Anniversaires, commémorations, grandes causes, des journées de quelque chose, il suffit de donner un coup de pied dans un calendrier pour qu’il en tombe autant que des châtaignes en automne. Celle-ci a le mérite d’apporter une note réjouissante à un novembre communément maussade. Aujourd’hui 13 novembre, c’est la journée de la gentillesse, une vertu trop longtemps méprisée qu’il est grand temps de réhabiliter.
Gentillesse serpillière, gentillesse prison et gentillesse tout court
Réhabiliter la gentillesse? Je vois déjà fuser les objections cyniques affublées de d’épithètes condescendants genre binousours et autres vérités universelles auto-complaisantes du type trop-bon-trop-con, qui dédouanent du moindre effort pour se comporter de façon amène avec ses contemporains.
Alors commençons par une distinction essentielle: celle entre la gentillesse serpillière, la gentillesse prison et la gentillesse tout court. cette dernière étant la seule vraie forme d’amabilité bienveillante et assertive, le reste étant des expressions d’un égo fragile en quête de reconnaissance. Bref, voici comment renouer avec la vraie gentillesse, qui est à la fois compétence relationnelle et source de vitamines mentales, pour sortir de la fausse gentillesse des jeux de pouvoir version triangle de Karpman.
La gentillesse serpillière
C’est quand l’égo préfère qualifier de gentillesse son incapacité à
- Exprimer ses besoins, ses opinions et ses désirs.
- Dire non.
- Refuser de prendre en charge quelque chose dont on se passerait aussi volontiers que d’attraper la rougeole.
- Bref: à s’affirmer.
La gentillesse prison
C’est cette pseudo générosité qui n’est jamais gratuite, qui attend le renvoi d’ascenseur, qui exige la réciprocité, qui réclame son ROI. Le service rendu essentiellement dans le but de rendre redevable, et qui n’oublie pas de le rappeler lorsqu’il vient chercher son du “avec tout ce que j’ai fait pour toi” et autres “moi, quand tu as eu besoin de moi, je n’ai pas hésité une seconde”. Ce comportement n’a rien à voir avec de la gentillesse, c’est une forme de manipulation qui emprisonne l’autre dans se redevabilité: l’exigence d’un donnant-donnant sans qu’il y ait eu d’accord mutuel.
C’est aussi la fausse gentillesse de celui qui se pose en chevalier blanc donnant des conseils pour le bien de l’autre mais qui en réalité lui impose ses jugements et ses idées reçues. En d’autres termes, le comportement sauveur-persécuteur de celui qui veut vous voir adopter ses façons de faire pour avoir le sentiment d’être entendu ou se convaincre lui-même qu’elles sont les bonnes. Bref, un besoin d’affirmation de soi et/ou de reconnaissance mal comblé.
La vraie gentillesse
La gentillesse, c’est tout simplement cet acte désintéressé gratuit et bienveillant qui fait du bien autant à l’envoyeur qu’au destinataire, justement parce qu’il est gratuit. Il n’attend rien en retour, il n’impose rien, il n’a pas d’autre conséquence que ce qu’il est.
La vraie gentillesse est à la fois une compétence relationnelle qui génère de la gentillesse en retour, puisqu’elle est sortie des jeux des pouvoirs et une source durable et renouvelable de vitamines mentales, tant les bonnes relations sont nourrissantes pour l’âme et le moral.
La gentillesse compétence relationnelle
Evidemment, vous, moi et même les autres, nous sommes gentils toute l’année, nous n’avons pas besoin d’une journée particulière pour ça. En même temps, l’être un peu plus que d’habitude, faire preuve de gentillesse délibérément, gratuitement, c’est l’occasion de faire bien davantage l’expérience de ses nombreux bénéfices, autant sur l’humeur que sur le comportement et la santé.
Dans son livre L’art d’être bon, le cancérologue Stephan Einhorn montre que gentillesse et bienveillance :
- favorisent la réussite
- sont bénéfiques pour le moral
- réduisent le stress
- préservent de l’anxiété et de la dépression
- renforcent nos défenses immunitaires
- nous rendent plus efficaces dans notre travail
- nous rendent plus affirmés dans nos relations.
