Le retour à l’emploi, dernière étape pour ceux qui ont mené une reconversion professionnelle et ont opté pour un métier salarié. Voici 4 éléments clés à traiter pour une recherche d’emploi fructueuse, adaptés d’une étude de la Chaire nouvelles carrières de la NEOMA business school sur ce qui différencie ceux qui retrouvent un emploi rapidement des autres. Les résultats de cette étude sont éclairants pour ceux qui veulent changer de métier et se retrouveront à plus ou moins long terme sur un marché de l’emploi compliqué.
Crédit photo: Jörg Peter de Schweiz
Retour à l’emploi après une reconversion : croyances moteurs et croyances entraves
Selon cette étude, publiée dans HR Insights, ce ne sont pas les diplômes ou l’expérience qui garantissent un retour à l’emploi rapide lors d’une période de chômage, mais une « capacité à s’orienter » qui s’articule autour de 8 aptitudes et 4 croyances. Ce qui est une bonne nouvelle pour ceux qui ont changé de métier et retrouvent le marché du travail avec une expérience très limitée : c’est dans leurs systèmes de convictions qu’ils vont pouvoir faire la différence.
Ces 8 aptitudes sont connues et correspondent au schéma opérationnel traditionnel de la recherche d’emploi. Ce qui fait la différence, c’est la nature des systèmes de croyances individuels, qui déterminent la façon dont chacun va exercer ces 8 compétences. Ce sont donc les convictions personnelles qui vont favoriser le retour à l’emploi.
Ce n’est pas vraiment une surprise : nos croyances façonnent notre vision du monde et le cerveau s’attache à ce que les deux soient cohérentes. Ce qui signifie que certaines croyances sont des moteurs et d’autres des obstacles qui barrent la route, comme nous l’avions déjà évoqué à plusieurs reprises :
- Age, métier et reconversion professionnelle
- Reconversion professionnelle et croyances limitantes
- Certitudes : essayer avant d’acheter
Cette question des convictions personnelles est complètement transposable dans le cadre d’une recherche d’emploi suite à une reconversion. Ainsi par exemple, est-il recommandable de changer de métier quand on est quinqua si l’on est convaincu « qu’à 50 ans personne ne vous embauche » et que « les recruteurs se méfient de ceux qui ont fait une reconversion » ?
Cette étude nous donne quatre pistes de réflexion autour des croyances pour une recherche d’emploi fructueuse, et je vous propose de voir de quelle manière elles représentent quatre éléments essentiels à traiter dans le cadre d’une reconversion professionnelle.
Réfléchir à ses croyances en amont et pendant la reconversion
Les systèmes de croyances sont à explorer en amont, de façon à évaluer leur influence sur l’efficacité potentielle de la transition et de rectifier le tir lorsqu’elles sont une entrave : « Inutile d’apprendre à un cadre comment développer son réseau relationnel s’il est convaincu que les autres individus sont des rivaux égoïstes. Dans cet exemple, on pourrait parfaitement observer l’acquisition rapide des habiletés à développer un réseau, mais aucune mise en pratique concrète et, finalement, aucune autonomisation de l’individu. » dit Jean Pralong qui a dirigé cette étude
Les 4 croyances, décrétées « plus méconnues » par le site Cadréo qui reprend l’étude, ne sont en réalité pas une nouveauté. Elles s’articulent autour de la relation à soi, aux autres et au travail qui sont au cœur des accompagnements d’Ithaque depuis 2008 et qui petit à petit gagnent du terrain dans les esprits. Ce qui est nouveau et réjouissant, c’est qu’une étude reconnaisse l’importance des schémas cognitifs et de les ramollir lorsqu’ils agissent au détriment du chercheur d’emploi. En d’autres termes : la personne (avec ses croyances) est plus importante que l’opérationnel, puisque c’est elle qui va déterminer la nature et l’efficacité de cet opérationnel.
Dans le cadre d’une recherche d’emploi après une reconversion, le recrutement des reconvertis est compliqué par les idées préconçues figées dans une naphtaline aux antipodes de l’air du temps et de la réalité. Préjugés entretenus autant par les recruteurs que par ceux qui ont mené une reconversion, d’ailleurs et qui perpétuent ainsi le système qui leur nuit. Ceux qui ont mené une reconversion sont donc confrontés à une double nécessité de ramollir des croyances qui les entravent. D’où l’intérêt de revoir ces systèmes :
- En amont de la reconversion, pour qu’elles ne teintent pas les décisions de choix qui ne sont pas ceux des candidats à une reconversion (comme une vision étriquée ou au contraire idéalisée d’un secteur).
- Tout au long de la reconversion pour être en mesure de se positionner solidement et sereinement face à sa recherche d’emploi autant que des recruteurs.
4 systèmes de croyances à revisiter
Il y a donc 4 systèmes de croyances sur lesquels réfléchir, quatre représentations du monde du travail et de la vie professionnelle qui vont être déterminantes dans la réussite du projet.
1- Les croyances relatives à la contribution au travail
La relation au travail peut être perçue comme une simple application d’un savoir-faire professionnel précis dans un domaine donné. Pour d’autres, il va s’agir de trouver du sens – ou non – dans le cadre de la stratégie d’entreprise.
Les premiers pourront avoir plus de mal à construire un projet professionnel qui leur appartient vraiment (et donc à l’exprimer) d’une part et démontrer leur valeur ajoutée dans le cadre de l’entreprise pour laquelle ils postulent d’autre part.
Trouver l’équilibre entre savoir-faire et contribution favorisera une posture qui transpirera la motivation et l’assurance sereine de celui qui sait où il veut aller et comment il va y aller en s’adaptant aux spécificités du terrain. En d’autres termes, il saura construire des stratégies et communiquer sur son projet en harmonie avec les caractéristiques de l’entreprise dans laquelle il postule.
