Au travail comme dans nos vies personnelles, nous avons un besoin fondamental de partager les joies comme les peines avec d’autres bipèdes. Mais il arrive que nos contemporains soient plus enclins à ramener à eux-mêmes, à jouer les distributeurs de conseils, de propos négatifs ou dévalorisants que de nous prêter un oreille attentive et il reste parfois peu de place pour s’exprimer. D’où l’intérêt de bien choisir à qui parler.
Amis et collègues, tous ces gens bien intentionnés
Situations délicates ou sentiment d’échec, réussites ou événements joyeux, projets et aspirations, nos vies nous donnent de nombreuses envies de parler de nos expériences, avec autrui, autant pour nous en distancier que pour les partager, selon leur nature. Seulement voilà: On a beau se ressembler, tous dans le même bocal, on ne parle pas toujours le même langage.
Et il arrive que nous ayons des surprises moyennement agréables face aux réactions de notre entourage personnel ou professionnel, lorsqu’il s’empresse de donner un avis pas toujours positif, valorisant ou bienveillant, de déverser des tombereaux de conseils non sollicités, de remiser vite fait nos émotions dans le carton à réactions irrationnelles, de tout ramener à leurs propres expériences, de nous expliquer la vie etc.
Alors que parfois, nous aimerions bien qu’ils se contentent:
- De nous écouter gentiment, parce que nous avons juste besoin de verbaliser deux trois trucs histoire de s’en libérer.
- De nous offrir un simple espace d’expression, parce que nous avons besoin de vider notre sac.
- De nous féliciter chaleureusement, parce que nous avons besoin de partager la joie d’un accomplissement et de recevoir un brin de reconnaissance.
- De nous encourager, parce que nous avons un doute, une baisse de moral.
Ne nous y trompons pas: nos proches ou cet entourage professionnel à qui nous nous confions sont, la plupart du temps, bien intentionnés et nous veulent du bien, même si le manque d’écoute de qualité pourrait nous en faire douter. Nous l’avions déjà évoqué pour la prise de décision: chacun a tendance à s’imaginer que ce qui est valable pour lui/elle est bon pour toute l’humanité.
Ils nous abreuvent donc de leurs conseils et opinions en fonction d’eux-mêmes, de leurs propres doutes, craintes et/ou convictions face à une situation telle que celle que nous leur décrivons. Nous convaincre de faire selon eux/penser comme eux les rassurent sur la validité de leurs propos et donc sur leur capacité à affronter le même type de situation.
D’autre part, face à nos difficultés, certains de nos proches se sentent très mal à l’aise, malheureux pour nous et ont un besoin marqué de nous voir soulagés, aussi ils s’engouffrent dans le partage parfois non désiré de solutions qui leur appartiennent et ne nous correspondent pas du tout pour se sortir de ce malaise et avoir le sentiment qu’ils ont pu aider.
Manque d’espace de parole, sentiment de solitude et d’incompréhension
Du coup, on a vite fait de se sentir très seul, face à un entourage qui ne comprend pas et écoute peu. Ou du moins s’écoute davantage lui-même qu’il ne nous prête une oreille attentive, dénuée de jugement et de conseil. Bref, un espace de parole dans lequel s’exprimer librement, se sentir entendu, compris, pris en compte.
C’est ainsi que certains en viennent, par déception et par frustration de ne pas se sentir entendus, à ne plus exprimer ce qu’ils ressentent, à ne plus évoquer la situation qui les préoccupe ou les rend heureux. Ou à redouter que cet entourage n’intervienne maladroitement:
- En posant poser la question qui tue “Et alors, tu en es où avec ta recherche d’emploi?”
- En faisant un commentaire pénible “tu as bien de la chance, toi qui a un job sympa, j’espère que tu t’en rends compte”
- En émettant une objection, un propos pessimiste ou dévalorisant “oui mais bon, fais quand même attention à la conjoncture, c’est bien gentil de vouloir se reconvertir, mais c’est plus facile à dire qu’à faire”
Besoin de parler: entre envie de reconnaissance et stratégie d’échec
La majorité d’entre nous n’a pas une âme de Carmélite. Parler et partager est le moyen le plus simple de répondre à nos besoins d’appartenance et de reconnaissance, pour soulager la charge émotionnelle d’une situation. Cependant, nos choix d’oreilles ou d’épaules fleurent parfois bon la stratégie d’échec ou le bénéfice secondaire.
