Le monde incertain, instable et effrayant qui se dessine devant nous nécessite plus que jamais un ré-équilibrage émotionnel pour avoir l’énergie nécessaire d’agir et d’interagir malgré les aléas et les tragédies. La poésie des vitamines mentales saisonnières peut être un moyen de nous mettre un peu de baume à l’âme et de recharger régulièrement nos batteries.
Sinistre novembre… besoin de vitamines mentales
Novembre… mois, probablement le plus mal aimé de la portée annulle, avec ses jours qui raccourcissent, sa lumière qui baisse, ses pluies fines et froides, ses habits de grisaille, ses chrysanthèmes… Synonyme d’ennui lugubre (je suis la première à utiliser des expressions telles que « long comme un dimanche de novembre ») de début d’hiver, « Le vent de novembre arrache la dernière feuille », il nous enveloppe d’un manteau de brouillard et nous enlève les dernières lumières d’automne.
“A Sainte-Flora, plus rien ne fleurira.”
“A Sainte-Delphine, mets ton manteau à pèlerine.”
“A Saint-Séverin, chauffe tes reins.”
Bref, novembre s’égrène en dictons cafardeux en veux-tu en-voilà et à la table familiale des mois de l’année, il ne passe pas pour un gai luron.
Et puis disons-le, depuis novembre rouge du sang des innocents, novembre endeuillé de ses enfants, novembre nous rappelle que, plus que jamais, le monde incertain de demain nécessite une solide musette à énergie vitale pour pouvoir affronter ses aléas. J’avais écrit ce post avant les attentats du 13 novembre et ensuite, face au désarroi, aux craintes, à l’abattement ou à la colère, il m’avait semblé encore plus indispensable que chacun puisse trouver des moyens ne pas de laisser happer dans les limbes de l’angoisse et de la morosité, et au contraire d’entretenir une énergie nécessaire pour affronter tout ce que ce monde de plus en plus incompréhensible pourra nous envoyer.
Je vous propose donc un moyen que je me suis concocté pour moi-même pendant une année particulièrement chaotique et endeuillée, un moyen petit et dérisoire, mais dont la poésie a été une véritable ressource pour moi, en jalonnant l’année de petits plaisirs et de petits bonheurs saisonniers.
Des vitamines mentales toute l’année
Chaque mois, y compris les plus lugubres, ont leur lot de pépites, de petites choses précieuses qui, pour peu qu’on choisisse de les savourer, permettent de vivre en harmonie avec les saisons et d’en tirer toutes les vitamines mentales, cette énergie vitale qui prospère tout autour de nous et dont nous sommes parfois un peu oublieux, au détriment de notre entrain et de notre dynamisme. Et c’est bien dommage car inversement, savoir les savourer nous permet d’engranger de la bonne humeur, d’entretenir un bon moral qui participent du dynamisme nécessaire au quotidien autant qu’à l’aptitude à agir face aux simples hauts et bas ou qu’à la capacité de résilience et de rebondir dans l’adversité.
Et l’avantage des vitamines mentales mensuelles, c’est que nous les nous les attendons, nous les anticipons avec délectation, et lorsque leur courte fenêtre d’existence arrive, nous les saisissons presque au vol, comme avec un filet à papillon. Se payer des vitamines mentales par mensualités, c’est rendre de la bonne humeur à chaque mois de l’année et ne plus vivre uniquement en fonction des grandes dates qui la ponctuent d’obligations de toutes sortes ou de promesses de joie à échéance.
Ainsi par exemple novembre vient de neuf, puisque c’était le neuvième mois de l’année et novembre fait du neuf en ce qu’on y finit d’y réparer l’année prochaine dans la nature comme au jardin. On sème les dernières graines et certains arbres finissent de préparer leurs bourgeons avant de s’assoupir en hibernation. Je vous propose donc une petite réflexion en trois parties pour nous réconcilier avec chaque mois et goûter avec volupté ce que chacun a à nous apporter.
