L’autre semaine, je vous parlais des nœuds à défaire, et je ne croyais pas si bien dire, car voilà que je me suis retrouvée cette semaine au milieu d’un sac de nœuds avec deux têtes de nœuds, du genre de ceux qu’on a du mal à extirper de leurs bocaux à cons, tant le jour de la distribution des compétences relationnelles, ils avaient du préférer aller écluser un mauvais rosé au bistrot du Commerce.
Voilà donc que j’ai subi une assez brutale tentative d’agression de la part de deux voisins aussi charmants que bien intentionnés. Sur le coup, j’ai été assez choquée, naturellement. Et puis en colère, face à la bêtise et l”indignité. Bien entendu, j’ai porté plainte, tout ça. Mais trois choses ont pris le dessus, qui m’ont permis de ne pas céder à l’amertume et à l’animosité, de retrouver le sourire et de passer à autre chose:
– Tout d’abord, je refuse de me laisser impressionner ou intimider. Mes chers voisins cherchent un rapport dominant/dominé, ils n’en trouveront pas. Ils me voudraient effrayée et ratatinée? Visiblement ils ne connaissent pas le Raoul rugbystico-bucolique qui vit en moi 😉 Patrick Viveret dit qu’il vaut mieux être bisounours que brutaclaque, je rajoute que le bisounours en moi se nourrit en effet de la définition de l’amour selon le philosophe: “Energie fondamentale chez les bisounours, s’exprimant par la sympathie, l’amitié, la tendresse, l’érotisme, l’amour fou…” (je songe d’ailleurs à leur commander un exemplaire de l’excellent Fraternité, j’écris ton nom).
– D’autre part, pour reprendre les mots de Christophe André, il n’est pas très utile d’aller balancer des vacheries supplémentaires dans l’océan des liens humains. L’océan en question étant déjà suffisamment pollué, inutile de cultiver des rancœurs qui ne risquent pas de rendre ses eaux moins saumâtres et de me laisser nager dans des eaux relationnelles du genre bleues des mer du Sud.
– Et pour finir, j’ai reçu tant de soutien, du plus tendre au plus drôle, du plus empathique et plus déjanté, que ce que je garde de tout ça, c’est que dans les coups de Traflagar, c’est l’amitié qui devrait prendre le quart, toujours, parce que les plaies et les bosses, y compris à l’âme, se soignent surtout au baume de la chaleur humaine, de la présence et de la sensibilité. (Un immense merci à eux tous, ils se reconnaîtront)
Laissons-leur donc leurs hargnes atrabilaires et allons voir dans des contrées plus peuplées d’humanité: ce dimanche, c’est le poète contemporain Iain Thomas qui nous invite à ne pas laisser l’amertume nous dérober douceur et bonté. Iain Thomas a dit dans un entretien à Psychology Today, écrire de la poésie comme un moyen d’échapper à des sentiments moroses et de se rapprocher de la beauté. Ses mots ont touché juste: laissons la poésie des mots, de la musique et de l’amour nous rappeler que malgré tout, le mode peut être beau:)
Je vous l’ai laissé en anglais, parce que l’extrait est bien joli comme ça:
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