Lorsque le désir de reconversion se fait sentir, pour beaucoup de candidats, là où ça pique, c’est changer de métier, oui, mais dans quoi ? Abordons la question la plus épineuse et donc la plus négligée des publications sur un changement de métier: celle de l’identification d’une voie de reconversion.
Introuvable réponse à l’épineuse question de l’identification d’une voie de reconversion
J’ai beau chercher, j’ai bien du mal à trouver des publications qui proposent autre chose que quelques questions creuses et l’improductif bilan de compétences pour identifier une voie de reconversion. Mettons tout de suite de côté les méthodes mystères qui vous promettent « le métier de vos rêves » qu’on imagine être tests de personnalité dont on connaît les limites: elles ne sont pas des techniques dignes de ce nom. Il y avait bien la video de Fadhila Brahimi qui suggérait une alternative plus rigolote et plus pertinente : aller regarder du côté de ses rêves d’enfance, peut-être d’ailleurs pas tant pour devenir vétérinaire pompier ou infirmière, mais pour faire émerger des pistes et des idées. Sinon, pas grand chose à se mettre sous la dent, on glisse discrètement sous le tapis la question à laquelle on ne sait pas répondre…
Pourtant, l’identification d’une voie de reconversion est la question la plus délicate pour ceux qui sont titillés par un désir de changer de métier sans savoir vers quoi s’orienter. Elle les plonge dans des abîmes de perplexité : Comment s’y prendre concrètement, quand on n’a aucune idée, le sentiment de ne pas avoir de passion (ou qu’on n’a pas envie de faire d’une passion un métier). Comment s’y prendre concrètement lorsqu’à l’inverse, il y a plein de choses qui nous intéressent et que ça joue la valse confusion dans nos têtes ? Pour beaucoup, le casse-ête chinois commence là.
Alors ils cherchent sur Internet et tombent sur des questions inutiles (genre quelles sont vos valeurs) qui ont vite fait de les enfermer des réflexions qui tournent en rond et n’aboutissent à rien. Ou encore sur des affirmations déroutantes sur le fait qu’il faut « trouver sa passion ». Ou enfin sur l’absence pur et simple de cette étape, dans des publications intitulées « réussir sa reconversion » qui commencent par « une fois que vous savez vers quoi vous voulez aller ». Et le brouhaha intérieur s’installe qui génère plus de frustration, d’agacement, d’angoisse ou de découragement que de sentiment d’avancer.
Processus lent et itinéraire singulier
Comment expliquer l’étrange omission de cette étape pourtant cruciale dans un parcours de reconversion? Parce que faire émerger des pistes est un processus lent, un cheminement sinueux, un itinéraire singulier, impossible à résumer en une méthode figée faite de deux ou trois recettes ou quelques “bonnes questions” à se poser. Un parcours complexe dans lequel on fait sens, petit à petit, de pelletées d’éléments enchevêtrés qui sont les mille facettes de la personnalité du candidat au changement de métier, et qui ont été patiemment détectées et verbalisées. L’identification peut se passer de bien des manières, par bien des biais et elle suit rarement un parcours modélisable. Voilà pourquoi l’identification est si peu abordée : c’est un aspect peu vendeur car complexe qui lui vaut d’être la grande absente des bons conseils sur la reconversion.
Le seul point commun à tous ces cheminements, c’est l’émergence d’une voie de reconversion se produit souvent au travers d’une idée qui, tout d’un coup, traverse l’esprit, fait plus sens que les autres, une piste qui parle davantage autant à la tête qu’aux tripes et qui rend le candidat impatient d’aller enquêter dessus.
Cette piste est souvent le fruit d’une conjonction d’éléments qui ressemble à une idée que le candidat s’approprie tout de suite, sans trop savoir pourquoi ou comment au premier abord. Elle est rarement issue de la mise sur un plateau. Elle surgit parfois suite à une suggestion, au hasard d’une rencontre, d’une conversation pendant le parcours de réflexion. Parfois elle émerge au détour de la connexion avec un besoin professionnel, l’expression concrète d’une valeur motrice qui entre en résonance avec d’autres et forme un tout qui apparaît cohérent.
Paravents et auto-censure
L’identification d’une voie de reconversion est un processus inscrit dans le temps, qui donne le temps eu temps, fait de parole libre et d’introspection, d’exploration de soi et des très vastes possibilités du monde du travail, de sérendipité, parfois aussi d’expérimentations, d’expériences. Dans tous les cas, un processus qu’il convient de ne pas forcer pour éviter les pistes paravents (l’arbre qui cache la forêt, en termes de besoins professionnels) qui peuvent générer un engouement fort. Ces paravents sont de métiers qui sortent du panier lorsqu’on a connecté avec des besoins professionnels importants et qui ont l’air d’une vraie piste justement parce qu’ils y répondent. Mais qui vont vite se révéler insuffisants.
C’est potentiellement un processus frustrant, car trop souvent les candidats à la reconversion explorent leur désir parce que la situation professionnelle actuelle est devenue éminemment inconfortable et il devient urgent de lui trouver une alternative. C’est ainsi qu’ils se retrouvent à espérer du bilan de compétences, d’un test de personnalité ou de la promesse d’une solution express une voie de reconversion, LA voie de reconversion, SA voie de reconversion.
Et c’est là que le grain de sable commence à enrayer la machine : quand l’obligation, les injonctions, les croyances limitantes et l’urgence empêchent la formidable turbine à penser située pile poil entre nos deux oreilles de fonctionner à sa manière, de produire des idées, de prendre le temps de les retourner dans tous les sens et les invalide avant même leur apparition. L’auto-censure: voilà l’ennemi de l’identification d’une voie de reconversion.
Trouver une voie de reconversion : se libérer des injonctions
La première étape pour laisser émerger des possibilités de métiers futur consiste à se libérer de tous les carcans qui enferment la pensée et ne l’autorisent qu’à naviguer dans les chenaux étroits de la prudence et des conventions, faute de quoi les cactus du réalisme s’occuperont de vous remettre dans le droit chemin !
Nous verrons la semaine prochaine, dans un second volet, les pistes pour se libérer de l’auto-censure et des injonctions et les super-pouvoirs de ceux qui n’ont pas de vocation pour permettre à sa théière de se mettre en douce ébullition et d’apprivoiser l’épineuse question pour se mettre en route dans le crépuscule vers les ailleurs professionnels jubilatoires de l’identification d’une voie de reconversion;)
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Aller plus loin
Vous voulez explorer votre désir de reconversion professionnelle et définir un projet motivant, faisable, qui parle à vos tripes? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual.
Merci Sylvaine pour ce billet : moi je demande toujours à mon interlocuteur ce qu’il ferait si absolument personne n’était au courant ( comme l’agent 007) : ça aide bien.
Ensuite j’utilise différents outils de créativité, de mimétisme, d’association … pour aider à accoucher de l’idée du projet dans ma formation. Je suis ravie des résultats de la formation et cela peut aider même des personnes qui ne veulent pas d’une reconversion entrepreneuriale mais d’une reconversion salariale.
Au plaisir d’en reparler
Antonella
Bonjour Antonella,
Deux points que je trouve intéressants dans ton commentaire:
1- une multiplicité d’outils, la solution miracle ne tombe pas d’un outil miracle!
2- Des outils métaphoriques, ludiques, indirects, originaux pour faire jaillir des idées
ces deux principes pour que le client puisse trouver parmi ces multiples portes celle qui va lui permettre d’identifier une voie de reconversion. J’aime bien^^