Sylvaine Pascual – Publié dans: Connaissance de soi / Rugby, développement personnel et évolution professionnelle
En 2011, j’ai été suis invitée à la conférence de presse de l’annonce de la composition du XV de France qui partait en Nouvelle-Zélande pour la coupe du monde. Occasion rêvée de poursuivre notre exploration des valeurs du rugby et comment les appliquer dans nos vies personnelles et professionnelles. Après le respect et l’esprit d’équipe, aujourd’hui: l’engagement.
L’engagement, essentiel à la réussite
L’engagement… c’est quand l’atteinte d’un objectif est une priorité absolue, à tel point que toutes nos ressources mentales et éventuellement physiques sont mises au service de ce but. Il se traduit par cette impressionnante faculté à mettre tout en oeuvre pour parvenir à atteindre son objectif, cette volonté de se dépasser, d’y mettre toute l’effort nécessaire…
L’engagement est d’autant plus impressionnant qu’il s’exprime par le courage, par le dépassement de soi, par la faculté à surmonter la peur et la souffrance, la faculté à être présent en permanence sur le terrain de rugby comme sur le terrain des entreprises personnelles et professionnelles, autant pour son équipe que pour son projet commun. L’engagement, c’est aussi le coeur qu’on met à l’ouvrage, la capacité à travailler et travailler encore, jusqu’à obtenir ce qu’on veut.
Parce qu’il est l’expression ultime de la motivation, l’engagement est un élément essentiel de la réussite d’un projet.
Sans lui, nous avons tendance à ramollir de la guibolle dès qu’un obstacle qui colle les flubes nous barre la route (par exemple Gavin Hume dans un de ces placages qui font peur même à Chuck Norris, vous m’avez comprise;), à jouer les fillettes timorées à la moindre difficulté, à procrastiner, à chercher de bonnes excuses plutôt que de se retrousser les manches et d’aller au charbon, de se sortir les doigts, selon la charmante expression militaire… Tour d’horizon des avis de quelques amateurs éclairés sur le sujet.
Rugby et engagement
Maxime Rouqié
Responsable du développement de l’aribtrage et arbitre en fédérale 2. Co-fondateur du Rugbynistère dont il gère la rédaction et la communication. – Troisème ligne – @LeRugbynistere sur Twitter.
“Le courage est la valeur de base pour entrer sur un terrain. Jouer avec la trouille au ventre c’est la garantie de faire un match catastrophique ou de se blesser. Qui n’a jamais croisé Jaco dit le boucher ? Le moustachu deuxième ligne qui sévit dans les contrebas ariégeois et qui arrose à chaque coin de regroupement. Le jour où l’on doit croiser le fer avec l’énergumène, c’est souvent le week-end où certains ont l’anniversaire de mariage des grands-parents, ou encore le baptême de la filleule par alliance. C’est dans ces moments-là où le courage d’un joueur de rugby se vérifie. Surmonter ses peurs est un processus que l’on rencontre toute sa vie. Dans le rugby, il est normal d’avoir eu peur un jour mais il n’est pas normal de lâcher les copains par manque de courage.
Nous retrouvons ces situations couramment dans le monde professionnel. Même si Jaco dit le boucher est souvent remplacé par Jean-Pierre dit le financier, il n’est pas rare de se retrouver dans un contexte difficile. C’est à ce moment-là qu’il faut appuyer rapidement sur le bouton « Courage ». Faire bouger les frontières nécessite de se prendre en main et de faire preuve d’un courage indispensable. Surpasser les contraintes pour avancer et s’épanouir dans le contexte du boulot. Parfois, on a besoin de quelqu’un d’autre pour nous faire avancer… ”
Elios Pascual
Mon père, qui m’a transmis l’amour du rugby et ses valeurs. Il a été chef d’entreprise, aux Etats-Unis (Mack Trucks) et en Europe (Irisbus). Il a grandi dans un fief du XIII (Saint Estève – 66) mais a joué à XV en championnat universitaire et en series régionales.
“Sur un terrain, il n’y a pas de moyen de s’échapper, il faut savoir affronter les risques, surmonter la peur, savoir faire face à l’adversité, aux mauvais rebonds. Cet engagement se traduit, pour un chef d’entreprise, par la capacité à être un leader, à ne pas rester un simple observateur, à être porteur de sens, à savoir prendre les rênes dans les moments cruciaux.”