Au delà de ses vertus pour la santé, la gentillesse est donc aussi une compétence relationnelle, car elle prend en compte les désirs et besoin de l’autre en même temps que les siens propres, sans les hiérarchiser, sans rien attendre en retour, et sans se laisser marcher sur les péniches. Et cette compétence s’exerce autant envers soi-même qu’envers les autres, favorisant ainsi des relations saines, sans frustration, rancoeurs ou tentations de prises de pouvoir. Ce qui, appliqué à la vie professionnelle, génère davantage de bien-être et de plaisir au travail.
Qui dit mieux?
Mini coaching : développer la gentillesse
Alors profitons de la journée de la gentillesse pour oser être bons, oser une alternative réjouissante à la peur de l’autre et à l’agressivité. En faire un art de vivre. Et peut-être susciter davantage de gentillesse collective, plus propice à la collaboration, à la coopération, à l’entraide et à la solidarité. Cette alternative repose essentiellement sur une assertivité bienveillante, dans l’accueil de l’autre.
Prévenance, tendresse, amabilité, attention, obligeance, douceur, bonté, engagement, implication, aide, coup de main, la gentillesse peut prendre bien des formes: à chacun d’entre nous de choisir la sienne. Quelques idées en vrac:
– Faire un compliment
– Dire une jolie chose que l’on ressent
– Aider sa voisine à porter ses courses
– Inviter un(e) ami(e) esseulé(e) à dîner
– Aider un collègue à boucler un dossier
– Laisser un mot de remerciement à un collègue, un proche
– Envoyer une carte virtuelle à une personne prise au hasard dans votre carnet d’adresses
– Sourire à un(e) inconnu(e)
– Proposer à la personne derrière vous à la caisse de passer devant
– Mettre une pièce dans le parcmètre pour celui qui s’y garera après vous
– Amener des chocolats au bureau et en offrir à tout le monde
– Aller papoter gentiment avec ce collègue du troisième que vous avez du mal à supporter
Rendre un service
Mais la gentillesse ne s’arrête pas là. C’est aussi toutes ces formes d’affirmation de soi bienveillante, comme:
– Savoir exprimer une critique avec élégance et délicatesse
– Savoir recevoir une critique avec grâce et dignité
– Savoir dire non, faire une demande ou fixer une limite avec douceur et fermeté
– etc.
Voir aussi
Les relations professionnelles difficiles
Les relations difficiles: le triangle de Karpman
4 trucs infaillibles pour se pourrir les relations
L’égo, frein majeur à l’intelligence collaborative
Wifi neuronal et compétences relationnelles
Vie professionnelle: des attitudes à réhabiliter
La lecture émotionnelle au service des relations
Petit manuel de savoir-vivre entre valides et handicapés (2): 10 trucs pour favoriser la relation
Oser le désaccord: quand le bourre-pif devient collaboratif!
Aller plus loin
Pour construire des relations saines, sereines et réjouissantes, pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32
Tu as raison darling , soyons un brin subversifs, redevenons gentils
bises darling
Bonjour @Sylvaine, je ne savais pas qu’il s’agissait de la journée de la gentillesse aujourd’hui! La gentillesse est encrée en chacun de nous et elle se ressent lorsque l’on côtoie les personnes! Elle semble être intrinsèquement inscrite en toi, ce que j’apprécie beaucoup!
Passes une excellente journée ainsi qu’un très bon week-end! 😉
Ce genre de billet fait un bien fou.
J’ai eu le même type d’élan il y a peu.(clic here)
Merci.
A bientôt.
Formidable ton billet
tu fais le tour de toutes les gentillesses possibles, et selon les jours je crois qu’on se retrouve tour à tour dans les 3 cas..
la gentillesse, c’est tout un art, tu as bien raison
bisous
Voici une belle pensée que nous devrions tous appliquer au jour le le jour. C’est vrai …
Moi, j’suis gentille ! Et voui !
Mirci 🙂
La bonne volonté engendre la gentillesse, il faut être déterminé a faire le bien.
Et à le semer sur son chemin:)