Marcher a des tas de bienfaits pour le corps autant que pour l’esprit. Dont un auquel on pense moins: décryptage d’un outil péripatéticien bougrement efficace pour dépasser blocages, ruminations et autres improductivités.
La panne sèche du citron, ça ne donne pas le melon !
Vous, je ne sais pas, mais moi, il y a des jours comme ça où je tournicote, je bricole, je superficialise, j’écris trois mots, j’en efface deux, je m’ennuie, je gigote… et je ne produis rien. Du moins pas grand-chose, pas d’idée intéressante, ça tourne à vide dans ma tête, des bribes d’idées sans suite bref, je me sens aussi productive qu’une chaîne de montage un jour de grève générale.
Et puis ça nous arrive probablement à tous de coincer sur une idée, un dossier, une tâche, un texte. Pas vraiment de la procrastination, puisque ce n’est pas qu’on ne veut pas, c’est que là, ça bloque. Méninges grippées, neurones qui se mettent au chômage technique et d’un seul coup, c’est toute la matière grise qui plonge dans le trou noir.
Parfois aussi, nous nous retrouvons à ruminer un sujet – un dossier, une problématique, une solution à élaborer – nous ressassons, nous le retournons dans tous les sens et il ne se passe rien, mis à part sans doute nous filer des insomnies.
Ca nous arrive à tous et la panne sèche du citron, ça ne risque pas de donner le melon, ça rabougrise le plaisir de travailler -et parfois même un peu l’estime de soi. Car de vous à moi, quand l’inefficacité se prolonge un tantinet et qu’on se sent bougement improductif, c’est un poil désagréable.
Marcher pour se redémarrer la théière
Il existe pourtant une solution très simple pour redémarrer une théière qui a calé en pleine ascension du Mont Ventoux : c’est de mettre à profit ses arpions plutôt que de se les casser tout(e) seule(e) à rester coincé(e) dans l’immobilisme et la frustration. Parce que tourner en rond dans sa propre tête, c’est potentiellement générateur de sentiments désagréables qui peuvent aller de l’agacement à la démotivation en passant par l’angoisse, l’exaspération ou le découragement.
Quand la cervelle a des ratés, marcher, c’est le pied ! Pour tout un tas de raisons physiques autant que mentales.
Marcher, ne serait-ce que quelques minutes remet en mouvement, ce qui est une réponse quasi universelle aux réactions émotionnelles qui ne cherchent que ça, le mouvement à qui elles doivent leur nom. Vous avez remarqué comment, chaque fois que notre cerveau coince, nous gigotons ? Ce qui signifie qu’emmener ses nougats prendre l’air permet d’emblée de diminuer la tension, de s’apaiser.
D’ailleurs, marcher déclenche automatiquement la production d’endorphines, hormone qui procure un sentiment de plaisir, de détente, de joie (de là à penser que la marche est tellement bonne pour nous que notre biologie nous y pousse par le biais des endorphines, je suis prête à parier une prise de tête contre une balade en forêt qu’il y a un lien de cause à effet 😉) et des études affirment aussi que marcher à des bienfaits pour le sentiment de bien-être, sur l’humeur et l’estime de soi*.
Marcher débloque les méninges et remet de l’huile dans les neurones parce que dès que nous nous mettons à marcher sans autre raison que marcher, le cerveau se met en mode dit « par défaut ». En d’autres termes, il s’évade et rêvasse. Et nous savons combien la rêverie par défaut a de bienfaits sur l’humeur et la créativité:
Parce que c’est une sorte de rêverie physiquement active, marcher un moment associe les bienfaits mécaniques de la mise en mouvement aux vertus psychiques du cerveau par défaut. Un concentré détonnant en forme de déblocage-minute pour prendre du recul face aux blocages ou aux ruminations, qui va permettre d’y voir plus clair. Tout simplement en s’emmenant marcher quelques instants.
