Les peurs suscitées par la crise et amplifiées par les discours négatifs ambiants seraient à l’origine de l’augmentation des abrutis de boulot version grand braquet. En même temps, savoir être l’emmerdeur de service quand c’est nécessaire peut s’avérer être une compétence relationnelle… c’est le principe de l’emmerdeur emmerdé.
Les emmerdeurs de tout poil en forte augmentation
Les abrutis de boulot se multiplient depuis quelques années. Pris entre la peur de perdre son job et les exigences de plus en plus fortes de performance, ne sachant plus à quel saint se vouer pour satisfaire tout le monde, il y a ceux qui ont recours aux comportements pénibles et ceux qui n’osent pas s’y opposer. Et le plus souvent, chacun est un peu l’un, un peu l’autre, mi-hérisson, mi-paillasson, mi-victime, mi-persécuteur, selon les interlocuteurs ou les circonstances.
Et le pire, c’est que c’est le potentiel abruti en chacun de nous, pourtant si aimables et respectueux, peut ainsi se retrouver la bride sur le cou, laissant libre cours à des comportements parfaitement nuisibles. Ce qui explique la prolifération soudaine des relations plus ou moins toxiques, depuis la persécution ordinaire entre bipèdes consentants jusqu’au harcèlement et à la perversité.
Vers la tolérance zéro aux sales cons?
Selon Robert Sutton, auteur du célèbre Objectif: zéro sale con, des entreprises comme Procter et Gamble “ont compris que les salariés, même les superstars, qui passent leur temps à être arrogants, à rabaisser leurs collègues et à ne penser qu’à leur intérêt personnel créent une atmosphère démotivante, vampirisent l’énergie de l’entreprise et méritent d’être virés”
C’est une excellente nouvelle, car jusqu’ici, les entreprises ont surtout brillé par leur peur plus forte des emmerdeurs que des emmerdés, qui virent plus volontiers les harcelés que les harceleurs et laissent des managers démunis se démerder avec leurs propres abrutis.
Le magazine Management s’est penché sur le sujet dans son numéro de février 2013, en particulier au travers de l’identification de 6 profils d’emmerdeurs chroniques au boulot, et comment les gérer. Et voilà nos emmerdeurs bien emmerdés, qui ne pourront plus nuire. Profils que David Abiker a repris dans sa chronique La gueule de l’emploi, à écouter ici:
Le principe de l’emmerdeur emmerdé
J’ai pour ma part répondu aux questions de Management, toujours dans le cadre de ce dossier, sur le thème Vous aussi, devenez un emmerdeur. Derrière ce titre un poil provocateur se cache plusieurs idées, dont une qui me tient à coeur: l’idée de cesser de se laisser marcher sur les pieds par toute une collection d’abrutis de boulot, chefs, N+X mais aussi collègues et collaborateurs. Et pour cela, rien de tel que de mettre lesdits pieds dans le plat de temps à autres.
– Savoir dire non
– Affirmer une prise de position, se faire entendre
– Faire preuve d’autorité dans l’application d’une décision
– Défendre ses intérêts
– Revendiquer ce qu’on considère comme un dû
– etc.
Tous ces comportements relèvent du principe de l’emmerdeur emmerdé, puisqu’ils empêchent alors les abrutis concernés de vous rouleau-compresser, de vous mettre des bâtons dans les roues ou encore de vous ignorer, de vous mettre à l’écart.
Et bien entendu, il s’agit là de compétences relationnelles de l’ordre de l’affirmation de soi, qui permettent d’être ferme tout en étant respectueux, d’obtenir ce qui nous revient avec élégance, bref, d’être un emmerdeur bien aimable… une bonne nouvelle, en conclusion, puisqu’il suffit de renforcer sa posture relationnelle pour neutraliser les abrutis… probablement en commençant par le bocal à con!
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Aller plus loin
Vous voulez construire et entretenir des relations professionnelles sereines et réjouissantes? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
Sylvaine, au delà de l’application d’une politique d’ “austérité” – réponse candide en temps de crise – face au pullulement des abrutis, je serais intéressé d’entendre votre une opinion (ou recevoir des pointeurs) sur le pourquoi et le comment de leur embauche en premier lieu par ces mêmes entreprises qui claironnent partout leur attachement à la compétitivité ?
Vous le dites si bien en parlant de comportement “nuisibles”, mais il me semble que l’on ne devient pas nuisible seulement sous le projecteur d’une “crise”, mais que cet ensemble de comportement était présent auparavant. Bien sur je ne nie pas l’exacerbation du ressenti des pénibles dans un contexte où la peur tend à prendre le dessus, mais cela veut il dire que la “non crise” rend plus tolérant aux pénibles – surtout au moment de l’embauche?
Merci d’avance
Bonjour. Je passe par ici via le blog l’Art de manger.
Cela m’a bien plu de lire votre article sur les emmerdeurs emmerdés. Je ne me doutais pas que j’entrais dans une catégorie déjà répertoriée : celle de l’emmerdeuse des emmerdeurs. Merci beaucoup. Je reviendrai, c’est sûr car c’est très agréable de se trouver ainsi des qualités ignorées.
Entre l’art de manger à l’art d’emmerder les emmerdeurs se cache un autre art: celui d’être soi, avec bonheur, simplicité et authenticité;)
Et nous collectionnons les qualités ingorées, alors ce sera un plaisir de te recroiser!