On peut faire tout un plat du manque de saveur de la vie professionnelle, lorsqu’elle s’est éloignée de ce pour quoi nous avons du goût et de l’appétit, lorsque que nous les avons perdus par habitude ou qu’ils ont évolué. Voici 3 pistes de job crafting pour redonner bouquet, piment et sapidité à votre job et renouer avec le plaisir de travailler.
Nos appétences peuvent changer
Vous, je ne sais pas mais moi, quand j’avais 30 ans, je n’aimais ni les courgettes, ni les tomates, ni les pommes, ni les fraises. J’étais une carnassière vorace qui s’accommodait mal des légumes et se fichait de la douceur des fruits. Bref, fallait que ça saigne, comme on dit chez Boris Vian. Aujourd’hui, à mesure sans doute que la vie m’a adouci l’âme et affiné le palais, j’apprécie aussi la délicatesse de la verdure et la fraîcheur des fruits et je n’imagine plus mes repas les ratiches plantées dans la barbaque et la charcuterie. Tout ça pour vous dire que les goûts, les appétences évoluent avec le temps et que ce qu’on a envie de trouver sur sa table de travail peut changer autant que ce qu’on a envie de trouver au bout de nos fourchettes.
Et puis, à trop manger la même ratatouille professionnelle à longueur de journée, elle a vite fait de devenir une soupe insipide qui n’assouvirait aucune soif et ne répondrait à aucune gourmandise. Or disons-le tout net, nous avons tous besoin d’un peu de saveur pour rendre la vie professionnelle agréable, mais aussi digeste.
Inversement, même si le champ de mes plaisirs gustatifs s’est étendu, je reste définitivement plus gigot et saucisson que kiwis et panais.
En d’autres termes, si certaines de nos appétences professionnelles sont assez constantes, d’autres désirs et aspirations ne sont pas gravés dans le marbre, bien au contraire. Ils sont en mouvement et peuvent évoluer au fil du temps. Et puis, occupés à mâcher sans conscience un sandwich devant l’ordinateur, nous finissons par en perdre l’idée de la saveur. Nous nous habituons à quelque chose qui hier nous ravissait et aujourd’hui nous indiffère. Il est peut-être temps d’y remédier.
Le plaisir de travailler est durable s’il est renouvelable
Ce qui signifie que nous n’avons un plaisir de travailler n’est durable que si nous le renouvelons régulièrement. C’est là tout l’intérêt du job crafting, qui recouvre toutes les modifications, grandes ou petites, que vous pouvez apporter à votre job pour l’adapter à vous-même.
Nous pouvons mettre les mains à la pâte de notre plaisir de travailler en lui donnant une saveur renouvelée en procédant à un job crafting soigneux et méthodique, qui passe en revue toutes ses sources de (dé)plaisir pour les évaluer l’une après l’autre et implémenter les ajustements nécessaires. C’est une démarche en profondeur qui demande de la rigueur autant que l’acceptation de tout ce qui peut piquer un peu (l’élégance relationnelle passe par l’acceptation de sa propre part de responsabilité dans la relation, ce n’est pas toujours simples). C’est aussi une démarche à entreprendre lorsque le constat du déplaisir révèle des abymes de besoins mal comblés.
On peut aussi choisir des pistes plus légères, plus rapides ou encore d’autres plus audacieuses, lorsque le déplaisir n’est pas chronique et délétère et qu’on a plutôt envie de rafraîchir les couleurs du quotidien professionnel et d’entretenir un sentiment de plaisir toujours en mouvement. De la révision régulière à l’hybridation, voici trois pistes pour tous les besoins de stimulation 😉
1- Faites un formage de votre plaisir de travailler!
Notre première piste, c’est donc la révision régulière. De la métaphore potagère à l’analogie mécanique auto, il n’y a qu’un pas, n’est-ce pas? Evaluer régulièrement l’état général de notre plaisir de travailler, histoire de voir s’il y a des pièces qui ont besoin d’être changées. Car quand la mécanique grippe de déplaisir, elle ne va pas tarder à produire des ratés. Et pour cela, rien de tel qu’un camembert, qui va permettre d’évaluer votre quotidien professionnel dans toutes ses dimensions pour analyser les modifications utiles à expérimenter.
Pour ceux qui ont un grand besoin de stimulation, pour ceux qui ont un nouveau métier ou poste, je suggère des évaluations à intervalles plus courts, par exemple une fois tous les quinze jours. Ceux qui apprécient le confort et la maîtrise pourront sans doute se satisfaire d’une situation plus longtemps et des révisions plus espacées seront suffisantes.
La façon de s’y prendre pour faire tout un fromage de votre vie professionnelle et du (dé)plaisir que vous y prenez, c’est par ici:
2- Hybrider votre métier
Solution plus audacieuse, l’hybridation a le vent en poupe, elle est même considérée aujourd’hui comme l’avenir des métiers, qui s’imbriquent de plus en plus les uns dans les autres en s’empruntant des compétences et en les conjuguant à des domaines ou des métiers différents. C’est comme ça que naissent la plupart des métiers et que s’inventent ceux de demain.
Il y a aussi dans l’hybridation une possibilité très intéressante et potentiellement nourrissante : au confluent de ce que vous savez faire, de ce que vous aimez faire et de ce qui est important pour vous peut se trouver des moyens de redéfinir votre métier, votre façon de l’exercer. De cette pollinisation croisée peut découler des façons de les réinventer en innovant et en créant de nouvelles spécialités. L’hybridation peut être une alternative alléchante à la reconversion.
- Chronique d’une reconversion annoncée : l’hybridation des métiers
- Evolution des métiers et hybridations nécessaires
- Slashing vs hybridation
3- Acquérir de nouvelles compétences
Quand on aime son métier mais qu’on commence à avoir le sentiment d’en avoir fait le tour, d’avoir besoin de nouveaux challenges, ou justement pour hybrider son quotidien professionnel, acquérir de nouvelles compétences peut être une façon d’aller vers de nouvelles responsabilités ou d’élargir son périmètre ou de se concentrer sur de nouvelles tâches plus stimulantes.
Mais toute nouvelle compétence n’a pas forcément la succulence espérée. Au même titre que, parmi mes nourritures terrestres chères à André Gide, Hylas préfère les grenades et Simiane les figues, des compétences pour lesquelles vous n’avez aucun goût ne risquent pas de vous rendre l’assiette professionnelle plus délicieuse, c’est surtout se raconter des salades sur une employabilité qui sera amoindrie par le manque d’enthousiasme.
En revanche, développer des compétences pour lesquelles vous avez de l’appétence peut être une façon de réorienter légèrement le contenu potentiel de votre travail vers quelque chose de plus délectable et roboratif. Ce qui en soi peu déboucher sur une hybridation de votre métier.
Pratiquer le job crafting
Le job crafting recouvre toutes les modifications, grandes ou petites, que les travailleurs (salariés, managers, dirigeants, entrepreneurs, indépendants) apportent à leur vie professionnelle, qui leur procurent plaisir, satisfaction et leurs permettent d’innover. Elles se regroupent dans trois grandes catégories :
- Le contenu du travail
- Les relations de travail
- La perception du travail
Pour découvrir comment le pratiquer, en évaluant identifiant vous-même vos propres leviers et les modifications que vous voulez expérimenter, mon livre sur le job crafting propose 10 axes à explorer concrètement.
Aller plus loin
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