Etre plus comme ci, être moins comme ça, savoir faire ci, arrêter d’être d’agir comme ça, il y a probablement toujours quelque chose qu’on aimerait changer chez soi, en particulier dans nos comportements. Et on a le droit ! Du moment qu’on entre pas en guerre contre soi ! Imiter un mentor qui, du coup, s’ignore est un des moyens de le faire.
Changer un comportement: une distinction et trois rappels
Les transitions professionnelles s’accompagnent souvent du besoin ou de l’envie de modifier certaines attitudes ou postures qui augmenteraient ainsi les chances de réussir le projet.
Que l’on soit timide, colérique, en retrait ou inversement trop présent, que l’on manque de confiance en soi ou d’assurance, ou encore qu’on ait envie d’acquérir une posture calme et affirmée, il y a potentiellement autant de raisons de vouloir changer un comportement en soi qu’il y a de mauvaise foi dans les commentaires des supporters lors d’un match de rugby. Attention cependant, car il y a une différence majeure entre:
- Vouloir développer une capacité, une aptitude comportementale, un savoir-être pour augmenter la qualité de ses relations et interactions ou la relation à soi dans des situations à enjeu.
- Et vouloir à tout prix “vaincre” une façon d’être considérée comme méprisable, voire que l’on déteste en soi-même.
Vouloir changer un comportement pour développer ses compétences relationnelles et informelles et/ou minimiser l’impact négatif de comportements pas toujours appropriés ou efficaces, ou inversement développer une ressource utile dans certaines situations ou pour la réussite d’un projet est un objectif comme un autre.
En revanche, la seconde option peut sous-entendre une difficulté dans la relation à soi-même, une dévalorisation chronique ou une fragilité de l’estime de soi qui se traduisent par des guerres intestines dans lesquelles on cherche à faire sécession avec soi-même. Il n’est pas toujours utile ou souhaitable de modifier un comportement, en particulier lorsqu’il est davantage une caractéristiques à accepter et à prendre en compte plutôt qu’un ennemi innommable. Je pense par exemple à l’introversion, à la procrastination ou au comportement “éviter de”.
Le comble de la non acceptation de soi dépasse le cadre des outils de coaching et nécessitent davantage un passage par la psy. Trois rappels:
1- L’efficacité potentielle: à chacun donc de déterminer si l’outil proposé ici peut être efficace dans sa situation. D’autre part, il n’y a peut-être pas lieu de s’attendre à un changement drastique et total! Voir:
2- Les bénéfices des comportements. Un comportement (même considéré comme négatif) a été mis en place parce qu’il présente un bénéfice. Vouloir modifier le comportement sans prendre en compte ce bénéfice, c’est a dire sans trouver le moyen de l’obtenir autrement, est souvent synonyme de chassez le naturel il revient au galop.
3- Le temps pour modifier un comportement. Modifier un comportement prend du temps et l’outil que je vous propose va vous fournir des pistes de travail à explorer sur le moyen terme.
Développement des compétences, mentors et imitation
La recherche a montré que sourire permet de faire croire au cerveau que nous sommes heureux, et donc de se sentir mieux. Je vous propose de continuer à mentir éhontément à votre boîte à idées personnelle en adoptant les gestes et/ou façons de faire d’autrui pour prétendre avoir des capacités que vous ne vous reconnaissez pas. Car c’est un moyen simple de les développer. D’autant que, selon certains chercheurs, nos neurones miroirs sont le wifi qui nous relie à eux et nous permettrait de mettre leurs compétences à notre service… sans rien leur demander.
Ça marche d’ailleurs très bien dans le sport : nous regardons l’entraîneur faire et nous reproduisons le geste, jusqu’à nous approprier la compétence. En d’autres termes, pour la jouer comme Beckham, autant observer Beckham. Par l’imitation, nous arrivons à développer les capacités les plus complexes, puisque c’est en « faisant comme les grands » que nous apprenons à marcher.
De plus, appliqué à des comportements, l’exercice peut devenir ludique, voire rigolo, en dédramatiser l’acquisition et du coup la faciliter. J’ai en tête le célèbre « you talkin’ to me ? » de de Niro devant sa glace et le principe est exactement celui-là. Nous pouvons tout à fait:
– Renforcer une petite voix fluette dans les prises de paroles
– Prendre de l’assurance
– Développer de la confiance en soi
– Développer du charisme
– Acquérir une posture d’autorité
– Rester calme dans des situations stressantes
– Apprendre à mener une réunion
– etc.
