J’ai répondu aux questions de Management magazine concernant les points indispensables à traiter avant de se lancer dans la reconversion professionnelle. L’occasion pour nous de revenir sur 6 aspects d’un changement de métier auxquels il vaut mieux avoir réfléchi avant de se lancer, sous peine de se retrouver fort dépourvu, une fois les difficultés venues;)
6 points… et plus encore
Il est difficile d’être exhaustif ou complet dans un format si court, aussi cet article présente des indications sur les points indispensables à traiter. Ces indications, parfois assorties de suggestions, ne sont pas des recettes miracles pour réussir à changer de métier en trois coups de cuillère à pot, mais bien des éléments à inclure dans la réflexion sur le projet professionnel.
Explorer un désir de reconversion est un processus long qui comprend de nombreux aspects à envisager, mais cet article a le mérite de mettre le doigt sur certains souvent trop négligés:
Cette interview fait partie du dossier “Reconversion professionnelle” paru dans le magazine Management de décembre 2012.
6 questions… ouvertes de préférence
La formulation des questions est n’est pas anodine. Et puisqu’il s’agit de se poser les bonnes questions, reformulons-les, car les questions fermées ont tendance à nous faire croire que:
- Si la réponse est “oui”, alors tout va bien, je peux y aller
- Si la réponse est “non”, alors attention danger
1- Quelles compétences avez-vous besoin de développer, et comment?
2- Confrontez votre projet à la réalité
Le désir de reconversion se focalise souvent davantage sur les aspects idéalisés du métiers que sur sa réalité quotidienne. C’est le syndrome de la chambre d’hôte, le conte de fées de la reconversion. Le rêve d’une vie paisible à faire découvrir une campagne idéale à des touristes heureux qui se transforme en vie passée à jouer les femmes de ménage corvéable à merci pour des clients jamais contents.
Ce syndrome existe potentiellement dans tous les métiers. Ainsi nombre de cadres s’installent en tant que consultants sans se rendre compte qu’ils vont passer relativement peu de temps à exercer leur métier et beaucoup à jouer les commerciaux, les secrétaires et les comptables. L’épiphanie n’est pas toujours des plus réjouissantes..
Pour éviter de sombrer pieds et poings liés dans ce syndrome, commencez par explorer en détail les éléments qui constituent le job idéal, de façon générale, pour vous. Un job est idéal lorsqu’il répond à la façon dont s’expriment vos différentes catégories de besoin professionnels. Une fois ce travail minutieux accompli, il est temps d’aller confronter avec soin ces éléments à la réalité du métier choisi, pour éviter de se rendre compte trop tard qu’il y a tromperie sur la marchandise, et que le métier de rêve est en fait une crapaudière marécageuse (du moins à vos yeux. Rappelons que le job de rêve de l’un est le cauchemar professionnel de l’autre).
Il est important que votre futur métier puisse répondre à un maximum de besoins chez vous, que vous puissiez trouver des moyens de les faire coïncider au mieux, de façon à vous assurer un plaisir durable. Vérifiez donc que les besoins qu’il ne comblera pas vraiment ne sont pas les plus prioritaires. Évitez les petits arrangements avec vous-mêmes destinés à vous convaincre que, malgré tout, c’est une bonne idée même si ça n’en est à l’évidence pas une;). Insuffisamment comblés, vos besoins vont crier famine sous forme d’une accumulation d’émotions négatives, qui vire facilement au stress, voire au burnout. Si votre désir de reconversion est déjà la suite d’un burnout, vous n’avez probablement pas envie de recommencer. Voir:
3- L’enquête terrain
Se lancer dans un métier sans être aller observer de quoi est réellement fait le quotidien qui y correspond est sans doute l’une des erreurs les plus frappantes en reconversion. Pour autant, il n’est pas nécessairement indispensable ou même désirable de s’adresser à un organisme qui vous propose une observation clé en main. L’enquête terrain est une étape à part entière de la reconversion, elle est aussi une formidable occasion de tester votre force de conviction, vos compétences relationnelles et votre motivation en allant chercher par vous-même le professionnel avec lequel vous aurez envie de partie à la rencontre d’un métier.
4- Comment allez-vous financer votre projet?
