Les bonnes raisons de changer de job… voilà un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et jouer beaucoup de claviers. Pourtant, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise raison de changer de boulot, il n’y a que des raisons d’y réfléchir, dès lors que l’idée s’en fait sentir, pour déterminer si c’est une vraie bonne idée. Et le mode d’emploi ne se limite pas à quelques “bonnes” ou “mauvaises” raisons…
Explorer l’envie de changer de job avant tout
Des raisons estampillées “bonnes” de changer de job fleurissent sur Internet comme les géraniums en été: avec abondance et dans toute une variété de couleur.
Pourtant, passer des jugements de valeur sur des ressentis tels que “bonne” ou “mauvaise” raison, c’est céder à des certitudes qui appartiennent surtout à ceux qui les énoncent – bref, des idées reçues – avec à la clé un double risque:
- Prendre des décisions à la hâte, de céder à la pression sociale et aux idées reçues, parce que Gourouduboulot.com, champion de la réussite professionnelle, a dit que c’était une bonne raison. Et du coup risquer de lâcher la proie pour l’ombre.
- Ne pas s’autoriser la réflexion, parce que Gourouduboulot.com, champion de la réussite professionnelle, a dit que c’était une mauvaise raison. Et du coup remiser son envie dans la carton à procrastination, au risque de céder à la démotivation, au découragement, voire au burnout.
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise raison de changer de job, il n’y a que des envies à explorer pour déterminer si elles sont une bonne idée pour vous, en fonction de votre situation, de vos aspirations, de vos sources de plaisir et motivation au travail, de vos besoins et vos valeurs.
La liste des raisons qui donnent envie de changer de boulot est interminable, en voici quelques exemples, en vrac:
- L’ennui, le manque de stimulation, d’intérêt, d’appétence
- Les petits arrangements avec l’éthique
- Le sentiment de sous-exploiter son potentiel
- Le manque d’épanouissement professionnel
- L’absence de sens dans ce qu’on fait
- L’ambiance détestable
- L’absence de possibilités d’évolution, de perspective de carrière
- Le manque de possibilités d’exprimer ses talents naturels
- Avoir fait le tour de son poste
- L’excès de pression
- La rémunération insuffisante
- Des relations difficiles avec la hiérarchie
- L’envie de nouveauté, d’évolution de carrière
- Le manque de reconnaissance
- L’incertitude quant à l’avenir de l’entreprise
- etc.
Les tapis volants du changement de job
Si ces raisons peuvent être de bonnes raisons, elles ne sont pas suffisantes à elles seules pour changer de boulot bille en tête, au risque de se prendre les pieds dans le tapis des illusions. Car celui-là vole bas, et si la décision s’est appuyée sur des généralités estampillées “bonnes raisons”, il ne tardera pas à vous montrer que le génie planqué dans votre lampe à huile (celle qui éclaire les méandres ténébreux de votre cerveau) s’était fait porter pâle le jour où vous avez pris cette décision.
Ce sont donc des bonnes raisons non pas automatiquement de changer de boulot, mais certainement de faire le point sur sa vie professionnelle, ses besoins et ses aspirations, afin de travailler son projet professionnel, dans sa boîte où ailleurs en fonction de lui. Car vouloir changer de boulot par exaspération ou par lassitude sans avoir construit un projet professionnel, c’est un peu comme s’imaginer qu’on va dégotter le palais des 1001 nuits juste parce qu’on en a marre de son 2 pièces cuisine: ça ne marche pas bien.
Deux exemples:
Les relations difficiles avec le boss.
Bien entendu, c’est de la faute du boss et uniquement du boss, qui danse tout seul la valse à trois temps des abrutis de haut vol. Attention, car il faut être deux pour avoir de mauvaises relations, et partir sans explorer votre propre part de responsabilité dans cette inimitié, c’est prendre le risque de reproduire le schéma relationnel. Alors aller voir ailleurs si les chefs sont plus verts, pourquoi pas, mais en prenant soin de travailler un peu son Karpman au passage. Et le boss actuel est peut-être un magnifique terrain d’entraînement.
