Bien-être: imbuvable, le verre à moitié plein?

Sylvaine Pascual – Publié dans Bien-être et estime de soi / Talents et ressources

 

 

 

Suite de notre série sur les fausses bonnes idées de la pensée positive. Celle qui nous explique qu’il faut voir le verre à moitié plein plutôt que le verre à moitié vide. S’il est vrai que l’excès de pessimisme rend plus pisse-vinaigre qu’un mauvais bouilleur de cru, la tyrannie du verre à moitié plein, quant à elle, avec ses relents de dépuratif en sirop, a vite fait de devenir imbuvable…

 

 

 

 

Un verre à moitié plein, ça va, 3 bonjour les dégâts

 

Il suffirait donc d’apprendre à regarder uniquement les points positifs d’une situation et hop! Les points négatifs s’évanouissent pour laisser la place à un monde merveilleux de bien-être et de douceur de vivre. Le bonheur, c’est quand même pas compliqué! C’est du moins ce qu’on apprend chez ceux qui ont transformé la psychologie positive en recettes miracles.

 

Le verre à moitié plein a une autre vertu, et non des moindres: doctement conseillé, voire exigé, des autres, il permet de ne pas avoir à se coltiner leurs petits nerfs et leurs états d’âme: quand y’a qu’à positiver, chacun est prié de mettre son usine à jérémiades au chômage technique.

 

Un peu de verre à moitié plein, c’est comme le bon vin, ça ne nuit pas à la santé, au contraire, et en plus, c’est plaisant au palais: râler un peu moins, savourer un peu plus ce qu’on a, avoir une capacité à percevoir les éléments positifs d’une situation, de comprendre comment une épreuve a construit la personne que nous sommes etc… Jusque-là tout va bien. C’est quand le verre à moitié plein devient un principe obligatoire et systématique, version soda rose bonbon pour toutes les soifs, qu’il devient indigeste.

 

Sauf qu’à force de regarder le verre à moitié plein, on oublie deux choses importantes:

  1. D’écouter les messages que les émotions négatives (étiquetées verre à moitié vide) nous renvoient.
  2. De se questionner sur les risques, les doutes, les possibilités de verre à moitié vide. Et par extension de les traiter en amont. Certains pensent aujourd’hui que cette culture tyrannique de la pensée positive est à l’origine, aux États-Unis qui en sont l’inventeur, des aveuglements responsables de la crise des subprimes et du fiasco Lehman Brothers (The Dangers of Optimism | Psychology Today et Barbara Ehrenreich: The Relentless Promotion of Positive Thinking)

 

Ajoutez à cette salade quelques brins de visualisation irréaliste du type loi de l’attraction, et vous vous êtes concocté une potion magique: celle qui fait jaillir la déception partout ou se pose l’espoir.

 

 

 

Les dégâts de la pensée positive version verre à moitié plein

 

En vertu du bon principe selon lequel rien ne se perd, rien ne se crée, les sentiments négatifs ne vont pas disparaître, ils vont simplement se déplacer sous des déguisements de stress, d’anxiété, de négativité plus compliqués à déchiffrer, voire illisibles, mais qui vont s’exprimer avec une force grandissante, à mesure qu’ils se rendent compte que vous ne les écoutez pas. Dans le cadre de la vie professionnelle par exemple, les aspects négatifs comme la non qualité du travail sont d’autant plus destructeurs qu’on ne peut pas les nommer (Gaulejac et Hanique, 2015).

Cette négation de la souffrance qui en découle a deux effets pervers:

  • La culpabilisation de celui qui la ressent, et qui finit pas croire que ses neurones doivent être mal connectés pour être autant en dessous de tout et ne pas réussir à rebondir avec habileté, panache et légèreté, comme tout bon surhomme qui se respecte.
  • L’absence de traitement de cette souffrance, puisqu’elle est censée être maîtrisée par le verre à moitié plein. Or, comme toute réaction émotionnelle, elle a besoin d’être accueillie, acceptée, comprise. Elle peut en effet être temporaire et correspondre à une réaction logique à la situation, ou au contraire s’ancrer et nécessiter un passage par la case psy.

Clairement, le sentiment d’être heureux ne se trouve pas plus au fond d’un verre, fut-il plein ou vide, pas plus que sous les sabots d’un cheval: il se travaille et se cultive. Je vous propose donc une alternative plus efficace et durable que le verre à moitié plein à tout crin.

 

 

 

L’alternative: un état d’esprit positif

 

L’alternative est évidemment un état d’esprit positif, qui se nourrit de confiance en soi et d’estime de soi. Il permet d’engranger toutes les vitamines mentales qu’il trouve d’autant plus facilement qu’il est ouvert aux opportunités. En revanche, cet état d’esprit ne va non pas ignorer les difficultés (obstacles en amont, émotions et stratégies en aval), mais au contraire d’en prendre toute la mesure de façon légèrement moins émotionnellement chargée et d’agir sur les aspects de la situation sur lesquels nous avons une marge de manœuvre.

