La curiosité, cette soif de savoir, de connaître, de comprendre, d’observer est une épatante qualité, souvent trop galvaudée ou bridée pour pouvoir réellement s’exprimer. La curiosité n’ayant jamais tué un greffier et les vieilles chattes en sachant plus que les chatons de la dernière averse, renouons avec l’explorateur félin qui sommeille en chacun de nous et qui construit petit à petit son cabinet de curiosité, au bénéfice de son bien-être et de ses capacités.
Les assassins de la curiosité
Il y a deux manière d’envisager la curiosité qui la montent direct sur l’échafaud. D’abord il y a le mot coquille vide qu’on retrouve partout dans les listes de qualités obligatoires et indispensables à l’employabilité. Ce désir de connaître, de savoir, c’est la garantit d’un esprit qui creuse ses sujets, qui montre de l’intérêt, qui donc progresse par lui-même en “faisant de la veille métier”. Résultat tout le monde est curieux. Essentiellement curieux de ce qu’il sait déjà, car de façon générale, nous sommes plus enclins à confirmer ce que nous pensons déjà qu’à nous remettre en question. Ce qui nous amène à l’autre bout de la ligne.
Où, parce qu’elle remet en question les ordres établis en allant farfouiller au delà des apparences, la curiosité dérange suffisamment pour que des petits malins défenseurs de normes se soient empressés de l’étiqueter “indiscrétion”.Faites-en “un vilain défaut”, faites-en le meurtrier du chat comme chez les anglo-saxons et voilà vos ouailles hésitantes à l’idée d’aller regarder par delà les murs du rassurant jardin d’Eden. Il n’en faut pas plus pour nous retrouver enfermés dans un enclos de croyances que nous avons plus ou moins consciemment choisi d’adopter, associé à une peur de l’inconnu vieille comme les monstres des forêts, du basilic au loup-garou.
“Quelle rage a-t-on d’apprendre ce qu’on craint de savoir” demandait Beaumarchais. Probablement aucune: certaines découvertes, sur nous-mêmes ou sur le monde qui nous entoure, bouleverseraient bien trop l’univers que nous avons construit pour qu’on ait envie d’aller à leur rencontre.
Il y a bien plus de rage alors à ériger des murs costauds et aveugles entre nous et toute tentation exploratrice qu’à y céder, tant elles sont porteuses de dangereuses remises en question. En réprouvant la curiosité, c’est la morale et la peur qui deviennent les assassins impitoyables de la soif d’apprendre enthousiaste de l’enfant autodidacte, grâce à laquelle nous avons pourtant acquis tant de compétences et de savoir à une vitesse et avec une facilité ahurissantes, parce quelle est la source de sa propre motivation et d’un grand plaisir.
La curiosité est une jolie qualité
La curiosité est une composante de la soif d’apprendre: c’est l’envie de savoir, de découvrir, de comprendre, d’apprendre, d’être confronté à la nouveauté, de remettre les choses en question, de chercher des informations, d’observer, d’analyser, etc. La curiosité suppose l’enthousiasme, le désir, l’intérêt, la passion.
De quoi peut-on être curieux? De tout.
De l’autre, de ses caractéristiques, sa culture, ses convictions, ses différences et ses similarités. Des choses, des territoires, des événements, de leur fonctionnement, leurs mécanismes, leur utilité, leur rôle, leur place dans nos vies, des conditions et des processus de leur création etc.
Quelques bénéfices en vrac. La curiosité:
– Étend la zone de confort et diminue l’anxiété liée à la peur de l’inconnu au sens large
– Stimule la créativité.
– Favorise l’apprentissage.
– Favorise la prise de décision.
– Développe les facultés d’adaptation.
– Développe la capacité d’analyse et le sens critique. et diminue les jugements hâtifs, les généralisations abusives.
– Amoindrit les convictions limitantes.
– Libère l‘autodidacte qui sommeille en nous.
– Augmente la diversité des expériences et l’épanouissement.
– Augmente les sentiments positifs et élargit nos horizons.
– Modifie les rapports que nous entretenons avec le monde qui nous entoure et les personnes dedans. Mieux comprendre l’autre, c’est l’accepter davantage.
– Ouvre aux opportunités.
– Évite l’ennui.
– Accroît la culture
– Améliore l’humeur car elle est source de plaisir et de joie.
– Développe l’ouverture d’esprit, l’ouverture aux autres, la compréhension et l’acceptation des différences, la tolérance.
– Favorise l’acceptation de l’incertitude au lieu de s’escrimer à vouloir contrôler l’incontrôlable.
– Augmente la débrouillardise et la capacité à résoudre les problèmes
– Renforce le sens de l’observation
Auto coaching: développer notre cabinet de curiosités interne
Est aussi considéré comme curieux l’amateur d’objets rares et précieux. Je vous propose de développer votre soif d’apprendre en considérant les nouveautés, les découvertes comme des objets de curiosité, des sources d’apprentissage rares et précieux, qui méritent une place de choix dans un cabinet de curiosités interne créé de toutes pièces pour l’occasion.
Nous sommes tous curieux à différents degrés. La curiosité se travaille et ne demande qu’à être développée. Il existe bien des manières de faire preuve de curiosité, s’intéresser, apprendre, s’étonner, s’émerveiller, s’enthousiasmer, chercher à comprendre etc… et je vous propose d’en faire l’expérience, par… curiosité. Voici quelques suggestions d’exercices, à vous de choisir ceux qui vous conviennent ou d’en inventer d’autres (et de venir les partager!).
