Certains comportements, certaines caractéristiques ou activités des uns peuvent étonner les autres. Plutôt que le les juger à l’emporte-pièce, profitons-en! Les étonnantes motivations de leurs agissements sont l’occasion d’aller à la rencontre de ces autres comme de nous-mêmes.
Comportements curieux et chasse aux champignons
Un merveilleux samedi d’automne, j’étais partie ramasser des cèpes avant de rejoindre quelques amis pour le week-end. Autant ils étaient ravis de garnir leurs assiettes du roi des champignons, quelle aubaine, autant ils ont été surpris d’apprendre que je suis une chercheuse de champignons… qui n’en mange pas. Je n’aime ni le goût, ni la texture, j’en aime juste la chasse, alors je les donne à mes voisins, à mes amis, à ma famille, à tous ceux à qui je sais que ça fera plaisir.
Tout de suite, les questions fusent: comment peut-on passer du temps à ce genre d’activité pour ne pas en profiter ensuite? A qui ça sert? C’est quand même bien bizarre! Bref, entre curiosité et incompréhension, c’est toute la question de ce qui nous motive à faire ce que nous faisons qui se pose. Et ça m’a inspiré deux observations.
1- Motivations impénétrables et compréhension mutuelle
Nous avons tous ne ce serait-ce qu’une façon de faire, une habitude, une activité, un plaisir, une attitude qui peut être une source d’étonnement pour les autres et réciproquement, il nous arrive sans doute à tous d’être surpris par un comportement chez les autres, voire le trouver complètement aberrant, et de nous demander ce qui peut bien les pousser à agir de la sorte. Ce collègue capable de filer des ramponneaux à la photocopieuse, ce boss qui se mure dans le silence dès qu’un problème se pose, cet autre qui “oublie” de gérer les tensions dans l’équipe, tous ont un point commun: il y a une logique, si surprenante soit-elle, dans leur comportement.
C’est justement là que l’étrange devient passionnant: comprendre les motivations de chacun, décortiquer la logique de leurs réactions ou attitudes. Car si nous trouvons leurs comportements étranges, ce sont nos filtres qui s’expriment, pas les leurs, ni une quelconque échelle universelle de la non-étrangeté. Et explorer leurs motivations devient vite une véritable compétence relationnelle, car c’est aussi apprendre à mieux connaître ceux qui nous entourent, leurs modes de fonctionnement, leurs mécanismes personnels. C’est nous ouvrir à d’autres points de vue, d’autres perceptions et mieux nous les comprenons, plus nous les acceptons. Ce qui a le bénéfice non-négligeable de contribuer à la tolérance, à la bienveillance et mène à des relations plus apaisées. Car lorsque nous appréhendons mieux les motivations des autres, lorsque nous les acceptons davantage, le désir d’imposer nos vérités personnelles diminue. Bref: nous leur faisons plus de place pour être eux-mêmes, avec leurs bizarreries et leur singularité.
Aussi, plutôt que de nous empresser de juger les faits et gestes de nos collègues, collaborateurs et managers, profitons-en pour leur poser des questions de façon à comprendre les mécanismes qui se jouent derrière ce qu’ils font, par appliquer un peu de lecture émotionnelle, et ainsi nous rapprocher d’eux.
Mini coaching: l’écoute au service de la compréhension
Évitons bien entendu d’analyser ou d’interpréter ce que font les autres, car les conclusions auxquelles nous parvenons correspondent à nos propres filtres – réactions émotionnelles, besoins, croyances, valeurs – pas celles de leurs auteurs. Faire preuve de curiosité bienveillante plutôt que de jugement consiste tout simplement à poser des questions, en mode écoute active.
Et vous, quels comportements, activités, caractéristiques ou façons de faire vous surprennent?
Dans quelle mesure essayez-vous d’en comprendre les mécanismes en posant des questions?
Et si vous vous mettez à poser des questions à leurs auteurs, que se passe-t-il?
2- Comportements surprenants et miroir de soi
Ce que nous faisons qui étonne les autres est aussi un bon moyen d’en savoir davantage sur nous-mêmes. Car nos motivations déconcertantes aux yeux des autres sont aussi la marque de notre unicité, de nos valeurs, de ce qui nous anime. De même, notre étonnement face aux motivations des autres est un révélateur de nos systèmes de croyances, de nos filtres et de nos perceptions.
Et arpenter les vastes champs de nos convictions, c’est aussi les remettre en question, éventuellement les ramollir, voire les modifier, ce qui signifie évoluer, avancer.
Mini coaching: comportements étranges et connaissance de soi
Utilisons donc nos propres comportements étranges comme levier de connaissance de nous-mêmes:
Vos comportements, activités ou caractéristiques qui surprennent, qu’est-ce qui les motive?
Qu’est-ce que ça vous dit sur vous-même?
Et votre étonnement face aux comportements des autres, que vous dit-il sur vous-même?
En ce qui me concerne, la découverte de ces motivations est pour moi… une sacrée motivation, comme si elles étaient des cèpes planqués sous les feuilles qui ne demandent qu’à être repérés. En découvrir l’implacable logique interne, identifier comment exploiter leurs avantages et les utiliser comme ressources au bénéfice du plaisir au travail, voilà l’un des éléments qui m’apporte beaucoup de plaisir dans mon travail;)
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qaund j’ai un travail difficile à faire, je le fais au dernier moment… mais ce n’est pas de la procrastination ! C’est juste que mon logigiel interne fonctionne en caché pendant que je fais d’autres choses, c’est en gros une façon de réfléchir à la la façon de faire ce travail, et quand je m’y mets l’affaire est ‘torchée” en 1 h là ou dautres mettent beaucoup plus.