Simplement en imitant ceux en qui nous reconnaissons ces talents. Et c’est là le principe de base de cet outil: chercher un mentor qui représente à nos yeux cette compétence que nous souhaitons développer.
Critères individuels
Dans le sport ou la marche, les gestes sont à peu près universels (du moins à un instant T pour le sport). En revanche, avec des concepts plus subjectifs comme la confiance en soi, l’assurance, la sérénité, l’enthousiasme, le charisme ou des ensembles de comportements comme la conduite de réunion, pour ne citer que ceux-la, les critères qui les définissent peuvent varier d’une personne à l’autre. De même, les éléments qui les composent peuvent paraître plus ou moins essentiels, selon ceux dont nous disposons déjà ou même en fonction de nos valeurs et de nos croyances.
Du coup, ce n’est pas nécessairement un comportement dans sa globalité que nous allons choisir d’imiter, mais certains éléments qui le composent et que nous allons considérer comme déterminants.
Attention cependant, pour les perfectionnistes parmi vous, à éviter de vous mettre une pression inutile en voulant à tout prix reproduire avec une précision d’horloge Suisse. Si c’est votre cas et que l’exercice génère plus de stress que de plaisir, cela signifie simplement qu’en vertu du principe qu’il n’y a pas d’outil universel, celui-ci ne vous convient pas et qu’il est contre-productif d’insister.
Mini coaching : imiter un mentor qui s’ignore
Identifiez une personne (connue ou non, un proche, un collègue, un personnage de film, de fiction, qui vous voudrez) qui à vos yeux dispose de cette ressource, de ce talent, de cette capacité que vous aimeriez développer. L’idée est tout simplement de transformer cette personne en mentor qui s’ignore en reproduisant une ou des façons de faire.
Qu’est-ce qui vous prouve que cette personne a cette capacité ?
Comment s’y prend-elle, exactement, pour faire preuve de cette capacité ?
Que fait-elle ? Comment agit-elle ? Comment exprime-t-elle cette qualité ?
Quels mots, quels gestes, quelles actions ?
Détaillez tous les indicateurs qui selon vous démontrent cette capacité. Soyez très concrets et très précis : « elle a confiance en elle » est bien trop vague et intangible pour être reproduit.
Quels sont les 5 qui sont les plus importants à vos yeux ?
Comment allez-vous vous y prendre pour les imiter ? Vous entraîner ?
Il ne vous reste plus qu’à les passer à la moulinette de la triplette du coaching :
– Fixer des objectifs SMART et élaborer les plans d’action pour développer chacun d’entre eux (petit à petit)
– Passer à l’action
– Evaluer les résultats obtenus et ajuster les stratégies si nécessaire
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Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual
Le jeu du “on dirait que c’est moi qui décide”… Désormais JE DIS ce que je VEUX (et pas ce que je ne veux pas) et je FAIS ce que je DIS. Simplissime… Comme O. qui est si sûr de lui lorsqu’il traverse le couloir avec son pas nonchalant et ses chaussures défoncées dont il n’a cure, les épaules en arrière, le menton relevé, et qui regarde tout le monde dans les yeux, sans ciller. A priori il n’a peur de rien, il est sûr de ses compétences, de sa culture, de son intelligence, de sa pertinence… et le doute ne fait pas partie de son quotidien. Il en impose. Son équipe l’idolâtre. Et moi je me dis, bon sang, pourquoi pas moi ? Allez, il va faire un super mentor. Enfin, c’est ce qu’il donne à voir. Depuis, j’ai appris que tout cela était dû à un petit coup de main chimique. Ce qui en soi n’est nullement un sujet. Juste que ses mentors, même ceux qui s’ignorent, sont peut-être plus faciles à trouver dans le quotidien accessible. Se trouver des mentors “modestes”, c’est bien aussi… Ca permet de se construire étape par étape. Bref, cette réflexion, c’est juste pour s’aimer et se respecter soi-même, même à travers le choix de son mentor… Qui, plus il est imparfait, plus il est crédible. Là encore, sachons raison garder !
Mentor modeste, je trouve le concept intéressant! Pendant peut-être de la transformation modeste via un mentor qui s’ignore, c’est à dire un truc à la fois, histoire de ne pas charger le mulet et se mettre une pression aussi inutile que contre productive. Bref, un ajout important que la question de construire petit à petit, merci AD;)