Gagner plus
Vouloir gagner plus, voilà a priori une motivation aussi répandue que la grippe en hiver. Cependant, augmenter ses revenus signifie aussi souvent augmenter le temps de travail, les responsabilités, le stress et diminuer le temps familial ainsi que sa qualité. Tout cela à un coût qui n’est pas forcément automatiquement harmonieusement contrebalancé par un revenu supérieur. Potentiellement, chez certains, cela peut être générateur de plus d’illusions et de compensation que de plaisir.
Mini coaching: évaluer s’il est temps de changer de boulot
Chacune de ces raisons de réfléchir nécessite une évaluation minutieuse pour éviter la rencontre brutale entre vos jolis pieds et le tapis sus-mentionné:
- Faites le point en profondeur sur ce dont vous ne voulez plus et ce que vous voulez à la place, sur vos limites autant que sur vos envies et besoins professionnels en menant une réflexion sur le job idéal.
- Déterminez ce qui, concrètement et précisément, améliorerait la situation. En général, il s’agit au départ d’un sentiment vague de ras-le-bol et les pistes restent confuses, voire erronées quand les convictions limitantes s’en mêlent et il est nécessaire de détailler.
- Explorez les possibilités de mettre en œuvre ces changements dans le poste actuel ou l’entreprise actuelle. En d’autres termes, déterminer votre vraie marge de manœuvre, souvent bien plus étendue que ce qu’on imagine au premier abord. Si elle s’avère trop limitée, alors il est sans doute temps de changer de boulot et d’ignorer les étapes qui suivent.
- Mettez en œuvre les améliorations identifiées comme potentiellement faisables.
- Testez en appliquant une triplette du coaching, jusqu’à satisfaction ou au contraire jusqu’à ce que la nécessité de changer de job devienne une évidence.
- Décidez. Si vous êtes arrivé(e) à la conclusion qu’il est temps de changer de travail, alors l’étape suivante est la clarification du projet professionnel dans ses moindres détails, ce qui ne se limite pas du tout à vos compétences et “la réalité du marché”, mais au contraire prend en compte qui vous êtes dans votre globalité. Nous aurons l’occasion d’y revenir.
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Aller plus loin
Vous songez à changer de boulot et voulez mener une réflexion approfondie pour construire un projet en fonction de vous, votre personnalité, vos besoins, appétences et aspirations? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
Surement est-il intéressant de commencer des recherches pour la suite avant de tout plaquer. Envisager un nouvel emploi ou une reconversion.
En effet, dans la mesure où le job actuel reste acceptable, mieux vaut réfléchir à la transition avant de tout plaquer, ce qui peut éviter une part de pression;)
en effet, les raisons que tu donnes de changer de job je les ai toutes eu ou presque ! du coup j’ai choisi de me lancer en indépendant et je vis mon activité professionnelle beaucoup mieux même si il faut aussi concilier avec ses clients
PS : ma page facebook pro s’appelle cel.services
Des services d’assistante pour entrepreneurs et particuliers! De l’or en barre!
Longue vie à Cel services;)
Bonjour ! Je suis tombée sur votre article un peu tard, j’apprécie vraiment le fais que l’article ne prône pas le changement de métier comme « le bonheur ultime » si je puis dire, l’article date mais il nous met déjà en garde un peu timidement peut-être contre ceux qui veulent nous matraquer de changer absolument de job et de nous montrer quelques étapes et ce qu’ils faire avant de se lancer. Je ne dis pas que c’est mal (c’est très bien même) mais il faut de l’accompagnement et pas le faire juste sur un coup de tête, vraiment merci!
Bonjour! Si la mise en garde peut paraître un peu douce, c’est effectivement parce que l’article date un peu et qu’au moment de sa rédaction, nous n’étions pas encore noyés sous les injonctions à mener des bifurcations professionnelles vite fait, comme si c’était un gage de valeur, alors que c’est probablement l’inverse: le manque de réflexion et d’exploration pousse à des changements qui n’ont pas les bénéfices escomptés. On commence d’ailleurs à voir des publications sur ceux qui regrettent des changements de boulot opérés un peu trop vite pendant la pandémie. Je vous avoue que si je devais le réécrire aujourd’hui, il serait plus virulent contre les propos des marchands de bonheur au travail!
Bonjour,
Bon eh bien je pense qu’il est temps pour moi de me recentrer sur ce qui me passionne. Si je suis vos 6 points, je suis en plein dedans.
Merci pour ce texte, ça réconforte sur certains points.
Alors je vous souhaite une bifurcation heureuse Jérémy!