Cet état d’esprit se développe par exemple au travers de trois aptitudes:

 

La capacité à repérer ce qui nous plaît, nous réjouit, nous fait plaisir, nous anime, nous nourrit partout où ces vitamines mentales se trouvent (et non pas dans le verre à moitié plein de situations pourries) pour engranger de la joie et du dynamisme.

 

La capacité à reconnaître ses propres talents et leurs modes d’expression, pour pouvoir les mettre au service des solutions à concocter ou des ajustements à faire.

 

La capacité à regarder les situations désagréables au travers d’un double prisme:

 

  • Celui de la lecture émotionnelle, pour déterminer les besoins mal comblés que cette situation a heurté, et qui demandent à être satisfaits. Et ainsi se débarrasser de la souffrance, de la frustration, de la rumination. Attention, Du temps est nécessaire pour combler ces manques, surtout lorsqu’ils nécessitent de développer une compétence, ou de faire un deuil, littéral ou symbolique.
  • Celui des mécanismes de valorisation, peut-être sous la forme d’un triplette du coaching, pour tirer les leçons de l’expérience et les inclure dans l’élaboration de stratégies/solutions nouvelles, au cas où nous serions amenés à nous retrouver un jour dans une expérience similaire. Attention tout de même, certaines situations échappent totalement à notre contrôle et n’ont rien à voir avec des stratégies que nous aurions mises en œuvre. Celles-là se gèrent uniquement sur le plan psychologique et émotionnel.

 

 

 

Voir aussi

 

Les besoins à combler

Mécanismes de valorisation et dévalorisation de soi

Résolution de problème: anticiper au lieu de gémir
S’adapter aux événements extérieurs
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L’identité: acteur ou spectateur de sa propre vie?

10 aptitudes pour une vie sereine et dynamique

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Estime de soi: redécouvrir nos talents
Les qualités de nos défauts

La curiosité est une sacrée qualité!
Renouer avec l’autodidacte qui sommeille en nous
Le bilan d’incompétences

 

 

 

Aller plus loin

 

Vous voulez Développer un état d’esprit positif: serein et dynamique à la fois, qui favorise la  réussite de vos objectifs? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32

 

 

 

 


11 Comments

  • Merci et bravo pour cet article généreux, très intéressant et haut en couleur !

  • Pacha dit :

    Bonsoir Sylvaine,

    La plupart des articles de la rubriques “Voir aussi” aboutissent sur une page overblog vierge. Ces articles ne sont plus disponibles?
    Ou peut on les consulter?

    Le bilan d’incompétences
    Renouer avec l’autodidacte qui sommeille en nous
    Résolution de problème: anticiper au lieu de gémir
    S’adapter aux événements extérieurs
    S’adapter aux événements extérieurs

    Merci

  • Julien dit :

    Un grand merci pour cet article : enfin un grand bol d’air frais ! Il y a un an, j’ai été confronté au film de R.Byrne “Le Secret” par le biais d’un ami qui l’a découvert et en a fait un article sur un forum que nous animons tous les deux – en expliquant combien cette croyance avait changé sa vie. J’ai tout de suite été très mitigé : entre le côté très New Age, un abus agaçant de pseudo-science et la mise en scène franchement bling-bling et poussive. Bien que j’en ai compris les avantages, j’en ai tout de suite vu les limites – et depuis ce temps, je ne cesse de voir fleurir les sites, les blogs et les messages de gratitude sur Facebook – et ça commence à bien faire. Je supporte de moins en moins ce besoin d’étaler sa gratitude – c’est très bien d’en ressentir, mais l’étaler, et même l’imposer de la sorte jusqu’à la lie, comme un martellement… non, là ça devient too much, il y a quelque chose qui cloche. Ce n’est pas ça être positif; ça, c’est porter un masque de clown, faire semblant que tout va bien, que l’univers est bon, généreux, etc. (un peu trop facile quand même de lui coller les qualités qui nous arrange à ce pauvre univers qui ne nous a rien demandé, lui !) – bref, refuser la réalité et jouer l’autruche. Si le prix du bonheur c’est de vivre dans l’illusion alors je préfère autant avoir une vie de malheur, j’aurais au moins la satisfaction d’avoir mené une vie authentique et intègre.

    • Sylvaine Pascual dit :

      Bonjour Julien,
      Ce que tu soulignes, c’est finalement l’excès de l’outil devenu illusion de philosophie de vie et prosélytisme aveugle, et le Secret en est effectivement un exemple flagrant. Tout ce qui conduit à un déni de réalité me gêne aussi, d’autant qu’on peut avoir un état d’esprit positif, entreprenant, enthousiaste, heureux de ce qu’il a sans verser dans des lunettes roses attentistes d’un bonheur que l’univers finira bien par lui envoyer, sacré lui!
      Merci pour ce retour:)

  • sympa le blog j’aime l article, bien documente et interessant

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