Une cavalière Internationale de dressage nous apprend qu’un cheval est une mosaïque de caractéristiques qu’il est nécessaire d’accepter pour pouvoir tirer en le meilleur. Et s’il en allait de même pour chacun d’entre nous? L’acceptation de soi devient alors source d’employabilité, de réussite, mais surtout de plaisir de travailler!
Cavalier de soi-même
Ce n’est pas la première fois que nous tirons des petites leçons équines utiles à nos vies professionnelles. Mais celle du jour vient d’une cavalière Internationale de dressage, Charlotte Dujardin, cavalière internationale de dressage qui a époustouflé les amateurs de cette discipline assez méconnue avec son cheval Valegro et non pas d’un bourrin basque sacrément futé qui nous parlait d’ailleurs déjà acceptation de soi.
Je suis en train de lire l’autobiographie de Charlotte Dujardin. Bon, clairement, ce n’est pas un monument de littérature et la cavalière a l’art un poil agaçant de décliner ses petits malheurs qui rappellent, à ceux qui en douteraient, qu’il n’y a pas que chez les pauvres qu’il y a de la misère.
Mais pardonnons-lui : c’est bien connu, les gens heureux n’ont pas d’histoire et quitte à faire un roman de sa vie, autant qu’il offre quelques rebondissements ! Et puis je lui pardonne doublement : il y a un paragraphe de son livre qui a retenu toute mon attention, même si l’idée vient probablement de Carl Hester, son entraîneur :
« J’appris alors qu’un cheval est un ensemble de forces et de faiblesses et que la tâche du cavalier est d’assembler les différentes pièces du puzzle pour comprendre comment tirer le meilleur parti de sa monture »
Voilà qui est intéressant.
Ce n’est donc pas lutter contre ses faiblesses ou les ignorer pour se focaliser sur ses forces ? Ce n’est donc pas le formater, de le forcer par tout les moyens à devenir ce qu’il n’est pas mais qu’il devrait être aux yeux des recruteurs juges ? Le blinder des soft skills prisés du moment et construire à la force du poignet une employabilité normalisée ? Ah mais non, je m’égare, là, je ne parle plus de cheval, je parle de vous, de moi, de n’importe quel travailleur ou salarié. Et c’est sans doute là qu’il y a une leçon à retenir, de ces enseignements intergalactiques qui vous fusionnent les hémisphères cérébraux : peut-être que chacun de nous est un ensemble de forces et de faiblesses et qu’il s’agit simplement d’assembler les pièces du puzzle pour comprendre comment tirer le meilleur parti de nous-mêmes.
Peut-être qu’il est avant tout question d’être cavalier(e) de soi-même. Une sorte de management de soi qui sonne comme une boucle bouclée, quasiment littéralement, puisque le mot aurait des liens étymologiques avec le manège, celui-là où l’on met le cheval à sa main.
Mosaïque de caractéristiques et acceptation de soi
Ce puzzle-là est un ensemble de caractéristiques qui a sa propre façon de s’articuler, de fonctionner, d’être efficace, de vibrer. Enlevez une pièce, sous prétexte qu’elle n’est pas en vogue ou mal jugée, qu’elle est perçue comme un défaut ou une faiblesse et c’est tout l’équilibre de l’ensemble qui cesse de vibrer à l’unisson, qui devient boiteux, disharmonieux, bref, moins convaincant et moins efficace.
Alors cessons d’écouter qui il faut être, quel trio de « qualités » est promu ces jours-ci par effet de mode, cessons de croire qu’il y a les qualités qu’il faut avoir et les autres, les méprisables, les négligeables, les inutiles, les contre productives. Cessons de croire qu’il y a des profils-types, faits pour ci ou pour ça, un profil pour chaque métier, pour chaque statut, un profil d’entrepreneur, un profil de slasheur, un profil de fonctionnaire : c’est aussi bête que vide de sens.
Ca me rappelle cette infographie sur laquelle je suis tombée et qui vous dresse le profil-type du commercial à coups de soft skills cartographiés. Profil imbécile de préjugés qui me dresse un poil agacé le long de l’échine, qui me fait piaffer d’impatience !
Un contre-exemple: Sandrine, commerciale introvertie au besoin d’oursitude assez développé, est venue me voir en croyant que pour gagner en aisance, en plaisir et en efficacité, elle devenir extravertie. C’est sur l’acceptation d’elle-même que nous avons travaillé, et sur la façon dont elle pouvait s’y prendre pour mettre son ensemble de caractéristiques au service de sa vie professionnelle, au lieu de s’épuiser à lutter contre. En deux ans, elle a démultiplié son chiffre d’affaires et reçu l’année dernière le trophée de la meilleure commerciale monde dans son entreprise.