1- Manger saisonnier
Vous aimez les fraises et chouette, la mondialisation nous en met sur les étals de marché toute l’année. Mais redécouvrir le plaisir saisonnier des fruits et légumes tient aussi du fait que le reste de l’année, nous en sommes privés. Cette mise entre parenthèse d’un désir engendre un sentiment de frustration qui à son tour augmente le plaisir de façon directement proportionnelle lorsqu’enfin l’envie est satisfaite. Bref : c’est comme les vacances, qui paraissent d’autant plus réjouissantes que nous n’en avons pas tout le temps^^
Et pour renouer avec les fruits et légumes de saison, le si joli calendrier de pissenlit au jardin qui en vend une nouvelle version ici
Et ici des calendriers de fromages et viandes
Et là les poissons, coquillages et crustacés
2- Observer la nature
La nature est remarquable qui change de semaine en semaine à l’insu de nos regards parfois oublieux de son étonnante activité, car nous avons tendance à penser changements saisonniers. Pourtant, septembre n’est pas décembre et ont pourtant en commun d’être l’automne. L’hiver n’est pas qu’un long tunnel de grisaille où les arbres en habit de squelette attendent sagement le printemps et l’été n’est pas que blés blonds et fruits lourds. Chaque mois, des fleurs différentes s’épanouissent, des plantes vivent et disparaissent. Chaque semaine, la physionomie de la nature change imperceptiblement: le vert tendre des premières feuilles qui s’affermit petit à petit, la terre qui se trempe ou s’assèche… observer ces mouvements de la nature est une façon de rester connecté(e) aux mouvements du monde, à la temporalité, aux rythmes et pour ceux qui ont au fond de l’âme des penchants bucoliques, poétiques ou esthétiques, l’observation régulière de la nature peut être une source intarissable d’énergie, de cet enthousiasme intérieur qui aide à déplacer montagnes et collinettes de nos journées. Et puis rappelons que le contact avec la nature en général et la forêt en particulier apaise le stress.
Mais nul besoin d’aller comme moi arpenter les forêts et en explorer soigneusement les recoins méconnus et les chemins peu fréquentés. Les parcs, les pelouses, les buissons, les haies de nos villes sont déjà de biens jolis objets d’observation du passage des semaines, des mois et des saisons.
3- Les vitamines mentales par mensualités
Je vous propose donc un exercice simple pour renouer avec les petits plaisir saisonniers : Noter, pour chaque mois, ce qui vous fait plaisir spécifiquement ce mois-là. Voilà un moyen de remettre du plaisir de saison à chaque moment de l’année et de multiplier les vitamines mentales. Et je me prête à l’exercice : voilà ce que j’aime chaque mois de l’année et je commence par réhabiliter ce mois de novembre si mal aimé^^
Novembre
J’aime les feuilles tombées qui s’amoncellent sur les chemins et qui bruissent quand on met des coups de pied dedans, les premières gelées qui blanchissent les pelouses, la confiture de coings, les chanterelles plein les sous-bois, les châtaignes, on ressort les plaids et les recettes d’hiver, les couettes épaisses dans lesquelles il fait si bon flemasser* le samedi matin, la nuit qui tombe de plus en plus tôt et pousse à se pelotonner contre qui nous tient au chaud à la maison. Les tartes aux épinards, les soupes au potiron, le Beaujolais nouveau juste parce que c’est une tradition rigolotte, la journée de la gentillesse car c’est l’occasion d’en parler… et la nature qui finit de préparer l’année prochaine avant de s’endormir… Et puis aller chercher mon bourrin basque couvert de gadoue au pré pour m’en occuper.