Ca rentre dans ta catégorie de façon de faire surprenante .? Moi ça ne me surpend plus, mais d’autres peut-être…
Réaction par rapport à l’article :
J’ai beaucoup aimé. Il y a quelque chose dont je suis certaine depuis très longtemps, c’est : on est riche de nos différences !
Je suis certaine qu’on a tous besoin de “ressembler”, de se reconnaître dans les autres pour se conforter, se donner confiance, s’assurer se rassurer.
Mais une fois que nous sommes “ancrés”, certain d’appartenir à un groupe, on ne peut s’enrichir qu’en allant en exploration. Explorer, c’est aller voir chez les autres ce qu’ils ont, ce qu’ils sont de différents, et d’en parler avec eux. La différence devient richesse quand on la considère avec respect et avec une curiosité “de scientifique”, pour apprendre, pour comprendre.
ET je trouve que cet article correspond bien à cette certitude que je porte depuis longtemps. Ce que j’aime, c’est qu’il me permet de mieux comprendre ce qui me donne à penser que quelqu’un est différent, qu’une différence peut être “cachée”. Je m’explique : si vous rencontrez une personne dont la couleur de peau est différente, ou une personne handicapée, ou un quelqu’un qui a un don incroyable, on voit tout de suite sa différence. Mais je n’avais pas bien réalisé jusqu’à lire cet article que la différence peut êre moins voyante, c’est-à-dire logée dans des comportements qui nous étonne ; et alors, la recherche et la connaissance de la motivation de ces comportements permet l’enrichissement.
Merci Sylvaine
Réaction par rapport au commentaire :
Est-ce que la personne qui a écrit ce commentaire saurait expliquer davantage comment fonctionne ce “logiciel” interne ? Comment elle sait à quel moment elle peut se mettre au travail parce c’est maintenant que le “logiciel” a fini de traiter ses infos ? Ou est-ce que c’est aussi inconscient et inexpliquable que le fait que “la nuit porte conseil” ?
Personnellement, je procrastine “à mort”. Et quand un travail me rebute ou me fait peur, ma cervelle est capable de jouer à cache-cache avec tout ce qu’elle trouve sous le neurone pour me fournir les bonnes raisons de ne pas m’y coller. Pourtant, 8 fois sur 10, quand je m’y mets enfin, je m’aperçois que ce n’était pas si terrible et que je m’en sors bien. Alors, bien entendu, imbécile que je suis, je culpabilise en me disant que j’aurais dû m’y mettre plus tôt, que je me serais évité des angoissses, des remarques, des ennuis. Mais finalement, peut-être que j’ai aussi un logiciel interne qui tourne tout seul ; ce qui expliquerait que, quand je m’y “colle” c’est finalement relativement simple à faire.
C’est pourquoi ça m’interesserais d’avoir le point de vue de Valérie (je crois), sur la façon dont elle perçoit son travail “en sourdine”.
A bientôt j’espère
Comprendre les motivations les plus bizarres, ça fait partie de mes questions fondamentales.
Logique. Le B-A BA du développement spirituel, c’est qu’il faut : TOUT pardonner, et Aimer TOUT le monde…
Donc, j’ai essayé de réfléchir sur les situations les plus « tordues » : le « pourquoi » des dictateurs, des Illuminati, des gangsters, des pervers narcissiques, des manipulateurs / manipulés, et pas mal d’autres « difficiles à aimer ». Il ne peut s’agir que de pistes de réflexions, ce n’est pas le genre de personnes à interroger directement sur leurs émotions conscientes et inconscientes.
Mais ça aide vraiment à juger de moins en moins, c’est toujours ça.
A un niveau plus quotidien, j’ai vraiment l’impression qu’il y a deux sortes de personnes, qui ont à peu près toujours le même genre de réaction :
– Ceux qui répondent, tout simplement : de temps en temps avec une explication claire (comme toi avec tes champignons), de temps en temps en disant : « je ne sais pas », éventuellement « je n’ai pas trop envie de savoir » (sous-entendu : ça fait mal ; les gens qui se ferment en cas de conflit par exemple).
– Et ceux qui envoient balader dès la première question (et il est clair qu’il ne faut pas en poser une deuxième, sinon ils mordent !) : « Je sais pas », « Tu poses trop de questions », « c’est comme ça », « c’est mon droit ». … très frustrant quand il s’agit de proches. Je crois qu’il ne reste plus que la question : « qu’est-ce que cela reflète en nous ? » … c’est déjà pas mal, après tout.
Je rajoute une troisième catégorie: certains peuvent trouver déroutant d’être questionnés sur leurs motivations parce qu’ils n’en ont pas l’habitude, parce qu’ils n’ont eux-mêmes pas mis de mots dessus et éluder ou tomber des nues.
Je précise un élément: comprendre les motivations est quelque chose que je trouve intéressant intellectuellement et émotionnellement, pour juger moins effectivement, pour apaiser certaines colères probablement ou bien juste pour comprendre. Cependant ça ne signifie pas qu’on doive tout pardonner et encore moins aimer tout le monde. Cette facette du développement personnel me paraît une injonction absurde et culpabilisante!