. Personnellement, si ma survie tenait à ça, il y a longtemps que j’aurais rejoint les rangs des dégoulinants.
Les talents inutiles pour « faire boutique de ce que nous sommes »
Donc, ne sous-estimons pas nos talents inutiles sous prétexte qu’ils ne correspondent pas à ce qu’un monde figé attend de nous ou au contraire parce qu’ils risquent de nous coincer dans des cases étroites : ils peuvent devenir particulièrement pratiques et efficaces à l’aune d’un changement inattendu : changement de vie, d’environnement, de métier, de façon de travailler. Et comme dans l’ensemble, nous n’avons pas fait un stage chez Madame Irma, nous n’avons pas une idée très précise de ce qui nous attend. Ainsi la demoiselle Darling passe de strip-teaseuse désabusée à leader des survivants de l’invasion zombie grâce à des talents jusqu’alors jugés largement inutiles.
C’est souvent dans ce que nous sommes déjà que nous pouvons puiser ce dont nous avons besoin pour faire ce que nous voulons faire.
Ce qui, en ces termes franchouilles que j’affectionne, se rapproche de ce que disait, si mes souvenirs sont bons, l’inénarrable Jackie Sardou : « faire boutique de ce que nous sommes ». Et ce que nous sommes est bien plus intéressant que :
- Ce que nous croyons être et que nous avons tendance à minimiser ou à déconsidérer – dévalorisation, quand tu nous tiens
- Ce que la société, les recruteurs et l’oncle Alfred nous renvoient, à force de préjugés et de raccourcis faciles (genre un introverti ne peut pas faire un bon commercial)
- Ce que nous pensons devoir être – en lien avec les deux items précédents, renforcé par les jugements de type forces/faiblesses.
Lire entre les lignes de nos talents inutiles
Pour ma part, j’ai une aptitude inégalée dans le transfert d’un liquide d’une bouteille à l’autre sans en mettre une goute à côté. A l’évidence, ce n’est pas demain la veille que je vais en faire une compétence professionnelle, cependant en cas d’invasion de zombies, moi qui suis moins souple que Rose Mc Gowan et moins apte au maniement du katana que Michonne, j’aurais certainement de l’avenir en tant que responsable de la préparation des cocktails molotov. Après tout, chacun son job.
Mais, me direz-vous, le monde n’est pas encore suffisamment post-apocalyptique – quoi que – pour tout ça. Pourtant, il y a de l’utile dans l’inutile même dans un monde normal et normé. Il s’agit peut-être d’apprendre à lire entre les lignes de nos talents inutiles.
J’ai aussi le sens de l’orientation et je sais lire des cartes. Là non plus, pas de quoi pérorer, d’autant qu’à l’heure du GPS, qui pourrait faire boutique d’une aptitude aussi désuète ? Mais il se trouve que derrière, se cache un penchant très marqué pour l’exploration. J’aime comprendre un territoire, le cartographier mentalement, connaître ses caractéristiques, la nature du terrain, ses points de repères, ses reliefs, ses bizarreries, ses spécificités etc.
Et là, il y a des liens avec ma vie professionnelle : c’est ce qui me passionne dans l’exploration de mes clients, qui ils sont, leurs caractéristiques, leurs besoins, leurs contraintes, leurs aspirations, leurs désirs, les ressources sur lesquelles ils peuvent s’appuyer et comment tout ça s’organise en un tout cohérent. C’est ce qui sous-tend ma faculté à mener avec mes clients des explorations complètement ajustées à eux et à ce qu’ils sont, à orienter le travail en fonction des signes qui émergent, en fonction de leurs besoins.
Nos talents inutiles révèlent donc toute une panoplie de qualités, de ressources, de compétences qui ne demandent qu’à être suffisamment connues de nous pour développer la connaissance de soi et pouvoir :
- Exploiter, nous appuyer sur nos talents inutiles dans les circonstances qui le demandent ou qui y sont favorables ou encore pour traverser les aléas et épreuves de la vie
- Nourrir l’estime de soi et la confiance en soi qui, si on la considère comme l’idée que nous nous faisons de notre propre capacité à affronter une situation nouvelle, se renforce à mesure que nous avons conscience des aptitudes et qualités sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.
- Orienter la réflexion sur l’avenir professionnel et ses bifurcations possibles en nous appuyant sur nos appétences
- Donner des idées de job crafting pour gagner en plaisir de travailler et/ou en efficacité
Identifier ses talents inutiles
Cette notion de talent inutile recouvre ici deux choses qui peuvent se mélanger et s’alimenter mutuellement :
- Des qualités (physiques, morales, personnelles, relationnelles etc.) particulièrement développées
- Des compétences (ce que vous faites particulièrement bien)
Pour identifier vos talents inutiles, observez ce que vous faites bien, ne cherchez pas les correspondances fades version valorisation laborieuse. Evitez les raccourcis mou-du-neurone du genre sport collectif = esprit d’équipe, c’est rance comme du bilan de compétence et le but ici n’est pas de transformer vos loisirs en démonstration poussive de votre profil de parfait-petit-salarié. Le but est d’explorer qui vous êtes réellement :
Et vous, que faites-vous particulièrement bien ?
Pour quoi êtes-vous doué(e) ?
Quelles aptitudes – même farfelues – sont particulièrement développées chez vous ?
Ces talents inutiles, que disent-ils de vous, de vos qualités, de vos compétences, de vos appétences ?
De ce dont vous êtes capable ?
A vous maintenant de trouver des applications directes, indirectes, littérales, métaphoriques, symboliques de vos talents naturels dans votre vie professionnelle. Ainsi, un de mes clients, féru de compétition de vol à voile, avait trouvé là dedans une façon symbolique ultrasimple de gagner en plaisir de travailler : démotivé par la routine, il avait choisi d’organiser chaque journée de boulot en la planifiant et en la préparant selon les principes du plan de vol, où ses émotions faisaient office de conditions météo.
Des talents inutiles aux « mad skills »
Ces talents inutiles ne sont par ailleurs pas que des ressources incertaines pour un avenir incertain ou des moyens de gagner en plaisir au travail. Ils peuvent aussi faire partie de ces qualités ou compétences très personnels qui sont, selon le joli terme de cet article, le supplément d’âme qui nous rend intéressants, favorise l’estime de soi et ouvre la porte à une autre dimension de l’employabilité qu’on trouve aujourd’hui sous le terme (forcément globish) de « mad skills », qui façonnent – ou sont le reflet de – notre singularité. Nous y reviendrons 😉
Voir aussi
Plaisir de travailler: le job crafting des appétences
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The working dead : zombies de boulot et management biohasardeux
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Estime de soi: vous avez bien plus de ressources que nous ne le croyez!
Aller plus loin
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