Décembre
Je ne participe pas à la grand-messe consumériste de Noël, aussi décembre est pour moi non pas un mois de course effrénée, mais un mois paisible où l’on ralentit, où l’on cède doucement à une douce torpeur hivernale qui ressemble à l’hibernation, entrecoupée les bonnes années des premières neiges. J’aime le parfum des oranges aux clous de girofle, j’aime les traditions que nous avons inventées (l’arche d’hiver que nous montons le 21 décembre pour accueillir le petit peuple des forêts, si d’aventure il avait froid). J’aime le pain d’épices d’Alsace, les clémentines, les dattes, les grenades, le solstice d’hiver, le cinéma du samedi matin, le 25 décembre dans la forêt, la bulle décomplexée et le bricolage tranquille des derniers jours de l’année, où je prends quelques congés. Et puis aller chercher mon bourrin basque au pré à la nuit tombée, pour m’en occuper.
Janvier
Aaaah, janvier endormi et silencieux où l’on sort emmitouflé, j’aime les écharpes et les bonnets, le vin chaud en rentrant de balade, les pot-au-feu et les soleils frileux. J’aime les matins gelés, j’aime que mon entourage soit enfin sorti du délire de fin d’année : c’est le moment où on sort de l’obligatoire, on range le bling et on revient dans la convivialité. J’aime les salsifis et les gratins de patates, les amaryllis et les camélias et en fin de mois les premiers frémissements de la nouvelle année : des bourgeons qui enflent imperceptiblement, le mimosa qui illumine l’hiver. Et puis aller chercher mon bourrin basque emmitouflé dans sa couverture, pour m’en occuper.
Février
Les jours qui rallongent, les grands froids, le givre et la neige les bonnes années, ce mois si court qu’à peine commencé on court déjà après. J’aime la nature qui s’éveille discrètement l’air de rien et qui commence à se raconter : les perce-neige, les crocus, les bourgeons qui gonflent. J’aime les Mont d’Or aux endives, les salsifis, les soupes de légumes, le début du tournoi des 6 nations, les premières pâquerettes. Et puis aller chercher mon bourrin basque dans son pré gelé pour m’en occuper.
Mars
Mars au nom guerrier! J’aime l’éveil de la nature, les températures qui s’adoucissent, les giboulées, les oiseaux qui font leurs nids, les jonquilles, les narcisses et les jacinthes, la fin du tournoi des 6 nations, le printemps qui s’annonce et souvent se dérobe encore, les premiers cafés en terrasse, le dimanche matin au marché, le passage à l’heure d’été, les maquereaux marinés, les tartes au chou-fleur, patauger dans la boue, les jeunes pousses de fougères enroulées en volutes vert tendre. Et puis aller chercher mon bourrin basque qui patauge les pieds dans la gadoue.
Avril
Avril en costume vert pomme illuminé de mille couleurs ! J’aime le soleil qui s’adoucit, le retour des terrasses, le parfum des glycines, les asperges sauvages, le thym et le romarin qui embaument la garrigue et qu’il est temps de ramasser, les papillons de retour, les 1000 couleurs, les tulipes et les arbres en fleurs. J’aime les bourgeons qui explosent dans la forêt, la force du renouveau, la nature qui vibre, l’énergie qui donne envie d’agir, la fête de la rose et du livre (la Sant Jordi), mes congés dans les Pyrénées orientales, le jambon au petit déjeuner, la Limonette Milles, les bunyetes, les fèves, les St Jacques aux poireaux, et la première tonte de mon vieux Bourrin Basque, après être allée le chercher dans son pré tout reverdi.
Mai
J’ai redécouvert mai l’année dernière, puisque c’était la première fois depuis 15 ans que je n’étais pas en double activité professionnelle et que donc je n’avais que peu le temps de la savourer. J’aime le jaune éclatant des champs de colza, le début des tiers-lieux de travail dans la nature les jours qui commencent à s’étier, l’heure d’été, la douceur qui devient tiède, les premiers pique-niques, les jours fériés, les petits légumes de printemps, les ponts et les jours fériés, le muguet sauvage, les artichauts (aaaah, les artichauts!), le thon cru, les anémones et les asters, les capucines et les églantiers, les vêtements plus légers. Et puis aller chercher mon bourrin basque dans son pré plein de boutons d’or pour m’en occuper.
