Où je vous invite à rencontrer Emmanuelle Turquet, qui titille les papilles du goût des saveurs en liberté, pas du tout pour s’imaginer à Masterchef, mais pour leur rendre un pouvoir inattendu, qu’elle a compilé dans un ebook délectable : celui d’aller à la rencontre de nous-mêmes, des autres, du monde et de pacifier nos relations à tout cela (ou à tous ceux-là). La cuisine comme vecteur de développement personnel, c’est savoureux !
Connaissance de soi: faire cuisine de soi-même
J’ai rencontré Emmanuelle Turquet par l’intermédiaire d’Ariane Grumbach, la diététicienne gourmande qui redonne un sens jubilatoire et savoureux à la relation à l’alimentation. Emmanuelle a un de ces parcours comme je les aime, atypique, bien sûr, mais surtout elle a inventé et façonné le métier qui lui convient : elle est la fondatrice de Papilles Créatives, où elle propose des ateliers de cuisine comme vecteur de développement personnel.
Et elle n’a pas que les papilles qui pétillent : sa vivacité et son enthousiasme ont titillé ma curiosité, aussi lorsqu’elle m’a parlé de son ebook sur la relation entre cuisine et développement de soi, je n’ai pas pu résister (ou plutôt, je n’ai pas essayé de résister, j’ai sauté sur l’occasion). La lecture de cet ebook m’a séduite par l’originalité et la pertinence du discours. Outre le fait que je me suis reconnue dans certains des éléments développés (cuisiner me détend, m’ancre dans le présent et me permet de laisser mon cerveau fonctionner sans moi), j’ai aimé le travail de réflexion qui sous-tend son propos et sa méthode.
De façon générale, je crois peu à l’accompagnement thématique comme vecteur universel de mieux-être (il faudrait me payer cher pour faire un séminaire de cohésion d’équipe sur un voilier). En revanche, les biais thématiques sont des moyens puissants de connaissance de soi et de micro-changements vers davantage de bien-être lorsqu’ils nous parlent, nous tentent ou attisent notre curiosité. L’ebook d’Emmanuelle Turquet a attisé la mienne, car il parle, en quelque sorte, de se mettre en cuisine pour faire cuisine de soi-même et de sa relation à soi, aux autres, au monde. Et ce, sans se croire dans Top chef, mais au contraire en liberté et de créativité.
Du coup, j’ai eu envie de l’inviter à venir nous parler de son parcours, de son métier, de ses ateliers et de son livre blanc.
Papilles créatives : une histoire de reconversion
Comment t’est venue l’idée de Papilles créatives ?
« Comme une révélation en fait ! Je voulais changer d’orientation professionnelle et trouver à la fois un métier relationnel, sensoriel et créatif. Faute de le trouver, je l’ai créé : partant du principe que la cuisine me procurait détente et bien-être et me permettait de lâcher mon mental et de me reconnecter à mes sensations, j’ai eu envie d’utiliser ce médiateur pour aider d’autres personnes à aller mieux.
De formation commerciale, rien ne me prédisposait a priori à utiliser la cuisine comme médiateur de développement personnel. Papilles Créatives, c’est donc l’histoire d’une reconversion, préparée patiemment depuis 2 ans, période pendant laquelle je me suis formée dans les domaines suivants :
- Accompagnement individuel et collectif : Art thérapie, Relation d’aide, Gestion et animation de groupe, relaxation psycho-sensorielle, sophrologie ludique
- Communication et développement personnel : PNL, Analyse transactionnelle, Process Com
- Reconversion culinaire de 6 semaines à l’Atelier des Chefs »
Donc, chez Papilles Créatives, « utiliser la cuisine pour aider les personnes à se faire du bien », ce n’est pas un Nième cours de cuisine pour maigrir miraculeusement, retrouver une santé de fer, épater ses copains ou se préparer pour une téléréalité. Alors c’est quoi ?
