Sylvaine Pascual – Publié dans Vie professionnelle
J’ai été invitée par Isabelle Gabreau, dirigeante de l’agence Com’Relais, à intervenir lors d’une conférence organisée par l’association Salveterra, dont le thème était le développement de la visibilité d’une entreprise sur Internet. Le sujet de mon intervention: l’utilisation de Twitter dans le cadre d’une stratégie de présence sur Internet.
Belle initiative
Je voudrais d’abord saluer cette initiative et son efficacité: un format petit déjeuner court, quatre interventions (hormis la mienne, hein;)) pertinentes, claires, concrètes, pragmatiques, de celles qui donnent le sentiment plutôt réjouissant d’avoir appris quelque chose et d’avoir fait bon usage de son temps.
Un site internet pour l’entreprise: conception, référencement et visibilité
Devant un auditoire composé d’entrepreneurs aux horizons très variés: PME diverses, mais aussi expert-comptable, praticienne de Shiatsu, éthologue spécialiste du comportement canin, grossiste en matériel d’équitation, cabinet d’architecte, consultant RH, 5 intervenants ont traité des thèmes liés à la visibilité sur Internet, souvent mal connus et mal maîtrisés de ceux qui n’ont pas eu, jusqu’ici, de raison de s’y consacrer. Retour rapide sur les thèmes abordés:
- La différence entre présence et visibilité: on ne le répétera jamais assez, votre site, c’est l’aiguille dans la botte de foin du web. Si vous ne vous trouvez pas pile poil là où l’internaute va s’asseoir, vous ne lui piquerez jamais le dos (en d’autres termes, il ne risque pas de vous remarquer). Selon les chiffres donnés par Isabelle Gabreau, 30% des PME (seulement!) ont un site Internet, et 90% de ces sites ne sont pas visibles.
- La définition des objectifs du site/blog : un site pour quoi faire? Quelle cible? Quelles fonctionnalités? Des questions essentielles à se poser en amont de la création d’un site/blog.
- La conception et l’ergonomie du site. La stratégie marketing et la ligne éditoriale et donc, par extension, la définition des mots-clés pertinents pour son référencement: les termes utilisés par les professionnels, ceux utilisés par les internautes, les variantes possibles. De même, inclure les mots-clés dans le contenu.
- La nécessité de se faire accompagner par des professionnels: l’entrepreneur, le plus souvent, n’est ni informaticien, ni développeur, ni spécialiste SEO. Et non, nous en avons déjà parlé, le fils de votre voisin qu’est un as de l’informatique, c’est surtout un excellent moyen de foirer votre entreprise.
- L’évolution rapide d’Internet qui nécessite des solutions à la fois durables et facilement modifiables (rien de pire qu’un site dont le look n’a pas changé depuis 2003).
- Le développement de la visibilité, en particulier via les réseaux sociaux. Et c’est là que je suis intervenue, pour parler de Twitter.
Développer la visibilité de son entreprise via Twitter
A l’évidence, il n’était pas question, en quelques minutes, de montrer comment définir des stratégies de visibilité sur Twitter, pour des gens qui n’ont aucune idée de ce que c’est qu’une TL. Il s’agissait essentiellement de leur faire comprendre les avantages que cet outil offre dans le cadre d’une stratégie numérique et du développement de son réseau. Voici donc quelques avantages en vrac.
Réseautage facile
Dans un premier temps, Twitter a assez peu de chance d’apporter une clientèle directe. En revanche, il génère des rencontres et des possibilités gigantesques de développement de réseau professionnel (et personnel), de partenariats. L’énorme avantage, c’est qu’on s’y positionne d’égal à égal plutôt qu’en tant que demandeur (d’un coup de main, de mise en contact ou carrément le racolage de clientèle) comme c’est souvent le cas sur les réseaux sociaux professionnels, dans lesquels il y a peu de possibilités d’échanges. Ici, l’objectif est de montrer qui nous sommes en tant qu’entrepreneur, que prestataire et aussi que personne, au travers de réelles interactions.
Sur Twitter, on sympathise d’abord, ce qui en fait exactement ce qu’un social media est censé permettre, lorsqu’on évite la traduction calque: du relationnel. On suit des personnes parce qu’elles nous paraissent intéressantes, professionnellement parlant, mais aussi parce qu’elles sont agréables, sympathiques. Ce qui rend les échanges naturellement beaucoup plus faciles.
Les partenaires, contacts ou clients potentiels se rapprochent parce qu’ils apprécient l’image véhiculée, en termes de personnalité, d’expertise mais aussi de valeurs. Ils viennent à nous en fonction de ce qui nous anime, ce qui permet un réseautage d’assez bonne qualité, car il se fonde sur des points communs plus avérés que sur une page personnelle.