Juin
J’aime juin parce que c’est un peu le vendredi de l’année. Les promesses des deux mois à venir, farniente, convivialité, détente, qu’on anticipe avec impatience. J’aime les coquelicots, les bleuets, les champs de blé tous verts, le solstice d’été, les fenêtres ouvertes, les couchers de soleil interminables, la Sant Joan, les salades que je commence à improviser, les cerises de Ceret, les Rouges du Roussillon, les marguerites, les renoncules, les premiers barbecues, les apéros en terrasse, le soleil par la fenêtre dès le réveil, les mules et les nu-pieds. Et puis aller chercher mon bourrin basque pour l’emmener brouter toutes les herbes du quartier.
Juillet
La saison des moissons et donc des galopades dans les chaumes, et inversement le ralentissement estival, les doigts de pieds en bouquet de violettes, les tiers-lieux de travail sous le ciel bleu, les siestes dans l’herbe, les nappes colorées, ma région désertée par les estivants qui s’apaise et se détend, le feu d’artifice du 14 juillet, les dîners en terrasse, les pique-niques le soir au bord de la carrière du centre-équestre, mettre des robes d’été, les pêches et les melons, le gaspacho, faire sécher de la menthe et la seconde tonte de mon vieux Bourrin Basque, après être allée le chercher dans son pré qui commence à jaunir.
Août
Langueurs d’août, les longues soirées, la chaleur, j’aime la torpeur moite des nuits d’été. J’aime les figues gorgées de miel qu’on mange dans l’arbre et les mûres dont on fait de la confiture, ramasser des amandes sauvages et des framboises, la reprise du rugby, les barbecues, les apéros Muscat-anchois, les pastèques et les melons jaunes, le début des cèpes certaines années, ces cèpes d’été énormes et sans un ver, les fougères qui commencent déjà à sécher, les orages d’été, les terrines froides aux légumes, les carpaccio de poisson, le Corent, la brise tiède par la fenêtre, la nuit tombée, les odeurs de terre après la pluie. Et puis aller chercher mon bourrin basque dans son pré desséché par l’été pour le doucher et le rafraîchir.
Septembre
La douceur de fin d’été, la lumière et la température qui s’adoucissent, l’éveil après l’alanguissement de l’été, la reprise d’activité, la présence, les bruyères qui habillent les forêts de bleu et de rose, ma thalasso annuelle, la Méditerranée débarrassée de ses touristes, les mirabelles, les colchiques, les pommes de pin qui craquent dans la forêt, les dernières opportunités de tiers-lieux de travail en extérieur dont on profite vite avant l’automne. Et puis aller chercher mon bourrin basque dans son pré qui reverdit.
Octobre
J’aime octobre et son regain d’activité, l’entrain des couleurs fauves, les cèpes à volonté, les coulemelles et pieds-bleus ou rouges que personne ne ramasse, la fraîcheur, la confiture de poire, la cannelle dans le café, les cyclamens rouges et roses, les raisins restés dans les vignes, planter les pensées. Le passage à l’heure d’hiver qui nous fait penser à ralentir, les pulls que l’on ressort avec les bottes et les fringues de demi-saison. Et puis aller chercher mon bourrin basque qui recommence à se rouler dans la boue d’automne.
Et vous, qu’aimez-vous chaque mois, dont vous allez pouvoir profiter davantage ?
Edit de novembre 2017: pour ceux qui ont suivi mon actualité, vous savez que j’ai perdu en début d’année une grande source de vitamines mentales. Mais j’ai préféré laissé ce post tel qu’il m’était venu et en conserver le souvenir intact:)
*Je le préfère à flemmarder 😉
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Merci pour ce si joli et positif billet! Bonjour à votre bourrin basque qui a bien de la chance de se faire bichonner ainsi 🙂
Merci Florence!
Le Bourrin basque vous dit bonjour aussi!