Et puisque ces personnes réagissent avec toute la bonne volonté du monde, inutile de vouloir les enfermer direct dans un bocal à con parce qu’elles échouent à nous apporter la reconnaissance ou le soutien tant espéré(e). Autant nous questionner sur nos choix et nos motivations.
- Si Tante Yvonne/Papa/Maman/L’ami Pierre ou le collègue de bureau vous surprend par sa réaction pénible, dans quelle mesure y a-t-il des éléments de sa personnalité qui aurait pu vous permettre de l’anticiper?
- Si Tante Yvonne/Papa-Maman/L’ami Pierre ou le collègue de bureau a le don de faire un commentaire lourdingue chaque fois que vous lui confiez un événement de votre vie, qu’est-ce qui vous motive à continuer à prendre encore et encore le même scud dans la frimousse? Quelle croyance nourrissez-vous au passage?
Ainsi, les personnes qui ont des projets professionnels complexes ou ambitieux tels que le retour à l’emploi, une reconversion professionnelle ou une création d’entreprise – et celles qui réussissent ces projets – se trouvent souvent confrontées à des réactions décourageantes ou dévalorisantes et gagneraient en bien-être et en estime d’eux-mêmes et en dynamisme à choisir soigneusement leurs interlocuteurs en fonction des sujets qu’ils ont envie d’aborder.
Mini coaching: choisir à qui parler de quoi
Il est donc plus judicieux de reconnaître, dans nos relations, qui nous est utile à quoi, et à qui parler de quoi de façon à éviter les écueils précédemment cités.
Certaines personnes sont douées pour l’écoute active, d’autres pour l’écoute sans jugement, d’autres pour vous exprimer un soutien qui vous fait du bien, pour partager vos joies, pour vous renvoyer les questions pertinentes dont vous avez besoin, de porter un regard neuf. De même, certaines personnes vont se montrer remarquables sur certains sujets et à côté de la plaque sur d’autres. Certaines seront idéales pour parler projets professionnels et d’autres capables d’accueillir vos émotions. Tous les cas de figure sont envisageables, mais rares sont ceux qui sont excellents partout.
A vous d’identifier ce que vos proches peuvent et ne peuvent pas entendre et qui sera à même de vous apporter ce dont vous avez besoin. Cela vous permettra d’entretenir des relations plus saines, plus réjouissantes, débarrassées de jeux de pouvoir ou de certaines attentes irréalistes qui mènent tout droit à la déception.
Si vous voulez parler d’une décision à prendre, voir Prise de décision: se méfier des amis qui nous veulent du bien
Si vous voulez parler d’un sujet important à vos yeux:
Quand vous partagez un événement agréable, dans quelle mesure êtes-vous satisfait(e) des réactions que vous obtenez?
Qui a des réactions pénibles? Satisfaisantes?
Et quand vous partagez un événement négatif, une situation difficile?
Face à une situation agréable/désagréable, quelles réactions trouvez-vous acceptables? Inacceptables?
Qui, dans votre entourage, risque d’avoir ce genre de réactions?
A partir de maintenant, à qui allez-vous dire quoi?
Voir aussi
Garder le moral dans la tourmente
Définir ses limites
Reconversion professionnelle: gérer les casse-pieds
Les relations difficiles
Soleil trompeur: gérer la déception
Besoins affectifs: bien-être et dépendances
Guide de survie aux abrutis (1)
Compétences relationnelles (1): écouter sans juger
Compétences relationnelles (2): l’écoute active
Compétences relationnelles (3): savoir dire non
10 bonnes raisons de se moquer du regard des autres
Aller plus loin
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Pas toujours évident de trouver une personne disponible pour nous écouter et avec laquelle échanger!
Excellent article encore une fois et excellente journée à toi @Sylvaine! 😉