Evidemment, quand on parle de se contenter de peu, on a vite fait de s’imaginer qu’on va parler de vie frugale, de se débarrasser du superflu, de l’avoir plein nos armoires qui encombre nos têtes et nuit au sentiment d’être heureux. Mais non! Il est question de joie et de vitamines mentales!
Se contenter de peu
Je me souviens, il y a bien longtemps, d’escapades dans les Pyrénées où l’on se retrouvait tout juste bons à lessiver, après plusieurs bivouacs sous les cimes et toilettes de chat dans des torrents glacés. Le mince filet d’eau tiède des 7 minutes autorisées dans les douches des rares refuges apparaissaient alors comme la plus délicieuse et la plus revigorante des baignades : on y redécouvrait le plaisir immense de l’eau sur la peau, parce qu’on en avait été privés. Et il en va ainsi de beaucoup de choses : c’est souvent dépouillés de ce dont nous avons besoin que nous en retrouvons le goût. Trop habitués que nous sommes à leur présence, nous en oublions leurs bienfaits.
Mais quand je dis « on », c’est inexact, car il se trouvait toujours dans les refuges un quidam à l’esprit chagrin pour s’agacer de la douche de 7 minutes. Pas assez abondante pour se laver les cheveux, trop courte pour en profiter, pas assez chaude pour être agréable, trop pure pour bien se rincer, bref, cette douche inespérée manquait à toutes ses obligations et le grincheux n’en ressortait ni rafraîchi ni détendu. En d’autres termes, heureux ceux qui savaient s’en contenter, car vous imaginez aisément qui se désaltérait l’âme et se délassait les articulations et qui s’irritait le tube digestif.
Pourtant, une fois que nous avons un toit sur nos têtes, un lit pour dormir et un repas sur la table, un moyen de nous rendre là où nous avons besoin d’aller, tout le reste est une aise supplémentaire dont nous pouvons nous réjouir : si nous en étions privés, nous nagerions alors dans le déplaisir et l’inconfort. Peut-être alors que nous pouvons nous contenter de peu, pour pouvoir jouir de tout.
La merveilleuse banalité, alternative au toujours plus instagrammé
Savoir se contenter de la merveilleuse banalité de l’ordinaire serait alors une alternative à une drôle d’époque qui instagramme de l’extraordinaire en veux-tu en voilà, au point d’en faire une nouvelle norme, un toujours plus qui pousse l’absurdité de la vie jusqu’à faire la queue au Machu Pichu pour une simple photo et jusqu’à nous faire croire qu’à défaut de ça, nous avons raté nos vies.
De l’énergie pour nos aspirations
Une alternative heureuse car tout ce qui dépasse le peu en question – que chacun est libre de définir pour lui/elle-même – devient précieuse fontaine de jouvence sous forme de jouissance!
Car se contenter de peu ne veut pas dire se limiter à peu, borner ses désirs à pas grand-chose et brider ses ambitions et ses aspirations. Se contenter d’une fleur pour trouver le jardin beau ne veut pas dire se résigner à ce qu’il n’y en ait qu’une ou ne pas avoir envie d’en ajouter. Ca signifie être capable de nous réjouir d’en voir ne serait-ce qu’une. Parce que c’est déjà ça, comme dirait Souchon d’un ton sensible et léger.
Se contenter ne veut pas non plus dire s’estimer chanceux d’être ce que l’on est ou d’avoir ce que l’on a, en comparaison de moins chanceux que nous et en obligation de verre à moitié plein.
Se contenter de peu non pas pour accepter sans questionner des conditions insuffisantes ou culpabiliser d’avoir des ambitions. Au contraire ! Se contenter de peu, c’est retrouver la joie de vivre en étant capable d’habiter davantage nos vies, jusque dans ce qu’elles ont de plus ordinaire, d’apprécier même les petites choses, les choses banales, évidentes, pour en tirer l’énergie vitale utile à la réalisation de nos aspirations.
On peut avoir toutes les ambitions qu’on veut et savoir se contenter de peu c’est s’assurer que tout ce qui vient au-delà de ce peu devient une source immense et inestimable de joie, de plaisir, bref, de vitamines mentales.
Et vous, de quoi vous contentez-vous?
Si vous faites la liste de ce qui vous suffit, qu’est-ce qui s’ajoute à ce minimum nécessaire et redevient pur plaisir, source de joie, de contentement, de satisfaction?
Crédit photo: Refuge d’Arrémoulit – Wikipedia
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Se contenter de peu ne signifie pas ne pas vouloir plus. A mon avis, se contenter de peu, c’est apprécier chaque petit moment, être heureux même si on n’a pas tout ce qu’on désire. De plus, il faut savoir qu’on ne peut pas avoir tout ce qu’on désire.
Exactement!