Je me souviens d’avoir dit en 2012, lors des petits déjeuners carriere/recrutement que nous faisons à l’époque avec l’APEC, que les #softskills allaient devenir le champ de la discrimination par la personnalité et c’est exactement ce qui est en train de se produire.
Cessons aussi de croire qu’il y a des qualités moches et des qualités belles, des ennuyeuses et des fun, cessons de croire qu’il y a des défauts et des qualités, cessons de croire les préjugés et occupons-nous de ce que nous sommes. Occupons-nous de nos caractéristiques, leurs apparentes contradictions, leur articulation singulière, comment celle-ci est à notre service, comment elle nous a permis d’accomplir ce que nous avons accompli, comment nous pouvons nous appuyer dessus.
C’est l’acceptation du cheval tel qu’il est qui permet d’en tirer parti, c’est l’acceptation de nous-mêmes tels que nous sommes qui nous permet de réaliser ce que nous voulons réaliser, dans la mesure de nos moyens.
Plaisir et satisfaction
D’autant qu’il y a un plaisir immense à comprendre, accepter et s’appuyer sur ce puzzle, parce que c’est, à l’instar du dressage, une discipline exigeante,
« Venir à bout de ce casse-tête est au moins aussi satisfaisant que de sortir en concours » dit aussi Charlotte Dujardin.
Ca aussi, c’est très intéressant !
Cela signifie aussi que la recherche de performance et d’efficacité n’est pas tout : la compréhension et l’acceptation de notre propre mosaïque de caractéristiques valent encore mieux, car on y trouve une satisfaction profonde, comme celle liée à la résolution d’une énigme complexe et mystérieuse. Celle de ce nous-même singulier, fait de caractéristiques, de traits de personnalité, de comportements, de penchants et de réactions émotionnelles qui forment un tout parfois difficile à comprendre, tant il peut donner un sentiment d’apparentes contradictions ou d’inadéquation au regard des attentes d’autrui.
D’autre part, la satisfaction de la compréhension de ses propres modes de fonctionnement a une autre répercussion possible qui n’est pas négligeable, car elle touche à l’autre pilier du plaisir de travailler : le désir de mieux comprendre les autres et par ricochet, de mieux travailler avec eux. L’acceptation de soi est souvent liée à des relations de meilleure qualité (elle favorise l’acceptation de l’autre dans son altérité) et elle est le socle de l’élégance relationnelle.
Alors peut-être qu’un poil d’introspection et un poil de réflexivité, dans un but de connaissance de soi, sont une triple clé possible :
– Gagner en acceptation de soi
– Travailler mieux qui apporte le bénéfice d’avoir à travailler moins
– Gagner en plaisir de travailler parce qu’on travaille.. à sa manière
Acceptation de soi et carrière
L’acceptation de soi qu’amène la connaissance de soi a bien des bénéfices pour la concrétisation de nos aspirations professionnelles (quelles qu’elles soient) et la façon dont nous pilotons notre carrière, y compris dans des bifurcations telles que la reconversion ou la création d’entreprise, car elles participent de l’assurance nécessaire d’une part et constituent un socle de ressources sur lesquelles nous pouvons nous appuyer et que nous savons articuler d’autre part.
Alors si vous envisagez une bifurcation professionnelle, ne vous préoccupez pas de ces idioties et coupez-leur l’herbe sous le pied:
1- concentrez-vous sur vos qualités et la façon dont elles se manifestent pour pouvoir montrer comment vous allez les mettre au service de votre job.
2- Acceptez tous vos traits de personnalité et montrez comment ils influent sur votre façon de travailler, comment ils participent de vos accomplissements professionnels.
L’acceptation de soi a ceci de formidable qu’elle génère l’acceptation de soi… par les autres. Y compris malgré leurs préjugés.
Il y a là aussi une façon intéressante de développer les soft skills chers à l’employabilité de demain sans succomber à la tentation de la qualité/compétence normalisée. Car au-delà de l’individualisation évidente des besoins de compétences (qui est déjà à la limite du formatage en profil-type), il y a la normalisation du développement de ces qualités/compétences, comme si elles étaient aussi figées que les hard skills, les compétences techniques. L’ironie serait d’ailleurs assez délectable, si elle n’était pas amère, de constater que depuis l’invention du terme soft skills, l’on a eu de cesse de les modéliser, de les standardiser jusqu’à friser le hard skill. Sans doute parce que c’est rassurant, évaluable et mesurable là où, par essence, les qualités humaines (ce qui était un joli terme, par le chemin) sont plus impalpables et informelles.
Nous reviendrons sur le sujet !
Voir aussi
Acceptation de soi: Etes-vous un être humain?
Renouer avec ce que nous sommes
Soft skills: pour quoi et comment développer une qualité
Estime de soi: qualités, talents naturels, le beau est dans l’ordinaire
Accomplissements, qualités personnelles et talents naturels
Les qualités de nos défauts
Aller plus loin
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