Un obstacle, par définition, gêne le passage, il ne l’empêche pas. Il nécessite simplement de trouver les moyens de le contourner ou de le franchir. Pourtant lorsqu’il s’agit de reconversion, “obstacle” semble prendre une tout autre acception, beaucoup plus proche de l’impasse, du mur infranchissable, de la rivière sans retour. A tort, bien entendu!
La reconversion, concours complet de la transition professionnelle
J’ai répondu aux questions d’Expectra, concernant l’ampleur des obstacles à la reconversion professionnelle dans le cadre de leur dossier du mois, sur le thème du changement de métier. L’occasion pour nous de revenir sur cette notion d’obstacle, qui me fait irrésistiblement penser au concours complet.
Car les obstacles ne sont que ce qu’ils sont. A les passer à la lunette déformante de la peur, on en fait ce qu’ils ne sont pas. L’analogie équestre me vient spontanément : face à un parcours difficile, le cavalier qui en fait la reconnaissance va évaluer non pas tant la difficulté que la façon d’aborder chaque obstacle pour le franchir au mieux. Il considère ce parcours comme une série de défis à relever, pas comme une série de murs à se prendre pleine figure et de préférence à vive allure. Tout simplement parce qu’il a plus envie de décrocher la timbale que de finir à l’hôpital.
Changer de métier, c’est le concours complet de la vie professionnelle: il demande des aptitudes variées, il est exigeant, délicat, potentiellement dangereux. Mais aussi bien sacrément intéressant et stimulant!
Un portrait excessivement négatif de la reconversion
En 2008, lorsque j’ai publié une série d’articles sur la reconversion, ils avaient été accueillis avec enthousiasme parce qu’ils proposaient une alternative à la vision sinistre de l’époque concernant le désir de changer de métier et qui tournait autour de tout un tas d’idées reçues peu engageantes, du type:
– Il faut beaucoup d’argent
– Il faut trouver une reconversion “réaliste” en fonction du marché
– L’âge est un problème
– C’est long, difficile, pénible, horrible, voire infaisable
– etc.
Depuis, les choses on bien évolué et les discours sont devenus moins étriqués, moins pessimistes. Jusqu’à il y a quelques semaines. Mais la reconversion garde son lot de mises en garde érigées en vérités universelles.
C’est un peu toujours la même chose: à force de vouloir prévenir les candidats à la reconversion professionnelle des difficultés inhérentes à un changement de métier, on finit non seulement par en brosser un portrait inexact et excessivement négatif, mais aussi par générer des croyances fausses et limitantes sur le sujet. A coup de burin, on façonne le ciboulot en forme de craintes paralysantes, jusqu’à le mettre en carafe.
Remettre les obstacles à leur vraie place
Du coup, les obstacles ne sont peut-être pas tant surestimés qu’excessivement mis en avant, au détriment d’autres aspects beaucoup plus réjouissants de la reconversion, que nous avons déjà évoqués dans Reconversion professionnelle: voyage au bout de l’enfer ou formidable aventure?
- Aller à la rencontre de soi-même.
- Œuvrer pour se diriger vers une voie qui nous fait vibrer, avec tout ce que ça implique en termes d’estime de soi.
- Exprimer sa motivation et sa détermination dans un projet qui tient à cœur, avec les trésors de créativité qui vont avec.
- En bout de ligne, une vie professionnelle enthousiasmante et qui donne envie de se lever le matin.
- Par ricochet, l’amélioration de l’humeur, du plaisir au travail, etc.
Les vrais obstacles à la reconversion
Naturellement, avant de parler des vrais, évoquons les faux obstacles à la reconversion, sont étonnamment mis en avant, alors que les vrais obstacles, ceux qui entravent réellement la réussite sont, eux curieusement négligés. Car le financement et la formation, par exemple, sont un faux problème: une fois un projet qui parle au tripes bien conçu, la facilité avec laquelle les candidats à la reconversion parviennent à trouver des moyens de le financer ou d’identifier une formation est déconcertante.
Inversement, les difficultés à construire le projet sont énormes lorsque le candidat à la reconversion manque, par exemple, de confiance en lui. Parmi les véritables obstacles:
- Le candidat à la reconversion lui-même, avec ses croyances limitantes, ses craintes, ses bonnes excuses, ses préjugés, ses dévalorisations, ses messages contraignants. Tant que les uns et les autres n’auront pas été traités, le candidat à la reconversion a de fortes chances de foncer dans un projet qui n’est pas le sien ou de procrastiner.
- La vision trop opérationnelle d’une reconversion. Qui reste le modus operandi de nombreux accompagnements qui pensent avoir pris en charge la dimension humaine du projet quand ils ont dressé une liste de valeurs morales ou de traits de personnalité. Livrés à eux-mêmes pour tous les aspects émotionnels et personnels, les candidats à la reconversion se heurtent à toutes sortes de difficultés relationnelles et personnelles (manque de confiance en soi ou aveuglement, méconnaissance de ses appétences, relations difficiles, entre autres) qui n’ont rien d’insurmontables, mais entravent le changement de métier tant qu’ils ne sont pas abordés.
- L’entourage. Beaucoup trop souvent négligé, qui pourtant peut avoir du mal à accepter le projet ou à en vivre certaines périodes, à jouer les casse-pieds ou les épouvantails, au point de pousser le candidat à la reconversion à renoncer, alors que parfois de simples ajustements peuvent changer la donne.
- L’endurance. Etre capable de maintenir l’énergie et la confiance pendant toute la durée de la reconversion n’est a priori pas donné à tout le mode. A priori seulement, car c’est avant tout une gymnastique mentale, un état d’esprit qui se construit pour mener une reconversion dynamique et sereine à la fois.
- Autoriser la marche arrière. S’autoriser à tout moment le droit de renoncer au projet s’il s’avère trop lourd ou ne correspondant pas aux aspirations. Admettre au passage que la réflexion n’est pas une prise de risque et qu’on a le droit de renoncer à tout moment
- Explorer le job idéal. L’identification et la construction du projet en fonction de ses aspirations, valeurs, appétences et désirs professionnels, garants de la motivation. En limitant l’impact des croyances limitantes et en s’autorisant ses propres décisions.
- Construire un projet cohérent. La vérification de sa cohérence plutôt que de son réalisme (principale erreur des cabinets d’accompagnement à la reconversion: faire l’inverse).
- Construire une dynamique mentale. Le renforcement d’un état d’esprit qui va favoriser la réussite: confiance en soi, estime de soi, connaissance de soi, de ses talents et ressources, capacité à expérimenter, à rebondir, à gérer les périodes de doute, à maintenir l’énergie, à rester zen face aux aléas. Voir Une reconversion zen et dynamique à la fois
- Inclure l’entourage dans le projet, concilier les besoins de chacun et évaluer régulièrement où chacun en est et comment il vit le projet pour procéder aux éventuels ajustements nécessaires. Bref: appliquer la triplette du coaching à la gestion familiale pendant toute la reconversion.
Aller plus loin
Vous voulez entamer une réflexion sereine sur votre désir de reconversion professionnelle? Construire un état d’esprit qui va vous permettre de la mener à bien avec dynamisme et confiance? Ithaque, 1er influenceur français sur la reconversion, peut vous aider. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual