Radio-langue-de-pute est probablement un des médias, voire un des réseaux sociaux qui compte le plus d’adeptes, loin devant Facebook ou Twitter : de la machine à café jusqu’à nos mails, partout, petites piques et grandes méchancetés fleurissent comme les coquelicots dans les champs de blé, en … plus toxique. |
Dire du mal d’autrui, c’est si bon…
Et oui, avouons-le : que c’est bon de médire ! D’abord ça crée du lien social : dire du mal ensemble, c’est avoir un point commun.
Et puis c’est l’occasion de rigoler : on tourne l’autre en ridicule, on se moque de ses manquements, on se bidonne de ses travers.
Et enfin ça permet de vider son sac, exutoire à petites frustrations de toutes sortes, la malveillance ordinaire et une sorte de vide-poche à notre agressivité. Et cerise sur le poison, elle soulage sans vraiment faire de mal puisque les victimes de nos langues fourchues ne sont pas censées avoir vent de nos propos. Et effectivement, nos médisances créent du lien entre nous et ceux qui nous écoutent.
- Des liens d’appartenance, si nous réussissons à les convaincre de penser la même chose que nous, car alors nous sommes pareils, et pas comme l’affreux sur lequel nous avons médit.
- Des liens de reconnaissance, puisque celui qui médit est celui qui a des informations importantes et les partage pour le bien des autres.
Médisance et mauvaise foi
En même temps, nous savons très bien ce que notre conscience nous souffle à l’oreille:
c’est pas bien, ce qui explique sans doute pourquoi nous médisons tous en cœur tout en ayant parfois bien du mal à le reconnaître : combien de fois entendons-nous des personnes (y compris nous-mêmes) dire qu’elles détestent le médisance et qui, quelques minutes plus tard, vous expliquent combien le DRH ne sait pas se saper, tout engoncé qu’il est dans ses costumes de pingouin.
De la même manière, nous justifions la plupart du temps nos médisances en les enveloppant dans les jolis papiers cadeaux des bonnes intentions, et en particulier celle de préserver notre interlocuteur du danger que représente celui dont nous sommes en train de dire du mal.
Bref, notre propension à nous indigner de la médisance de l’autre n’a d’égal notre tendance à médire. Et la mauvaise foi à ce sujet est à peu près aussi courante que de croiser des baigneurs sur la plage de Juan les Pins en juillet.
Nos médisances nous parlent… de nous
Il est d’autant plus inutile de chercher à nier nos médisances qu’elles ont une fonction, sans quoi nous dépenserions notre précieuse énergie dans autre chose. Je le répète comme un vieux disque rayé, nos comportements visent un bénéfice.
Quand nous sommes occupés à scruter la paille dans l’œil du voisin, nous sommes allégés du poids de nos propres poutres, c’est aussi simple que cela. Nous projetons sur l’autre ce que nous n’acceptons pas chez nous-mêmes, ce que nous ne voulons pas voir en nous-mêmes, ou bien cet autre que nous critiquons nous renvoie un manque qui nous gène, un besoin non comblé, une limite mal fixée. Elle peut aussi être une façon de compenser la crainte que nous avons de l’autre en l’amoindrissant à nos yeux.
Il devient du coup évident que ce soulagement est illusoire car temporaire, et les billots se remettent à peser très vite sur nos frêles épaules. En bref, nos médisances sont le reflet des failles de l’estime, de la confiance, de l’affirmation de soi, ou encore du manque d’acceptation de soi.
Evitons donc de nier nos médisances à coups de déclarations d’intentions vertueuses et profitons d’elles pour en apprendre un peu plus sur ce qu’elles ont à nous apprendre de nous-mêmes, notre façon de nous percevoir, ce que nous n’aimons pas en nous-mêmes, pour ensuite y remédier.
Cela vaut d’autant plus la peine que le soulagement illusoire obtenu lorsqu’on dit du mal d’autrui ou qu’on répand des rumeurs sur son dos, peut avoir des effets pervers dévastateurs pour l’autre, avec un bouc émissaire d’un côté et des loups qui hurlent en coeur de l’autre, mais aussi pour soi, car elle entretient des sentiments négatifs pas très bons pour la santé. Toute cette énergie négative occupée à entretenir l’agressivité, ça laisse un peu rêveur…
Auto coaching: mettre nos médisances au service de l’estime de soi
Dans tous les cas, l’auto observation est utile:
Dans quelles situations avez-vous tendance à médire?