Cette image gagne donc à être authentique, sous peine de donner le sentiment d’avoir été trompé sur la marchandise. Ainsi, certains rois de la lèche n’hésitent pas à jouer à fond le relationnel sur Twitter, pour donner dans des pratiques de gougnafiers par derrière. Soyons clairs: cela se voit assez rapidement. La communauté à beau être virtuelle, pour peu qu’elle commence à se connaître, elle se parle et une réputation est plus facile à faire qu’à défaire. Ce qui signifie qu’au delà de l’authenticité, un minimum d’éthique, c’est bien aussi. Et c’est sans doute l’un des avantages indirects les plus significatifs de Twitter: il nous oblige à mettre de la cohérence entre la parole et les actes.
Montrer son expertise
Twitter permet de montrer son expertise au travers des contenus partagés. Et partager un contenu pertinent peut devenir une cercle vertueux: car cela signifie faire une veille sérieuse, qui, en nous confrontant à l’actualité du métier, à ses évolutions, renforce l’expertise. Au travers de nos interactions et du contenu, nous entrepreneurs, pouvons montrer nos spécificités dans notre façon d’aborder notre métier et de le pratiquer, ainsi que les valeurs qui nous animent.
Il est possible que certains interlocuteurs n’adhèrent pas. Et c’est tant mieux: on ne peut plaire à tout le monde qu’en étant une girouette neutre et sans convictions. En revanche, ceux qui sont attirés par cette unicité et ces valeurs seront des interlocuteurs ultra qualifiés. Leur valeur en tant que client ou partenaire potentiel n’en sera que plus importante. Ce tri naturel garantit une certaine cohérence entre les clients que nous avons et ceux que nous aimons avoir!
Devenir visible
Même avec un champion du référencement aux commandes, un site/blog met un peu de temps avant de remonter suffisamment dans google pour être facilement accessible à l’internaute au travers de deux ou trois mots-clés pertinents. L’avantage des réseaux sociaux en général, et de Twitter en particulier, c’est de participer à générer sa visibilité en le rendant directement accessible à sa communauté et en générant ainsi du trafic vers lui. Par exemple, le plus souvent, lorsqu’on cherche à déterminer si on va suivre un twittos ou non, on clique sur le lien vers son site. D’autre part, s’il s’agit d’un site dynamique qui génère régulièrement du contenu, celui-ci peut être transmis à sa communauté, dont les membres n’auraient sans doute jamais trouvé le contenu tous seuls.
Se rapprocher de la concurrence
L’une des grandes craintes de l’entrepreneur, cette concurrence! A tort, car connaître la concurrence permet de voir et de comprendre ce qu’elle fait, comment elle s’y prend, d’apprendre d’elle, éventuellement de s’en différencier, mais aussi de sympathiser. Le double effet kiss-cool, c’est qu’elle peut alors minimiser la solitude du chef d’entreprise, qui y trouve des gens avec qui échanger non seulement sur le métier, mais aussi sur la vie d’entrepreneur, et peut générer des associations fructueuses.
Générer des rencontres
L’avantage de la limitation à 140 caractères de Twitter, c’est qu’il rend le débat compliqué. Allez donc expliquer les principes sous-jacent à votre conception des bonnes pratiques du SAV en 140caractères… Il favorise ainsi la rencontre IRL (in real life, dans la vraie vie), qui en devient le prolongement naturel. Les rencontres se font essentiellement par affinités, par sujet ou domaine d’expertise commun, là où sur d’autres réseaux, elles sont plus de l’ordre de la demande ou du besoin, donc déséquilibrées. Il est beaucoup plus facile de se rencontrer pour évoquer un sujet commun que pour aller quémander des contacts.
C’est comme ça qu’avaient démarré les TwunchCV dont le premier avait été initié par @fbrahimi lors d’une conversation que nous avions eu sur le CV anonyme, ou encore le Twunchmanagement de Lyon, décidé lors d’une conversation avec @ClaudeSuper et @Axyome.
Participer à des Twit-événements
Parfois autour d’une thématique spécifique, parfois simple rencontre entre Twittos, les twit-événements sont nombreux et ultra variés. Ils sont un moyen convivial de rencontrer des personnes avec qui on a déjà des contacts virtuels agréables et qu’on est ravi de découvrir IRL. Le réseautage devient bien plus facile que dans les rencontres où on ne connaît personne, où on ne sait pas comment aborder les autres et où la conversation se limite parfois à un échange de cartes de visite, vite remisées au fond du tiroir-oubliettes.