Rien à voir avec tout ça en effet. A l’origine de Papilles Créatives, il y a 2 convictions très fortes. D’abord celle qui dit « stop aux plats compliqués, à la recherche de la performance et à la compétition » en cuisine (dérive largement encouragée par la cuisine spectacle et ultra-médiatisée d’aujourd’hui) et invite à revenir au plaisir simple et décomplexé de cette activité banale de la vie quotidienne. Ensuite une conviction qui s’érige contre les diktats, la culpabilité et les doctrines imposées en matière culinaire et propose de se faire confiance, d’arrêter de penser la nourriture par procuration et de remettre ses papilles aux commandes.
Dans les ateliers Papilles Créatives, pas de chef, pas d’élève et pas même de recette à suivre ! Les participants sont invités à explorer leur créativité culinaire, à suivre leur intuition et à oser des associations d’aliments inédites. Outre le fait qu’ils réhabilitent le plaisir tout simple de cuisiner, ces ateliers utilisent aussi la cuisine comme un prétexte pour entrer en contact avec ses ressentis, questionner son identité et ses fonctionnements et donc mieux se connaître. Ils permettent de se reconnecter à soi, voire même de découvrir des facettes parfois inexplorées de sa personnalité. La cuisine au service du développement personnel en somme !
Si dans tes ateliers on n’apprend pas à cuisiner, on y fait quoi ?
En sortant d’un atelier Papilles Créatives, vous n’aurez en effet pas appris des techniques ou des tours de main culinaires et vous ne saurez peut-être même pas mieux cuisiner ! Mais vous ressortirez avec l’envie de vous faire plaisir en cuisine, l’envie d’expérimenter des associations nouvelles, en faisant confiance à votre intuition. Et peut-être l’envie aussi d’investiguer d’autres facettes de vous ou de mettre en œuvre des fonctionnements différents au-delà de la cuisine.
Comment ? Tout simplement par le biais (et la magie !) de la créativité. Plusieurs temps forts dans les ateliers Papilles Créatives : d’abord des activités sensorielles, corporelles ou de relaxation pour débrancher le mental et vous permettre de vous reconnecter à vous. Ensuite l’activité culinaire proprement dite où vous improviserez des plats sur la base de propositions créatives et ludiques. Toute une panoplie de légumes, fruits, épices, herbes fraîches et huiles, adjuvants et condiments variés mais aussi charcuterie, œufs et fromages est à votre disposition. Ce sera à vous de piocher selon votre inspiration et vos envies. Suivra ensuite une phase de debriefing pour essayer de mettre des mots sur ce qui a émergé pendant le processus créatif et comment vous l’avez vécu. Et l’atelier se clôturera bien-sûr par une dégustation !
Dans ton livre blanc, tu parles de la cuisine comme d’un « catalyseur de transformation personnelle » : Que peut-on transformer concrètement et durablement au travers de la cuisine ?
Plein de choses ! Déjà la cuisine permet d’améliorer sa confiance en soi et de prendre conscience de ses ressources. Pas besoin d’être un chef pour se faire plaisir en cuisine et le triomphal « c’est moi qui l’ai fait ! » est un puissant dopant de l’estime de soi. La cuisine permet aussi de développer ses capacités d’adaptation aux différents aléas qui se présentent. Comme tout n’est pas contrôlable et que tous les plats finiront de toute façon broyés et digérés, la cuisine nous invite à mieux tolérer l’incertitude et l’impermanence des choses.
C’est aussi l’occasion de se reconnecter avec ses sensations corporelles, souvent négligées au profit du cérébral et une invitation à porter une meilleure attention à soi. Activité absorbante, la cuisine invite aussi à rester dans l’instant présent et permet de pacifier ses émotions.
Dans son acception ludique et décomplexée, la cuisine permet également de développer sa créativité et d’aiguiser son envie d’explorer des solutions innovantes, sans peur de l’échec ou du jugement et sans objectif de résultat. Au-delà de ces différentes facettes, la cuisine invite aussi à prendre conscience de qui on est, avec nos croyances (dont certaines ne nous appartiennent pas) et nos modes de relation et de fonctionnement aux autres. Charge à nous alors de décider de les faire évoluer pour édicter ses propres règles et prendre sereinement sa place dans un groupe.
Comment la cuisine peut-elle nous amener, par exemple, à plus de tolérance ou d’assertivité ?