De qui précisément, dites-vous du mal?
Que dites-vous, exactement?
Qu’est-ce que ça vous dit sur vous-même?
Et si vous avez du al à identifier ces aspects de vous-mêmes que vous cachez derrière vos médisances, une technique possible est celle expliquée dans l’article La technique du pourquoi, qui peut permettre de remonter à la source du problème. A utiliser à chaque fois que vous vous surprenez à médire, ou à avoir envie de médire.
Voir aussi
Ressources externes
Pourquoi aime-t-on dire du mal des autres ? – Serge Hefez
Dire du mal: un petit plaisir si mesquin – Agoravox
Relation à soi / aux autres: le cocktail indispensable
Du bénéfice de la connaissance de soi
Relations: on récolte ce qu’on sème
L’égo, frein majeur à l’intelligence collaborative
Juger moins juger mieux(2): les dégâts du jugement
La lecture émotionnelle au service des relations
Les dossiers d’Ithaque: Connaissance de soi
Les dossiers d’Ithaque: Bien-être et estime de soi
Aller plus loin
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Grrrr, j’ai l’impression de rater plein de trucs à cause de ces probèmes d’ouverture de page… En plus, mon PC doit aussi avoir un problème.
Je devrais avoir honte, mais même pas : en vacances, mon homme et moi on a dit plein de mal des touristes allemands… Ça nous à bien défoulés 😀 Par contre, on a essayé de savoir ce qu’un allemand pourrait dire pour se moquer d’un touriste français… mais n n’a pas d$û trouver grand-chose 😀 (désolée s’il y a des coquilles, j’écris à l’aveugle vu qu’il y a un gros retard entre ce que je tape et ce qui apparaît :/)
Très bon article 🙂 J’ajouterais que plus la médisance est répétitive et hargneuse sur un sujet, plus le manque ou la refoulement qu’elle révèle sont grands! Et c’est parfois abyssal, en tout aveuglement.
J’ai un superbe souvenir de fou rire partagé le jour où une amie m’a fait réaliser tout ce que j’avais à gagner en prenant un peu, un tout petit peu (oh quand même non, pas trop, c’est la honte) de cette capacité à se mettre en avant qui m’a toujours insupportée chez les autres 😀
Qu’advient-il de toi lorsque tu es victime de médisance collective et que le chef qui ne te connaît que par rapports et ragots ne croit plus en toi ? Il est vrai que je ne me suis pas positionnée, car je pensais que les personnes “suffisamment intelligentes” auraient les yeux ouverts et se focaliseraient sur la globalité de mon travail et de plus-value pour l’entreprise et non sur des détails.
Mon choix est de passer mon chemin, car je n’ai pas trouvé les moyens de remédier à cette situation. Le temps passe et le chef n’a pas changé ses lunettes, ni ôté ses oeillères. Alors si tu peux m’aider afin que je puisse avoir une autre perspective à l’avenir, ce serait salutaire.
La réponse se trouve dans ton commentaire: se positionner. Il est important de se rappeler qu’il n’y a pas de question de gens “suffisamment intelligents” ou pas: les gens réagissent à la façon dont nous nous positionnons, ou pas, indépendamment de leur degré d’intelligence. Ce qui signifie qu’il est essentiel de se positionner, fermement mais toujours dans les respect de l’autre, en toutes circonstances.
Se positionner ne signifie pas réagir aux ragots, ce qui risquerait d’ancrer encore plus le statut victime, mais bien de s’affirmer dans ses idées et ses opinions. Lorsque la victimisation s’est installée, il peu être très difficile d’en sortir, car les croyances qui se sont installées dans le groupe s’alimentent collectivement. Du coup, il peut être intéressant, pour éviter de reproduire ce genre de situation, d’en tirer les leçons, de mettre en place les apprentissages nécessaires en termes d’affirmation de soi, et d’aller mettre ces nouvelles compétences en oeuvre dans un autre environnement professionnel;)