Deux exemples:
– Mes premières rencontres rugby ont eu lieu en mai 2010, à la veille de la finale du Top14: un twitapéro entre supporters de l’Usap, qui a donné naissance à de belles amitiés et de belles opportunités par la suite, y compris professionnelles.
– L’organisation de 2 twitpéros et un Twitpicnic à Versailles, autant d’occasions de générer des liens parfois improbables, mais bien réels entre des personnes qui sont aussi des professionnels et des entrepreneurs, à l’intérieur d’une communauté qui ne partage que sa géolocalisation, et qui n’aurait que peu d’occasions de se rencontrer autrement.
Voir aussi: Twitter: entre virtuel et IRL
Sérendipité
Sur Twitter, il est assez facile d’ajouter un peu de ses intérêts personnels, élargissant ainsi le champs des contacts. Entre le livetweet (commentaire en direct) d’émissions télé, d’événements de toutes sortes et de rencontres sportives, le partage de loisirs, de ses goûts musicaux, littéraires, cinématographiques, il y a de nombreux moyens de montrer un peu de la personne que nous sommes, avant d’être entrepreneurs, sans pour autant étaler sa vie privée.
Ces tweets personnels sont une façon de générer d’autres communautés, a priori non professionnelles, mais qui peuvent générer toutes sortes d’opportunités inattendues.
Si je prends mon propre exemple, ma passion pour le rugby, dont je parle régulièrement sur Twitter, m’a valu d’être invitée ( merci en particulier @paramourdurugby ) à un certain nombre d’événements par ce biais, événements auxquels jamais je n’aurais imaginé participer même dans mes rêves les plus fous, ce qui était déjà magique en soi. Mais la cerise sur le gâteau, c’est qu’ils ont généré des rencontres qui se sont transformées en opportunités professionnelles.
Il y a donc de nombreux avantages à inclure Twitter dans une stratégie globale de communication pour développer son entreprise. Pour rappel, Ithaque propose une formation Twitter dont l’objectif est d’apprendre à développer concrètement son réseau sur Twitter. La prochaine session aura lieu en décembre. Si vous êtes intéressé(e), ou pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32
Voir aussi
Ithaque, sérendipité et formation Twitter
8 trucs infaillibles pour tuer son auto-entreprise
Réseaux sociaux, cooptation et compétences relationnelles
Aller plus loin
Vous voulez développer vos compétences relationnelles et les mettre au service de votre entreprise via les réseaux sociaux Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32 |
Article très complet sur la réunion. J’y étais et je retrouve ici tous les thèmes abordés. J’ai particulièrement regretté l’absence de conseils concrêts sur le référencement et le positionnement d’un site internet sur un moteur de recherche.
Merci!
Au delà des conseils concrets donnés lors de la réunion sur les choix de mots-clés et comment les inclure dans le contenu ou les backlinks, qui sont des éléments essentiels du référencement naturel, il est impossible d’aller plus loin sur le référencement dans un format aussi court d’une part, et avec un public qui n’est pas particulièrement habitué à Internet d’autre part. C’est d’ailleurs pour cela que ce n’était pas l’objectif de cette réunion, qui était essentiellement de familiariser les entrepreneurs avec les possibilités dont ils disposent. Faire des choix spécifiques et s’adresser à un professionnel ou se former pour gagner en compétence est une seconde étape, mais il est clair que positionner un site en première page de Google ne peut pas s’apprendre en un petit déjeuner;)
Merci Sylvaine pour cet article ! 🙂 qui a le mérite d’être clair.
Très intéressant le développement sur Twitter.
Tes articles sont toujours ponctués de mots savants… sérendipité par ex ! qui permettent d’enrichir notre vocabulaire.
J’avais entendu parler de cette réunion et j’avais envie d’en savoir plus, merci pour cet article très dense et complet. J’ajouterai juste un point : site et blog pas la même chose mais pourquoi ne pas avoir un site hybride et privilégier un site-blog avec une partie “site” (pages) et une vraie partie blog bien mise en avant qui est le premier pas ou main tendue vers la collaboration et les échanges.
En effet! La question a été évoquée brièvement, bien que le sujet du jour n’était pas de parler de la pertinence ou non d’ouvrir un blog. J’ai un article sous le coude sur ce sujet, qui est très important pour les créateurs d’entreprise. Car un blog seul n’est pas une réponse universelle: aimer écrire est indispensable pour publier régulièrement. Un site hybride permet de palier à ça pour ceux qui vont publier moins souvent.
Merci Sylvaine pour cet article !
Avec joie!