Dans le cadre d’une réflexion sur la reconversion, cela signifie avoir reconstruit pour soi-même la logique de son itinéraire professionnel et son articulation entre sens et compétences techniques. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet, bien trop négligé dans les accompagnements.
2- Les croyances relatives aux collègues, à l’entourage professionnel
Selon l’idée qu’ils se font des relations aux autres, certains estiment qu’on ne peut faire confiance qu’à un nombre limité de collègues, de préférence ceux avec qui ils ont travaillé et noué des liens étroits.
D’autres considèrent leur entreprise comme un vivier relationnel, un réseau de partenaires potentiels et ils seront plus enclins à chercher à connaître leurs collègues et à développer avec eux des relations équitables.
Les deux ne vont pas construire et entretenir leur réseau de la même manière et il est inutile d’apprendre aux premiers comment réseauter tant qu’ils n’ont pas adouci leur regard sur leur entourage professionnel et diminué leur méfiance.
Il est donc important de réfléchir aux enjeux d’un entourage professionnel ouvert, plus inclusif que replié sur lui-même, à ses façons d’être en relation, de façon à être en mesure de s’appuyer sur l’entourage en question lors d’une reconversion professionnelle. Un réseau solide et étendu peut être une mine d’opportunités de cooptation en externe ou de reconversion en interne. Y compris lorsque la reconversion choisie n’a rien à voir avec le métier d’origine. C’est pour cela que nous explorons systématiquement l’angle des relations avec nos clients en reconversion.
- Sortir des rôles relationnels dans lesquels les Autres sont forcément une menace.
- Développer et entretenir la confiance en soi, qui favorise la confiance en l’autre
- Développer une posture relationnelle en fonction de soi, rassurante pour soi et pour les autres qui va permettre de saisir les opportunités de réseauter plutôt que de rester replié sur soi-même.
3- Les croyances liées à la gestion de carrière
Certains pensent qu’on « doit attendre du travail et de la carrière la possibilité de réaliser une « vocation ». D’autres seront plus opportunistes et prêts à accepter des postes plus divers. Dans ce système-là, l’excès d’un côté ou de l’autre peuvent s’avérer néfastes :
- Un projet rigide, qui ne souffre aucune adaptation et risque de se heurter à des écarts irréconciliables avec les besoins des entreprises.
- Un excès de flexibilité qui pousse à accepter le premier job venu au mépris des conditions de son propre plaisir au travail, qui va vite mener à l’insatisfaction et au sentiment d’échec d’une reconversion souvent perçue comme LE moyen de retrouver sens au travail et épanouissement professionnel
Au cœur de ces croyances se trouve la notion de sens qu’on donne à son métier, à sa fonction. La question est épineuse : bien entendu, celui qui sera plus ouvert à des postes divers au détriment d’un sentiment de sens et de réalisation professionnelle de soi aura sans doute plus de chances de trouver un emploi rapidement. Cependant, lorsqu’on est rattrapé par le besoin de sens, le risque est de reproduire les conditions d’un mal-être qui ont été le moteur de la reconversion.
Pour les candidats à un changement de métier, il va donc s’agir de trouver un équilibre entre ces deux schémas. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avec nos clients sur la notion de job idéal, tout en explorant les contours de l’acceptable dans ses 10 dimensions – Voir, le boulot idéal, une réalité à inventer – de façon à développer plusieurs options :
- Un projet fort, porteur de sens et par la même vecteur de motivation, d’enthousiasme, de force de conviction.
- Un ou plusieurs plans B, version assouplie du plan principal. Des options acceptables et satisfaisantes à défaut de représenter le job idéal, de façon à pouvoir rebondir au cas où un faible nombre d’offres d’emploi prolonge la recherche au-delà d’un temps acceptable.
4- Les croyances relatives au marché du travail
Certains considèrent le marché du travail comme irrationnel et incertain. De facto, les informations qu’ils vont glaner seront alors considérées comme peu fiables et ne favoriseront pas un positionnement clair ou la confiance.
Inversement, ceux qui considèrent le marché comme rationnel pourront en développer une connaissance plus pointue en étant plus actifs dans leurs recherches d’informations et dans leurs enquêtes métier : l’idée qu’ils auront du potentiel d’une reconversion sera plus claire.
Il est donc important de travailler à s’autoriser des explorations variées et poussées, via divers canaux (réseau, Internet, réseaux sociaux, sites, blogs etc.), de travailler l’ouverture, l’accueil et un traitement objectif des informations recueillies pour favoriser le discernement et éviter de construire de nouveaux systèmes de croyances qui freinent la recherche d’emploi.
De ce point de vue, l’enquête métier est un élément essentiel du processus de décision d’une reconversion, qui va s’avérer bien utile à l’étape post-formation, lors du retour sur le marché de l’emploi. Je travaille avec mes clients à construire cet état d’esprit de l’explorateur des secteurs, car la connaissance du domaine, des entreprises qui recrutent, de leurs besoins et de leurs attentes, des diverses possibilités d’exercer le métier, dans quels types d’entreprises, d’environnements professionnels etc. permettra un affinement du projet d’une part et un ciblage pertinent des candidatures d’autre part.
En conclusion, il est important de reconsidérer des représentations du monde du travail en amont de la reconversion, ainsi que d’avoir une idée très claire de ses propres besoins professionnels, donc une solide connaissance de soi, pour être en mesure observer objectivement les besoins des entreprises, et de les confronter aux vôtres. Ce travail personnel de l’identité professionnelle et des convictions qui la soutiennent est un préalable indispensable, de façon à cibler ses candidatures et à postuler lorsque les besoins des deux parties se rencontrent et sont compatibles et cohérents.
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