Second de la série Réseaux sociaux: 3 conseils d’utilisation aux chercheurs d’emploi. Cultiver une présence en ligne pour des raisons professionnelles gagne à s’orienter vers le fait de raconter une histoire, sa propre histoire, pour construire une image professionnelle forte autour de nos expériences, des valeurs et des convictions qui nous animent.
Présence en ligne: raconter une histoire, son histoire
Finalement, la présence en ligne dans un but de recherche d’emploi ou de transition de carrière revient, selon les termes de Bertand Duperrin, lors du petit déjeuner APEC du 14juin, à raconter une histoire.
Comme je vois déjà des sourcils offusqués qui se soulèvent, prêts à vouer le personal branding aux gémonies, persuadés qu’il ne s’agit que de marketing de soi agressif, précisons: il n’est évidemment pas question de se mettre en avant version ma-vie-mon-oeuvre à la mode égo nourri à la malbouffe.
Il s’agit plutôt de remonter le fil de son histoire, y compris des interactions entre vie personnelle et vie professionnelle, pour comprendre:
- Comment elle s’est jouée
- Sa logique interne
- Comment elle a construit le professionnel que vous êtes aujourd’hui avec son expérience, ses savoir-être, ses convictions et ses valeurs.
A l’issue, il est alors possible de construire une image forte et représentative de nous-mêmes, de qui nous sommes autant en tant que personne qu’en tant que professionnel, puisque nous sommes embauchés pour le mélange des deux.
Et les choix en termes de présence en ligne gagnent à refléter cette histoire, au travers des contenus partagés, des contributions, des commentaires etc. Bertrand Duperrin raconte ainsi l’exemple d’une jeune femme passionnée d’aviation qui s’est fait connaître du métier – plutôt que des recruteurs via un blog. La passion et l’enthousiasme qui l’animent, ainsi que leur exposition lui ont valu d’être embauchée dans ce secteur.
Passion vs motivation intrinsèque
Si la passion a l’avantage d’être une motivation visible et simple à mettre avant, elle n’est probablement pas indispensable de cette exposition de son identité professionnelle. Il s’agit sans doute davantage de ce qui fait sens pour chacun, dans le métier ou la fonction qu’il exerce ou dans le secteur d’activité dans lequel il a choisi d’évoluer.
Ce qui fait sens est un subtil mélange, totalement personnel, d’envie, d’aspirations, de goût, de compétences, de valeurs, de sentiment de contribution et/ou d’utilité, et qui nous fait vibrer. Bref, c’est là où se loge la motivation intrinsèque, celle qui nous rend capable de déplacer des montagnes, mais ne se nourrit pas toujours de la passion.
Le frein du formatage et des préjugés
L’une des difficultés à se raconter dans son identité professionnelle est le formatage imposé à coups d’idées reçues. Difficile de se raconter lorsqu’on a été convaincu par un conseiller en recrutement qu’il “faut” être dynamique, flexible et avoir l’esprit d’équipe alors qu’on se perçoit comme discret, qu’on se sent efficace lorsqu’on travaille seul et que son talent naturel principal est le sens de l’observation.
L’écart qui se creuse alors entre l’identité perçue et celle, formatée parfait-petit-candidat renvoyée génère toutes sortes de freins à l’exposition.
– Que dire de cet autre qu’on s’invente et qui ressemble à un autre candidat comme un stormtrooper ressemble à un stormtrooper et dont, du coup, on ne (re)connaît rien?
– Que dire de soi quand on craint à chaque mot de tuer son employabilité, de nuire à sa réputation?
– Que dire de soi quand son propre sentiment d’unicité se retrouve écartelé entre les préjugés sur ce qu’il “faut dire” et ce qu’il ne “faut pas dire”?
Les avantages d’une identité professionnelle marquée
Pourtant, dessiner une identité professionnelle propre, qui n’a pour objectif ni de se différencier pour se différencier, ni de faire rentrer ses imperfections dans un moule bien lisse, mais bien de raconter une histoire, sa propre histoire, a des avantages inattendus.
– Montrer les valeurs et convictions qui nous animent dans notre façon d’exercer notre métier et ainsi exposer l’énergie naturelle de la motivation, beaucoup plus convaincante qu’un discours bien léché. voir aussi: Boulot idéal: valeurs et convictions
– Proposer des alternatives à ce qui se fait, parce que notre expérience nous a montré comment réfléchir autrement qu’à l’intérieur des carcans.
– Exposer les contradictions apparentes, inhérentes à chacun d’entre nous, qui ne sont des contradictions que tant que leur logique n’apparaît pas. Voir aussi: belles contradictions
– Permettre au recruteur potentiel de percevoir par lui-même des qualités et compétences qui nous caractérisent, au lieu de devoir affirmer et prouver qu’on les a.
– Etre embauché pour ce que l’on est plutôt que pour une image savamment étudiée pour plaire et donc potentiellement mensongère. Voir aussi: Petite leçon équine au service de la recherche d’emploi.
– S’exprimer avec plaisir: parler par conviction plutôt que par contrainte, c’est s’exprimer avec davantage de plaisir et celui-ci se voit, est communicatif et entretient la bonne humeur de tout le monde.
Blog ou pas blog?
Nombreux sont ceux qui rechignent à l’idée d’ouvrir un blog, de peur de ne pas réussir à l’alimenter régulièrement ou de ne pas savoir quoi dire.
Cependant un blog ne se limite pas forcément à la rédaction de billets originaux, qui nécessite un certain goût pour l’écriture. Il peut aussi être son propre support de curation de contenu, de relais d’information, autant d’autres biais pour exposer son identité professionnelle. Le blog a de multiples avantages:
– Il est plus personnel qu’une plateforme de curation.
– Il permet d’agréger les informations sur un support unique
– Il permet de faciliter la narration et la démonstration de la cohérence du propos
– Il peut davantage susciter l’interaction et favoriser le renforcement du réseau professionnel que les pénibles plateformes de curation existantes.
– Il est certainement une solution à envisager, à encourager, les stratégies pour l’animer étant multiples.
La connaissance de soi pour raconter une histoire
La connaissance de soi et l’acceptation de soi sont les éléments indispensables pour lever les freins à se raconter – se raconter, et non pas se la raconter – sur les réseaux sociaux et/ou au travers d’un blog, car ils aident à diminuer l’écart entre la personne que nous sommes et celle que nous choisissons de montrer aux autres (sans pour autant se priver de son jardin secret, il n’est pas question ici de se mettre à nu dans les moindres détails). Ils génèrent une confiance en soi qui autorise la narration de soi avec une fluidité sereine valorisante plutôt qu’avec arrogance et mise en avant (qui constituent les craintes les plus fréquentes à se raconter)
- Acceptation de soi: Etes-vous un être humain?
Voir aussi
Identité professionnelle et connaissance de soi / avec Jean-Marie Blanc
Trouver un job grâce aux réseaux sociaux: itw sur pourseformer.fr
L’emploi au féminin: ebook collectif
Ithaque dans les médias
Les trois premiers pas pour trouver un emploi
Dossier complet : Carrière
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