Sylvaine Pascual – Publié dans: Relations saines
Bien entendu, enfiler un rôle relationnel a une utilité, sinon nous nous occuperions à autre chose, puisque nos agissements visent un bénéfice. Et en l’occurrence, ce bénéfice recherché est le même, que l’on soit sauveur, victime ou persécuteur. C’est comme enfiler un vêtement : l’idée est de se protéger, tout en donnant une image bien déterminée destinée à nous aider à obtenir ce que nous voulons. |
La victime cherche à attirer l’attention, le sauveur à se faire aimer et lepersécuteur à impressionner. Trois chemins pour une destination unique : la reconnaissance grâce à laquelle nous espérons recevoir ce qui, à nos yeux, nous revient de droit. Car l’idée qui se cache derrière, c’est que lorsque notre situation ou notre valeur seront vraiment reconnus, alors nous obtiendrons automatiquement ce que nous considèrons comme légitime.
Protéger et entretenir nos croyances
Les stratégies inscrites dans le triangle de Karpman excluent la possibilité que l’autre nous dise non, tout de go,en face, ce qui pourrait sacrément remettre en cause nos convictions et notre estime de nous-mêmes. Car alors ce que nous voulons n’est pas reconnu comme étant légitime pour tout le monde : notre système de valeurs ne serait-il donc pas universel ? Argh ! Nous préférons éviter complètement d’être confrontés à cette éventualité.
Ainsi, si le sauveur propose son aide au lieu de l’imposer, que se passe-t-il lorsque son interlocuteur lui dit non ? L’importance que son propre dévouement a à ses yeux est niée par un empêcheur de reconnaître en rond. Pourquoi prendre ce risque alors que tant de victimes ne demandent qu’à être sauvées ?
Obtenir ce que nous voulons
Voici trois exemples qui résument de façon ultra schématique ce qui se passe dans les rôles que nous endossons, parfois même à l’insu de notre plein gré, comme disent les braquets de toutes tailles. Ces exemples montrent l’interaction entre croyances et stratégies pour obtenir ce que nous voulons.
– La vicitme: si je me plains suffisamment, on comprendra combien il serait injuste envers moi de donner ce poste à quelqu’un d’autre.
– Le sauveur: si je m’occupe suffisamment des autres, alors tout le monde verra que mon dévouement est sans égal et combien il est évident que c’est moi qui devrait obtenir le poste que nous sommes 3 à briguer.
– Le persécuteur: si j’écrase suffisamment mes collègues, ils finiront bien par voir que je suis plus compétent et que le poste devrait me revenir.
Ceci n’est qu’un exemple. Les croyances qui nous poussent à enfiler tel ou tel rôle relationnel varient non seulement en fonction de la situation, mais aussi en fonction de nos opinions, principes, valeurs etc.
Ainsi l’autre jour, une de mes clientes me raconte comme elle s’est énervée contre un collègue qui avait beaucoup de retard à leur rendez-vous, parce que la ponctualité, c’est important. En fait, ce retard et le fait d’attendre lui renvoient un manque d’affirmation qui la pousse à accepter nombre de situations inacceptables pour elle.
En bref, quand nous voulons obtenir quelque chose, nos systèmes de croyances sur la façon de l’obtenir, renforcés par la peur de ne pas l’obtenir et les “preuves” que notre cerveau obéissant a accumulées pour nous, se met en route, et nous voilà déguisés en sauveur, victime ou persécuteur.
Et nous voilà emmêlés dans des relations de pouvoir où il ne fait pas bon vivre! Car la manipulation qu’elles impliquent comporte un risque élevé d’effet boomerang, d’arroseur arrosé. Ce que nous obtenons par la force n’a pas exactement un goût de reconnaissance et la majeure partie de la satisfaction recherchée n’est pas obtenue, elle. Et, cerise pourrie sur un sale gâteau, c’est la nature même de la relation qui finit dénaturée et seul l’égo vaniteux y trouve son compte. Or cet égo est aux antipodes de l’estime de soi.
On se retrouve enfermés dans des schémas sinistres où les persécuteurs ont le sentiment d’être seuls, les sauveurs, qu’on profite d’eux, les victimes que les autres sont des affreux et tout le monde a un point commun: celui d’être royalement incompris.
L’ignorance à l’origine des rôles relationnels
Nous ignorons comment faire autrement, tout simplement. Nous n’avons pas appris à faire autrement, nous ne faisons que reproduire des schémas utilisés tout autour de nous quand nous étions petits, en particulier par des parents qui cherchaient par de nombreux moyens à obtenir de nous ce qu’ils voulaient. Eux-mêmes faisaient ce qu’ils pouvaient, ne savaient pas faire autrement, et reproduisaient les mêmes schémas. Et comme une écrasante majorité les reproduit, nous continuons, à l’âge adulte, à fonctionner de la même manière.
Pour en rajouter une louche, comme notre attention se porte facilement sur ce à quoi nous nous attendons, depuis l’enfance, nous avons accumulé des tas de preuves de ce que nous croyons, et soigneusement omis les occurences du contraire.
Auto coaching : sortir de nos croyances pour sortir de nos rôles
Identifier les convictions limitantes qui nous poussent à endosser l’un des trois rôles est l’un des moyens pour sortir de ces rôles pénibles et nous permet de mettre en place un système de croyances plus objectives et propices à l’expérimentation de techniques éthiques d’affirmation, de communication et d’interaction, plus reposantes pour toutes les parties, plus constructives pour l’estime de soi, plus efficaces et plus satisfaisantes.
Et vous, quelles sont les convictions qui vous poussent à endosser tel ou tel rôle ?
Quelles sont les convictions que vous entretenez en endossant ces rôles ?
Ces convictions, d’où viennent-elles ?
Sont-elles toujours vraies ?
Quel est le bénéfice de croire cela ?
Quels sont les coûts ?
Que serait-il plus juste de croire ?
De quoi avez-vous besoin pour accepter qu’on vous dise non ?
Voir aussi:
Les dossiers d’Ithaque: Mieux communiquer
Les dossiers d’Ithaque: Bien-être et estime de soi
Les dossiers d’Ithaque: Développer ses talents et ressources
Les dossiers d’Ithaque: Entretenir des relations saines
Sortir des rôles relationnels: ebook gratuit
Coaching relationnel
Pas facile de déterminer ces convictions limitantes… Moi, je me retrouve plus dans le rôle de “sauveur”, mais pourquoi ? Je sais pas, ça doit remonter à ma tendre enfance… Peut-être en tant que grande soeur… J’ai du mal à cerner ça…
Première visite sur ce blog et wouah !!
Un article vraiment très bien fais et qui sort de l’ordinaire avec un côté d’antrhopologie / pyschologie que j’affectionne particulièrement.
Ces trois profils ne sont que trop vrais et on honte de voir que l’on y correspond..
Bravo, continuer ainsi !