Sylvaine Pascual – Publié dans Vie professionnelle
Les projets qui nous font sortir des sentiers battus ont une propension marquée à nous attirer l’incompréhension des amateurs d’autoroutes. Même si le reconversion professionnelle est de plus en plus courante, emprunter un itinéraire professionnel peu fréquenté peut vite donner l’impression de naviguer à vue tout(e) seul(e) au milieu de la broussaille. Cet isolement peut prendre plusieurs formes. Premier volet: la question de la solitude face à l’entourage. |
Entourage dubitatif
A l’évocation du désir de changer de profession, il est assez courant de voir les yeux dubitatifs de son entourage s’arrondir comme des soucoupes, leurs sourcils se soulever d’incrédulité et d’entendre la longue litanie de leurs arguments, destinée à vous démontrer combien c’est une fausse bonne idée.
Et vous vous retrouvez alors bien seul(e) avec votre désir de reconversion, que tout le monde vous suggère de remettre dans votre poche avec votre mouchoir par-dessus, tant il est évident que vous allez vous lancer dans un voyage au bout de l’enfer, et pas du tout une formidable aventure.
C’est d’autant plus le cas lorsque vous avez un métier potentiellement intéressant, collectivement considéré un pouillème classe et un revenu conséquent. Vos responsabilités écrasantes, votre stress d’éxercer un métier qui ne vous correspond plus, votre dégoût d’une fonction qui n’est plus en adéquation avec vos valeurs etc… tout le monde s’en fiche: vous avez la chance d’avoir un salaire, et c’est tout ce qui compte à leurs yeux frileux.
C’est compréhensible, tant le marché de l’emploi est difficile et l’économie pas au top de sa forme. Cependant, rappelons-nous que le job idéal est une réalité à inventer, pas mission impossible.
Economiser son énergie = faire le tri
Lorsque nous prenons des décisions fortes, qui vont nécessiter un engagement personnel et financier au long cours et profondément impacter nos vies, nous trouvons en face de nous toutes sortes de réactions qui sont aussi proches de celles que nous aimerions avoir qu’un cochon d’Inde à de parenté avec une sardine. Ces réactions peuvent être extrêmement décourageantes, parfois à juste titre, parfois à l’excès. Une chose est sûre: elles sont uniquement le reflet des convictions (peurs et idées reçues comprises) de l’interlocuteur. L’écart entre leurs conseils et nos ressentis peut alors ressembler au grand Canyon, et de là à se sentir seul au monde et incompris dans nos aspirations, il n’y a qu’un pas qui risquerait de nous faire tomber de la falaise…
Il est important d’accepter que chacun à le droit à ses propres convictions. Vouloir convaincre l’Oncle Alfred qu’aller ouvrir un magasin de girafes en papier mâché est l’idée du siècle, alors que lui estime que c’est lâcher la proie pour l’ombre et que chef de projet, c’est très bien; c’est juste de l’énergie dépensée pour rien.
De même, s’il s’évertue à vous montrer combien vous faites fausse route alors que cette formation qui vous tenait tant à coeur, vous l’avez démarrée depuis six mois. Autant rendre à l’Oncle Alfred ce qui lui appartient, en l’occurrence ses croyances limitantes, et vous protéger de l’excès de négativisme des pisse-vinaigre et des peureux, en choisissant avec soin les personnes avec qui vous allez parler du projet, en faisant des demandes assertives etc…
En même temps, il est tout aussi important d’avoir des personnes avec qui parler de son projet, pour minimiser ce sentiment de solitude, se sentir soutenu dans son projet, ou tout simplement dans l’exploration de ce désir, car toutes les envies de changer de métier ne mènent pas à la reconversion. En revanche, mieux vaut renoncer en connaissance de cause que de céder aux craintes des autres.
Les proches
L’entourage comprend aussi nos proches, directement impactés par cette reconversion. Les associer au projet de changer de métier est à l’évidence indispensable. Comment s’y prendre est une étape délicate qui fera l’objet d’un billet complet.
Mini coaching: reconversion, gérer le sentiment de solitude
- Et vous, comment vous sentez-vous face à votre désir de reconversion?
- Dans quelle mesure vous sentez-vous seul(e), isolé(e)?
- Dans quelle mesure vous sentez-vous bien entouré(e)?
- Qu’attendez-vous de la part de votre entourage?
- Quelle personnes sont à même d’y répondre?
Voici quatre options complémentaires qui peuvent vous aider à faire le tri et à exprimer vos besoins:
– Choisir soigneusement à qui parler de ce projet
– Se méfier des amis qui nous veulent du bien.
– Et si une majorité de l’entourage fait partie de cette sinistre catégorie, il est peut-être temps d’aller nourrir votre besoin d’appartenance et de reconnaissance sociale en développant un réseau de connaissances, par exemple parmi les candidats à la reconversion, au travers des forums ou des réseaux sociaux (pourquoi pas Twitter).
Aller plus loin
Vous voulez construire un projet professionnel en fonction de vos goûts, vos aspirations, vos besoins? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32 |
J’ai mis en oeuvre un projet de reconversion, je viens de finir une formation et c’est maintenant que je trouve tout difficile, c’est maintenant que la solitude me tombe dessus. J’ai été très bien soutenue jusqu’à maintenant, mais là, face à la rechercjhe d’emploi on est vraiment tout seul.
Quand j’ai décidé de devenir diététicienne après HEC et 20 ans de cadre en entreprise, mes proches ont certes été plutôt sceptiques au début car je lâchais une “bonne situation” (mes parents…) pour quelque chose de plus incertain et jugé moins glorieux mais ils n’ont jamais essayé de me décourager, ils ont respecté mon choix. Puis, assez vite, devant ma motivation puis mon enthousiasme quand j’ai démarré concrètement, ils ont adhéré. Et quand ça marche, là, c’est carrément la réjouissance partagée !
Bonjour, c est une histoire qui m interesse : cadre depuis 15 ans, je songe à une reconversion de Diétiéticienne. Es tu heureuse de ton choix ? Il y a t il encore aujourd hui une forte différence de revenus ? Quelles études as tu fait pour ce diplome ?
Merci
Se reconvertir ça arrive au bout d’un certain temps (si on l’admet)
mais que privilégier ? Un travail plaisant mais, en ces temps de crise, pas vraiment
prisé ou bien l’inverse ?
Très bon blog en tout cas !
Merci;)
De mon point de vue, mieux vaut toujours privilégier un travail plaisant: l’idée de faire un travail que l’on aime renforce la motivation et la force de conviction. Inversement, privilégier un “travail sûr” mais pour lequel on manque de motivation est un excellent moyen de rater sa reconversion: même si l’on parvient à trouver du travail, il y a de fortes chances pour que l’absence de goût pour celui-ci se transforme rapidement en dégoût, en ennui. Une reconversion étant un processus long et parfois semé d’embûche, il serait dommage de finir dans un job peu attrayant.