Parfois, face à une monde frénétiquement en mouvement et qui se préoccupe un peu trop de rentabiliser le temps, c’est en gagner que de le perdre. Parfois, se mettre l’esprit en vacance, la comprenette au repos et ne rien faire peut devenir un acte de résistance salutaire.
La bulle a du bon
Un moment de paresse, c’est un instant de poésie, où l’on se prend à lézarder en rêverie… notre temps est tellement précieux qu’il mérite qu’on le goûte alors de temps à autre et qu’on se laisse emporter par une délicieuse oisiveté.
Parce que la bulle a du bon, qui nous permet de nous mettre la théière aux abonnés absents et de laisser passer la lumière d’une désoccupation contemplative où l’on parvient enfin à s’écouter vivre
La bulle a tout bon
Parce qu’il y a du bon à peigner la girafe et à y trouver une source inépuisable d’inspiration, de repos autant que de vitamines mentales, je célèbre aussi, depuis les débuts d’Ithaque coaching, les bienfaits de la bulle décomplexée pour une autre raison : comme un acte de résistance destiné à s’affranchir d’un monde sans joie, d’un monde professionnel qui nous a transformés, l’air de rien, en combustible pour entreprises essentiellement préoccupées de performance normée. Sans voir combien celle-ci contient son propre piège, mélange sournois d’obligation et d’usure. Alors j’aborde régulièrement le sujet, sous plusieurs angles :
- Apologie de la glandouille
- Les vertus insoupçonnées de la rêverie
- Céder à la flemme
- Ralentir: les bienfaits de la lenteur
- Les instants contemplatifs
Selon l’essayiste britannique Tom Hodgkison, fondateur de la revue The Idler, « le paresseux », auteur de L’art d’être oisif dans un monde de dingue interviewé par France culture, prendre le temps est important pour se nourrir l’âme et se nourrir de sa communauté. Et s’il oppose les « forces du travail » aux « forces du loisir » il me semble qu’on peut conjuguer les deux, parfois comme on peut, parfois comme bon nous semble, et cultiver la flemme, l’oisiveté, la contemplation, la bulle, juste parce que la décélération a tout bon : elle nous protège d’une société que Christophe André avait qualifiée de « psychotoxique » sans passer par la très en vogue et très utilitariste méditation obligatoire.
Il n’y a ni vertu morale ni bénéfice universel à être sans cesse affairé(e), à occuper chaque seconde sa journée, à se lever tôt, à minuter, à rentabiliser, à être surchargé(e) et à ne jamais avoir le temps de prendre son temps, à considérer la sieste, la rêverie ou la contemplation comme une flemmardise de fainéant. « La sieste est une réappropriation par soi de son propre temps, hors des contrôles horlogers, elle est émancipatrice » dit Tom Hodgkison. Et pas que la sieste !
La bulle plutôt que la rate au court-bouillon
L’idée de la bulle libératrice n’a rien de nouveau, qui faisait déjà parler Lafargue de « Droit à la paresse », dire à Henri Salvador que les prisonniers du boulot ne font pas de vieux os et « Toi aussi faut que tu remues, que tu cavales.. Mais qu’est-ce qu’ils ont tous ? On a le temps, faut prendre le temps de prendre son temps » à Alexandre le bienheureux, libéré d’une dure vie de labeur et contestataire contagieux, donc forcément dangereux.
La bulle décontractée en mode Gaston Lagaffe, quant à elle, est en train de regagner ses lettres de noblesse et considérée à présent « très moderne » (parfois jusqu’à un certain degré d’absurdité). Car il était déjà à contre-courant des « cadences infernales » qui sont aujourd’hui le lot de la plupart des salariés. Rebelle pacifique à son propre bullshit job, il cultive une oisiveté joyeuse qui lui permet non pas d’être un modèle d’apathie, mais de mettre son énergie au service de ses mille et unes idées. Alors nous aussi, nous pouvons enfiler un pull à col roulé et devenir les champions de la dissidence professionnelle, nous pouvons sauver Boudu des eaux, cesser de n’être que des bêtes de sommes en réintégrant dans nos vies des instants de désœuvrement réjoui : parce que les doigts de pieds en bouquet de violettes, c’est mieux que la rate au court-bouillon !
C’est mieux pour apaiser nos cafetières trop pleines, pour retrouver le temps de vivre, le goût de vivre et aussi pour travailler moins travailler mieux. Parce que la réussite d’une vie ne passe pas que par le travail.
Et vous, pratiquez-vous la bulle, la glandouille, la rêverie, la contemplation?
Cédez-vous parfois à la flemme?
Essayez-vous de travailler moins travailler mieux pour avoir du temps pour vous et ce(ux) que vous aimez?
Voir aussi
- Travailler moins travailler mieux: il y a une vie après le boulot!
- 10 façons de se lâcher la grappe pour vivre mieux
- La vie est trop courte pour oublier de prendre le temps
- Créativité: il est temps de se mettre au vert!
- Vitamines mentales: le bain de nature
- L’injoignabilité heureuse
Aller plus loin
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