En début de carrière, nous avons tous pris des décisions quant à nos vies personnelles et professionnelles qui correspondaient à ce dont nous avions besoin à ce moment-là. Cependant, parce que la routine nous rattrape, nous omettons souvent de réévaluer ce que nous voulons et nous nous retrouvons ancrés dans les conséquences de décisions prises il y a longtemps et l’écart se creuse parfois entre elles et nos aspirations dans le présent.
L’écart entre le professionnel de nos débuts et celui que nous sommes devenus
A mesure que l’écart se creuse entre la personne que nous étions en début de carrière et celle que nous sommes aujourd’hui, nous perdons en sens, en direction, en mouvement. Les objectifs d’hier ont été atteints, nous n’en avons pas fixés d’autres :
- Par confort ou par facilité : les choses se passent plutôt bien, elles suivent leur cours, nous avons la flemme de les remettre en question
- Par culpabilité : après tout, la société, les médias et Mémé Huguette nous le répètent: nous avons tout pour être heureux, non ?
- Parce qu’on y a pas pensé : les obligations et nez dans le guidon de nos vies nous donnent peu de recul, de hauteur ou de profondeur de champ par rapport à nous-mêmes, à cette personne que nous sommes devenue, à nos besoins, à nos désirs.
Ancrés dans l’image de la personne que nous étions lorsque nous avons pris ces décisions, nous restons à l’écart de notre propre évolution, peu conscients d’elle. Les doutes et les questionnements vont s’intaller subrepticement.
C’est le cas de Pascaline, enseignante, pour qui le passage de la quarantaine a été un tournant décisif :
« Il y a 2 ans j’ai fêté mes 40 ans, cap très difficile pour moi et dans la même semaine, j’ai perdu ma grand-mère à qui j’étais extrêmement attachée.
J’avais l’impression d’être à la moitié de ma vie et que tout allait décliner, inexorablement. Je suis quelqu’un de très dynamique, maman de 3 garçons plutôt turbulents, mariée à un homme adorable mais très pris par son travail et souvent en déplacement, je suis professeur d’anglais. Comme nous déménageons environ tous les 3 ans, il me faut être très réactive pour m’adapter aux nouveaux lieux, nouvelles structures scolaires, les miennes et celles de mes enfants, les adresses de médecins, de baby-sitters…
Cette année-là, j’étais en disponibilité par nécessité puisque je n’avais pu avoir de poste pour le rentrée suite à la mutation tardive de mon mari.Je me suis retrouvée cantonnée à la maison à attendre le retour de mes enfants et celui de mon mari le soir sans avoir de véritable occupation dans la journée. »
Milieu de carrière : le besoin de se redéfinir socialement et professionnellement
Pourtant, continuer à évoluer ne signifie pas se renier, ou renier les aspirations d’hier, c’est même l’inverse. Ignorer les changements dans nos besoins et nos aspirations est un déni de soi. En réalité, dès lors que nous satisfaisons un besoin, une aspiration prioritaire, celle qui est cachée juste derrière commence à se manifester. Et pour compliquer l’affaire, nous avons beaucoup trop tendance à taire toutes celles qui ne corresponde pas aux aspirations conformes que nous renvoient la société.
C’est la raison pour laquelle de nombreux quarantenaires se retrouvent avec le sentiment de mal se connaître, que leurs aspirations sont un flou artistique, localisé quelque part entre fantasmes ridicules et envies silencieuses. Ils ressentent alors un besoin parfois confus de revenir à eux-mêmes, autant sur le plan personnel que professionnel.
« Je me suis rendue compte que je n’avais plus de temps à perdre et que j’avais des priorités à redéfinir, socialement et professionnellement, constate Pascaline. J’avais l’impression d’être un pion. Je ne voulais plus perdre de temps auprès de gens qui ne m’apportaient rien. On ne vit qu’une fois et je voulais être claire sur la façon dont je menais ma vie et cesser de la subir parfois.
Je me suis tournée vers Ithaque*, site sur lequel je me rendais souvent, parce que je n’arrivais pas toute seule à faire le tri dans mes idées : j’avais tendance à tout rejeter sans savoir quoi vouloir garder, quoi utiliser pour me redéployer professionnellement. L’idée de travailler par téléphone me plaisait car j’étais bien protégée chez moi, tranquille dans mon cocon, sans avoir à faire face au regard de l’autre, ce qui me donnait toute liberté de parole. »
Exploiter des ressources déjà existantes
Toujours parce que la vie passe sans qu’on y prenne garde, ce qui fait sens pour nous est souvent étouffé par les exigences du quotidien parce que nous avons du mal à reconnaître notre marge de manœuvre, les ressources insoupçonnées dont nous disposons pour façonner notre vie personnelle et professionnelle.
Nous remettons notre besoin de sens dans notre poche, en nous auto-persuadant que ces préoccupations-là sont égoïstes et futiles (avoir un job, c’est quand même le plus important, même si on en crève). Seulement le besoin de sens, de réalisation de soi fait partie intégrante des besoins fondamentaux, ce qui signifie que leur négligence finira par nous rattraper tôt ou tard et s’exprimer par du stress, le burnout ou le boreout (l’ennui au travail).
Pourtant les ressources pour définir ce qui fait sens pour nous et agir pour concrétiser nos aspirations sont déjà à l’intérieur de nous, tues le plus souvent par un solide sentiment de manque de confiance en soi. Il s’agit donc de les faire émerger et de les appliquer à cette redéfinition. C’est l’expérience que Pascale a faite :
« Comme beaucoup, j’avais un énorme problème de confiance en moi et j’avais l’impression d’avoir fait le tour de ce que je voulais faire de ma vie. Au fur et à mesure, je me suis rendue compte que j’avais déjà eu en moi les ressources pour réussir ce qui me tenait à cœur plus jeune : avoir trois enfants, former un vrai couple et être professeur.