Nul besoin d’être Crésus pour s’offrir un changement de métier. Il existe de nombreux dispositifs d’aide, d’une part, et les candidats à la reconversion, lorsqu’ils ont identifié un projet réellement cohérent, développent des trésors d’imagination épatants, qui leur permettent de trouver les financements nécessaires.
Il s’agit donc simplement de se renseigner sur les possibilités de financement, sans omettre l’aide potentielle de votre employeur actuel. Le temps passant, de plus en plus d’entreprises ont pris conscience de l’intérêt de participer avec élégance au recyclage des salariés en quête de bifurcation professionnelle.
Dans tous les cas, il est important que les calculs tiennent compte du revenu minimum en deçà duquel vous vous retrouverez dans un inconfort non tolérable. Si la reconversion implique la plupart du temps une baisse significative des revenus, au moins au début, autant que ce printemps professionnel ne finisse pas en hiver financier:
5- Comment allez-vous inclure vos proches dans votre projet?
Encore un point largement sous-estimé que l’article de Management a le mérite d’aborder: les relations avec l’entourage pendant toute la durée de la reconversion. Instaurer un dialogue de façon à trouver les moyens de concilier les besoins de chaque membre de la famille est une tâche complexe, qui nécessite beaucoup d’écoute et d’implication, de motivation et de compétences relationnelles.
L’entourage est parfois peu prompt à se ravir de vos envies de reconversion, aussi il est essentiel que chacun sache de quelle manière il va être impacté, de façon à ne pas vous prendre le tout en boomerang plus tard. Cependant, on constate aussi qu’un candidat à la reconversion heureux a tendance à être contagieux, car plus disponible et plus serein lorsqu’il passe du temps avec ses proches. Inversement, se morfondre dans un job qu’on déteste a des conséquences négatives sur les relations familiales.
Enfin, il arrive que l’entourage moins immédiat, bref, les amis, les copains, la famille élargie etc. ait beaucoup de mal à soutenir votre projet. Là aussi, des compétences relationnelles solides permettent de gérer cet écueil au mieux pour tout le monde.
- Reconversion professionnelle: entourage et sentiment de solitude
- Reconversion professionnelle: gérer les casse-pieds
6- Le plan B
Tous les désirs de reconversions n’aboutissent pas, car parfois le projet initial se révèle incohérent avec les besoins du candidat. Il est important de s’autoriser à renoncer à n’importe quel moment de la réflexion sur le projet, si celui-ci s’avère ne pas correspondre à vos aspirations.
D’autre part, il est important d’avoir un plan B, une solution de secours, histoire de ne pas se retrouver complètement démuni en cas de renoncement. Ne pas avoir de plan B peut susciter une pression de réussite excessive, et vous pousser à vous entêter dans un projet qui n’est pas le vôtre, voire à procrastiner. Voir:
- Quand le désir de reconversion cache d’autres besoins
- Objectifs: la solutions de repli
- Transitions professionnelles: la réflexion n’est pas une prise de risque
- Renoncer à un désir de reconversion professionnelle
Aller plus loinVous voulez explorer votre désir de reconversion et monter un projet qui a du sens, un projet cohérent avec vos aspirations et vos désirs? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual |
Bonjour Sylvaine, excellent article, comme souvent !
Il me semble également qu’une des questions majeures est “de quoi avez-vous vraiment envie ?”
En effet, beaucoup de gens que je rencontre et qui envisagent une reconversion professionnelle ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent, à part “changer” et “fuir”. On en voit même demander aux autres “quelle est la meilleure reconversion à faire”, souvent ils rajoutent “lorsqu’on a fait tel métier” ou “lorsqu’on a tel âge”, etc… Comment peut-on imaginer qu’il y ait une réponse toute faite à ces questions tant les envies et les compétences sont propres à chacun ? Bref, savoir ce dont on a envie, c’est déjà un bon début pour réussir !
Bonjour Charly,
C’est exact, et d’ailleurs la majorité de ma clientèle ne sait pas trop vers quel métier se reconvertir. Cependant, cet article s’adresse à ceux qui ont identifié des voies de reconversion possibles. Pour les autres, il y a tout un travail d’exploration et de renforcement de soi à faire, avant que les pistes émergent.