Sylvaine Pascual – Publié dans Entretenir des relations saines / Bien-être et estime de soi
Recevoir – un cadeau, un compliment, une promotion – nous plonge facilement dans une gêne qui suscite des “c’est trop, voyons” mollassons. Et c’est bien dommage, car cette réaction a un impact négatif sur le plaisir et l’estime de soi des deux parties….Apprenons à recevoir! |
Gêne de la vie ordinaire
L’autre jour, scène de la vie ordinaire chez le poissonnier, un client se rend compte au moment de payer qu’il lui manque 50 centimes. Qu’à cela ne tienne, le poissonnier, tout sourire, lui répond que les 50 centimes sont offerts. Le client refuse mordicus “y’a pas de raison” et s’en va dare-dare au crache-oseille du coin. Au retour, le poissonnier, tout décontenancé, insiste. Rien à faire, le client règle ces 50 centimes et s’en va. Et le poissonnier de maugréer que c’est bien la peine de vouloir être sympa…
Cette scène m’a rappelé une grand-mère qui avait le don d’accueillir les petites boîtes de macarons -son pêché mignon – avec un “mais il fallait pas, nunuche” aussi réjouissant qu’agréable et qui donnait envie de les lui faire bouffer AVEC la boîte.
Minimisations et dévalorisation
Disons pour schématiser que de façon générale, savoir recevoir est une compétence relationnelle indispensable et minimiser le plaisir que le geste attentionné nous procure, à coups d’expressions toutes faites du type “il ne fallait pas”, censé être une preuve de politesse, a surtout le défaut de dévaloriser à la fois le donateur et le récipiendaire. Le premier est un crétin incapable de mesurer la valeur de l’événement/l’accomplissement/la personne, et le second est un crétin indigne de tous ces honneurs. Et si j’arrête de schématiser à coup de comparaisons un poil excessives, cela revient à minimiser la valeur du don et de celui qui le reçoit sans le mériter.
On pourra me rétorquer que ce sont simplement des conventions sociales sur lesquelles nous nous entendons tous, cependant je suis convaincue que c’est justement là que se niche l’un des plus sournois des ratés de la communication: car ce que nous ne disons pas n’est tout simplement pas entendu. A l’inverse, ce qui est dit est dit et est le plus souvent entendu tel quel (et puis sinon, il y a risque d’interprétation abusive. Aie, que c’est compliqué de communiquer!)
Politesse et gêne mal placées
Quel est le vilain responsable des minimisations tièdes que nous préférons aux remerciements chaleureux? La politesse et la gêne, me dit-on dans l’oreillette.
La politesse qui consiste à minimiser un don par principe me paraît assez aberrante. Dévaloriser deux personnes d’un coup, je ne trouve pas cela très poli. Si c’est votre cas, peut-être avez-vous besoin de redefinir pour vous-même le cadre de la politesse?
Si nous sommes gênés, c’est peut-être parce que nous craignons d’être redevables, auquel cas nous avons besoin d’apprendre à accepter le don pour ce qu’il est. En effet, par nature un don est unilatéral, sinon il devient un échange, un contrat.
Peut-être que c’est parce que nous ne nous estimons pas à la hauteur du présent, auquel cas nous avons besoin d’apprendre à accepter que le regard que les autres portent sur nous leur appartient et qu’ils ont le droit de penser suffisamment de bien pour nous offrir une chouette compliment ou une belle promotion.
Mini coaching: savoir recevoir
En bref: vous recevez quelque chose, si vous fait plaisir, dites-le!
Accueillir un geste, une attention, un cadeau, un compliment, une promotion, une félicitation, un encouragement en exprimant précisément et simplement la joie et le plaisir que vous avez à les recevoir, c’est une marque de reconnaissance envoyée à notre intelocuteur, c’est une marque de reconnaissance envoyée à nous-même, et inutile de s’étendre davantage dessus: les marques de reconnaissances, nous en avons tous besoin.
Commencez donc par considérer tout geste, toute attention comme un petit paquet de vitamines mentales à consommer sans modération.
Dans les questions de notre mini coaching du jour, le terme cadeau est utilisé de façon générique pour représenter tout ce que l’on peut revevoir: présent compliment, attention, aide et soutien, gestes, encouragements, félicitations, promotions etc…
Dans quelle mesure êtes-vous à l’aise lorsque vous recevez un cadeau?
Dans quelle mesure exprimez-vous exactement ce que vous ressentez?
Qu’est-ce qui vous en empêche?
Qu’est-ce que ça vous dit sur vous-même? Sur vos besoins?
Comment allez-vous remercier la prochaine personne qui vous fait un cadeau?
Vous avez bien entendu le droit de refuser un cadeau. Si ça vous est difficile, apprenez à dire non.
Et si vraiment il ne faut pas vous offrir quoi que ce soit, n’attendez pas que les donneurs aient franchi vos limites: faites unedemande assertive.
Voir aussi
Un petit compliment, pour la route?
Dire les jolies choses que l’on ressent
Mécanismes de valorisation et dévalorisation de soi
Répondre à son besoin d’appartenance sociale
Répondre au besoin de reconnaissance
Les dossiers d’Ithaque: Bien-être et estime de soi
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Aller plus loin
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J’aime bcp ton site, il y a des infos trés utiles.
Et ces gens qui acceptent de recevoir, mais ne sont au final par reconnaissants? Dans le “fallait pas”, il y a aussi un merci.
Dans le simple “merci”, il y a aussi un “c’est normal”.
Mon expérience me prouve que les gens qui ne disent pas “fallait pas” sont ceux qui en général ne sont pas reconnaissants et ne se souviennent même plus du geste.
Je suis sure que ta grand mère se souvient bien plus des macarons offerts que quelqu’un d’autre a qui tu as du en offrir et pour qui c’etait normal!
J’imagine que les gens qui, au fond, n’ont aucune reconnaissance vis-à-vis de ce que nous pouvons leur donner sont l’indicateur d’une question relationnelle: qu’est-ce qui nous pousse à continuer de leur donner? Quelle place pour ces gens-là dans nos vies?
Il arrive aussi que le don, lorsqu’il s’inscrit dans une dimension sauveur, anéantit la reconnaissance, et dans ce cas-là, la question est au coeur de nos propres comportements et de revisiter notre attitude sauveur pour développer une autre posture vis-à-vis des autres (voir: triangle de Karpman)
être en capacité de donner et de recevoir dénote des frustrations profondes …. probablement de profondes névroses … un besoin de faire mal ?? de se faire mal ??????? quel dommage de se priver de recevoir c qui est donné avec le coeur et du plaisir de donner …
Bonjour Michèle,
Je suppose que vous voulez dire “être en incapacité” ? 🙂