Sylvaine Pascual – Publié dans Stress, la coexistence pacifique / Objectifs, décisions et solutions
Quoi de plus triste qu’un jardinier qui, le puits à sec, regarde ses plantations rabougrir et s’étioler? C’est pareil avec nos projets personnels et professionnels! Parfois, faute de pluie, mieux vaut faire des choix et restreindre le nombre de projets à irriguer…
Jardin à sec et décisions à prendre
Un coup de sécheresse et voilà le jardinier dans l’incapacité d’arroser toutes les plantations de son jardin. Il peut commencer par jouer les Jean de Florette à aller chercher l’eau là où elle se trouve, mais si la sécheresse persiste, on connait la fin de l’histoire…
Face à l’adversité, il peut aussi choisir d’accepter que tant que la météo ne sera pas de son côté, il est sans doute inutile de vouloir sauver tout le jardin. Les restrictions lui imposant une quantité d’eau limitée et définie, il peut choisir de l’attribuer aux courgettes et aux groseilles plutôt qu’aux salades et aux aubergines ou inversement, en fonction de critères qu’il aura déterminés.
J’arrête là la métaphore jardinière, vous avez compris le principe. Tête dans le guidon, agenda trop chargé depuis des mois, sur-exploitation de nos ressources internes, coup de fatigue momentané ou véritable stress, il arrive parfois que nous n’ayons pas suffisamment d’énergie pour nourrir, entretenir et faire grandir tous nos projets et toutes nos entreprises, personnelles comme professionnelles, à la fois.
Qu’il s’agisse de manque de temps, d’énergie, de motivation, en attendant la pluie salvatrice, il peut devenir indispensable de lever le pied et de faire des choix de façon à pouvoir mener à bien ceux que nous décidons de conserver, plutôt que de prendre le risque de les foirer tous.
Il ne s’agit plus tellement alors de limiter les dégâts que de faire le choix délibéré de concentrer ses efforts sur moins de choses. En termes d’estime de soi autant que d’efficacité et de plaisir au travail, accepter les aléas d’éléments qu’on ne maîtrise pas et faire un choix volontaire est plus productif que de subir sans réagir, quitte à s’y consumer, peut-être même jusqu’au burnout.
Et rappelons au passage que de tenter de “lutter contre le stress” au lieu d’en écouter les messages, est une aberration, comme nous l’avons vu ici: Stress: et si on arrêtait de lutter contre? et là: Stress: la coexistence pacifique.
Mini coaching: faire le tri en cas de sécheresse
Pour que ce tri-là soit eficace, il a besoin de reposer sur des critères établis en fonction, justement, de nos besoins. Et c’est là que les choses se compliquent, car nous sommes bien plus à l’écoute d’une rationalité externe que de nos tripes, et nous pouvons alors céder à tout un tas de pressions et de craintes qui vont nous pousser à décharger le mulet, certes, mais à le décharger des dernières ressources d’énergie dont il dispose, au lieu de certains projets ou tâches qui lui en coûtent. Ainsi, dans un jardin, sacrifier les fleurs aux légumes sous prétexte qu’elles ne donnent rien à manger ne serait pas forcément une bonne idée, puisqu’elles ont une utilité: la présence de certaines fleurs favorise la pollinisation, alors que d’autres protègent contre des bestioles indésirables…
Ainsi le salarié, le candidat à la reconversion professionnelle ou le chef d’entreprise qui va rogner sur son temps libre, sacrifier son jogging du dimanche matin ou le cinéma hebdomadaire, transformer la salutaire pause déjeuner en sandwich devant l’ordinateur, va supprimer des sources de détente et de plaisir qui permettent d’engranger de l’énergie et se fatiguer encore plus.
Il y a là une stratégie d’échec qui peut mener tout droit au burn out: on peut finir cramé, desséché comme les champs de blé de cet étrange printemps 2011 et ne plus être capable de mener à bien aucun projet. Aussi écoutons-nous, écoutons les signaux d’alarme sous forme de stress, de fatigue, de lassitude, d’émotions de toutes sortes qui nous disent qu’à force de tirer sur la ficelle, elle va bien finir par rompre.
D’autant qu’il suffit d’un peu d’eau pour voir l’herbe reverdir et relever la tête, aussi il sera toujours temps de reprendre le projet laissé en suspend un peu plus tard, comme nous aurons l’occasion d’en parler plus tard. A l’évidence, il est possible que le salariés disposent de peu de marge de manoeuvre pour diminuer les tâches professionnelles génératrices de stress. On peut toujours s’offusquer d’une conclusion qui pousserait un salarié à aller voir ailleurs en cette période difficile. Mais peut-on se convaincre qu’il vaut mieux courber l’échine en attendant le burn-out?
Et vous, en période de manque d’énergie, si vous devez concentrer le peu d’eau dont vous disposez à la moitié de votre jardin:
Quels critères vont déterminer vos choix?
A quels besoins allez-vous répondre?
Quels légumes et quelles fleurs, bref, quels projets/activités allez-vous garder?
Quelles sont ceux que vous pouvez laisser de côté, sachant que vous pourrez toujours en reprendre la culture ou les re-semer plus tard?
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