Marcher sans chercher à penser
Je ne vous parle pas ici d’une autre possibilité, tout à fait intéressante mais qui n’est pas notre propos du jour, d’inclure des plages de 40 minutes de marche dans votre agenda. Il s’agit, lorsque vous êtes en pleine inefficacité coincée et bien frustrante, d’aller faire quelques pas toutes affaires cessantes.
Marcher quelques minutes sans chercher à penser, c’est mettre la bride sur le cou de votre cerveau et ça lui fait un bien fou, car c’est la non-concentration qui va favoriser le mode cerveau par défaut. Et si vous avez la possibilité de mettre des pantoufles de vert et d’ajouter un brin de nature dans vos péripatéties, ça manque certainement de connexion wifi, mais ça génère une sacrée connexion entre soi-même et le monde, qui renforce le sentiment de bien-être et la créativité débridée:
Il s’agit donc bien de marcher sans autre but que d’être dans le mouvement et de déconnecter du blocage ou de la rumination, pas pour trouver ab-so-lu-ment une solution, car plus vous avez d’attentes, plus les bénéfices se dérobent à vous doigts avides. Ainsi la marche utilitariste pourrait bien voir ses bienfaits réduits à néant, un peu comme la méditation ou la relaxation utilisées pour d’autres raisons que le plaisir qu’on y prend. Mettre a profit ses arpions, c’est aider la comprenette à se mettre les doigts de pieds en éventail, n’en attendez pas autre chose. Et si autre chose vient, c’est un pur bonus!
Alors plutôt que de filer à la machine à café ou de vous acharner, prenez les chemins de traverse et faites respirer vos neurones, ne serait-ce que quelques instants. Allez vous dégourdir les jambes et la matières grises, ne serait-ce que le temps du tour du pâté de maison! Expérimentez diverses façons de vous y prendre, en termes de temps, de lieu, de vitesse etc. et trouvez celles qui vous conviendront le mieux. Une précision: pour les ruminations, marcher permet la remise en mouvement qui va faciliter la résolution du problème, elle l’accompagne donc, mais ne la remplace pas:
Et si vous avez le sentiment que la vadrouille créative va à l’encontre de l’étiquette corporate qui vous enjoint de rester sagement assis à votre bureau, vous pouvez apprendre à pratiquer la rébellion douce, l’insoumission paisible, la désobéissance légère dans lesquelles l’art du job crafting puise sa source avec Ithaque 😉
*ressources externes:
11 bienfaits de la marche pour le corps et l’esprit
La marche, c’est bon aussi pour la tête
Marcher pour doper son mental
Voir aussi
Libérer l’efficacité professionnelle et la créativité en 7 points
3 principes de gestion du temps pour plus d’efficacité et de créativité
Efficacité professionnelle et émotions
Vitamines mentales: les instants contemplatifs
Aller plus loin
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Bonjour
cela ne fonctionne pas du tout pour moi et je rumine en marchant, à tel point que je prévois maintenant des écouteurs et une provision de podcasts quand j’ai un trajet à pied à faire pour ne pas arriver à destination vaguement déprimée.
Bonjour Nathalie,
Vous êtes donc l’exemple type du fait que les solutions ne sont jamais universelles:)
J’aime bien l’idée de la provision de podcasts: écouter des choses intéressantes, se cultiver, ça fait du bien aussi:)
Merci pour ce partage;)
L’étiquette corporate m’interdit d’utiliser mon portable, de prendre plus de 10 minutes de pause par jour, de manger des chocolats offerts par des fournisseurs, et m’enjoint à répondre dans un délai de 10 minutes à un problème juridique à 10 inconnues posé dans un mail d’une ligne, faute de quoi je serai immédiatement relancée par téléphone.
Je vais vraiment essayer la désobéissance dès la semaine prochaine mais je pense qu’au 3e tour de bâtiment, le responsable HSE aura déjà appelé les pompiers….
Bonjour HGB!
Aïe, ça va être dur en effet. Vos ruminations et blocages sont-elles dues à ce délai de réponse très court à des questions très complexes?
Les étiquettes corporate aussi étriquées, réglementées et encadrées ça peut donner des envies d’ailleurs professionnels disons plus aérés (du moins à moi;)