Pierre-Olivier Carles
Dirigeant de Kipost, une société qui aide à se lancer des projets qui le passionnent, comme Vie de Manager,Labotec, Hellotipi etc. et blogueur – ancien ailier – @pocarles sur Twitter
Pour Pierre-Olivier, l’engagement s’exprime aussi par le travail:
“On peut jouer au rugby avec tous les types de physique et que l’on soit doué ou pas… mais on ne peut pas bien jouer au rugby sans travailler vraiment, beaucoup et longtemps. L’hiver, ce n’est pas toujours très drôle de répéter des lancements de jeu sur un terrain boueux, quand la nuit est déjà tombée et que le froid vous enveloppe, mais c’est ainsi que l’on progresse, que l’on injecte le jeu dans son ADN et que l’équipe va se trouver ensuite en match, quand ça deviendra important.
Dans la vie, le travail est de plus en plus déprécié au profit des “jobs propres” et de l’argent plus facile. Pourtant, il y a une fierté à bien faire son travail, pas parce que ça rapporte ou parce qu’un patron va vous sanctionner sinon, mais simplement parce que bien faire son travail est un accomplissement personnel de tous les jours quand on y met du coeur. ”
Marie-Laure Vilmay
Partage la vie d’un rugbyman depuis 11 ans. Blogueuse: Le blog d’une femme de sportif – @MarieLaurePV sur Twitter.
“L’engagement c’est aussi le dépassement de soi parce que le rugby est un sport de contact ou les joueurs n’hésitent pas à se “sacrifier” pour l’équipe. Un joueur qui plaque et qui utilise son corps pour empecher l’adversaire de passer. Les corps souffrent et les rugbymen n’ont pas peur de souffrir.”
Pierre Denier
Coach, ex-Directeur des ventes internationnales chez Lippi France et passionné de relations humaines – Blogueur: Hauts les coeurs!! – @PierreDenier sur Twitter
” l’engagement, qui à mes yeux décrit le mouvement dans la volonté d’aller toujours plus loin, de repousser ses limites et de ne jamais se satisfaire d’une situation. L’engagement, c’est aussi de relever la tête pour lutter et franchir les obstacles, seul ou à plusieurs, au sein de l’équipe dans tous les cas. L’engagement, c’est donner le meilleur de soi-même, à chaque instant, en pleine conscience dans la volonté de participer au développement de l’entreprise, de la porter vers ses objectifs, de penser “développement du groupe” plutôt que “gestion de carrière”.
Jean-Marc Ouvré
Technophile communicant – Community Manager pour la Société Générale après un passage par la rh/formation et des agences de communication interactives – blogueur : Ouvré’sCorner – @jmarc sur Twitter
“L’engagement, la tenacité – cette tenacité on la ressent sur tous les matchs où chaque minute, même la dernière est importante. Les matchs sont longs même si ils vont parfois à toute vitesse, les championnats sont longs même si tout peut arriver et du coté de ceux qui vibrent sur des images, des commentaires, debout au pesage ou assis sur un gradin en plein vent, l’engagement est là bien avant la joie des victoires, la tenacité est aussi là dans les défaites, pour penser à après, pour continuer à avancer.”
Vincent Rostaing
Dirigeant de Le Cairn 4 IT conseil accompagnement à la gestion du cycle de vie des collaborateurs dans le domaine des Technologies de l’Information – Blogueur Le Cairn 4 IT – @lecairn et @lecairn_sport sur Twitter.
“L’engagement individuel au service de la performance collective, pas d’abnégation : on ne s’oublie pas , au contraire on se retrouve dans ce don de soi pour atteindre un but qui transcende notre gloriole personnelle, accomplir quelque chose de grand, ensemble . Cet engagement n’est possible que parce qu’on a confiance et qu’on sait que chacun va faire sa part du boulot et plus s’il le faut. Il y aura du soutien, je ne vais pas subir seul l’impact d’un autobus en allant percuter ce 3eme ligne, mes gros sont derrière, et dans le pire des cas,une gazelle jouera au gros.
L’engagement collectif : ensemble , on veut faire honneur au maillot, gagner ou perdre mais dignement, avec honneur, en se montrant vaillants et combattants, tout donner car on sait que les excuses n’existent pas à ce jeu là, si vous avez été vaillants et que vous avez perdu, l’adversaire était plus fort que vous , point barre. Si vous n’avez pas été vaillants, vous avez beau avoir vaincu, l’adversaire et le public vous feront sentir qu’ils n’acceptent pas ce manque de respect que vous avez « triché », vous ne vous êtes pas livré pleinement.
Fabien Dusarrat
Chargé de communication audiovisuelle. Natif des landes (d’où vient ma passion du rugby), il réalisé un mémoire universitaire sur les valeurs du rugby en mai 2009 dans le cadre d’un master de communication. – @cq_F_D sur Twitter.