J’avais réussi à obtenir ce que je voulais, j’y étais arrivée. Ce n’est pas tant la fierté qui est ressortie de ce travail que le fait de comprendre que j’avais en moi les ressources pour mener à bien mes projets et obtenir ce que je voulais vraiment. Cela voulait dire que pour la suite de ma vie qui m’apparaissait nébuleuse, je portais en moi les clefs pour réussir : des qualités, des mécanismes de réussite qui, une fois identifiés, pouvaient être mis au service de mes nouveaux projets.
En renouant avec mes talents naturels et ma valeur personnelle, je me suis détachée du regard des autres, j’ai réussi à être plus posée et à réfléchir en mettant des mots sur mes émotions pour mieux comprendre ce qui se passait en moi dans telle ou telle situation.
Tout ce travail a débouché sur un réel mieux être personnel qui a entraîné une évolution très positive dans ma vie professionnelle. Je suis allée de l’avant, je me suis rendue compte qu’enseigner était vraiment ce qui me convenait et j’ai compris que je voulais aller plus loin, évoluer dans mes pratiques et projets pédagogiques. Ensuite tout s’est enchaîné : J’ai rencontré une principale qui m’a poussée et complimenté, me renvoyant une image très positive de mes capacités à enseigner. J’ai suivi des stages passionnants avec des gens très compétents qui m’ont ouvert de nouvelles perspectives dans mes classes pour enseigner autrement et me sentir plus efficace. »
Comme pour Pascaline, c’est en allant explorer les ressources déjà présentes, dont l’exploitation est le plus souvent fluide et source de plaisir, qu’on trouve des vecteurs d’amélioration en accord avec les aspirations présentes tout en s’autorisant à exprimer ses aspirations. La redifinition sociale et professionnelle de soi offre des perspectives réjouissantes de seconde partie de carrière dans tous les cas, qu’il s’agisse d’une réorientation comme un changement de poste, une reconversion professionnelle, une création d’entreprise ou de redonner une impulsion jubilatoire à un métier dont on avait simplement perdu de vue le sens qu’il a à nos yeux.
Milieu de carrière: une réflexion pour renouer avec le plaisir au travail
Ce travail assez typique du milieu de carrière peut passer par diverses étapes. En voici quelques exemples, avant de voir prochainement comment, dans le cas de Pascaline, c’est la lecture émotionnelle qui a été le levier principal de se redécouverte du plaisir au travail:
- Le renforcement de la connaissance de soi : talents naturels, mécanismes de réussite, ressources internes, vitamines mentales, valeurs motrices, sens et mission personnelle.
- L’acceptation de soi, l’auto-bienveillance, l’estime de soi.
- Le développement des compétences émotionnelles pour comprendre ce qui se passe en nous et l’exploiter dans les orientations et les choix.
- L’entretien d’une posture relationnelle sereine et affirmée.
- La (re)définition de la réussite personnelle et professionnelle ainsi que son articulation.
- L’identification des besoins professionnels et leur inclusion dans le projet professionnel (reconversion, changement de poste ou poste actuel).
- La maîtrise du job crafting de façon à construire un plaisir au travail renouvelable en fonction des évolutions professionnelles.
* Pascaline a choisi le module Job idéal et vitamines mentales
Voir aussi
Plaisir au travail: Florence et la lecture émotionnelle
Job idéal et vitamines mentales: croyances et besoins
Bonheur au travail: que faire quand on n’est pas salarié d’une entreprise libérée?
10 aptitudes pour une vie professionnelle sereine et dynamique
Déterminer q’il est temps de changer de métier
Déterminer s’il est temps de changer de boulot en 6 étapes
Aller plus loin
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Bonjour!
je suis Consultante Indépendante; j’ai créé mon propre cabinet CONTACT RH il y a 8 ans, après un choix de carrière plutôt subi… Ce que vous évoquez me parle particulièrement puisque, venant d’avoir 40 ans, cela a été l’occasion de faire un bilan et de relancer des pistes!
Bien cordialement et merci pour vos écrits intéressants,
Séverine TEILHET
Bonjour Séverine,
Merci pour ce retour et longue vie à votre cabinet;)
Oui… Et comme on le veut l’expression “ca va toujours mieux en le disant”. En ce qui me concerne, tout me ramène à la notion d’intégrité, parvenir à faire ce que je dis et à dire ce que je fais afin de me faire confiance et qu’on me fasse confiance… Faire attention à ce à quoi je dis OUI et à ce à quoi je dis NON ; me définir plutôt que me défendre. Un truc que je garde en tête en permanence : l’un des apports de Thomas Leonard qui relie PERFORMANCE (atteindre un résultat qui fait sens) à APPRENTISSAGE (ce que je reproduis et qui me rend plus sage) et PLAISIR (finalement, n’est-ce pas le principal intérêt ?). Autrement dit : comment faire pour devenir meilleur à l’instant T, qu’est-ce que j’ai besoin d’apprendre pour y arriver ? Comment j’insuffle du plaisir dans la démarche ? Y’a plus qu’à…
“Me définir plutôt que me défendre” je reconnais là une de ces expressions chères à Sylvie Baille qui m’ont inspirée aussi! Merci Anne;)
J’avoue que je ne sais pas d’où je la tiens mais qu’elle résonne très fort… Il est tout à fait possible que Sylvie en soit effectivement l’auteure… Certainement même plus que possible !
Je ne sais pas si elle en est l’auteure, mais je me souviens qu’elle le disait souvent et que j’avais trouvé l’affaire intéressante et pertinente;)