Sylvaine Pascual – Publié dans Mieux communiquer
La langue française, sorte d’open source de la communication, met à notre disposition un large éventail de moyens de nuancer notre discours et de l’affiner pour qu’il corresponde à ce que nous pensons. Si tant est que nous disposons d’un vocabulaire légèrement supérieur à celui d’un enfant de 3 ans, nous choisissons les mots que nous utilisons parce qu’ils nous paraissent être les plus adéquats au moment T où nous nous exprimons.
Ce qui en gros signifie que les mots sont directement révélateurs de notre perception du monde et des expériences que nous y faisons.
Affreuse mauvaise herbe | L’exagération catastrophiste Si le degré d’intensité négative du mot que nous employons est élevé, c’est que notre réaction émotionnelle négative est élevée. Ainsi, ceux qui ont tendance à puiser direct dans le champ sémantique de la catastrophe vis à vis des aléas de la vie les perçoivent probablement comme des catastrophes, là où d’autres auront un discours plus neutre et une perception plus vivable. Et disons-le, vivre le moindre obstacle comme une calamité, un désastre, une débâcle, une épreuve, c’est plus fatiguant que de les vivre comme un contretemps, une péripétie, une tribulation, un impondérable. Nous pouvons ainsi déceler dans le langage que nous employons nos propres relations émotionnelles et affectives aux événements de notre vie. Celles-ci sont révélatrices de besoins à satisfaire, de manques qui nous déstabilisent face à ces événements. |
Parfois un simple besoin de reconnaissance peut nous amener à décrire un événement inhabituel avec des termes spectaculaires. Le probème, c’est que nous nous programmons alors à considérer ces événements comme “apocalyptiques”, “abominables” etc. à les vivres d’autant plus mal, à être pessimistes et négatifs.
Les médias, par la recherche de discours percutants destinés à attirer le badaud, nous confrontent sans cesse à des termes excessifs qui entraînent une modification de notre perception. Ainsi tout fait divers devient une tragédie, tout manquement un scandale etc.
La bonne nouvelle, c’est que ce qui peut être programmé peut être déprogrammé. Nous pouvons choisir de désinstallerexageration_catastrophiste2.1.exe de notre disque dur interne et modifier notre perception des événements en modifiant notre discours, comme nous l’avions vu avec la dictature de l’obligation, les généralisations abusives ou encore notre façon de nous parler à nous-même.
Ceci permet de minimiser l’impact émotionnel artificiellement gonflé par l’utilisation d’un mot excessivement fort et au fond inapproprié en utilisant un lexique plus nuancé et adapté à la situation. Attention, il ne s’agit en aucun cas de chercher à se convaincre de choses auxquelles nous ne croyons pas, et encore moins d’instituer une échelle de ce qu’est une catastrophe et de ce qui ne l’est pas.
Auto coaching: déprogrammer son catastophisme verbal
L’exercice proposé ci-dessous est destiné à améliorer la vie, pas à ajouter des contraintes supplémentaires à notre lot quotidien, aussi faites-le en accord avec vous-même. Et si vous constatez que telle situation événement de votre vie est réellement une catastrophe, il convient alors de travailler sur l’émotion, pas sur le discours.
Repérez dans votre discours les mots forts qu’il vous arrive d’utiliser.
Dans quelle situation?
Que pensez-vous réellement de cette situation?
Dans quelle mesure ces mots forts sont-ils appropriés? Exagérés?
Pour ceux qui sont inappropriés:
Que serait-il plus juste de dire?
Quels seraient les mots vraiment adéquats?
Comment allez-vous vous y prendre pour les utiliser à partir de maintenant, face à des situations similaires?
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Je mets de suite en application pour dire : cet article est loin de m’avoir déplu, il serait opportun de le diffuser alentour.
Mon père est exactement comme ça, à voir tout ce qui se passe comme une calamité (c’est son grand mot). Quand mon fils s’est cassé la jambe au ski l’année dernière, il en a fait un drame complet et tous ses amis croyaient que mon fils avait eu un accident vraiment grave! C’est insupportable, mais il y a une chose que je viens de comprendre en vous lisant, c’est qu’il fait ça pour se rendre intéressant. Ce qui est terrible, c’est que ça le rend seulement chiant et que nos évitons de lui parler de beaucoup de choses à cause de ça.