“Le rugby est clairement un sport violent, un sport de “contact” comme l’on a l’habitude de dire. Pendant 80 minutes, les mecs face à face vont se plaquer, se livrer jusqu’à n’en plus pouvoir, se bagarrer pour avancer. Les matchs des avants sont assez frappants de cet état d’esprit. Chaque centimètre gagné n’est que la résultante d’un féroce acharnement. Les contacts sont violents mais malgré tout, il y a rarement de débordements. On peut finalement retenir un grand détachement, une sorte de maîtrise en dépit de cette forme de violence. Le jargon utilisé est le reflet de ce combat.”
Mini coaching: mettre un peu d’engagement dans nos projets
Le degré de motivation qui amène à l’engagement ne s’invente pas: il correspond à un bénéfice très fort, intimement lié au plaisir. Si les joueurs de rugby n’éprouvaient pas de plaisir à pratiquer un sport aussi exigent physiquement, ils auraient fait carrière dans le tricot ou la coiffure.
L’engagement peut exister lorsque la tâche ou l’objectif répond directement à nos besoins et honore nos valeurs (au sens valeurs motrices, bien plus que morales). Car
- Nos besoins régissent nos comportements
- Nos valeurs nous poussent à agir
- La conjonction des deux correspond à une forme de bien-être qui rend dynamique.
En reconversion professionnelle, par exemple, je m’attache à amener mes clients à identifier une voie de reconversion cohérente avec eux-mêmes, c’est à dire qui répond à leurs besoins et honore leurs valeurs. Et lorsqu’ils y parviennent, le degré de motivation est alors tel qu’ils sont capables de déplacer des montagnes pour y parvenir, et ce presque sans sourciller.
Du coup, par extension, que nos objectifs soient personnels ou professionnels, augmenter la motivation et l’engagement signifie aller faire un tour du côté de la connaissance de soi (et de ses propres besoins et valeurs), ou par la capacité à identifier besoins et valeurs chez l’autre dans le cas où on cherche à motiver une tierce personne, comme un collaborateur, par exemple. Un boulot qui comble nos besoins donne un sentiment de sécurité qui autorise la prise de risque et l’envie de se dépasser.
A première vue, ça pourrait passer pour une machine à générer du stress, cette affaire, mais c’est tout le contraire, car un job qui répond à nos besoins prend en compte tous les besoins, y compris en terme de charge de travail, de rythme, d’organisation en fonction de ses valeurs etc. Car il suffit d’un grain de sable dans les rouages de ses besoins et c’est la motivation qui trinque: l’insatisfaction, le ressentiment, le découragement peuvent s’installer. Le boulot devient alors davantage une contrainte qu’un plaisir et le stress n’est pas loin, avec toute la perte de performance et d’implication qui vont avec.
Engagement et connaissance de soi
Ainsi, pour vérifier que votre engagement sera à la hauteur de votre projet, prenez le temps d’explorer les méandres de vos besoins à l’aide de la série d’articles:
Et pour les valeurs:
Et si la motivation est insuffisante, modifiez le projet, plutôt que de chercher à vous changer!
Doper la motivation d’un tiers
Pour motiver ses collaborateurs et susciter un véritable engagement dans les projets de l’équipe, il est important d’aller chercher les besoins des uns et des autres et de les concilier. Pour cela, il est indispensable pour les managers de s’outiller tant en compétences relationnelles – qui vont permettre d’instaurer la confiance, de pratiquer l’écoute active et le questionnement qui vont amener à l’identification des besoins- qu’en connaissance des niveaux de besoins et de ce qu’est une valeur motrice -et ça va un peu plus loin qu’une représentation de Maslow. Ajouter à cela une bonne dose de créativité pour trouver des solutions permettant de concilier les besoins du collaborateur et sa place dans l’équipe. Voir:
Mais il est aussi indispensable de se souvenir qu’on ne peut, au travers de ces compétences, que créer les conditions de l’engagement et que celui-ci est aussi le fruit d’une rencontre entre les valeurs d’un individu et celles véhiculées par un projet. Voir:
Voir aussi
Répondre à son besoin d’appartenance sociale
Bien-être: besoins fondammentaux vs besoins physiologiques
Le plaisir/bonheur au travail, c’est bien autre chose que de multiplier les récrés
Répondre au besoin de reconnaissance
Valeurs du rugby et développement personnel
Valeurs du rugby & développement personnel: le respect
Valeurs du rugby appliquées à la vraie vie: l’esprit d’équipe
Aller plus loinVous voulez construire et entretenir une posture, un état d’esprit et un relationnel sereins et dynamiques à la fois, propices à la concrétisation de vos aspirations professionnelles? Pensez au coaching. Pour tous renseignements, contactez Sylvaine Pascual au 01 39 54 77 32 |
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