Quand le temps s’installe au beau fixe, la météo interne de l’entrepreneur peut passer au morose, car la baisse d’activité en été peut avoir des répercussions bien pénibles. Beaucoup d’entreprises sont soumises malgré elles à cette saisonnalité subie, qu’il vaut mieux anticiper pour ne pas se retrouver en patron fort dépourvu, déconvenu et courbatu, quand l’été fut venu.
Ma petite entreprise ne connaît pas la crise (estivale)
La baisse d’activité estivale a été l’objet d’une réunion du collectif d’entrepreneurs que nous avons créés avec Olivia Roger. Et comme nous misons sur l’intelligence collective, cette séance a été l’occasion pour nous de partager inquiétudes et difficultés autant que solutions et stratégies, en nous appuyant sur les idées, trucs et astuces de ceux d’entre nous qui ont déjà trouvé des moyens d’y remédier. Développées, étoffées et enrichies, nous voilà avec tout un échantillon de possibilités pour passer un bon été.
Les sources d’inquiétude les plus fréquemment mentionnées :
- Gérer son temps (quoi en faire, comment l’occuper au mieux malgré la baisse d’activité)
- Gérer l’inquiétude de la baisse d’activité
- Gérer l’inquiétude et la culpabilité des vacances
- Gérer les problèmes de trésorerie liés à la baisse d’activité
Au final, il en ressort que plutôt que de s’acharner à essayer de lutter contre une baisse d’activité généralisée, gérer ses inquiétudes estivales consiste à anticiper le ralentissement saisonnier et à planifier des occupations utiles à l’entreprise de façon à avoir des points de repères rassurants pour naviguer dans les eaux trop calmes de l’été.
1- S’autoriser des vacances décomplexées
Chefs d’entreprise, laissez s’exprimer le salarié en vous, lui qui a une conscience profonde et décomplexée qu’à force de dur labeur, il a bien mérité ses jours de congés et à qui il ne viendrait pas à l’idée d’y renoncer. Cet article du Gang des entrepreneurs démontre avec brio l’utilité des vacances pour les chefs d’entreprise, de quoi déculpabiliser les plus accros d’entre nous. D’autant que dans tous les cas, des opportunités s’offrent à vous:
- Vous partez en même temps que tout le monde : la baisse d’activité généralisée limite le chiffre d’affaire potentiel, donc inutile de culpabiliser, à quoi cela sert-il de faire acte de présence quand vos clients ne sont pas là ? Profitez-en plutôt pour vous reposer, vous ressourcer, recharger vos batteries et être frais et dispo à la rentrée. Apprenez à connaître votre clientèle et ses habitudes pour fixer vos dates de vacances (B to B ou B to C? Est-elle à pied d’oeuvre dès son retour le 15 août ou plutôt aux alentours du 15 septembre, une fois que les petits ont été inscrits au poney?)
- Vous partez en décalé : vous êtes parmi les happy few qui peuvent répondre présent aux sollicitations improbables mais urgentes et prospecter les esseulés qui s’ennuient pendant l’été. Pour ceux qui utilisent les réseaux sociaux, c’est l’occasion de renforcer la visibilité, puisque ceux qui parlent des mêmes sujets se font aussi rares que le parisien dans les cafés de Denfert-Rochereau. C’est aussi une période idéale pour expérimenter d’autres façons de travailler, ou pour prendre un temps de réflexion difficile à s’autoriser le reste de l’année (voir plus bas).
- Garder le contact. Dans tous les cas, les possibilités de connexion nous permettent de rester en contact avec nos clients, par exemple via les réseaux sociaux, de façon à nous rassurer nous-mêmes essentiellement, car le client qui a envie de travailler avec nous, dans la plupart des cas, est conciliant est prêt à attendre quelques jours. N’en faites donc pas trop, histoire de ne pas vous pourrir les vacances consciencieusement.
2- Gérer la trésorerie
Les problèmes de trésorerie arrivent sans surprise en tête du hit-parade des inquiétudes estivales de l’entrepreneur. La baisse d’activté l’été peut générer un stress financier dont l’entrepreneur se passerait bien, en particulier s’il a décidé de savourer les belles journées d’été.
- Tenir compte et planifier : intégrer l’idée de cette baisse de chiffre d’affaire l’été dans son prévisionnel et son activité, sans céder à l’illusion qui consiste à espérer que cet été, les clients seront plus nombreux. Cela signifie planifier son seuil de rentabilité mensuel sur 10 mois et non pas 12, de façon à ne pas être mis en situation délicate. En d’autres termes, on anticipe les périodes de baisse d’activité en faisant son chiffre d’affaire sur 10 mois, et les éventuels contrats d’été sont une cerise sur le gâteau. Et on met une partie de ses revenus de côté pour l’été. Il ne reste plus qu’à se la couler douce 😉
- Relances avant juillet: faire un suivi de facturation et les relances nécessaires de façon à avoir encaissé toutes les factures de début d’année en juillet et ne pas avoir à courir après au moment où tout le monde est parti, alors que vos caisses sont vides.