Plus de tolérance d’abord parce que cuisiner en groupe permet de se rendre compte que nous avons tous des goûts mais aussi des pratiques culinaires différentes, issues de notre éducation, de notre milieu socio-culturel et de notre vécu. Chacun de nous est unique et singulier et la cuisine invite à découvrir l’autre dans son altérité et à faire preuve de tolérance, d’esprit d’ouverture et de respect. Dans une rencontre culinaire (cuisiner à plusieurs, partager un repas..), c’est notre capacité à donner comme à recevoir, à accepter d’être touché par l’autre qui est questionnée.
Plus d’assertivité ensuite parce qu’on est en cuisine comme on est dans nos relations aux autres. Leader ou en retrait, obsédé par la peur de rater et d’être jugé ou au contraire confiant, observateur et facilitateur ou autoritaire. S’observer cuisiner avec d’autres est riche de sens et invite à prendre conscience et questionner ses fonctionnements pour pouvoir être en capacité de les ajuster. L’enjeu est bien de se reconnecter à soi pour être au clair sur ses besoins et faire entendre sa voix avec assertivité et sans agressivité ou manipulation. Ni conformiste, ni rebelle mais bel et bien autonome et en accord avec soi-même.
L’ebook détaille les différentes dimensions de relation à soi, aux autres et au monde qui sont abordées dans tes ateliers. Qu’est-ce qui t’a motivé à l’écrire et à le publier ?
Tout simplement parce que je suis convaincue que la cuisine thérapie, la cuisine au service du développement personnel, c’est un territoire vierge qui a de l’avenir. On regarde la cuisine par un seul bout de la lorgnette alors que c’est un formidable catalyseur de connaissance de soi et ce serait chouette de changer de lunette pour aller observer ces champs inexplorés. Il y en a marre des diktats culinaires qui culpabilisent, de la cuisine spectacle qui inhibe et des règles sur ce qu’on doit manger ou pas et tout ce qui nous pousse à vivre la cuisine par procuration, c’est-à-dire sans se poser de questions sur ce qu’on veut vraiment.
Je souhaite au travers de cet ebook transmettre ma vision de la cuisine : celle d’un moment d’intimité qui ramène à soi, une parenthèse créative et récréative, intuitive et décomplexée qui permet de mieux se comprendre. Cela va donc plus loin que la seule improvisation culinaire ! L’ADN de Papilles Créatives, c’est une cuisine qui invite à être à l’écoute de soi et de ses relations avec les autres et le monde. De façon manuelle, sensorielle, ludique, la cuisine est l’occasion de s’offrir une bulle entre deux réalités intérieure et extérieure. Elle permet de s’interroger sur ce qui sonne juste pour nous et pourquoi nous faisons ce que nous faisons, elle nous invite à nous émanciper des règles et des croyances établies. Elle peut ainsi contribuer à une transformation personnelle. C’est l’étincelle que j’ai envie d’allumer : que chacun puisse explorer par lui-même ce que la cuisine raconte de lui et se découvrir de cette manière-là.
Et pour vous mettre l’eau à la bouche, un extrait:
La cuisine nous invite à découvrir l’autre dans son altérité
En matière de goût et de perceptions sensorielles, les variations
d’un individu à l’autre sont très grandes. Des différences de
perception et d’appréciation existent entre individus pour un
même aliment. Chacun étant unique par sa sensibilité et son
vécu, cuisiner et déguster avec d’autres apprend à respecter
ces différences, et invite à la tolérance.
De façon plus symbolique ou métaphorique, nos expressions
fétiches empruntées à la cuisine éclairent sur notre façon
d’être avec les autres. Comment perçoit-on son impact dans
l’interaction avec les autres, comment ajuste-t-on ses
comportements selon qu’on se considère comme étant « bonne
pâte », selon qu’on « marche sur des oeufs » ou qu’on ait
tendance à « mettre de l’huile sur le feu » par exemple ? »
Pour déguster cet ebook gratuit dans son intégralité, c’est là La cuisine au service du développement personnel
Pour en savoir plus: le site Papilles Créatives: c’est beau et ça donne envie
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