– Regarder – De manière générale, ouvrez les yeux, regardez autour de vous, choisissez ce que vous voulez: personne, objet, événement etc. Osbervez, décortiquez, explorez, cherchez à comprendre. Exemple: vous vous ennuyez à la caisse du supermarché. Observez les gens autour de vous, leur façon d’être en relation, leur façon d’entrer en contact avec la caissière.
– S’intéresser – Posez des questions, essayez d’en apprendre davantage sur des collègues, des connaissances, des amis et observez leurs réactions face à vos questions. Attention, s’intéresser, ce n’est pas l’inquisition!
– Creuser, changer de regard – Prenez le temps de regarder vos proches d’un œil neuf, de les redécouvrir ou d’en découvrir des facettes ignorées, de comprendre ce qui les intéresse, ce qui les motive en leur posant des questions.
– Partir en chasse au savoir – Faites la liste des sujets sur lesquels vous voudriez en savoir davantage, des “pourquoi” et des “comment” pour lesquels vous seriez content d’avoir une réponse. Priorisez, puis lancez-vous dans une sorte de chasse au trésor des précieux renseignements que vous pouvez obtenir.
– S’intéresser à ce qui ne nous intéresse pas – Intéressez-vous à quelque chose ou quelqu’un qui a priori n’aiguise pas votre curiosité. Cherchez à en savoir plus.
– Élaborer une chasse au trésor – Faites un tour dans votre quartier et partez à la recherche de tous ses détails étonnants, marquants, plaisants, tous ce que vous n’aviez jamais remarqué.
– Partie à la découverte de soi-même – Observez-vous, vos gestes, vos postures, vos façons de vous exprimer, les mots que vous utilisez, votre façon d’être en relation, vos comportements, vos motivations, vos envies etc.
– Faire une liste d’apprentissage – Pendant une semaine, faites la liste quotidienne de tout ce que vous avez appris, de toutes les nouveautés rencontrées et découvertes faites:
Que remarquez-vous?
Comment vous sentez-vous?
Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté?
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je suis d’accord avec toi mais j’ai rencontré tout de même des situations où ne pas voir était préférable à voir; l faut savoir que ça existe surtout du milieu dont je suis issu
bisous darling
Décidément j’aime bien ce blog qui “corrige” mes “défauts”! Je suis très curieux… Je suis assez d’accord sur l’un des constat fait: En général les grands ensembles essaient de bannir la curiosité des individus qui les compose.
Remarquons tout de même que ces grand ensembles, eux ne se privent pas d’être “curieux”. Sympa la photo.
AH oui, pinaise, moi je suis très curieuse… Mais j’ai toujours considéré ça comme un avantage.
Bien le bonjour Sylvaine. Donc pour te répondre, voici un exemple “d’institutions curieuses”: les États, les assurances, beaucoup d’entreprises commerciales, etc etc… voilà!
Magnifique, la photo !
Joli article. Etre un collectioneur de moments rares et précieux au gré de sa curiosité et dans le but d’apprendre encore et toujours est une idée riche, et qui pourrait bien nous rendre plus intelligents.
Prendre des photos! Par exemple pour compléter l’exercice appelé “chasse au trésor” et faire un album de curiosités.
Depuis que je me suis acheté un petit APN qui tient dans mon sac, je le traîne partout avec moi et je prends des photos de tout, et même de gens, à qui parfois je demande l’autorisation dans le train!
Salut, je suis bien la Valérie de tu crois, j’ai reconnu qui mais pas où …
j’aime bien ce cite qui me permet de corriger mes défauts car suis tres curieuse
Merci pour le compliment!
Et souvenez-vous que vous avez aussi tout un tas de jolies qualités à exploiter^^
Bonjour Sylvaine,
L’autodidacte que je suis cultive précieusement cette qualité, car dans mon milieu professionnel (la création internet et surtout le référencement des sites) c’est un atout inestimable.
Toute la logique du web repose en effet sur la curiosité et la sérendipité : à partir d’une page sur un site, je peux “suivre” les liens qui s’y trouvent et qui sont censé apporter un complément d’information sur le sujet qui me tient à cœur.
Ou alors, me faire découvrir des choses dont je ne soupçonnais même pas l’existence !
J’apporte un bémol sur la curiosité trop “libre”, qui est souvent très consommatrice d’énergie et peut s’avérer chronophage si elle mal cadrée… Donc un art de vie, une façon d’être à cultiver avec ses propres limites…
Hello et merci pour le partage;)
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la dernière idée: cadrer et brider la curiosité, c’est exactement ce que fait l’école, et c’est à mon sens le meilleur moyen de la tuer. Tout comportement à les défauts de ses qualités, qui sont davantage des caractéristiques à prendre en compte que des ennemis à abattre;)
Justement, là est la difficulté non ? Ne pas abattre ces caractéristiques, je suis d’accord, et pourtant il faut arriver à ne pas trop s’éparpiller, zapper, changer continuellement en sautant d’idée en idée, sans quoi on ne fait pas grand’chose dans notre monde matérialiste.
En tous cas, si vous avez une recette, je suis… curieux de la connaître 😉
Une personne qui se laisserait aller à “zapper” tellement que ça l’empêche de faire ce qu’elle a à faire, ce n’est plus de la curiosité, c’est de la procrastination qui trouve son excuse dans une fausse curiosité (fausse parce qu’en réalité, elle a pour objectif de se détourner d’autre chose). La procrastination est une tout autre question, bien trop complexe pour lui trouver une recette;) Des pistes de réflexion dans le dossier procrastination