3- L’été : le temps de la réflexion
En vertu du principe que toute médaille a son revers et réciproquement, La baisse d’activité, potentiellement, c’est du pain béni : une occasion rêvée, que l’entrepreneur épuisé peine à s’offrir à d’autres périodes de l’année, pour lever son nez fatigué de son guidon et s’octroyer un temps de réflexion pour le plus grand bénéfice des stratégies d’entreprise. L’été se prête particulièrement au bilan des moissons, puis à la réflexion et à l’élaboration des récoltes à semer pour l’année suivante. Alors prenons-en de la graine et profitons de l’été pour prendre du recul sur notre activité:
- Le temps du bilan: c’est le moment de faire le bilan des actions menées depuis le début de l’année, sur tous les plans, aussi bien comptable que commercial qu’en termes de produits ou de relations clients. Faire le point sur tout ce qui fonctionne bien, qui est à maintenir. Sur tout ce qui fonctionne moins bien et les modifications à y apporter pour y remédier. Bref, réfléchir en mode triplette du coaching et en tirer ensuite des plans d’action à mettre en œuvre dès la rentrée. Qu’on va, du coup, attendre avec impatience 😉
- Le temps de la capitalisation: prendre le temps de capitaliser sur tout ce qui fonctionne bien, les réussites, les accomplissements, autant individuels (en tant qu’entrepreneur) que de l’entreprise. Pour en tirer des leçons sur nos mécanismes de réussite, sur des stratégies gagnantes à transférer dans d’autres projets. Prendre la mesure de ce qui va bien renforce l’estime de soi, la confiance en soi et la capacité à faire des choix audacieux.
- Le temps de l’élaboration de nouveaux produits. c’est aussi une excellente période pour faire sens de la mosaïque d’idées que nous avons collectées toutes au long de l’année pour élaborer de nouveaux produits ou de nouvelles prestations. Ainsi que la façon dont nous allons les promouvoir et la préparation de leur lancement, au calme et sans urgence. Ce qui permet de le faire de façon suivie et construite plutôt qu’hachée par les contraintes et sollicitations du reste de l’année.
Et pour tout cela, c’est peut-être aussi l’occasion de tester d’autres façons de réfléchir, en mode décontracté:
4- S’occuper utilement
Potentiellement, nous négligeons tous un certain nombre de tâches, que nous considérons mineurs, en fonction de nos systèmes de valeurs/convictions, et l’été peut être le moment de rattraper le retard accumulé.
- Trier, ranger, archiver : avouons-le nos entreprises ne ressemblent pas toujours à Nous pouvons choisir de mettre à profit l’accalmie estivale pour trier et archiver nos documents administratifs, et cet article des Echos propose un tableau récapitulatif des types de documents et de leur durée de conservation. Niveau fun et plaisir au travail, c’est probablement juste en dessous du niveau de l’amer, mais ça a son utilité 😉
- Apprendre tranquillement à travailler sa visibilité numérique : pour les entrepreneurs qui n’ont pas encore mis un pied dans les réseaux sociaux, le calme de l’été est aussi propice à l’apprentissage au calme de la visibilité sur Internet et de l’identité numérique.
- Réseauter décontracté : l’été, les rencontres réseau professionnel peuvent prendre une tournure plus conviviale, moins formelle, ce qui est propice à des liens qui se tissent davantage par affinités. On peut prendre le temps de déjeuner, de se retrouver à une terrasse de café et rompre ainsi, du moins en partie, la solitude de l’entrepreneur.
5- Travailler autrement
La baisse d’activité est aussi un moment opportun pour tester d’autres façons de travailler, que l’entrepreneur zélé a du mal à s’autoriser le reste de l’année, considérant qu’il n’a pas de temps à perdre en expérimentations que ses croyances étiquettent hasardeuses.
De nombreuses tâches inhérentes à la fonction de chef d’entreprise n’ont pas nécessairement besoin d’être faites sagement assis à son bureau:
– Rédaction de propales
– Réponses à des appels d’offres
– Facturation
– Gestion des mails
– Rédactionnel pour ceux qui animent un blog
Si le nomadisme et le télétravail ont le vent en poupe auprès des salariés, c’est parce qu’ils autorisent d’autres façons de travailler, inscrites dans un sentiment d’autonomie, de liberté, de plaisir qui sont à la fois facteurs de motivation et de performance. L’été est une occasion en or d’explorer des tiers-lieux de travail qui vous sortent de vos quatre murs, rompent avec la routine et offrent de nouveaux horizons, au-delà des quatre murs de notre bureau. On peut aussi céder aux sirènes d’une villégiature partielle : s’emmener travailler ailleurs et gérer son entreprise à distance.
D’autant qu’il y a des connexions wi-fi presque partout et nos smartphones autorisent le partage de connexion : autant d’outils pour le parfait petit entrepreneur nomade. Personnellement, j’ai mes coins de prédilection, en forêt, dans les bistrots du coin où dans le parc de Versailles et mes estives pyrénéennes.
- Les tiers-lieux de travail
- Petite leçon de vie d’un mois de juillet pourri
- Travailler moins travailler mieux: 5 trucs à expérimenter pendant l’été
Et vous, votre activité baisse-t-elle pendant l’été?
Comment la gérez-vous?
Partagez vos astuces, méthodes et façons de faire;)
Ressources externes
ce dossier des Echos intitulé Créateurs d’entreprise, comment gérer la période estivale? “Pour un créateur, a fortiori celui qui vient de lancer une activité innovante, l’été est une période déroutante. Faut-il déconnecter ou pas ? Comment s’organiser ? Comment tirer parti de la baisse d’activité ? …. Des dirigeants de start-up témoignent.”
- L’été, pire période de l’année ou opportunité pour les créateurs?
- Interview de créateur: “Les vacances, la période idéale pour préparer le lancement au calme”
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